Antilope du Tibet

Pantholops hodgsonii

Pantholops hodgsonii
Illustration par Philip Sclater en 1894.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Cohorte Laurasiatheria
Ordre Cetartiodactyla
Sous-ordre Ruminantia
Famille Bovidae
Sous-famille Caprinae

Tribu

Pantholopini
Gray, 1872

Genre

Pantholops
Hodgson, 1834

Espèce

Pantholops hodgsonii
Abel, 1826

Statut de conservation UICN


NT  : Quasi menacé

Statut CITES

Annexe I , Rév. du 28/06/1979

Répartition géographique

L'antilope du Tibet (Pantholops hodgsonii), tchirou ou chirou ou encore chiru, est une espèce de capriné (famille des bovidés) qui se rencontre sur le plateau du Tibet en République populaire de Chine, en Inde, et, dans la première moitié du XIXe siècle, également très rarement au Népal[1],[2].

C'est la seule espèce du genre Pantholops. Son nom scientifique, hodgsonii, est dédié à l'administrateur colonial, ethnologue et naturaliste britannique Brian Houghton Hodgson (1800-1894).

Cet animal fournit une laine très prisée appelée Shahtoosh, transformée par les populations locales pour la fabrication de châles.

Morphologie

Antilope du Tibet sur le plateau du Changtang
   Caractéristiques
   
Masse 25 à 3035 à 40 kg
Longueur 110 à 120120 à 140 cm
Hauteur 73 à 8479 à 94[3] cm
Queue 18 à 30 cm
Cornes 50-70 cm
Robe brune à noir,
bas blancs
 
Saison des amours nov à déc  
Gestation ~6 mois
Petit(s) 1 ou 2 / an


Maturité sexuelle 1½ à 2½ ans
Durée de vie 15 ? ans

Son pelage laineux lui procure une bonne isolation thermique pour affronter la rigueur de l'hiver tibétain. La robe est claire avec des reflets rosés. Contrairement à la norme chez les bovidés, seul le mâle porte des cornes.

  • Longueur du corps : 110 à 140 cm
  • Longueur des cornes : en S, annelées à l'avant sur les 2/3 inférieurs.
  • Hauteur au garrot : 73 à 94 cm
  • Poids adulte : 25 à 40 kg[4]
  • Vitesse: 80 km/h d'après un ouvrage du zoologue Tan Bangjie de 1996[5][citation nécessaire], 70 à 100 km/h d'après le Quotidien du Peuple en 2005[6].

Position phylogénétique

Caprinae 

 Pantholopini (Pantholops…)


  

 Ovibos, Capricornis, Nemorhaedus


  
  

 (…)


  
Ovina

 Nilgiritragus, Ovis


 Caprina 

 Pseudois, Hemitragus, Capra






N.B. les positions phylogénétiques d'Ammotragus, Arabitragus, Oreamnos ou Rupicapra restent incertaines.

Répartition géographique

On peut rencontrer l'animal à des hauteurs de 3 700 à 5 500 m dans les steppes isolées du plateau tibétain: région autonome du Tibet, à l'ouest (également le sud) de la région autonome ouïgour du Xinjiang et dans la province du Qinghai en Chine occidentale[7], et Ladakh, région de l'État du Jammu-et-Cachemire au nord-ouest de l’Inde[8] Bien que Lesson l'y ai observé en 1827, elle est très rare au Népal[9].

Elle migre en juin, vers cette la réserve naturelle nationale de Qinghai-Hoh Xil, pour donner naissance à ses petits, et repart vers septembre[10].

Une espèce en danger

Châle en Shahtoosh qui nécessite de tuer l'antilope pour en tirer la laine[réf. souhaitée], menaçant la survie de l'espèce.

Chasse, braconnage et commerce

D'après l'édition de 2005 de Endangered Species Handbook de l'ONG américaine Animal Welfare Institute, elle y est traditionnellement chassée et commercée pour sa laine, de façon limitée en Région autonome du Tibet (Chine), et au Kashmir (Inde)[11].

Bien que l'habitat de l'antilope soit difficilement accessible, le prix énorme de Shahtoosh, jusqu'à 1 250 $/kg et les petites amendes pour des infractions, d'après un rapport de Kumar en 1993 à alimenté les échanges illégaux. En , les douanes indiennes ont saisit 105 kg de shahtoosh en provenance de Katmandou au Népal. Une antilope tuée fournit 150 grammes de laine, il faut 2 antilopes pour produire une écharpe (Schaller, 1996, 1998)[11].

Un marché important s'est développé en Inde, Népal, et différents pays occidentaux d'après une étude de George Schaller de 1998. En 2000 elle est totalement protégé par les gouvernements nationaux chinois et indien, cependant, l'état du Jammu-et-Cachemire en Inde, autorise le commerce du shahtoosh, défiant ainsi l'interdiction du national Indian Wildlife Protection Act (Currey 1996). Une chasse illégale est continuée par les braconniers et certains fonctionnaires du gouvernement Tibétain, tandis que la laine est traitée en Inde, d'après un rapport de en 1998 de Schaller[11].

Le dissident chinois Hu Jia a commencé à s’engager publiquement au début des années 1990[12]. Diplômé en économie, il devient membre de la Brigade du yak sauvage, une ONG qui défend les antilopes tibétaines en danger de disparition du fait d’un braconnage toléré par les autorités chinoises et de l’organisation de chasses fort lucratives au Tibet[13].

Mesures de protection

L'antilope tibétaine est inscrite dans la liste des espèces en danger par l'Union internationale pour la conservation de la nature et d'autres organismes locaux comme le United States Fish and Wildlife Service américain, en raison du braconnage commercial pour la laine de sa « sous-toison », de la compétition avec des troupeaux locaux domestiqués et le développement de leur pâturage et à cause l'extraction de l'or dans l'habitat du Chiru. La laine du Chiru, connue sous le nom de shahtoosh, est chaude, douce et très légère. Elle est considérée comme la plus chaude du monde. La laine ne peut seulement être obtenue qu'en tuant l'animal.[réf. souhaitée]

Depuis 1979 le commerce international du shahtoosh est interdit par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES)[14].

En 1993, est établie l'aire protégée nationale du Changthang[15].

Réserve naturelle nationale de Qinghai-Hoh Xil en marron et zone tampon en bleu, sur la carte de la province du Qinghai

Depuis 1998, l'antilope est strictement protégée dans la réserve naturelle nationale de Qinghai-Hoh Xil intégrant une grande partie du massif du Kunlun et le Nord du Changtang[16].

L'aire protégée nationale du Changthang est élevée au niveau d'aire protégée en 2000[15].

Le braconnage dans les réserves nationales en Chine, pratiqué principalement pour la consommation de viande ou la confection de produits artisanaux, est difficile à contrôler car si la possession d'armes à feu est officiellement interdite en Chine depuis 1995, un certain nombre de minorités ethniques disposent d’armes à feu artisanales pour la chasse[17].

Des groupes de volontaires tibétains se forment pour arrêter la chasse illégale. Elle est dépeinte en 2004 dans le film chinois, Kekexili, la patrouille sauvage (可可西里).

En , le gouverneur de l'État du Jammu-et-Cachemire a demandé au gouvernement fédéral d'Inde d'interdire, suivant la réglementation du CITES, le braconnage de l'antilope du Tibet[14].

Lors de la construction de la ligne ferroviaire Qing-Zang, inaugurée le , des passages ont été aménagés pour permettre la migration des troupeaux[18].

Évolution de la population

À la moitié des années 1990, la population était estimée à 200 en Inde et environ 75 000 en Chine, contre une population totale éstimée à environ 1 million d'animaux un siècle auparavant. De grands troupeaux étaient observés au XIXe siècle d'après un article de Schaller de 1998. Elle était classée comme vulnérable en 1996 par la liste rouge de l'UICN, puis en danger en 2000 avec environ 20 000 animaux tués chaque année[11].

Un rapport publié par Xinhua en , faisait déjà état de 120 000 spécimens dans la préfecture de Nagqu, soit un doublement de la population par rapport à 2000[7].

Un article de du Quotidien du peuple fait état de 200 000 têtes dans le seul Changtang, dont la superficie est de 298 000 km2 et une altitude moyenne de 5 000 mètres[19]. En avril 2021, le même quotidien rapporte les mots de Zhang Zhizhong, responsable du département de la protection de la vie sauvage du institut national des forêts et prairies faisant état d'une population dépassant les 300 000 individus et de la quasi-éradication du braconnage, qui était très actif dans les années 1990[20].

Dans la culture populaire

La lutte d'un groupe de volontaires tibétains pour arrêter la chasse illégale d'antilopes a été dépeinte en 2004 dans le film chinois Kekexili, la patrouille sauvage.

La mascotte jaune Yingying (迎迎), un des cinq fuwa des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin, symbolise une antilope du Tibet.

Notes et références

  1. (Lesson 1827)
  2. (Leslie et 2003 Schaller, p. 8), appelées les habitans du Népaul [ = Népal].
  3. Walker's Mammals of the World Ronald M.Nowak
  4. (Leslie et Schaller 2008)
  5. (Tan 1996)
  6. « L'antilope tibétaine, candidate favorite des mascottes pour les Jeux Olympiques de Beijing », sur Le Quotidien du Peuple,
  7. (en) Xinhua, « Tibetan antelope population doubles », sur China Daily, .
  8. (Leslie et Schaller 2008, p. 1) « It presently occurs, almost exclusively, in about 800,000 km2 of the Chinese provinces of Tibet (Xizang), Xinjiang, and Qinghai and in very small numbers in the Ladakh district of northwestern India »
  9. (Leslie et Schaller 2008, p. 3) « Despite Lesson’s (1827) type locality,P. hodgsoniirarely occurred in Nepal (Groves 2003; Heinen and Yonzon1994; Schaller 1977, 1998). »
  10. « Un centre de protection sauve plus de 300 antilopes tibétaines », sur Xinhua,
  11. « 10. Trade », dans Endangered Species Handbook, Animal Welfare Institute (lire en ligne), Tibetan Antelope, p 31
  12. Brice Pedroletti et Bruno Philip Elisa Haberer, « Hu Jia et Zeng Jinyan : les enfants de Tiananmen », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  13. « Tashi delek », sur Aide à l'enfance tibétaine,
  14. (en) « Kashmir rethinks shahtoosh ban », Washington Times,
  15. (en) « Changthang National Protected Area », sur Centre international pour le développement intégré de la montagne (en)
  16. Louis-Marie, Élise et Thomas Blanchard, Explorateurs du Toit du Monde, Carnets de route en Haute-Asie (1850-1950), Édition de La Martinière, 2010, Page 69 (ISBN 978-2-7324-4216-7).
  17. (Giroir 2007, p. 17).
  18. « Il faudrait tourner vers le chemin de fer Qinghai-Tibet un regard plus international », sur french.xinhuanet.com,
  19. Guangqi CUI, Wei SHAN, « Le nombre d'antilopes du Tibet a atteint plus de 200 000 à Changtang », sur Le Quotidien du peuple, .
  20. (en) « Tibetan antelope population reaches 300,000 to 400,000 in China »,

Bibliographie

  • (en) David M. Leslie et George B. Schaller, « Pantholops Hodgsonii (Artiodactyla: Bovidae) », Mammalian Species, vol. 817, no 1, (ISSN 0076-3519 et 1545-1410, DOI 10.1644/817.1, lire en ligne, consulté le )
  • (zh) 谭邦杰, 中国的珍禽异兽, 北京, 中国青年出版社, , 225 p. (2e édition, 1996 (OCLC 298171168)
    • Traduction (en) Tan Bangjie, Into the wild : the rare and endangered species of China, New World Press, , 107 p. (ISBN 978-7-80005-298-9 et 9787800052989, OCLC 37704387)
  • (en) Hoshino Buhoa, Z.Jiang, C.Liu, T.Yoshida, Halik Mahamut, M.Kaneko, M.Asakawa, M.Motokawa, K.Kaji, X.Wu, N.Otaishi, Sumiya Ganzorig, R.Masudah & co, « Preliminary study on migration pattern of the Tibetan antelope (Pantholops hodgsonii) based on satellite tracking », Advances in Space Research, vol. 48, no 1, , p. 43-48 (DOI 10.1016/j.asr.2011.02.015, présentation en ligne)
  • Réné-Primeverre Lesson, Manuel de mammalogie, ou histoire naturelle des mammifères, Paris, France, Roret Libraire,

Liens externes

Genre Pantholops

Espèce Pantholops hodgsonii

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