Au revoir les enfants

Au revoir les enfants est un film français réalisé par Louis Malle, sorti en 1987. Il présente l'histoire romancée, vue par un collégien, du Père Jacques de Jésus, prêtre résistant qui a caché des enfants juifs dans le collège qu'il dirigeait.

Au revoir les enfants

Réalisation Louis Malle
Scénario Louis Malle
Acteurs principaux
Sociétés de production Louis Malle pour MK2 Productions (France) et Nouvelles Éditions de Films (France)
Stella Films
NEF Filmproduktion (R.F.A.)
Pays de production France
Allemagne de l'Ouest
Italie
Genre Drame
Durée 103 minutes
Sortie 1987

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film remporte le Lion d'or à la Mostra de Venise 1987.

Nommé deux fois aux Oscar, le film obtient sept César dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur en 1988.

Synopsis

Durant l'hiver 1943-1944, dans la France occupée, Julien qui a 12 ans, fils d'une famille bourgeoise, est pensionnaire au petit collège Saint Jean de la Croix, tenu par les pères carmes. Il retrouve le chemin de l'école sans joie après les vacances de Noël, pour le deuxième trimestre. Une rentrée presque comme les autres jusqu'à ce que le père Jean vienne présenter trois nouveaux élèves. L'un d'entre eux, le jeune Jean Bonnet, est le voisin de dortoir de Julien.

Les deux élèves se jaugent, Julien est intrigué par Jean, garçon fier, mutique et mystérieux un temps rejeté par l'ensemble de la classe. Après s'être observés mutuellement, ils s'apprivoisent au jour le jour et un lien d'amitié se crée entre eux. Julien finit par comprendre le secret de son ami, son nom n'est pas Bonnet mais Kippelstein, il est juif.

Un froid matin de janvier, à la suite d'une dénonciation, la Gestapo fait irruption dans le collège. Le Père Jean, résistant clandestin, et les trois enfants juifs sont emmenés. Julien ne les reverra plus jamais. Les enfants sont déportés à Auschwitz et le Père Jean à Mauthausen. En quittant le collège, le père Jean a ces derniers mots : « Au revoir les enfants ».

Analyse

Genèse

Ce film est en partie autobiographique. Louis Malle a vécu cette histoire qui a longuement occupé son esprit, selon ses propres dires : « Pendant longtemps, j'ai purement et simplement refusé de m'y attaquer, parce que cet événement m'avait traumatisé et qu'il a eu une énorme influence sur ma vie. »[1]

Le projet de départ s'intitulait d'ailleurs My little madeleine (en référence à la madeleine de Proust) avant de s'intituler Le nouveau puis finalement Au revoir les enfants[2].

Néanmoins, le réalisateur n'a jamais prétendu raconter la vérité à la façon d'un documentaire, c'est une fiction faite des souvenirs qu'il a de cette histoire vécue, à laquelle il a rajouté des éléments et anecdotes récupérés ailleurs, et des éléments purement de fiction.

De façon générale, l'amitié approfondie entre Julien et Jean est purement de fiction[3]. Le jeune Malle n'a pas réellement développé d'amitié avec le vrai Bonnet (il déclarera dans plusieurs interviews que c'est ce regret qui a motivé le film). Le personnage de Julien corrige ce que Louis Malle n'a pas eu le temps, l'occasion ou la présence d'esprit de faire à l'époque. Sa façon de chercher des indices sur l'identité de Jean (à la façon d'un Sherlock Holmes – cité dans le film) peut être vue comme l'investigation que le réalisateur fait a posteriori sur son passé.

Histoire réelle

Au revoir les enfants est une version romancée d'événements que Louis Malle a vécus. Dans les faits réels, le jeune Jean Bonnet s'appelait Hans-Helmut Michel ( - )[4] et il est resté environ un an dans le collège d'Avon près de Fontainebleau. Il est en fait arrivé dans cet internat quelques mois avant Louis Malle et son frère Bernard.

Après que la Gestapo l'arrête (avec les autres enfants et le père qui les quitte en disant simplement Au revoir) le , il est envoyé à Drancy, puis déporté à Auschwitz[4].

Le Père Jean du film a lui aussi existé et s'appelait, en religion Jacques de Jésus, Lucien Bunel[5] ( - ). Pour avoir caché les trois enfants juifs dans le collège d'Avon, il est déporté au camp de concentration de Mauthausen[6]. Il est mort une semaine après la libération du camp[4]. Il est honoré à Yad Vashem en tant que Juste parmi les nations. Sa cause en Béatification a été introduite à Rome en 1997.

Certains articles indiquent que le film s'inspire aussi de l'enfance de Gilles Jacob, ancien directeur du festival de Cannes, caché dans un séminaire pendant la guerre[7].

Références à d'autres films de Malle

Le réalisateur avait déjà abordé le sujet de la collaboration dans Lacombe Lucien où le personnage principal était le collaborateur. Un lien peut être établi entre le personnage de Lucien et celui du collaborateur Joseph dans Au revoir les enfants. À l'époque de l'écriture de Lacombe Lucien, Louis Malle avait imaginé le personnage de Lucien à l'identique du futur Joseph, mais avait ensuite abandonné cette piste[8]. Louis Malle décrit le personnage de Joseph comme « le petit cousin de Lucien »[9].

On peut aussi faire un parallèle entre Au revoir les Enfants et un autre film de Malle, Le Souffle au cœur, concernant le thème de la relation fusionnelle entre la mère et le fils, le père absent et le milieu bourgeois. Dans les deux films se trouve aussi une scène quasi identique, lorsqu'un prêtre touche la jambe du garçon lors de la confession (dans le second film cette scène évoque plutôt un attouchement alors que dans le premier il s'agit d'un geste tout à fait innocent).

Fiche technique

Distribution

Production

Lieux de tournage

Le film a été tourné à Provins[11].

Musique

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section proviennent du générique de fin de l'œuvre audiovisuelle présentée ici.  Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Accueil

Accueil critique

Au revoir les enfants
Score cumulé
SiteNote
Rotten Tomatoes97 %[12]
Compilation des critiques
PériodiqueNote

Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, le film récolte 97 % d'opinions favorables pour 32 critiques[12].

Distinctions

Autour du film

  • En 1990, au lendemain de la profanation du cimetière juif de Carpentras, Lionel Jospin, alors ministre de l'Education Nationale, invita les enseignants de collège à projeter le film à leurs élèves[13].
  • Le chef décorateur Willy Holt, né en 1921, remporte un César en 1988 pour les décors de ce film, avec un discours resté mémorable dans l'histoire du cinéma. Willy Holt, résistant, a été déporté dans le convoi no 67 de , le même convoi dans lequel les 3 héros, du film, sont déportés pour Auschwitz[14].
  • Le film projeté aux enfants est L'Émigrant, un court métrage de Charlie Chaplin sorti en 1917.

Notes et références

  1. Conversation avec... Louis Malle de Philip French (1993)
  2. Dossier Collège au Cinéma N°129, Centre national de la cinématographie (CNC)
  3. Louis Malle, le rebelle solitaire de Pierre Billard, 2003
  4. Article du New-York Times intitulé Malle Confronts Haunting Memory du 7 février 1988 (lien)
  5. Les déportés d'Avon, Maryvonne Braunschweig, éditions de la Découverte, p.17, 1989
  6. "Les déportés d'Avon" de Maryvonne Braunschweig et Bernard Gidel
  7. Gilles Jacob, allocine.fr
  8. « La vérité, c'est que le tout premier scénario de Lacombe, avant que je ne travaille avec Modiano, commençait dans une école, et le personnage, c'était le Joseph d'Au revoir les enfants (...) puis très vite on l'a enlevé », interview de Louis Malle dans Positif n°320 (octobre 1987)
  9. interview de Louis Malle dans Positif n°320 (octobre 1987)
  10. Visa d'exploitation no 64487 sur Centre National du Cinéma
  11. Documentaire, Au revoir les enfants : des mots qu'on n'oublie pas, diffusé le 28 mai 2017 sur France Culture, https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/au-revoir-les-enfants-des
  12. (en) « Au revoir les enfants (1987) », sur Rotten Tomatoes, Fandango Media (consulté le )
  13. Le Monde 2, Les présidents face à l'histoire, Entretien avec Patrick Garcia, par Thomas Wieder, 20 mars 2009
  14. « Willy Holt: comment j'ai survécu à la Shoah », sur La Dépêche du Midi,

Voir aussi

Bibliographie

  • Au revoir, les enfants : scénario, Louis Malle, éditions Gallimard, 1987.
  • Cinémascopie : propos sur le cinéma contemporain, Jean Désobrie, 1989.
  • Les déportés d'Avon: Enquête autour du film de Louis Malle, Au revoir les enfants, Maryvonne Braunschweig et Bernard Gidel.
  • Le père Jacques, Au revoir les enfants, M. Carrouges, éditions Cerf.

Articles connexes

Vidéos

Liens externes

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