Ladakh
Le Ladakh (ladakhi : ལ་དྭགས (la'dwags) ; tibétain : ལ་དྭགས།, Wylie : la-dwags ; hindi : लद्दाख़ (laddākh); ourdou : لَدّاخ) est une région de culture tibétaine qui forme un territoire de l'Union indienne.
Ladakh | |
Emblème |
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Localisation du territoire en Inde. | |
Administration | |
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Pays | Inde |
Capitale | Leh |
Création | |
Langue officielle | Ladakhi, tibétain, hindi |
Lieutenant-gouverneur | Radha Krishna Mathur |
Démographie | |
Population | 274 289 hab. (2011[1]) |
Densité | 4,6 hab./km2 |
Géographie | |
Superficie | 59 146 km2 |
Également appelé le Petit Tibet[2],[3] (anciennement Petit Thibet)[4],[5],[6],[7],[8], Tibet indien ou Tibet occidental[9], le Ladakh a pour religions principales le bouddhisme tibétain pour 40 % de la population et l'islam pour 46 % de la population en 2009[10]. Sa ville la plus importante est Leh (གླེ་).
Géographie
Le Ladakh est la région de l'Inde à l'altitude moyenne la plus élevée, une grande partie de son territoire dépassant les 3 000 m. Il est dominé au nord par les montagnes du Karakoram, au sud par l'Himalaya et à l'ouest par le Pir Panjal.
Le Ladakh historique se composait de plusieurs régions distinctes, la plupart aujourd'hui sous administration indienne :
- la vallée supérieure de l'Indus, une région plutôt peuplée,
- les vallées éloignées du Zanskar, au sud, et de la Nubra, au nord, auxquelles on accède par une des routes carrossables les plus hautes du monde (col de Kardung, 5 359 m),
- l'Aksai Chin, sous administration chinoise, inhabitée,
- le Purig, la vallée de Kargil et de Suru à l'ouest, à population majoritairement chiite, où se trouve Kargil, la seconde ville du Ladakh par sa population.
La région de Skardu, de population entièrement musulmane, sous administration pakistanaise, est parfois rattachée à la géographie ladakhie. Cependant, la région de Skardu est une région distincte du Ladakh et est appelée « Baltistan ».
Après avoir appartenu à l'État du Jammu-et-Cachemire, le Ladakh constitue un territoire de l'Union depuis 2019. il est divisé en deux tehsil de Leh et de Kargil qui englobe le Zanskar.
Étymologie
Ladakh est la translittération en persan du tibétain « La-dvags », qui est prononcé « Ladak » dans plusieurs districts tibétains[11]. Il était appelé autrefois Ladak[5] ou pays de Ladak[4] (« pays des hauts cols »[12] ou « pays des hautes passes »)
Histoire
Des gravures rupestres, trouvées dans de nombreux endroits du Ladakh, indiquent que la région a été habitée dès le Néolithique.
Tibétanisé[13] au Xe siècle, le Ladakh était auparavant peuplé de tribus Dardes et Mons. Au Xe siècle, lors de l'ère de la fragmentation, Nyimagön, un descendant des empereurs de l'Empire du Tibet, s'installe à Shey et forme ainsi la première dynastie tibétaine du Ladakh, les Lhachens. À la charnière des XVe et XVIe siècles, une branche cousine prend le pouvoir sous le nom de dynastie Namgyal.
Le royaume de Maryul, fondé par Lhachen Dpalgyimgon aux environs de 930, est situé sur ce territoire jusqu'à son annexion par les Dogras en 1842.
À la fin du XVIIe siècle, à la suite d'une rupture des relations avec le Tibet, sous le règne de Gushi Khan, roi mongol qoshot du Tibet et de Lobsang Gyatso, 5e dalaï-lama, chef spirituel, le nouveau gouvernement tente d'envahir le royaume de Gugé qui était sous contrôle du Ladakh. Le Cachemire aide alors le Ladakh dans la restauration de sa souveraineté, cette aide a un prix arbitré par le traité de Temisgam en 1684.
Au début du XIXe siècle, les Dogras du Jammu voisin et du Penjab s'intéressent au Ladakh. Après plusieurs invasions, le général Zorawar Singh (en) parvient à soumettre les Ladakhis et continue sa conquête vers le Tibet, où il se fera tuer. Le traité de paix tibéto-ladakhi de 1842 est signé à la résidence de Gulâb Singh. Le Tibet et le Ladakh confirment leurs frontières respectives et renouvellent leur engagement d'amitié. Tout comme pour le conflit de 1681-1683, cette guerre a un caractère plus économique que religieux ou territorial ; en effet, le but étant de contrôler le commerce de la laine. Le traité de paix tibéto-ladakhi de 1842 est confirmé en 1852 par un nouvel accord commercial[14].
La Principauté du Jammu-et-Cachemire finira d'ailleurs par envahir le royaume (en), mettant fin à son indépendance en 1842 et entraînant, à terme[Quand ?], son intégration dans l'Inde britannique.
Le territoire originel du royaume est maintenant divisé entre l'Inde, le Pakistan et l'Aksai Chin, un district conquis par la Chine à la suite du conflit sino-indien de 1962.
Le statut administratif du Ladakh a longtemps préoccupé les partis politiques locaux. Ceux-ci dénonçaient l'islamisation de la région et la perte de l'identité culturelle et religieuse du Ladakh à cause du statut de cette immense région plus étendue que l'État dans lequel elle était située.
Le , le gouvernement indien révoque le statut d'autonomie du Jammu-et-Cachemire[15], puis fait adopter par le Parlement une loi qui sépare le Ladakh du Jammu-et-Cachemire qui deviennent des territoires de l'Union le suivant[16].
Population
Il conviendrait de nommer les habitants du Ladakh les Ladakhpa (ལ་དྭགས་པ།), mais l'usage occidental s'est arrêté sur le terme Ladakhi. À la différence du Jammu hindou et du Cachemire principalement musulman, le Ladakh est une région majoritairement bouddhiste, la plupart des Ladakhis suivant la forme tibétaine du bouddhisme avec 40 % de la population et l'islam cachemiri avec 46 % de la population[10]. On y trouve, en effet, un nombre élevé de monastères bouddhistes comme Spituk, Tikse, Hemis, Alchi, Stongdey et Lamayuru, gompa ayant la signification de monastère.
La plupart des habitants de la région parlent le ladakhi, un dialecte proche du tibétain. On note cependant des différences nettes concernant la grammaire et la prononciation. De ce point de vue, le ladakhi est parfois considéré comme une langue tibétique proche du tibétain ancien. Il est assez facile, pour une personne parlant le tibétain, d'apprendre le ladakhi. L'inverse est moins évident.
Économie
La crise du Cachemire ayant rendu cette région, autrefois très prisée des touristes, extrêmement peu sûre, hormis la ville de Srinagar, le gouvernement indien favorise un transfert d'activités touristiques vers le Ladakh oriental, bouddhiste, et ses possibilités de trekking, la région n'étant quasiment pas affectée par les événements de la partie occidentale de l'État. Le tourisme est ainsi en train de devenir la première source de revenus de cette région dont l'économie était, autrefois, essentiellement basée sur une agriculture de subsistance.
Aujourd'hui, l'agriculture qui était auparavant de subsistance commence de plus en plus à se transformer en agriculture intensive, surtout dans la vallée de l'Indus et dans les vallées entourant Leh.
Transports
Le couloir principal pour les échanges et le commerce du secteur est passé de l'itinéraire Col de Zoji-La - Kargil vers Srinagar à celui de la route de montagne de Manali-Leh depuis l'Himachal Pradesh. Leh comporte un aéroport d'où partent des vols quotidiens pour Delhi et Srinagar. Des vols desservent également les villes de Chandigarh et Jammu[17].
Culture
Selon l'anthropologue Ravina Aggarwal, spécialiste du Ladakh, alors que les auteurs étrangers mettent le Ladakh dans le même panier que le Tibet et se représentent sa culture comme essentiellement tibétaine, les Ladakhis eux-mêmes ne se considèrent pas comme tibétains sur le plan politique ou idéologique[9].
Galerie
- Berger et son troupeau dans les plaines de Morey.
- Statue du Bouddha Maitreya dans le monastère de Thiksey.
- Le Ladakh est célèbre pour ses abricots.
- Le chameau de Bactriane est un témoignage vivant de la route de la soie.
- Malgré sa haute altitude et son climat difficile, le Ladakh a toujours fasciné ses visiteurs par ses jardins verdoyants contrastant avec l'ocre des montagnes.
- Photo aérienne de l'Himalaya au Ladakh.
Personnalités
Stanzin Dorjai a notamment réalisé "jungwa, l'équilibre rompu".
Notes et références
- (en) « Daman and Diu Population Census data 2011 », Gouvernement de l'Inde (consulté le )
- Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Inde du Nord 2014 Petit Futé (avec cartes, photos + avis des lecteurs), Paris, Nouvelles éd. de l'Université, , 672 p. (ISBN 978-2-7469-5223-2, lire en ligne), p. 586.
- https://www.nytimes.com/2006/08/27/travel/27surf.html
- M.L. Aimé-Martin, Lettres édifiantes et curieuses concernant l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, t. 4, Paris, Société du Panthéon littéraire, (lire en ligne), p. 22 « La province de Ngari comprend le Thibet occidental, petit Thibet ou pays de Ladak. »
- « Notes sur le Thibet », Bulletin de la Société de géographie, Société de géographie, t. 11, , p. 256 (lire en ligne) « Voici d'abord la grande route anglaise qui de Simla, remontant le Sulteje, conduit à la frontière occidentale du Thibet, province de Ngari, riche en pâturage et en mines d'or, et au Ladak ou Petit Thibet ; »
- (Malte-Brun et Malte-Brun 1856, p. 248) « La plus courte route pour aller à Cashgar serait de passer par le Grand-Thibet Mais cela n'étant pas permis, on passe par le Petit-Thibet, dont la capitale, Eskerdon (Askardon), est à huit journées des limites nord de Cachemire. »
- Anton Friedrich Büsching, Géographie de Busching. Tartarie, Chine, Japon, Inde, Isles, Lausanne, Société typographique, 1776-1782 (BNF 30179696, lire en ligne) « Les jésuites lui on donné le nom de Grand-Thibet : M.Bogle dit que les habitans lui donnent le nom de Docpg ; il a au couchant le petit Thibet & l'Indoustan, au nord le royaume de Lassa ou le grand Thibet, au midi le royaume de Bengale »
- « Petit Thibet » a été utilisé également pour dénommer le Baltistan, cf. Pierre Larousse, Larousse universel en 2 volumes, t. 1, Paris, Larousse, (BNF 30743417, lire en ligne), p. 194 « Baltistan ou Petit Thibet, région montagneuse de l'Asie anglaise, au N.-O. de l'Hindoustan ».
- (en) Ravina Aggarwal, From Utopia to Heterotopia. Toward an Anthropology of Ladakh, pp. 21-28, in Henry Osmaston, Nawang Tsering (Eds), Recent Research on Ladakh 6: Proceedings of the Sixth International Colloquium on Ladakh, Leh 1993, International Association for Ladakh, Motilal Banarsidass Publ., 1997, (ISBN 8120814320 et 9788120814325), p. 23 « In academic literature, Ladakh has often been encapsulated under the domain of Tibet ("Indian Tibet", "Western Tibet", "Littel Tibet") even though no Ladakhi that I have ever met classifies himself or herself as Tibetan, politically nor ideologically. The rationalization forwarded is that Ladakh may be formally situated in India but that its culture is basically Tibetan. »
- (en) « The Future of Kashmir », sur BBC
- A. H. Francke, (1926), Vol. I, p. 93, notes.
- Ladakh, le pays des hauts cols
- Voir Histoire du Ladakh#2. La première dynastie tibétaine, les Lhachen
- Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, pages 194 et suivantes, (ISBN 978-2213595023).
- « Révocation de l’autonomie du Cachemire indien : 4 questions sur une décision explosive », sur L'Obs,
- (en) « Article 370 revoked Updates: Jammu & Kashmir is now a Union Territory, Lok Sabha passes bifurcation bill », sur Business Today,
- Network map - Indian Airlines.
Voir aussi
Bibliographie
- Anne Delaballe, Les nourritures du partage et de la discorde : étude des relations sociales entre bouddhistes et musulmans du Ladakh au travers de l'analyse des échanges alimentaires, École des hautes études en sciences sociales, Paris, 2006, 374 p. (thèse de doctorat d'Ethnologie et anthropologie sociale)
- Pascale Dollfus, Lieu de neige et de genévriers : organisation sociale et religieuse des communautés bouddhistes du Ladakh, Ed. du CNRS, Paris, 2005, 282 p., (ISBN 2-271-06369-8)
- Pascale Dollfus, La maison des villageois bouddhistes du Ladakh central, in D. Blamont, G. Toffin, Architecture, milieu et société en Himalaya (Etudes himalayennes n° 1), CNRS Editions, , 1987, pp. 207-228
- Patrick Kaplanian, Le Ladakh et l'Himalaya de l'Ouest, Éd. de l'Adret, Paris, 2003, 400 p., (ISBN 2-907629-66-2)
- Valérie Labbal, Travail de la terre, travail de la pierre. Des modes de mise en valeur des milieux arides par les sociétés himalayennes : L'exemple du Ladakh, Université de Provence, 2001, 440 p. (thèse de doctorat d'Anthropologie)
- Helena Norberg-Hodge, Quand le développement crée la pauvreté : l'exemple du Ladakh, Fayard, Paris, 2002, 280 p., (ISBN 2-213-61141-6)
- Laurent Pordié, Médecine traditionnelle et conflits interreligieux au Ladakh, in La Revue de l'Inde, 2007, 7, pp. 157-160
- Laurent Pordié, La médecine des frontières : influences, humeurs et identités chez les Amchi du Ladakh, Himalaya indien, Université Paul Cézanne (Aix-Marseille), 2008, 407 p. (thèse de doctorat d'Anthropologie)
- Christiane Roussin, Huit jours suffiront-ils ? : à la découverte du Ladakh, Himalayan dialect, 2009, 183 p., (ISBN 2-9519486-4-6)
- Claude Gouron, 20 jours au ladakh : voyage photographique au cœur de l'Himalaya indien, Montagne sans frontières, 2009, 152 p., (ISBN 978-2-9536416-1-5)
- Salomé Deboos, Être musulman au Zanskar, Himalaya indien, Éditions Universitaires Européennes, 2010, 244 p., (ISBN 978-613-1-52976-4)
- Conrad Malte-Brun et Victor-Adolphe Malte-Brun, Précis de la géographie universelle, t. 2, Paris, Morizot, (BNF 30869101, lire en ligne), p. 248
- Bruno Poizat, Parlons ladakhi (tibétain occidental), l'Harmattan, Paris, 2018
Articles connexes
Liens externes
- Mirages himalayens – Photography by Matthieu Rivart
- Le Ladakh : Quand partir ? Comment y aller ? Que faire sur place ? Où dormir ?
- Habitat traditionnel au Ladakh
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