Antoine Louis François de Béziade
Antoine Louis François de Béziade, comte puis (1799) duc d'Avaray, né à Paris le et mort à Madère le [1], est un gentilhomme français, compagnon d'exil de Louis XVIII et l'un des favoris de ce prince.
Antoine Louis François de Béziade | |
Naissance | Paris |
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Décès | (à 52 ans) Madère ( Royaume de Portugal) |
Origine | Royaume de France |
Allégeance | Royaume de France Armée des Princes |
Arme | Infanterie |
Grade | Maréchal de camp |
Années de service | 1774 – 1811 |
Commandement | Régiment de Boulonnais |
Conflits | Guerres révolutionnaires |
Famille | Famille de Béziade |
Biographie
Ancien régime
Aîné des fils de Claude Antoine de Béziade (1740-1829), marquis d'Avaray, Antoine Louis François de Béziade entra au service en 1774 comme sous-lieutenant dans le régiment de La Couronne, commandé par son père, y fut nommé capitaine en 1777, puis, en 1779, aide-maréchal-général des logis du corps d'armée commandé par le maréchal de Vaux et destiné à effectuer un débarquement de troupes en Angleterre.
En 1782, le comte d'Avaray servit au siège de Gibraltar, en qualité d'aide de camp du duc de Crillon. On le nomma colonel en second du régiment de Boulonnais en 1782, et il le commanda en chef, en 1788, au camp de Saint-Omer.
Fuite du comte de Provence
Il fit son entrée à la cour en 1775[2] comme maître de la garde-robe de Monsieur, frère de Louis XVI. « Chétif, de santé fragile, mais doué d'un caractère aussi irascible qu'enflammé, Avaray, autant par son extrême docilité que par la fougue qu'il mettait à exalter le moindre des faits et gestes de son maître, avait fini par attirer sa bienveillance. »[2]
En 1791, il joua un rôle important dans l'évasion de Monsieur du Petit Luxembourg. Personne de la Maison n'avait été mis dans la confidence des projets du prince, mais la maîtresse de celui-ci, la comtesse de Balbi, le convainquit d'en informer d'Avaray[2]. Il fut décidé que la comtesse partirait seule pour Bruxelles tandis que le prince, accompagné de d'Avaray, la rejoindrait en suivant un autre itinéraire et en se faisant passer pour un Anglais. « Le comte d'Avaray, que l'aventure semblait réjouir, se chargea de trouver la voiture et les vêtements qu'il faudrait revêtir au moment du départ. »[2]
La date de la fuite de la famille royale ayant été fixée au lundi , le comte de Provence fixa son propre départ à la même date. Il en avisa le comte d'Avaray le vendredi précédent. Ensemble, ils examinèrent comment s'évader du Petit Luxembourg, quel chemin prendre pour atteindre la Belgique, et choisirent d'utiliser des chevaux de poste plutôt que d'avoir recours à des relais, afin de ne pas éveiller l'attention[3]. À la date fixée, sitôt après le coucher, Monsieur et d'Avaray quittent le palais à pied et montent dans un fiacre qu'ils abandonnent à la Monnaie avant de retrouver leur voiture près du Collège des Quatre-Nations. « « Au Bourget ! », lance avec un terrible accent anglais le comte d'Avaray. Ils sont désormais Michel et David Foster. La grande aventure commence. Avaray n'était pas plus troublé des difficultés que si un jeune homme de ses amis l'eut prié de le mener au bal de l'Opéra à l'insu de ses parents, écrira plus tard Louis XVIII. La comparaison laisse rêveur ! »[4] La voiture atteint Nanteuil au lever du jour. À Avesnes-sur-Helpe, la nécessité de réparer une roue qui s'est brisée fait perdre du temps, mais l'équipage parvint à franchir la frontière belge à la nuit tombante. Monsieur passe la nuit à Mons, où il a retrouvé Mme de Balbi, et repart le lendemain, « toujours en compagnie du fidèle d'Avaray, si « fier de l'avoir sauvé » et auquel il rend des soins d'une tendresse infinie. Il évoquera plus tard les « délicieux épanchements » avec ce compagnon de fortune. Le prince s'avoue « d'autant plus heureux de son bonheur qu'il le doit à son ami ». »[5] Le , lorsque Monsieur quitte Bruxelles pour Coblence, tous deux font étape à Liège et Louis XVIII racontera plus tard, « avec un lyrisme bien inattendu chez un être aussi peu enclin aux épanchements »[6] : « Nous n'eûmes, d'Avaray et moi qu'une même chambre [...] Cette circonstance qui me rappelait le temps peu éloigné où voyageant à peu près dans le même pays, nous existions seuls l'un pour l'autre sur la surface de la terre, me fit un vrai plaisir. »[7]
Émigration
Le comte d'Avaray fut nommé capitaine des gardes de Monsieur, et ce fut en cette qualité qu'il fit la campagne de 1792. Il devint maréchal de camp en 1795, et capitaine de la compagnie écossaise des gardes du corps du roi (Monsieur, comte de Provence, ayant pris le titre en 1796 de roi de France sous le nom de Louis XVIII) à la mort de son neveu, prisonnier au Temple.
Celui que le roi appelait son « cher d'Avaray » aida son maître à sortir de Vérone et à rattacher aux princes l'armée de Condé campée sur la rive droite du Rhin. Ayant opéré l'union des royalistes, d'Avaray négocia la libération de la fille de Louis XVI, Madame Royale, et obtint l'assentiment des Puissances à son mariage avec le duc d'Angoulême, son cousin.
En 1799, le jour de cette union, Louis XVIII érigea en faveur de d'Avaray le comté de L'Isle-Jourdain en duché-pairie, sous le nom d'Avaray. Cette érection fut confirmée et régularisée en 1817 avec réversion au profit du père du premier duc. Dès le , Louis XVIII avait accordé au comte d'Avaray la concession transmissible de l'écu au lys de France, ajouté à ses armoiries ainsi que la devise « VICIT ITER DURUM PIETAS ».
En qualité de représentant de Louis XVIII, le comte d'Avaray échange une correspondance diplomatique avec Joseph de Maistre, ministre plénipotentiaire du roi de Sardaigne à Saint-Pétersbourg[8].
Ce seigneur était attaqué depuis son départ de France avec Monsieur, d'un crachement de sang qui, dans le voyage même, donnait déjà des inquiétudes pour ses jours. Il y succomba dans l'île de Madère le où il était allé pour tenter de rétablir sa santé, éprouvée par les rigueurs de l'émigration.
Sources
Notes et références
- source : d'Agos, « Famille de Bésiade », Armorial du pays d'Oc, sur www.dagos.org, (consulté le )
- Lever 1993, p. 156
- Lever 1993, p. 157.
- Lever 1993, p. 159.
- Lever 1993, p. 160.
- Lever 1993, p. 165.
- Lever 1993, p. 164.
- "Mais la France ne sait pas ce qu'elle fait : c'est précisément parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait, et parce qu'elle n'est pas digne de le savoir, et parce qu'elle n'a point d'analogie avec ce qu'elle est, que je me crois bien fondé à croire que les hommes qui agissent dans ce moment du côté de la France ne sont que des météores passagers...Tant que les Français supporteront Bonaparte, l'Europe sera forcée de le supporter" . Joseph de Maistre. Saint-Pétersbourg. 24 juillet 1807.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Évelyne Lever, Louis XVIII, Paris, Hachette, , 600 p. (ISBN 978-2-01-020262-9, BNF 35592975) ;
- Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. 6, L'auteur, (lire en ligne) ;
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- On trouvera des renseignements biographiques dans la « Notice sur la vie du feu duc d'Avaray », qui a peut-être été écrite par Louis XVIII lui-même et qui figure en tête de la Relation des derniers évènemens de la captivité de Monsieur, frère du roi, Louis XVI, et de sa délivrance par M. le comte d'Avaray, le , publiée chez le Normant à Paris en 1823.
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