Antoine-Jean Gros

Antoine-Jean Gros, baron Gros, né le à Paris[1] et mort le à Meudon[2], est un peintre français néoclassique et préromantique. Il dessina aussi deux lithographies en 1817.

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Antoine-Jean Gros
François Gérard, Antoine-Jean Gros à l'âge de 20 ans (1790), Toulouse, musée des Augustins.
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Élève
Lieux de travail
Paris, Gênes, Milan (jusqu'en ), Paris (-)
Mouvement
Influencé par
A influencé
Père
Mère
Cécile Madeleine Gros (en)
Conjoint
Augustine Dufresne (d)
Distinctions
Œuvres principales

Biographie

Enfance et formations

Acte de baptême d'Antoine-Jean Gros le à l'église Saint-Eustache de Paris.

Antoine-Jean Gros est né à Paris le au 7, rue Neuve-des-Petits-Champs (actuelle rue des Petits-Champs). Il est baptisé le lendemain dans l'église Saint-Eustache, l'église de sa paroisse[3]. La mère d'Antoine-Jean Gros, Pierrette Madeleine Cécile Durand (1745–1831), est pastelliste. Son père Jean Antoine Gros[4] est peintre en miniatures et un collectionneur avisé de tableaux. Ce dernier apprend à son fils à dessiner à l’âge de six ans, et se montre dès le début un maître exigeant. Vers la fin de 1785, Antoine-Jean Gros entre, de son propre gré, dans l’atelier de Jacques-Louis David, qu’il fréquente assidûment tout en continuant de suivre les classes du collège Mazarin.

Départ en Italie

La mort de son père, que la Révolution avait atteint dans ses biens, oblige Gros à vivre de ses propres ressources. Dès lors il se dévoue entièrement à sa profession et participe en 1792 au grand prix, mais sans succès. C’est à cette époque qu'il reçoit la commande des portraits des membres de la Convention. Lorsqu’il est interrompu par le développement de la Révolution, en 1793, Gros quitte la France pour l’Italie. Il vit à Gênes de sa production de miniatures et de portraits. Il visite Florence. En retournant à Gênes, il rencontre Joséphine de Beauharnais et la suit à Milan, où il est bien reçu par son mari.

Rencontre avec Bonaparte

Autoportrait (1795), huile sur toile, château de Versailles.

Le , Gros est présent avec l’armée près d’Arcole, où Bonaparte plante le drapeau de l'armée d'Italie sur le pont. Bonaparte lui commande à Milan un tableau pour immortaliser cet événement. Satisfait par l'œuvre, Bonaparte lui confie le poste d’inspecteur aux revues, ce qui lui permet de suivre l’armée. En 1797, sur la recommandation de Joséphine de Beauharnais, il le nomme à la tête de la commission chargée de sélectionner les œuvres d'art ramenées d'Italie vers la France à la suite du traité de Tolentino (19 février 1797), qui sont destinées à enrichir les collections du musée du Louvre. Antoine-Jean Gros peint Sappho à Leucate pour le général Desolles.

Retour en France

En 1799, s’étant échappé de Gênes assiégée, Antoine-Jean Gros se rend à Paris et installe son atelier aux Capucins en 1801. Son esquisse pour le Combat de Nazareth[5] remporte le prix offert en 1802 par les consuls, mais ne lui est pas remis, en raison d'une jalousie supposée de Napoléon envers Junot[6],[7]. Toutefois Napoléon indemnise Gros en lui commandant de peindre sa visite à la maison de la peste de Jaffa, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa suivi en 1806 par La Bataille d'Aboukir (château de Versailles) et en 1808 par Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau (musée du Louvre).

Gros est décoré par Napoléon à l'occasion du Salon de 1808 où il expose Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau. En 1810, ses Madrid et Napoléon aux pyramides (château de Versailles) montrent un déclin de sa peinture. Son François Ier de France et Charles Quint, 1812 (musée du Louvre) connaît pourtant un succès considérable, et la décoration de l'intérieur de l'église Sainte-Geneviève commencée en 1811 et terminée en 1824, qui lui vaudra le titre de baron par Charles X, est une des œuvres des dernières années de Gros qui renoue avec la vigueur de ses débuts. En 1815, David quitte Paris pour Bruxelles et l'exil. C'est alors Gros qui malgré quelques réticences reprend l'atelier de David en 1816. Il sera l'un des plus grands formateurs d'élèves de la première moitié de ce siècle.

Sous la Restauration, il devient membre de l’Institut, et le il est nommé professeur à l’École des beaux-arts de Paris, succédant à François-Guillaume Ménageot et précédant Horace Vernet[8]. Il est nommé chevalier de l’ordre de Saint-Michel, et baron en 1824[9]. Le Départ de Louis XVIII aux Tuileries (1817) (château de Versailles), l’Embarquement de la duchesse d’Angoulême (1819) (musée des beaux-arts de Bordeaux), le plafond de la salle égyptienne du Louvre et, finalement, son Hercule et Diomède, exposé en 1835, témoignent d'un retour de Gros vers un néoclassicisme plus orthodoxe, sous l'influence de David.

Mais son revirement trop déférent envers le nouveau régime lui vaut quelques moqueries de ses contemporains, dont le libelle "Le Gros l'a peint", qui ridiculise son portrait de Louis XVIII engoncé dans la cascade de fourrure de son habit de sacre.

Déclin et suicide

Hercule et Diomède (1835), musée des Augustins de Toulouse.

Le changement de régime en 1815 voit l'avènement de la peinture romantique, qui connaît un succès grandissant à partir des années 1820. Partagé entre ses aspirations picturales annonçant le romantisme et l'enseignement classique de son maître David, le baron Gros connut une seconde partie de carrière empreinte de doutes. Alors que David lui reproche de ne pas avoir encore exécuté de chef-d'œuvre mythologique, à l'instar de ses confrères Girodet et Gérard, Gros lui obéit et expose à partir de 1825 diverses œuvres mythologiques. Leur accueil par la critique est glacial, le genre étant peu à peu tombé en désuétude. La jeunesse romantique, fascinée par ses peintures napoléoniennes, s'indigne de ce revirement chez un maître qu'elle affectionne particulièrement. En 1835, Gros envoie au Salon son Hercule et Diomède (musée des Augustins de Toulouse), mis à mal par la critique. Ce sera son dernier envoi au Salon, mais aussi son dernier tableau.

Se sentant délaissé par ses élèves et en proie à des difficultés personnelles, Gros décide de se suicider. Le , il est retrouvé noyé sur les rives de la Seine près de Meudon. Dans un dernier message qu’il laisse dans son chapeau, il écrit que « las de la vie, et trahi par les dernières facultés qui [la lui rendaient] supportable, [il avait] résolu de [s’]en défaire[10]. »

Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (25e division)[11].

Son fonds d'atelier et ses collections sont dispersées lors d'une vente après décès organisée à Paris, le et les jours suivants[12].

Œuvres

Dates non documentées

Dessins

  • Homme debout frappant un taureau, pierre noire, estompe et craie blanche sur papier beige, H. 0,588 ; L. 0,443 m[27]. Paris, Beaux-Arts de Paris[28]. Avec cette étude académique de sacrificateur romain, il gagna la première médaille de quartier en octobre 1790. Gros historicise son académie, en transformant son modèle en Hercule et en ajoutant tout un décorum. Il insiste sur la netteté du trait et porte une attention particulière à l'expression du modèle, son visage dur correspond à la mise en situation de ce sacrifice.

Lithographies

  • Chef des mamelouks à cheval appelant du secours, 1817
  • Arabe du désert, 1817

cf. Henri Béraldi, Les graveurs du XIXe siècle, Tome VII, page 260, Paris 1888

Collaborateurs

Élèves

Notes et références

  1. Baptisé à l'église Saint-Eustache de Paris.
  2. Archives des Hauts-de-Seine, acte de décès no 40 dressé le 26/06/1835, vues 14 et 15 / 31.
  3. Les registres paroissiaux et d'état civil à Paris ont été incendiés à la Commune de 1871 mais un acte de baptême datant de 1790 extrait du registre de la paroisse Saint-Eustache se trouve aux Archives de Paris.
  4. Né à Toulouse en 1732, mort à Paris en 1793. Il pourrait être l'auteur du portrait du général-comte Guyot.
  5. Musée d'Arts de Nantes.
  6. Georges Veyrat, Jules Claretie, Les Statues de l’Hôtel de ville Librairies-Imprimeries Réunies, 1892, p. 156, 352 p..
  7. Léon Rosenthal, Le Romantisme, Parkstone International, 2012, p. 155, 200 p. (ISBN 978-1-78042-771-3).
  8. Frédéric Chappey, Les professeurs de l'École des Beaux-Arts (1794-1873), dans Romantisme , no 93, p. 95-101.
  9. roglo..
  10. Étienne-Jean Delécluze, Louis David : son école & son temps, 1855, p. 301.
  11. Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 183.
  12. Catalogue des tableaux, esquisses, dessins et croquis de M. le Baron Gros, Paris, Imprimerie de Dezauche, (lire en ligne)
  13. Arcole Louvre, Base Joconde.
  14. Arcole, Versailles, Base Joconde.
  15. Arcole, Ermitage.
  16. Don de la Société des Amis du Louvre en 2017.
  17. Sappho, Utpictura18.
  18. Nazareth, Nantes.
  19. Jaffa, Chantilly.
  20. Jaffa, Notice Joconde.
  21. Eylau, Louvre.
  22. Temps, Louvre.
  23. Orillard, catalogue Rouillac.
  24. Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p..
  25. photo.rmn.fr.
  26. Ch. Boyer, Base Atlas.
  27. « Homme debout frappant un taureau, Antoine-Jean Gros, sur Cat'zArts »
  28. Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, de l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p.38-39, Cat. 8

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Baptiste Delestre, Gros, Sa vie et ses ouvrages, Paris, 1867, Jules Renouard.
  • Justin Tripier Le Franc, Histoire de la vie et de la mort du Baron Gros, le grand peintre, Paris, Éd. Martin, 1880.
  • Marie-Louis Desazars de Montgailhard, « Le baron Gros (1771-1835) », dans Les artistes toulousains et l'art à Toulouse au XIXe siècle, Toulouse, Librairie-Marqueste/E.-H. Guitard, , 477+XVII (lire en ligne), p. 1-40
  • David O’Brien, Antoine-Jean Gros : Peintre de Napoléon, Éditions Gallimard, 2006, (ISBN 2070117863).
  • Sébastien Allard, Marie-Claude Chaudonneret, Le suicide de Gros. Les peintres de l’Empire et la génération romantique, Éditions Gourcuff Gradenigo, 2010 (ISBN 978-2-35340-090-4).
  • Laura Angelucci, Dessins français du musée du Louvre, Antoine-Jean Gros, éditions Musée du Louvre/Mare et Martin, 2019, (ISBN 979-10-92054-99-6).

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