Armand du Paty de Clam

Armand du Paty de Clam, né à Paris le et mort à Versailles le , est un officier supérieur français, passionné de graphologie, à qui l’on confia l’instruction préliminaire de l’affaire Dreyfus.

Armand du Paty de Clam

Armand du Paty de Clam en uniforme,
photographie d'Eugène Pirou.

Nom de naissance Armand Auguste Charles Ferdinand Marie Mercier du Paty de Clam
Naissance 21 février 1853
Paris
Décès 3 septembre 1916 (à 63 ans)
Versailles
Origine Française
Allégeance République française
Grade Lieutenant-colonel
Conflits Première Guerre mondiale
Distinctions Légion d'honneur
Famille Charles du Paty de Clam (fils)

Biographie

Armand Mercier du Paty de Clam est le fils du général Amédée Mercier du Paty de Clam (1813-1887) et d'Adèle Bayard de La Vingtrie. Il est l'arrière petit-fils de Charles Jean-Baptiste Mercier Dupaty.

Formation et débuts

Élève à Saint-Cyr en 1870, sous-lieutenant en 1871, Armand Mercier du Paty de Clam est envoyé en Afrique du Nord. Lieutenant en 1874, capitaine en 1877, il est affecté au Service de la carte topographique de l'Algérie et effectue de nombreuses expéditions dans les Chotts. Nommé à l’État-Major général, au 1er bureau en 1879, il participe à l'expédition de Tunisie en 1881 puis est affecté au 3e en 1887 et y est maintenu quand il devient chef de bataillon en 1890.

Rôle dans l’affaire Dreyfus

Dessin d'Édouard Couturier titré « La Douloureuse », mettant en scène Paty de Clam (à genoux) et Esterhazy, 1898. Légende :
« Lieutenant-colonel du Paty de Clam — Moi ! Commandant ! Je n'ai pas eu comme vous un document libérateur !
Commandant Esterhazy — Nom… de D… ! Et le suicide du colonel Henry… Qu'est-ce que c'est donc[1] ? »

En octobre 1894, quelques jours après la découverte du « bordereau », une lettre adressée à l’attaché militaire allemand à Paris qui mentionnait des informations classées secret-défense, les soupçons se portent sur Dreyfus.

Chargé de comparer l’écriture de Dreyfus et celle du bordereau, du Paty en conclut que les points communs suffisent à justifier une enquête approfondie. Les autorités militaires le nomment alors responsable de l’enquête officielle. Le 15 octobre, il convoque Dreyfus au ministère après avoir soigneusement préparé la rencontre. Prétextant une blessure à la main, il demande à Dreyfus d’écrire à sa place une lettre qui reprend des éléments du bordereau. Bien que Dreyfus refuse de se reconnaître comme l’auteur du bordereau, du Paty lui annonce son arrestation pour haute trahison et lui offre une arme : en vain, parce que Dreyfus n’a pas l’intention de se suicider.

Dreyfus est conduit à la prison du Cherche-Midi où on lui impose une série de tests graphologiques préparés par du Paty : debout, couché, assis, avec la main gauche. L’avis de Du Paty de Clam, toutefois, doit être appuyé par celui d’un expert en graphologie. Un premier expert, Alfred Gobert, remet un rapport négatif. On s’adresse alors à un autre, Alphonse Bertillon. Celui-ci fournit un rapport positif soutenu par la thèse, qu’il vient de créer à l’occasion, de l’« autoforgerie » et qui prétend expliquer que Dreyfus a rédigé la note en imitant sa propre écriture mais en y introduisant volontairement des différences. Il y aurait par exemple imité l’écriture de son frère Mathieu.

Au fil de six interrogatoires, du Paty de Clam soumet Dreyfus à une pression constante, mais sans résultat concret. Finalement, du Paty de Clam rédige un rapport recommandant l'abandon des charges contre Dreyfus[réf. nécessaire]. Son rapport sera ignoré lors de l’instruction du commandant d’Ormescheville ce qui n'empêchera pas qu’en 1913, le député radical Maurice Viollette évoque son « rôle particulièrement triste […] Il a été, de façon indiscutable, l’artisan criminel d’une œuvre détestable ». C’est également lui qui, au procès de 1894, remet une pièce secrète au tribunal militaire pendant que le jury délibère, c’est-à-dire à huis clos. La défense n’a donc pas la possibilité d’examiner de telles « preuves » puisqu’elle ignore leur existence. Il ordonne aussi à Mme Dreyfus de garder le silence sur la détention de son mari. Toutefois, selon l'historien Philippe Oriol et le journaliste Franck Ferrand, du Paty de Clam demandera par deux fois l'abandon des poursuites en raison de l'insuffisance de preuves[2],[3], l'historien Pierre Miquel écrit : « il faut se rendre à l'évidence : du Paty lui-même conclut son rapport sur la « fragilité de la preuve matérielle »[4], et l'avocat Maurice Garçon cite la conclusion du rapport de du Paty : « La fragilité de la preuve matérielle qui servira de base à l'accusation pourrait fort bien déterminer un acquittement. En conséquence, il y aurait peut-être lieu d'abandonner les poursuites. »[5]. Aussitôt, l'affaire sera relancée par une campagne de presse dans le quotidien antisémite La Libre Parole.

Du Paty de Clam est promu lieutenant-colonel en mars 1897. Mais, coauteur des faux télégrammes visant à compromettre le colonel Picquart, il voit sa carrière brisée après le suicide de son complice Hubert-Joseph Henry. En « non activité par retrait d’emploi », le 12 septembre 1898, il est admis d’office à la retraite le 26 février 1901. La Cour de cassation le contraint, en mars 1904, à verser à la procédure son commentaire des pièces secrètes communiquées aux juges de 1894. Zola le cite nommément, parmi les premiers responsables de l’injustice, dans son article fracassant publié dans l’Aurore sous le titre de J’accuse…![6]

Réintégration

Le 6 janvier 1913, il obtient sa réintégration comme lieutenant-colonel dans l’armée territoriale[7]. En 1914, pendant la Première Guerre mondiale, il revient dans l’armée à l’âge de 61 ans, servant sous les ordres de l'un de ses fils, Jacques du Paty de Clam, issu de son premier mariage. Il meurt en 1916 des suites de ses blessures reçues au front militaire. Il a reçu la mention « mort pour la France ».

Vie familiale

Il se marie le 17 octobre 1877 à Angoulême (Charente), avec Charlotte Daras (sœur d'Henry Daras), dont il a trois fils :

  • Jacques du Paty de Clam (comte du Paty de Clam) ;
  • François du Paty de Clam ;
  • Michel du Paty de Clam.

En secondes noces, le 26 avril 1894 à Paris 7e, il épouse Marie-Henriette Nau de Champlouis (fille de Victor Nau de Champlouis, petite-fille de Claude de Champlouis et de Ludovic d'Ursel), avec qui il a trois enfants :

Notes et références

  1. Le « document libérateur » désigne l'une des pièces du « dossier secret » constitué par le colonel Henry contre Dreyfus, dont Esterhazy fait état fin 1897 dans ses lettres de chantage adressées au président de la République Félix Faure, afin de mettre en cause le colonel Picquart, son principal accusateur. Voir Marcel Thomas, Esterhazy ou l'envers de l'affaire Dreyfus, Paris, Vernal/Philippe Lebaud, , 401 p. (ISBN 978-2-86594-049-3), p. 283-285.
  2. L'ombre d'un doute, « L'ombre d'un doute - Le dossier secret de l'affaire Dreyfus », (consulté le )
  3. Affaire Dreyfus, page Wikipédia
  4. Pierre Miquel, L'affaire Dreyfus : « Que sais-je ? » n° 867, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-078614-6, présentation en ligne)
  5. « Maurice Garçon, La justice contemporaine 1870 - 1932, Éditions Bernard Grasset, p. 315 » [PDF].
  6. Sur son rôle pendant l'Affaire, voir Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.
  7. Jean-Louis Rizzo, Alexandre Millerand : Socialiste discuté, ministre contesté et président déchu - (1859-1943), 2013 (aperçu disponible sur Google Livres).

Liens externes

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