Arminius

Arminius (ou Armenius), né vers 17 av. J.-C. et mort vers 21[1], connu également en Allemagne sous le nom de Hermann le Chérusque, est un chef de guerre de la tribu germanique des Chérusques, connu pour avoir anéanti trois légions romaines au cours de la bataille de Teutobourg, une des plus cuisantes défaites infligées aux Romains. Il est le fils du chef de guerre chérusque Segimerus. En sa qualité de fils de chef, il devient otage et est élevé à Rome comme un citoyen romain, devenant membre de l'ordre équestre. De retour en Germanie, il devient l'homme de confiance du gouverneur Varus tout en fomentant en parallèle une rébellion. Il finit par être assassiné par des Germains, qui craignaient son pouvoir devenu trop important et autoritaire.

Cet article concerne le chef de guerre germain. Pour le théologien protestant, voir Jacobus Arminius.

Arminius
Fonction
Monarque
Biographie
Naissance
Décès
Époque
Activité
Chef de guerre
Père
Fratrie
Flavus (en)
Conjoint
Enfant
Thumelicus (en)
Gens
Autres informations
Arme
Grade militaire
Praefectus cohortis (d)
Conflits

Il a été, en Allemagne, présenté comme un héros national dans une partie de la littérature et par la mouvance nationaliste, participant à un mythe fondateur.

Étymologie

Connu également en Allemagne sous le nom de Hermann der Cherusker, le nom d’Arminius représente, selon certains, peut-être une variante latinisée d'Irmin[2], théonyme fondée sur le proto-germanique *erminaz, adjectif ayant le sens de « vaste, énorme, immense » (> vieux haut allemand, vieux saxon irmin-, anglo-saxon eormen, vieux norrois iǫrmun- cf. Herminones ou Irminones, ethnonyme germanique), à moins qu'Irmin ne représente l'altération de l'épithète d'une divinité, plutôt que le théonyme lui-même.

Cependant, selon Louis Guinet, cette théorie se heurte au fait que les Germains ne portaient jamais le nom d'une divinité ou de leur épithète. Irmin peut difficilement avoir été latinisé en Arminius ou Armenus qui doit être plutôt un surnom latin, tout comme celui de Flavus, son frère. Le fait que le héros mythologique Siegfried soit parfois identifié à Arminius fait montre d'une certaine pertinence, indépendamment d'une possible interprétation de faits historiques recouverts par le mythe. En effet, il était de coutume chez les Germains d'associer au nom des enfants, un des éléments du nom du père, généralement composé de deux éléments[3]. Ainsi, si son père s'appelait réellement Sigimer / Segimer, il est probable que le nom germanique d'Arminius ait commencé par l'élément Sig- / Seg-[4].

Arminius a été germanisé en « Hermann » (qui signifie « homme d'armée » ou « guerrier »), au XVIe siècle par Martin Luther, qui voulait utiliser un personnage antique et héroïque pour symboliser son combat contre Rome[5].

Notice biographique

Contexte

Sous le règne d'Auguste, l'empire romain connut une expansion sans précédent. Pour sécuriser les frontières de la Gaule, l'empereur lance plusieurs campagnes à l'est du Rhin pour soumettre les tribus germaniques. Les Germains, nom que leur a donné Jules César, ne constituent pas un peuple unifié, ils sont divisés en dizaines de tribus, elles-mêmes divisées en centaines de familles. La région est moins structurée que celle rencontrée par les Romains en Gaule[6] (moins d'homogénéité ethnique, pas de villes, guerres incessantes entre les tribus). Certaines tribus germaniques résistent, mais d'autres s'allient avec Rome comme les Chérusques[7], un des peuples germaniques dont le territoire se trouve sur les deux rives de la Weser. Il est alors courant chez les Romains de prendre des fils de chefs de tribus alliées comme otages[7]. Cette coutume a pour but de s'assurer de la fidélité du chef de la tribu et, en élevant ces enfants comme des Romains, qu'ils servent plus tard les intérêts de l'empire auprès des leurs[7].

Jeunesse et citoyenneté romaine

Reconstruction possible de la généalogie de la famille d’Armin (Armenius) selon les sources romaines

Les détails de la vie d’Arminius avant la bataille de Teutoburg sont mal connus. Caius Julius Arminius est né vers -18/-17. Il aurait été le fils de Segimerus (Sigimer), chef d'une tribu chérusque[7]. Son père est qualifié de princeps gentis eius « premier de sa tribu » par l'historien Velleius Paterculus. Le nom de sa mère n'est pas mentionné, par contre on sait qu'elle était encore de ce monde en l'an 16. Segimerus, tout comme son oncle Inguiomerus (Inguiomer), est chef du parti pro-romain au sein des Chérusques. Il confie Arminius aux Romains, celui-ci est alors âgé de 10 ans, ainsi que son frère Flav[i]us "le blond". Ils atteignent probablement Rome en l'an -9 et suivent les cours d'une école qu'Auguste avait spécialement fait construire sur le Palatin[8] pour les enfants d'otages germains. Jeune homme, il suit ensuite l'enseignement militaire romain, et est décrit comme « un jeune homme exceptionnellement doué pour un Germain[7] ». Vers l'an 4 ap. J.-C., Arminius commande un détachement auxiliaire de cavalerie composé de mercenaires chérusques au service de Rome, probablement à l'occasion des guerres de Pannonie (actuelle Hongrie) dans la péninsule balkanique. Si les faits de guerre d'Arminius ne sont pas connus, on sait qu'il obtient peu après la citoyenneté romaine d'ordre équestre, la plus haute distinction qu'un Germain puisse obtenir[9],[7]. Selon Tacite[10], ses propos étaient fréquemment accompagnés d'expressions latines[11]. Son frère, centurion, fut décoré à plusieurs reprises[11]. Son beau-père, Ségeste, avait également la citoyenneté romaine[11].

Retour en Germanie

En 7/8 ap. J.-C., il revient en Germanie du nord, où l'Empire romain a établi son autorité sur les territoires à l'ouest du Rhin et cherche maintenant à l'étendre jusqu'à l'Elbe, sous le commandement du gouverneur militaire Publius Quinctilius Varus. Ce gouverneur, nouvellement nommé et parent d'Auguste[7], est un homme expérimenté qui a déjà exercé en Syrie et durement réprimé une révolte juive[7]. Auguste décide également d'y envoyer ensuite Arminius, choix approuvé par Varus[7].

Depuis qu'Arminius est arrivé enfant à Rome, les Romains ont progressé à l'est du Rhin. Ils ont aménagé des camps fortifiés le long des rivières de la Lann, la Lippe et du Main, rivière permettant aux Romains de s'enfoncer vers l'est. Haltern am See est le plus grand de ces camps, capable d'accueillir trois légions et destiné à devenir le centre de la nouvelle province[7]. En été, les troupes romaines partent établir des camps d'été plus à l'est, vers la Weser. Les légions progressent d'abord par bateaux en suivant la Lippe, puis par voie terrestre. Les trois légions sont accompagnées par une foule de civils, marchands, forgerons et différents corps de métiers et des familles[7]. Arminius est envoyé en éclaireur à la tête de troupes auxiliaires, composées de Germains[7], chargées de sécuriser la voie.

La position du camp d'été de Varus reste discutée, mais des découvertes en 2008 le situeraient dans un coude de la Weser. Le but d'un tel camp est d'imposer la loi romaine dans la région. Plus tard, l'écrivain romain Velleius Paterculus critiquera la manière dont Varus l'administra alors qu'il estimait celle-ci non encore totalement soumise[7]. La collecte de l'impôt sur des villages à peine auto-suffisants et l'application du droit romain aux dépens du droit coutumier germain valurent aux Romains d'être détestés des populations locales[7].

À la fin de l'été de l'an 9 ap. J.-C., les légions romaines se préparent à regagner leurs quartiers d'hiver sur le Rhin. Arminius, alors âgé de vingt-cinq ans, commence ses intrigues pour unir les différentes tribus germaniques et contrecarrer les efforts romains pour incorporer leurs territoires à l'Empire tout en continuant de commander pour les Romains les troupes auxiliaires. Il doit convaincre les souverains germains dont certains sont des alliés de Rome et en tirent avantage, dont le Chérusque Ségestes. Ce dernier essaye même de prévenir Varus, sans le convaincre, la veille du départ des Romains[7].

Les motivations du retournement d'Arminius ne sont pas connues, et font l'objet de discussions entre historiens (identité germaine, désir de régner sur son peuple voire sur l'ensemble des Germains, rivalité avec Varus...). Il n'existe aucune source sur ce point[7].

La bataille de Teutobourg

À l'automne, à la bataille de Teutobourg, Arminius et les tribus germaniques qui ont constitué une alliance (Chérusques, Marses, Chattes et Bructères), tendent une embuscade à l'armée romaine qui comprend les XVIIe, XVIIIe et XIXe légions ainsi que trois détachements de cavalerie et six cohortes d'auxiliaires, au total environ 25 000 à 30 000 hommes commandés par Varus. C'est pour les Romains un désastre sans précédent. Des découvertes archéologiques récentes donnent à penser que l'emplacement précis, qui a fait longtemps l'objet de discussions, doit se situer près de la colline de Kalkriese à environ 20 km au nord-est d'Osnabrück. La bataille dure trois jours. Quand la défaite est certaine, Varus se suicide en se jetant sur son épée, et jamais par la suite les Romains ne tenteront une nouvelle fois de conquérir des territoires sur la rive droite du Rhin, fleuve qui constituera la frontière de l'Empire pour des siècles.

Ce désastre affecte profondément Auguste, à tel point que ce dernier met un terme à toute tentative d'expansion au-delà du Rhin. Dans ses nuits d'insomnie, on pouvait entendre Auguste (qui ne se rasait plus la tête ni le visage) se mettre à crier « Varus, rends-moi mes légions ! » (« Quintili Vare, legiones redde ! »)[12].

Suite des guerres contre Rome

Après cette éclatante victoire, Arminius tenta pendant plusieurs années d'obtenir que les tribus germaniques s'unissent de façon permanente, afin de mieux résister à de nouvelles campagnes de conquête romaines. Mais les rivalités tribales restèrent les plus fortes.

En l'an 13 de notre ère, Germanicus passe le Rhin à la tête d’une armée de 80 000 hommes, retrouve les morts des légions de Varus, les enterre dignement, et multiplie les raids de représailles sur les tribus avoisinantes.

Arminius résiste avec succès dans une série d'escarmouches et de batailles, et faillit anéantir les troupes que commandait Aulus Caecina Severus. Celles-ci sont sauvées par l'indiscipline d'Inguiomer, oncle d'Arminius, qui attaque trop tôt le camp romain, ce qui épargne à Caecina le destin de Varus, mais le Romain doit tout de même abandonner son camp avec ses provisions et s'enfuir avec les effectifs qui lui restent, tandis que les guerriers d'Inguiomer se livrent au pillage.

En l’an 15 et 16, Germanicus fait de nouveaux raids contre les Germains, pille leurs villages, bat Arminius en 16 dans la plaine de Hastenbeck (de) lors de la bataille d'Idistavisus Campus[13], puis une seconde fois sur le territoire des Angrivarii, et réussit à capturer sa femme Thusnelda, livrée par son propre père, Ségeste, qui veut se venger d’Arminius. En effet, alors qu’il avait promis sa fille à quelqu’un d’autre, elle s’était enfuie avec Arminius et l'avait épousé après la victoire de Teutobourg. Ségeste et son clan, alliés de Rome, s’opposaient à la politique d'Arminius, de même que Flavus, le propre frère d'Arminius. Thusnelda est emmenée à Rome pour y être exhibée à l’occasion du triomphe de Germanicus en l’an 17 ; elle disparaît alors des sources. Thumelicus, le fils d’Arminius qu’elle met au monde pendant sa captivité, est élevé par les Romains à Ravenne et, gladiateur, meurt dans l'arène avant d’avoir trente ans.

En dépit de ces deux dernières victoires, les pertes sont lourdes pour les Romains, qui se retirent définitivement à l'Ouest du Rhin.

Avec la fin de la menace romaine, une guerre éclate entre Arminius et Marobod, roi des Marcomans. Marobod finit par s'enfuir à Ravenne se mettant sous protection romaine, Arminius échoue à briser la « forteresse naturelle » de la Bohême, et la guerre se termine en impasse.

En 19 ap. J.-C., Germanicus meurt à Antioche, dans des circonstances laissant croire qu'il fut empoisonné par ses adversaires. Arminius meurt à son tour deux ans plus tard, en 21 ap. J.-C., assassiné par des opposants au sein de sa propre tribu, estimant qu'il devenait trop puissant[14].

Tibère aurait refusé l'offre qu'un Chatte de noble origine lui aurait faite d'empoisonner Arminius, déclarant : « Ce n'est pas en secret, par trahison, mais ouvertement et par les armes que le peuple de Rome se venge de ses ennemis[15] ».

Héritage

Jusqu'à l'époque moderne

L'historien romain Tacite écrit à propos d'Arminius : « Il fut sans aucun doute le libérateur de la Germanie, un homme qui n'a pas, comme d'autres rois ou généraux, affronté Rome à ses premières étapes mais plutôt quand elle était au zénith de sa puissance. Dans les batailles, il a combattu avec un succès variable mais dans la guerre il est resté invaincu. Ses exploits survivent encore aujourd'hui dans les chants de son peuple… »[16].

Le personnage est oublié durant le Moyen Âge[17]. À l'époque de l'humanisme et de la Réforme, Arminius, popularisé grâce à la redécouverte des écrits de Tacite, inspire nombre de littérateurs du Saint-Empire soucieux de défendre la cause « germanique » contre l'arrogance présumée de la Rome papale, à commencer par Ulrich von Hutten[18],[19]. Si Arminius et les Germains symbolisent dans les tragédies françaises du siècle de Louis XIV (Georges de Scudéry, Arminius ou Les Frères ennemis, 1644, et Jean Galbert de Campistron, Arminius, 1684) le principe monarchique opposé au principe républicain incarné par Rome, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle Jean-Grégoire Bauvin parvient à faire représenter à la Comédie-Française en 1772 un Arminius républicain où c'est à Rome d'incarner la corruption du principe monarchique et aux Germains la fierté républicaine[20].

Arminio (nom italien d'Arminius) est le titre de plusieurs opéras de la période baroque, composés par Heinrich Biber (Arminio, ossia chi la dura la vince en 1691), Alessandro Scarlatti (1703) sur un livret d'Antonio Salvi, Georg Friedrich Haendel (1737, livret adapté d'Antonio Salvi, voir ici), Johann Adolf Hasse (1745).

Utilisation nationaliste à l'époque contemporaine

Arminius (germanisé en Hermann) devient ensuite un sujet de prédilection pour l'éveil et le déchaînement du nationalisme allemand : prince baroque au XVIIe siècle, il mue en héros national dans les Bardiete de Klopstock dès 1769, puis en héros antinapoléonien, voire antifrançais, au XIXe siècle, dès le drame La Bataille de Hermann de Heinrich von Kleist en 1808[19].

En 1875, en pleine époque des nationalismes européens, l'imposante statue d'Arminius, le Hermannsdenkmal, est achevée dans la célèbre forêt de Teutobourg, statue haute de plus d'une cinquantaine de mètres et sculptée par Ernst von Bandel. Ce monument érigé à partir de 1838 est le modèle de celui qui est érigé en l'honneur de Vercingétorix en 1865 par Napoléon III à Alise-Sainte-Reine, de même que le mythe d'Arminius engendre en réaction celui de Vercingétorix sur l'autre rive du Rhin, les deux personnages jouant un rôle essentiel dans la construction des stéréotypes nationaux de la France et de l'Allemagne[21],[17].

L'équipe de football du DSC Arminia Bielefeld tire son nom d'un dérivé féminisé d'Arminius. C'est le 3 mai 1905 que fut créé l'entité sportive sous le nom de 1. Bielefelder FC Arminia, avant de devenir DSC Arminia Bielefeld en 1926[22].

Durant la Première Guerre mondiale, le mythe d'Arminius est fortement exploité dans un but patriotique contre l'ennemi d'outre-Rhin, de même que dans les années 1920 par la droite nationaliste[17].

Après 1933, le souvenir d'Arminius reste fréquemment utilisé dans la littérature, avant tout dans des récits historiques destinés au peuple. Toutefois, les nazis se sont démarqués de ce personnage, puisque leur régime trouvait sa grande figure dans le Führer lui-même. Dans l'idéologie nationale-socialiste, le chef ne tirait plus de l'histoire la légitimité de son action politique et militaire, mais de sa propre volonté. Outre les aspects idéologiques, des questions de politique étrangère ont également joué un rôle dans cette distanciation par rapport à Arminius, en particulier le désir de ne pas blesser l'allié italien, qui se considérait comme héritier de l'Empire romain[17]. En 1936, sur l'ordre de la chancellerie du Reich, lors d'une visite d'État de Benito Mussolini, le monument d'Arminius fut retiré du programme parce qu'on craignait d'offenser le visiteur. L'époque nazie n'a pas connu une seule manifestation spectaculaire devant le monument d'Arminius. Le manque d'intérêt pour le personnage qu'il représentait apparaît aussi dans le fait qu'aucune des unités des SS ou de la Wehrmacht, aucun plan de campagne, aucune opération de commandos, aucun navire n'a porté le nom d'Arminius[23]. Une exception a été un canevas de tapisserie de Werner Peiner (de). En 1940, Hitler avait passé commande de huit tapisseries destinées à la galerie de marbre de la nouvelle chancellerie du Reich ; elles devaient représenter huit grandes batailles, en commençant par celle de Teutobourg. Pour le politologue Herfried Münkler, le peu d'intérêt des nazis pour le personnage d'Arminius vient du fait qu'ils s'intéressaient plus à l'expansion germanique qu'à la défense de la terre natale. Une autre explication, nous vient de l'historien Martin M. Winckler, selon lui, les nazis n'ont pas pu le mettre en avant durant leur mandat tout simplement car ce qu'Arminius avait réalisé de manière célèbre n'a pas duré dans l'histoire, mais seulement dans le mythe, la légende et la propagande. En d'autres termes, alors que tout le monde pouvait aisément discerner une ligne ininterrompue de continuité historique et impériale de Frédéric le Grand à Hitler, il y avait un fossé de plusieurs siècles entre Arminius et l'émergence d'une puissance allemande durable. Ce qui se situait entre les deux était une histoire obscure jusqu'au Moyen Âge allemand[24]. Cependant il ne fait aucun doute que le Führer le portait en haute estime[25]. Quand en 1944 les armées alliées ont pénétré jusqu'en Allemagne, il était désormais trop tard pour un renouveau du culte d'Arminius[26].

Depuis la Seconde Guerre mondiale

Le personnage disparut à peu près de l'imaginaire ouest-allemand après 1945. Cependant, en République démocratique allemande, l'historiographie marxiste le mobilisa en opposant une Germanie aux « rapports de propriété précommunistes » l'emportant sur la Rome esclavagiste[17].

En 2009, la chancelière allemande Angela Merkel célèbre le 2000e anniversaire de la victoire d'Arminius mais en inversant la perspective afin de dépasser son souvenir belliqueux[17]. Les Allemands n'emploient plus le terme de Hermann, sauf pour la toponymie : le monument Hermann bien sûr, mais aussi des noms de rues et de places dans les villes allemandes, comme entre autres Hermannplatz à Berlin et sa station de métro, Hermannstraße et sa station de métro ainsi que sa gare.

Une série de bandes dessinées des années 2000, Les Aigles de Rome met en scène un prince chérusque, Ermanamer (dont le nom est romanisé Arminius), intégrant la légion pour plus tard trahir le Sénat romain et mener les tribus germaines unifiées contre l'Empire.

La société allemande Hermann Weihrauch Revolver GmbH fabrique à Mellrichstadt des revolver commercialisés sous le nom Arminius[27].

En 2020, Netflix publie une série de 6 épisodes, Barbares, qui relate la conspiration d'Arminius avec les chefs germains contre Varus et la bataille de Teutobourg.

Notes et références

  1. Certaines sources[Lesquelles ?] indiquent une date de mort en 19
  2. (en) John D Bengtson, Iarl and Iormun-; Arya-and Aryaman-: A Study in Indo-European Comparative Mythology, Comparative Mythology, Décembre 2016, Volume 2, Numéro 1
  3. Louis Guinet, Les Emprunts gallo-romans au germanique (du Ier à la fin du Ve siècle), Paris, Klincksieck, 1982.[réf. incomplète]
  4. De même, le propre frère de Segemer se nommait Segestes. Selon Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] (VII.1.4), ce dernier avait un fils répondant au nom de Segimuntus (que Tacite écrit Segimundus).
  5. (en) Herbert W. Benario, « Arminius into Hermann: History into Legend », Greece and Rome, vol. 51, no 1, , p. 83–94 (DOI 10.1093/gr/51.1.83)
  6. Siegmar Von Schnurbein, archéologue, dans le documentaire Débâcle en Germanie - les légions perdues de Rome, 2009.
  7. Film documentaire Débâcle en Germanie - les légions perdues de Rome (titre original Kampf um Germanien - Die Schlacht im Teutoburger Wald), réalisé par Christian Twente pour la ZDF en 2009, diffusé sur Arte en mars 2009.
  8. Marcus Junkelmann, historien militaire dans le documentaire Débâcle en Germanie, 2009.
  9. Velleius 2, 118.
  10. Tacite, Annales [lire en ligne] 2, 10.
  11. A. Barbero (version française), Barbares. Immigrés, réfugiés et déportés dans l'Empire romain, Tallandier, 2009 et 2011 (1re éd. 2006), p. 31.
  12. Suétone, Vita Divi Augusti (lire en ligne), p. 23.49.
  13. Dictionnaire universel d'Histoire et de Géographie, éd. Hachette, année 1860, page 869
  14. Tacite, Annales [lire en ligne], 2.88
  15. Tacite, Annales [lire en ligne] 2.87-88.
  16. Traduction de Tacite, Annales [lire en ligne], II, 88.
  17. Jérôme Gautheret et Thomas Wieder, « Quand Rome rencontra les irréductibles Germains », sur Le Monde, (consulté le ).
  18. Jacques Ridé (3 vol), L'image du Germain dans la pensée et la littérature allemandes de la redécouverte de Tacite à la fin du XVIe siècle : Contribution à l'étude de la genèse d'un mythe, Lille, .
  19. Patrick Voisin, La Germanie de Tacite : une table d’attente pour Julius Civilis et Arminius, une table de jeu pour le lecteur, Vita Latina, Année 2010, 182, pp. 96-107
  20. Cette tragédie est l'adaptation de Herrmann de Johann Elias Schlegel, 1743, une pièce nationale et nullement républicaine. François Genton, « Arminius en France ou réflexions sur l'adaptation d'une tragédie allemande dans la seconde moitié du XVIIIe siècle », Chroniques allemandes, no 2, , p. 21-41 (présentation en ligne).
  21. Alfred Grosser, La France semblable et différente, Alvik, , p. 13.
  22. (de) « Warum heißt Arminia eigentlich Arminia? », sur arminia-bielefeld.de.
  23. (de) Klaus Bemmann, Arminius und die Deutschen, p. 253.
  24. (en) Martin M. Winckler, Arminius the liberator and ideology, Oxford, , 356 p., p. 116-117
  25. (en) Martin M. Winkler, Arminius the liberator Myth an Ideology, Oxford, , 356 p., p. 115-124
  26. (de) Herfried Münkler, Die Deutschen und ihre Mythen, Berlin, Rowohlt, , p. 179.
  27. https://www.hermann-weihrauch-revolver.de/?lang=fr

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Yann Le Bohec, La « bataille » du Teutoburg, 9 après J.-C., Les Éditions Maison, Illustoria, 2008, (ISBN 978-2917575383)
  • Ralf-Peter Märtin, Die Varus-Schlacht. Rom und die Germanen, Francfort, Fischer, 2009.
  • Les Aigles de Rome, Marini, Dargaud, Série historique de bande dessinée

Documentaire

  • Révoltes barbares : Arminius (2016)

Filmographie

Liens externes

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