Armide
Armide (en italien Armida) est un personnage de La Jérusalem délivrée du poète italien Le Tasse. C'est une magicienne musulmane, nièce d'Hidraot (Idraote). Son aventure la plus célèbre est celle qui la lie au croisé Renaud (Rinaldo) : bien qu'il soit son ennemi, elle en tombe amoureuse. Elle tente alors en vain de le retenir par des enchantements.
Armide | |
Personnage de fiction apparaissant dans Jérusalem délivrée. |
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Armida par Jacques Blanchard (XVIIe), musée des beaux-arts de Rennes | |
Sexe | Féminin |
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Caractéristique | Magicienne |
Entourage | Hidraot (oncle) |
Créé par | Le Tasse |
Romans | La Jérusalem délivrée |
Œuvres musicales
Son personnage a inspiré un grand nombre de musiciens[1] :
- Jean-Baptiste Lully, dont Armide, composée en 1686 sur un livret de Quinault[1], est la dernière tragédie en musique terminée.
- Haendel composa une cantate Armida abbandonata (HWV 105) et, sur le même sujet, une de ses plus grandes réussites dans le genre lyrique : l'opéra Rinaldo (1711)[1].
- Vivaldi a composé Armida al campo d'Egitto sur un livret de Palazzi (1718). L'opéra porte sur un épisode peu connu de l'histoire d'Armide, postérieur à sa relation avec Renaud.
- Renaud et Armide, ballet de Jean-Georges Noverre (1727-1810), musique de Jean-Joseph Rodolphe (1730-1812), créé à Lyon vers 1760.
- Jommelli a écrit un opéra Armida abbandonata en 1770.
- Gluck a composé l'opéra Armide, sur le même livret que Lully (sans le prologue), représenté pour la première fois en 1777[1].
- Sacchini a écrit une tragédie lyrique Renaud en 1783.
- Haydn a composé une Armida en 1784[1], qu'il considérait comme « sa meilleure œuvre jusqu'à présent ». Trois actes, sur un livret de Nunziato Porta.
- Rossini composa également une Armida[1], créée au Teatro San Carlo de Naples le par son épouse Isabella Colbran. D'un style extrêmement particulier, elle oppose pas moins de sept rôles de ténor à une seule femme, soprano.
- Dvořák composa, lui aussi, une Armida (1904)[1].
- Brahms, qui évoque Armide dans son Rinaldo pour ténor, chœur d'hommes et orchestre, op. 50, d'après un poème de Goethe[1].
Résumé de l'histoire d'Armide et de Renaud
Au XIe siècle dans les jardins enchantés des îles Fortunées (îles des Bienheureux), Renaud, roi de France, retenu loin de l'armée des croisés, est amoureux d’Armide, laquelle, sous la garde d’Oriane, se prépare à devenir fée. Armide est invisible, et Renaud aime en elle l’inconnu, l’idéal. Touchée par cet amour, Armide décide d’apparaître à Renaud, mais cette apparition, loin de satisfaire la passion de Renaud, l’éteint parce qu’elle supprime le mystère. Dégrisé, Renaud prend congé d’Armide qui en est réduite à le retenir par le seul pouvoir de ses « charmes », mais c’est un prisonnier, et non plus un amant, qu’elle garde. Un unique recours : pour regagner son amour, elle accepte de lui donner l'anneau d'Orphée qu’elle porte à son doigt, sans devoir s’en défaire, et que les enchanteresses se transmettent depuis des siècles. Mais elle redevient une simple femme et doit mourir au premier baiser de celui qui a reçu l’anneau.
Représentations picturales
- Renaud et Armide, de Nicolas Poussin, 1625, Dulwich Picture Gallery, Londres. Ce tableau a été interprété par le graveur Guillaume Chasteau.
- Renaud et Armide, de Antoon van Dyck, 1629, Baltimore Museum of Art.
- Renaud et Armide, de Sebastiano Conca, vers 1725, Saint Louis Art Museum
- Renaud et Armide, de François Boucher, 1734, musée du Louvre, Paris.
- Renaud dans les bras d'Armide, de Jean-Baptiste van Loo, 1735, musée des Beaux-arts, Angers.
- Renaud ensorcelé par Armide, de Giambattista Tiepolo, 1742, Art Institute of Chicago.
- Renaud et Armide dans le jardin, de Giambattista Tiepolo, vers 1752, résidence de Würzburg.
- Renaud dans le jardin d'Armide, de Jean-Honoré Fragonard, entre 1761 et 1777, musée du Louvre, Paris.
- Le sommeil de Renaud , de Charles Antoine Coypel vers 1741, Musée des Beaux-Arts de Nantes.
- Renaud et Armide, de Domenico Zampieri, dit Le Dominiquin vers 1617-1621, musée du Louvre, Paris.
Représentation théâtrale
- 1943 : Renaud et Armide de Jean Cocteau[1], mise en scène de l'auteur, Comédie-Française.
Navires
Dans la Marine française, l'Armide était une frégate et l'Armide, une corvette cuirassée.
Astronomie
L'astéroïde (514) Armida, découvert en 1903, est nommé en l'honneur d'Armide[2].
Discographie
- L’Armide de Lully a été enregistrée par Philippe Herreweghe chez Harmonia Mundi, avec Guillemette Laurens dans le rôle d'Armide, Howard Crook dans celui de Renaud et Bernard Deletré dans celui d'Hidraot.
- L’Armide de Gluck a été enregistrée par Marc Minkowski avec Mireille Delunsch dans le rôle d'Armide, Charles Workmann dans celui de Renaud et Laurent Naouri dans celui d'Hidraot.
- L’Armida de Haydn a été enregistrée par Nikolaus Harnoncourt avec Cecilia Bartoli et Christoph Prégardien.
- Le Renaud de Sacchini a été enregistré par Christophe Rousset avec Maria Kalinine, Julien Dran et Jean-Sébastien Bou.
- L’Armida de Rossini a été reprise par Maria Callas en 1952. Il en existe un enregistrement récemment réédité chez Membran Music (distribué en France par Harmonia Mundi). Une version enregistrée à Trévise en 1992 est disponible avec Cecilia Gasdia et Chris Merritt sous la direction de Claudio Scimone. La mémorable version de 1988 avec June Anderson au Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence n'est malheureusement pas disponible officiellement. L'air D'amore al dolce impero a été enregistré par Montserrat Caballé en 1968 sur un album d'airs intitulé Rarities.
- Le Rinaldo de Haendel a été plusieurs fois enregistré. Notons les enregistrements de Christopher Hogwood avec Cecilia Bartoli et David Daniels, et surtout de René Jacobs avec Inga Kalna et Vivica Genaux.
Références
- Dictionnaire des personnages 2003, p. 86.
- (en) « (514) Armida », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_515, lire en ligne), p. 55–55
Bibliographie
- Laffont - Bompiani, Dictionnaire des personnages, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (1re éd. 1960) (ISBN 978-2-221-19748-6).
- Le Tasse, La Jérusalem délivrée, traduction, présentation et notes de Jean-Michel Gardair, Le Livre de poche.
- Philippe Beaussant, Lully ou le musicien du Soleil, Gallimard.
- Stendhal, Vie de Rossini (les éditions sont nombreuses). Stendhal n'est guère favorable à la Colbran, en admirateur qu'il est de Giuditta Pasta
Liens externes
- « Armide et l'opéra » (version du 27 septembre 2007 sur l'Internet Archive), sur Forum Opéra, dossier proposé par Jean-Christophe Henry.
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