Michel Bernstein
Michel Bernstein (Paris, – Paris, ) est un producteur français de musique et fondateur de plusieurs labels discographiques[1].
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Le premier contact avec la musique classique de Bernstein, fut d'entendre à l'école à l'âge de 15 ans son professeur de musique jouer Beethoven sur un piano désaccordé ; mais par la suite il est pris d'un vif intérêt pour la musique et l'enregistrement[2],[3].
Vendôme
Bernstein fonde sa première maison de disques, Vendôme[4], en 1954. Elle n'a publié que 5 LP.
La première publication est le premier enregistrement mondial des Proses Lyriques de Debussy, par la soprano suisse installé à Paris, Flore Wend, accompagnée par la pianiste Odette Gartenlaub, avec André Charlin comme ingénieur du son, enregistré à la Salle Adyar, Paris. Lequel disque, qui incluait aussi les Chansons de Bilitis et les Ballades de François Villon, a reçu des critiques élogieuses dans le magazine français Disques. La publication suivante consistait dans un programme Bach joué par l'organiste Pierre Cochereau, sur l'orgue de l'Église Saint-Roch à Paris. Suivie par un autre disque d'orgue de Bach, l'Orgelbüchlein, interprété par le Danois Finn Viderø.
Valois
Son deuxième label, Valois[5], commence par enregistrer Sándor Végh et son Quatuor Végh, et des disques de Clément Janequin et les Amours de Ronsard avec l'Ensemble polyphonique de Paris du compositeur Charles Ravier. Ravier réenregistre pour Bernstein dans les années 1970 deux disques des Meslanges de Lassus, le second d'entre eux profondément problématique[6].
Le pianiste américain basé à Paris, Noël Lee, fait de nombreux enregistrements pour Valois : Aaron Copland, Ravel, Chopin et le quintette de Brahms avec le Quatuor Danois. Puis, à partir de 1965, il enregistrement des mélodies et lieder de Ravel, Duparc, Robert Schumann, Moussorgski, etc. avec les hollandais baryton Bernard Kruysen, ainsi que la participation dans les enregistrements de Jean Barraqué. M. Bernstein a enregistré quelques disques Ravel avec le pianiste Jean-Charles Richard, ainsi que Richard avec Kruysen : les Dichterliebe et les Liederkreis puis des mélodies de Debussy.
À cette période – avant que le marché européen du disque ne soit intégré – bon nombre des productions de Valois étaient autorisés à être vendus sous licence, tout comme Valois autorisé à publier des enregistrements d'autres labels. Par exemple, le Requiem d'Ockeghem par les Madrigalistes de Prague, dirigé par Miroslav Venhoda, a été autorisé par Supraphon à sortir à la fois par Valois en France et Telefunken en Allemagne[7].
Valois a été vendu à Auvidis au début des années 1990, lui-même à Naïve Records en 1998.
Astrée
En 1975, Bernstein fonde son troisième label, Astrée[8]. L'objectif de la nouvelle maison est centré sur la musique française du XVIIe siècle, pour orgue, clavecin, viole de gambe et luth. La devise de l'étiquette était Deffense & Illvstration de la Mvsiqve Française, parodiant le manifeste de Joachim du Bellay pour la poésie, imprimée sur les 39 premiers disques parus[9].
Astrée, avec Harmonia Mundi de Bernard Coutaz a été l'un des leaders du début de l'enregistrement de la musique ancienne en France. Avec des artistes tels que la claveciniste Blandine Verlet, le pianofortiste Paul Badura-Skoda, le luthiste Hopkinson Smith, l'intégrale de l'œuvre pour orgue de Bach par Michel Chapuis, les premiers enregistrements de Philippe Herreweghe, du Quatuor Mosaïques, de Rinaldo Alessandrini et bien d'autres, notamment les deux enregistrements « difficiles » d'Esther Lamandier autour du Décaméron et des Cantigas de Santa María.
L'un des grands artistes du label était Jordi Savall, que M. Bernstein a recruté à partir d'EMI. Suivit la production de toute une série d'enregistrements allant de la Renaissance au répertoire de la période classique, notamment la célèbre bande originale du film Tous les matins du monde, en 1991. Cependant Bernstein avait vendu dès 1985, le contrôle d'Astrée à Auvidis, racheté ensuite par Naïve, qui, peu après, a acquis également le label de Yolanta Skura, Opus 111. La plupart des artistes d'Astrée sont restés avec Auvidis-Naïve, sauf Jordi Savall qui a fondé son propre label, Alia Vox, en rachetant les droits du fonds de catalogue[10].
Arcana
En 1992, Bernstein fonde à Nantes, son quatrième label, Arcana[11]. Quelques artistes, tels que Rinaldo Alessandrini et Fabio Biondi contribuent au départ de la nouvelle maison Bernstein, en faisant des enregistrements sans rémunération[12].
De nouveau Arcana se concentre sur la musique ancienne, avec de nouveaux artistes : l'ensemble Ars Antiqua Austria, le Quatuor Festetics, l'ensemble La Reverdie et l'ensemble dialogos. Arcana publie également le premier enregistrement de Debussy sur instruments d'époque, avec des œuvres de musique de chambre interprétées par la famille Kuijken.
À la suite du mariage de Bernstein avec la philosophe et ingénieur du son Charlotte Gilart de Keranflec'h, les publications du label ont alors porté la mention : Charlotte et Michel Bernstein Éditeurs.
Bernstein meurt d'une crise cardiaque lors de la configuration des microphones pour une session d'enregistrement avec l'ensemble dialogos, d'œuvres du répertoire proche d'Abbon de Fleury[13].
Après une interruption d'activité, depuis , le label Arcana est géré par 551 Media S.r.l., Omegna, en Italie, qui a réédité des enregistrements de Mala Punica, Crawford Young et du Ferrara Ensemble. De nouveaux enregistrements ont été effectués au début de 2009, avec un disque de l'ensemble La Reverdie, Sacri Sarcasmi.
Bibliographie
- Xavier Lacavalerie, « Les artisans du disque [2] : Arcana », Classica-Répertoire, La Varenne St Hilaire, no 66, , p. 56–57. (ISSN 1287-4329)
Notes et références
- Matthieu Westphal Nécrologie, Playbill, 6 Nov 2006
- Les souvenirs de Michel Bernstein (I) « Mes jeunes années »
- Les souvenirs de Michel Bernstein (II) « Être éditeur »
- (BNF 13855958)
- (BNF 13877981)
- Les souvenirs de Michel Bernstein (IX et fin) « Charles Ravier et le Quatuor Danois »
- Emfaq Valois 764 MO
- (BNF 13873760)
- Les souvenirs de Michel Bernstein (V) « Sandor Végh, Enrico Gatti et les autres »
- Pierre-François, Le monde de la musique ancienne : sociologie économique d'une innovation 2005, p. 150.
- (BNF 13979221)
- Les souvenirs de Michel Bernstein (III) « Ainsi va la vie.
- Édité plus tard avec une dédicace à Bernstein : 'Abbo Abbas, l'ensemble Dialogos du festival d'Ambronay 2009.
Liens externes
- « Disparitions : Michel Bernstein », Le Monde, .
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