Antonia Locatelli

Antonia (Tonia) Locatelli (16 novembre 1937 – 10 mars 1992) est née à Fuipiano Valle Imagna (province de Bergame) en Italie[1] et a vécu durant plus de 20 ans au Rwanda, en tant que religieuse puis en tant que laïque. Elle y a été directrice du Centre d’enseignement rural et artisanal intégré (CERAI) à Nyamata.

Antonia Locatelli
Tonia Locatelli
Biographie
Naissance
Décès
(à 54 ans)
Nyamata
Nationalité
Activité
Autres informations
Religion
Tombe d'Antonia Locatelli à Nyamata.

Biographie

En Suisse, où elle avait émigré, Antonia Locatelli entre dans la congrégation des Hospitalières de Sainte-Marthe de Beaune du canton de Fribourg. En 1968, elle se rend au Bénin puis, avec un groupe de sœurs, au Rwanda, à la mission de Nyamata, à 30 kilomètres au sud de Kigali. Elle renonce à ses vœux monastiques et y fonde et dirige une école pour filles, le Centre d’enseignement rural et artisanal intégré (CERAI) où l'on enseigne en particulier l'élevage[1].

En mars 1992, Antonia Locatelli est témoin des massacres de rwandais tutsis qui ont lieu dans la région du Bugesera (au sud de Kigali). Elle alerte par téléphone l'ambassade de Belgique, Radio France internationale et la BBC. Elle affirme que les meurtres sont commis par des personnes étrangères à la région et amenées là en voitures[2].

Un officier de gendarmerie, Michel Robardey[note 1], témoigne qu'Antonia Locatelli a, le 9 mars 1992, alerté par téléphone de nombreuses personnes afin d'obtenir du secours[3].

Deux jours plus tard, le 11 mars 1992, l'ambassade de France à Kigali rend compte du décès d'Antonia Locatelli dans un télégramme diplomatique : « Dans la commune de Kanzenze d'où sont partis les premiers massacres, une agression en pleine nuit contre des tutsis réfugiés à la paroisse de Nyamata a provoqué la mort d'une laïque italienne de 55 ans, sortie pour protéger ses élèves. La malheureuse a été atteinte de deux balles dans la poitrine tirée par les gendarmes. Méprise selon la version officielle, assassinat délibéré selon la rumeur. »[4]

Antonia Locatelli est enterrée au mémorial de l'église de Nyamata. Sa tombe a été inaugurée par Paul Kagame qui lui a rendu hommage durant le discours qu'il a prononcé lors des commémorations[note 2] du 25e anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda : « Tonia Locatelli, tuée en 1992 pour avoir dit la vérité sur ce qui était à venir. Le seul réconfort que nous pouvons vous offrir est notre chagrin partagé, et le respect dû à celles et ceux qui ont eu le courage de faire ce qui était juste. »[5]

Bibliographie

  • Survie, Rapport Déni et non-dits : 25 ans de mensonges et de silences complice sur la France et le génocide des Tutsis du Rwanda, 4 avril 2019, lire
  • Jean-François Dupaquier, Richard Mugenzi, L'Agenda du génocide: le témoignage de Richard Mugenzi, KARTHALA Éditions, 2010 lire sur Google Livres
  • Jacques Morel, La France au cœur du génocide des Tutsi, 2010 lire sur Google Livres
  • Raphaël Doridant et François Graner, L' État français et le génocide des Tutsis au Rwanda, Édition Agone, 2020
  • Guillaume Ancel, Rwanda, la fin du silence: Témoignage d'un officier français, Éditions Les Belles Lettres, 2018
  • (it) « Antonia Locatelli. Una donna coraggiosa contro il genocidio ruandese », sur PadovaNet,
  • (it) Pierantonio Costa, Luciano Scalettari, La lista del console. Ruanda: cento giorni un milione di morti, Paoline, 2004, p. 43
  • (it) André Sibomana (en), J’accuse per il Rwanda. Ultima intervista a un testimone scomodo, Turin, Gruppo Abele, 1998, p. 65;117
  • (en) Nicki Hitchcott, Rwanda Genocide Stories, Oxford University Press, 2015, p. 142-147 lire sur Google Livres

Notes et références

Notes

  1. Michel Robardey, officier de gendarmerie, séjourne au Rwanda de 1990 à 1993. Conseiller technique de police judiciaire, il a dirigé le programme de formation des officiers de police judiciaire (OPJ)
  2. Kwibuka est le nom donné, en langue kinyarwanda, à la commémoration annuelle du génocide

Références

  1. PadovaNet.
  2. Jean-François Dupaquier, Politiques, militaires et mercenaires français au Rwanda. Chronique d'une désinformation, KARTHALA Éditions, 2014, p. 193 lire en ligne sur Google Livres
  3. Le lieutenant-colonel Michel Robardey et le génocide des Tutsi, 22 janvier 2017 [lire en ligne]
  4. Ministère des Affaires étrangères, TD Kigali 11 mars 1992 Troubles interethniques dans le Bugesera [lire en ligne]
  5. Address by President Kagame at 25th Commemoration of the Genocide against the Tutsi, Kwibuka 25 [lire en ligne]

Articles connexes

Liens externes

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