Arverno-méditerranéen

L'arverno-méditerranéen ou alverno-méditerranéen (arvèrnomediterranèu en occitan) est une classification supra-dialectale de la langue occitane, mais aussi d'une manière plus générale de la famille des langues occitano-romanes, actuellement utilisée dans le milieu de la recherche[1].

Classification supradialectale de l'occitan et des langues occitano-romanes (occitan et catalan). Arverno-méditerranéen en rose.

Elle regroupe dans un même ensemble nord-occitan (parlers auvergnat, limousin et vivaro-alpin) et le provençal.

Description

Cette classification est soumise pour la première fois dans les travaux de Pierre Bec[2],[3] et notamment son ouvrage, faisant encore office de référence en la matière, La langue occitane publié en 1963 dans la collection Que sais-je ? aux Presses universitaires de France[4]. Dans ce livre, le linguiste découpe pour la première fois l'ensemble occitano-roman en trois ensembles : l'arverno-méditerranéen[5], l'occitan central et l'aquitano-pyrénéen[6],[7].

Découpage supradialectal des langues occitano-romanes selon le linguiste Domergue Sumien.

Il s'agit d'une classification qui est aujourd'hui utilisée par l'intégralité du milieu universitaire[8],[9],[10],[11] quant à la compréhension des groupes supradialectaux de l'occitan[12],[13],[14]. Son principe a notamment été réactualisé par les travaux du linguiste Domergue Sumien[15],[16]. Il est également repris par l'Academia occitana.

Traits particuliers

L'arverno-méditerranéen se situe autour des principaux pôles d'influences linguistiques de cette région que sont l'Auvergne et la Provence, qui lui donnent leur nom[17].

Il est marqué par des traits linguistiques bien particulier comme par exemple la personne des consonnes finales, du s au pluriel ou une forte utilisation des nasales et semi-nasales[18]. Certains traits sont uniquement présents dans l'arverno-méditerranéen : ex. le C est préféré dans certains radicaux au G ; Lo cat en arverno-méditerranéen (« Le chat » en français) tandis que l'on dit Lo gat dans l'ensemble aquitano-pyrénéen[19]. Comme le dit le linguiste Arnaldo Moroldo (Université de Nice), « Il se caractérise par la palatalisation du groupe consonantique latin /CT/: factu > fach »[20]. Par exemple le latin lacte (« lait » en français) devient lach[21].

Notes et références

  1. Département d'occitan de l'université Paul-Valéry, « Découpage supradialectal de l'occitan », sur http://www.univ-montp3.fr/ ; site officiel de l'Université Paul-Valéry, Montpellier : « L'espace arverno-méditerranéen se caractérise par l'absence de bétacisme, la réalisation occlusive de [b], [d], [g], une tendance plus forte à la semi-nasalisation (pouvant aller jusqu'à la nasalisation complète dans les zones septentrionales), une tendance à l'évolution des oppositions entre rhotiques (/R/~/r/ ou uniformisation en /r/ o /R/). »
  2. Pierre Bec, Manuel pratique d'occitan moderne, Paris, Picard, , 219 p. (ISBN 978-2-7084-0089-4).
  3. (oc) Pierre Bec, « Per une dinamica novèla de la lenga de referéncia : dialectalitat de basa e diasistèma occitan », Annales de l'Institut d'études occitanes, Institut d'études occitanes, vol. II, no 6, , p. 42-44 (ISSN 0180-4200)
  4. Hervé Lieutard, « Les systèmes graphiques de l’occitan. Un kaléidoscope des représentations et des changements linguistiques », Lengas - revue de sociolinguistique, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, vol. 86 « Minuscules et capitales. Systèmes graphiques des langues de France et d'ailleurs », (ISSN 2271-5703, lire en ligne)
  5. Jean Roux, De la renaissance d'une langue occitane littéraire en Auvergne au début du XXe siècle, perspectives et avenir (Thèse en études occitanes sous la direction d'Hervé Lieutard), Montpellier, Université Paul-Valéry, soutenue en 2020 (lire en ligne)
  6. Gilda Caiti-Russo, « Quelques notes sur Pierre Bec éditeur critique du texte occitan médiéval », Lengas - revue de sociolinguistique, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée (Université Paul-Valéry), vol. 82 « A l’aute cap de l’auba », (ISSN 2271-5703, lire en ligne)
  7. « Finales et structure syllabique en aquitanopyrénéen », sur https://clle.univ-tlse2.fr/ ; Laboratoire Cognition, Langues, Langage, Ergonomie (CLLE) UMR 5263 (Université Toulouse-Jean-Jaurès / CNRS),
  8. (en) Simon Belasco, « L'Occitan, qu'es aquò? », The French Review, Carbondale, Southern Illinois University, (ISSN 0016-111X, lire en ligne)
  9. (en) Damien Mooney, James Hawkey, « The variable palatal lateral in Occitan and Catalan: linguistic transfer or regular sound change? », Journal of French Language Studies, Cambridge University Press, vol. 29 « Langues régionales: models and methods », no 2, , p. 281-303 (ISSN 0959-2695 et 1474-0079, OCLC 630072747, lire en ligne)
  10. Michel Valière, « Le témoignage d'une charivarisée », Le charivari: Actes de la table ronde organisée à Paris (25–27 avril 1977) (dir. Jacques Le Goff, Jean-Claude Schmitt, Paris, École des hautes études en sciences sociales, (ISBN 2-7193-0473-5, lire en ligne)
  11. Alain Viaut, « Edouard Bourciez et les études gasconnes », L'Ethnologie à Bordeaux: hommage à Pierre Métais, Université de Bordeaux, , p. 109-128 (ISBN 2-9066-91-05-4, lire en ligne)
  12. Alain Viaut, « Des langues à la croisée des chemins », Langues d'Aquitaine - Dynamiques institutionnelles et patrimoine linguistique (dir. Alain Viaut, Jean-Jacques Cheval), Bordeaux, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, , p. 9-29 (EAN 9782858922178, lire en ligne)
  13. Bruno Phalip, « Étude monumentale et limites culturelles. Les confins de la Haute et de la Basse-Auvergne au XIIe siècle », Siècles, Presses universitaires Blaise-Pascal, vol. 5 « Frontières médiévales », (ISSN 1266-6726, lire en ligne)
  14. André de Mandach, Chronique dite Saintongeaise : Texte franco-occitan inédit "Lee". A la découverte d'une chronique gasconne du XIIIe siècle et de sa poitevinisation, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, , 360 p. (ISBN 3-484-52022-1, lire en ligne)
  15. Domergue Sumien, La standardisation pluricentrique de l’occitan : Nouvel enjeu sociolinguistique, développement du lexique et de la morphologie, Turnhout, Brepols, coll. « Publications de l'Association Internationale d'Etudes Occitanes », , 514 p. (ISBN 978-2-503-51989-0, lire en ligne)
  16. (oc) Domergue Sumien, « Classificacion dei dialècles occitans », Linguistica occitana - VII, Montpellier, (ISSN 1773-0538, lire en ligne)
  17. (oc) Domergue Sumien, « L’eiretatge incommensurable de Pèire Bèc (1921-2014) », Jornalet, Barcelone, Associacion entara Difusion d'Occitània en Catalonha (ADÒC), (ISSN 2385-4510, OCLC 1090728591, lire en ligne)
  18. Patrick Sauzet, « Variation des finales occitanes et format de la syllabe », Nouveaux départs en phonologie: les conceptions sub- et suprasegmentales, Tübingen, Gunter Narr verlag, , p. 33-48 (ISBN 3-8233-6016-7, ISSN 0564-7959, lire en ligne)
  19. (oc) Lo diccionari general de la lenga occitana, Academia Occitana (lire en ligne)
    « gat / cat. Lo primièr es lo mot « aquitanopirenèu » - comun amb lo catalan - e lo segond lo mot « arvernomediterranèu ». An una familha tan nombrosa un coma l’autre. »
  20. Arnaldo Moroldo, Le traitement de la fricative laryngée sourde germanique en français, occitan et italien, Nice, Université Nice-Sophia-Antipolis (lire en ligne)
    « L'occitan arverno-méditerranéen comprend le nord-occitan (entre autres le bas-limousin), la partie orientale de l'occitan méridional, soit "le provençal stricto sensu": il se caractérise par la palatalisation du groupe consonantique latin /CT/: FACTU > fach. »
  21. Sabine Marterer, Acabailles gerbebaude pampaillet : les régionalismes viticoles dans les Graves de Bordeaux, Bordeaux, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, , 212 p. (ISBN 978-2-86781-437-2, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

  • Portail de l’Occitanie
  • Portail du Massif central
  • Portail de la Provence
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.