Aumônier militaire

Les aumôniers militaires sont des représentants des divers cultes religieux au sein des forces armées.

De gauche à droite, aumônier militaire juif, musulman et catholique de l'armée française, place de Strasbourg (juin 2013).

Canada

Dans les Forces armées canadiennes, les aumôniers militaires sont des officiers (généralement au grade de capitaine) qui font partie d'un corps de métier spécial, l'aumônerie. Dans la force de réserve, ils portent les mêmes uniformes et grades militaires que les officiers des unités au sein desquelles ils servent. Dans la force régulière, l'aumônier de l'unité peut porter un uniforme différent.

Ce qui distingue le plus les aumôniers des autres officiers est l'insigne religieux qu'ils portent au-dessus de la plaquette d'identité (croix latine pour les chrétiens, étoile de David pour les juifs, croissant pour les musulmans). Bien que non-combattants, ils portent également la tenue de combat des Forces armées canadiennes lorsqu'ils accompagnent leur unité en opération. Sur cette tenue, un insigne religieux en tissu est cousu sur l'insigne de grade (flap). Sur un théâtre d'opérations à l'étranger, un brassard visible les différencie.

Outre les uniformes standards, les aumôniers militaires peuvent revêtir tout vêtement liturgique nécessaire afin de procéder à des célébrations religieuses. L'étole généralement utilisé est ornée de l'insigne des forces armées canadiennes et ils peuvent porter leurs médailles. En uniforme, le col romain est également permis, mais laissé à la discrétion de l'aumônier.

Le rôle des aumôniers consiste à répondre aux besoins spirituels et religieux des militaires et leur famille, à supporter moralement les troupes (ils sont une ressource dans plusieurs domaines) et à conseiller autant les membres du rang que les officiers. Par ailleurs, ce sont les seuls officiers admis dans les mess et cantines des membres du rang.

Au Canada, les aumôniers sont traditionnellement regroupés selon deux confessions: les catholiques romains et les protestants. Par contre, un aumônier musulman a récemment été commissionné. Tous sont aptes à agir œcuméniquement.

Les aumôniers catholiques se distinguent en deux groupes: le personnel laïc et le personnel ordonné. Les deux groupes ont généralement la même mission et les mêmes tâches à accomplir, mais les aumôniers ordonnés (prêtres et diacres) ont certains ministères religieux supplémentaires grâce au sacrement de l'ordre. Les aumôniers catholiques répondent à l'évêque de l'Ordinariat Militaire (Ordinarius Militaris) du Canada.

La coutume militaire veut que les aumôniers militaires soient surnommés padre. Ce titre veut dire père en espagnol et italien, et vient du fait que les aumôniers étaient traditionnellement des prêtres ou pasteurs chrétiens. Le titre de madre commence à se répandre pour identifier les aumôniers de sexe féminin. Les aumôniers sont perçus comme les pères et mères spirituels des militaires.

France

Organisation

Les aumôneries des Armées françaises sont régies par les lois du et du et par le décret du . Ces textes précisent le droit fondamental pour chaque militaire de pratiquer sa religion et les responsabilités du commandement en matière d'exercice des cultes. Le décret no 2008-1524 du 30 décembre 2008 détermine le statut des aumôniers militaires. L'aumônerie musulmane est créée par l'arrêté interministériel du , deux ans après la création du Conseil français du culte musulman[1].

Compte tenu de ses objectifs et de ses missions, chaque aumônerie présente une organisation adaptée à celle des armées.

  • L'aumônier-en-chef, placé auprès de l'état-major des Armées, dirige l'aumônerie du culte concerné.
  • Il est assisté d'aumôniers-en-chef adjoints (un par Armée : Terre, Air, Mer et Gendarmerie).
  • Dans chaque zone de défense, il est représenté par un aumônier de zone de défense[2], placé auprès de l'officier général de zone de défense, qui coordonne l'action des aumôniers locaux, quelle que soit leur armée d'appartenance. Cet aumônier de zone de défense peut avoir un adjoint, placé auprès de l'officier général (Terre, Air, Mer ou Gendarmerie) pour chacune des armées présentes sur sa zone de défense.

Les aumôniers militaires sont répartis, par armée, en fonction des effectifs autorisés.

En 2017, on compte quelque 186 aumôniers catholiques, 53 aumôniers protestants, 27 juifs, 45 musulmans et 1 orthodoxe[1]. Au total, un peu plus de 280 aumôniers militaires, d’active ou de réserve, servent dans les Armées françaises. Seize d’entre eux sont en permanence projetés en opérations extérieures[3].

Il existe des aumôniers à temps plein et d'autres, réservistes[4].

En 2022, 12 % des aumôniers sont des femmes[4].

Cultes

Avant leur nomination par le ministère de la Défense, les futurs aumôniers obtiennent des responsables français de leur culte les « pouvoirs religieux » attestant que les candidats sont considérés comme « ministres du culte » dans leurs religions respectives.

Il existe, au sein de l'Armée française des aumôniers :

Fourreau d'épaule du premier aumônier musulman de corps de troupe.

En outre, depuis novembre 2006, un prêtre du patriarcat de Moscou est détaché 30 jours par an à la Légion étrangère, en raison d'un nombre important de militaires de confession orthodoxe au sein de cette arme.

Statut des aumôniers

Auparavant engagés au titre de l'une des trois armées, de la gendarmerie nationale[5] ou des services communs, les aumôniers militaires souscrivaient, depuis le décret du , un contrat au titre du service de santé des armées. Depuis le , les aumôniers sont rattachés au service du commissariat des armées.

Ils assurent le soutien religieux du personnel de la Défense qui le souhaitent dans les lieux où les armées et formations rattachées exercent leurs missions.

Les aumôniers conseillent le commandement. Ils n'ont aucun pouvoir de donner des ordres, sauf dans l'exercice de leur fonction en ce qui concerne le personnel mis à leur disposition. Ils ne peuvent prononcer de punition.

Ils détiennent le grade unique d'aumônier militaire, sans correspondance avec la hiérarchie militaire générale mais ils sont assimilés à des officiers. Dans l'exercice spécifique de leurs fonctions d'exercice du culte, les aumôniers militaires ont traditionnellement un grade équivalent aux fidèles qui les consulte, du seconde classe au maréchal[4].

Ils peuvent en outre recevoir l'appellation d'aumônier militaire en chef, d'aumônier militaire en chef adjoint ou d'aumônier militaire régional, sur décision du ministre de la Défense, en fonction des responsabilités exercées.

Sur le plan des préséances, les aumôniers en chef prennent place après les officiers généraux. Les autres aumôniers parmi les officiers supérieurs.

Aucune des prescriptions réglementaires en matière de marques extérieures de respect ne leur est, en principe, applicable. Néanmoins, ils doivent le salut aux officiers généraux. Ils l'échangent avec les autres militaires.

Ils relèvent conjointement :

  • de l'aumônier militaire-en-chef de leur culte, pour ce qui concerne les questions relatives à leur culte ;
  • de l'autorité militaire, pour ce qui concerne les modalités d'exercice de leurs missions au sein des formations de la Défense.

Les aumôniers militaires bénéficient d'un avancement d'échelon de solde qui a lieu à l'ancienneté.

Grade et appellations

Les premiers insignes de fonction apparaissent dès 1853, pour les aumôniers catholiques de la flotte. Puis cette pratique s'étendra aux différentes armes et aux autres cultes[6]. Leur insigne de grade est, pour l'Armée de terre, la gendarmerie nationale et les services communs (Service de santé des armées, par exemple), un rameau d'olivier stylisé, porté en barrette, or ou argent selon leur statut ou leur fonction, encadré ou non selon leur fonction, porté

  • avec l'insigne de l'aumônerie du culte concerné pour l'Armée de terre (croix pour les aumôniers catholiques et protestants, tables de la loi pour les israélites, croissant pour les musulmans),
  • avec la grenade « bois de cerf » or surmontée de deux chevrons pour la gendarmerie nationale.

Les aumôniers de marine portent une ancre chargée de l'insigne de culte, ceux de l'Armée de l'air (B.A.Z.) l'insigne de culte et l'épervier de cette armée.

Aumônier militaire-en-chef
armée de terre
services communs
marine nationale armée de l’air gendarmerie nationale
Aumônier militaire-en-chef adjoint

Aumônier militaire régional
Aumônier militaire

Laïc - aumônier militaire
aumônerie catholique de l’armée de terre
Aumônier militaire de réserve

Réglementairement, on appelle les aumôniers militaires « Monsieur (ou Madame) l'aumônier ».

Dans la pratique, les appellations varient selon les unités :

  • l'aumônier catholique, quand il est prêtre, est souvent appelé « Padre » (appellation à l'origine réservée aux aumôniers des troupes de marine mais qui s'est « démocratisée » par la suite) ou, plus communément « Mon Père »
  • les aumôniers embarqués de la Marine nationale reçoivent traditionnellement à bord le titre de « Monseigneur »
  • les élèves des lycées et classes préparatoires militaires qualifient, selon les lieux, leurs aumôniers militaire prêtres de « Marab » (appellation propre au Prytanée national militaire), « Bohut », « Babasse », etc.
  • les aumôniers protestants sont souvent appelés « Pasteur »
  • les aumôniers israélites « Monsieur le Rabbin »
  • l'aumônerie musulmane étant de création récente, il ne semble pas que ses aumôniers aient actuellement reçu une appellation « de tradition ».

Insignes de fonction dans l'armée de terre et la gendarmerie

L'insigne métallique de fonction des aumôniers se porte sur la vareuse de la tenue de sortie ou sur la chemisette (T21 ; T22) au-dessus de la patte de poche de poitrine droite (ou au-dessus de la poche gauche en cas de port d'un autre insigne à droite, par exemple le brevet de parachutiste). Il est doré pour les aumôniers-en-chef, argenté pour les autres aumôniers.


Aumônier catholique
n° d'homologation : GS 78

Aumônier protestant
n° d'homologation : GS 79

Aumônier israélite
n° d'homologation : GS 80

Ailes de poitrine dans l'armée de l'air


Aumônier catholique et aumônier protestant

Aumônier israélite

Droit international humanitaire

Les conventions de Genève énoncent que les aumôniers attachés aux forces armées, comme le personnel sanitaire exclusivement affecté à la recherche, à l'enlèvement, au transport ou au traitement des blessés et des malades ou à la prévention des maladies, le personnel exclusivement affecté à l'administration des formations et établissements sanitaires, sont respectés et protégés en toutes circonstances[7].

Au cours d'un conflit armé, s'ils tombent au pouvoir de la partie adverse, ils ne sont retenus que dans la mesure où l'état sanitaire, les besoins spirituels et le nombre de prisonniers de guerre l'exigeront. Ils ne sont pas considérés comme prisonniers de guerre[8].

Pour justifier de leur état, les aumôniers militaires sont dotés d'une carte d'identité spéciale et d'un brassard, munis de l'emblème de la croix rouge[9] sur fond blanc[10].

Brassard de neutralité Modèle français de carte d'identité sanitaire (extérieur) Modèle français de carte d'identité sanitaire (intérieur)

Héraldique

La tradition accorde aux chapelains militaires, à l'instar des aumôniers des armées pontificales[11], de timbrer leurs armes d'un chapeau de sable, avec une cordelière à une houppe de même entremêles de fils dor, de chaque côté. Cet usage est toujours suivi, notamment en Espagne[12].

Notes et références

  1. Cécile Chambraud et Nathalie Guibert, « Abdelkader Arbi : « Je veux banaliser le fait religieux musulman dans les armées » », lemonde.fr, (consulté le ).
  2. Arrêté du 15 juin 2012 portant organisation des aumôneries militaires, Journal officiel du 23 juin 2012
  3. Aumôneries : questions de foi, sur le site du Ministère de la Défense
  4. Justine Rodier, « Ni (vraiment) psys, ni soldats… Le rôle complexe des aumôniers militaires français », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  5. Florent Bonnefoi, Père Jolet : Le glaive et le goupillon, in La Provence du 31/07/2011,
  6. Dominique Henneresse et Marie-Claude Henneresse, Insignes & tenues des aumôniers militaires français depuis 1852, Antony, ETAI, , 200 p. (ISBN 978-2-7268-9563-4)
  7. 1re convention de Genève, art.24 : Le personnel sanitaire exclusivement affecté à la recherche, à l'enlèvement, au transport ou au traitement des blessés et des malades ou à la prévention des maladies et le personnel exclusivement affecté à l'administration des formations et établissements sanitaires, ainsi que les aumôniers attachés aux forces armées, seront respectés et protégés en toutes circonstances.
  8. 1re convention de Genève, art.28 : Le personnel désigné aux articles 24 et 26 ne sera retenu, s'il tombe au pouvoir de la partie adverse, que dans la mesure où l'état sanitaire, les besoins spirituels et le nombre de prisonniers de guerre l'exigeront.
    Les membres du personnel qui seront ainsi retenus ne seront pas considérés comme prisonniers de guerre. Toutefois, ils bénéficieront pour le moins de toutes les dispositions de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre du 12 août 1949. Ils continueront à exercer, dans le cadre des lois et règlements militaires de la Puissance détentrice, sous l'autorité de ses services compétents et en accord avec leur conscience professionnelle, leurs fonctions médicales ou spirituelles au profit des prisonniers de guerre appartenant de préférence aux forces armées dont ils relèvent. Ils jouiront en outre, pour l'exercice de leur mission médicale ou spirituelle, des facilités suivantes :
    a) Ils seront autorisés à visiter périodiquement les prisonniers de guerre se trouvant dans des détachements de travail ou dans des hôpitaux situés à l'extérieur du camp. L'autorité détentrice mettra à leur disposition, à cet effet, les moyens de transport nécessaires.
    b) Dans chaque camp, le médecin militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé sera responsable auprès des autorités militaires du camp pour tout ce qui concerne les activités du personnel sanitaire retenu. À cet effet, les Parties au conflit s'entendront dès le début des hostilités au sujet de la correspondance des grades de leur personnel sanitaire, y compris celui des sociétés visées à l'article 26. Pour toutes les questions relevant de leur mission, ce médecin, ainsi que les aumôniers, auront accès direct auprès des autorités compétentes du camp. Celles-ci leur donneront toutes les facilités nécessaires pour la correspondance ayant trait à ces questions.
    c) Bien qu'il soit soumis à la discipline intérieure du camp dans lequel il se trouve, le personnel retenu ne pourra être astreint à aucun travail étranger à sa mission médicale ou religieuse'.
    Au cours des hostilités, les Parties au conflit s'entendront au sujet d'une relève éventuelle du personnel retenu et en fixeront les modalités.
    Aucune des dispositions qui précèdent ne dispense la Puissance détentrice des obligations qui lui incombent à l'égard des prisonniers de guerre dans les domaines sanitaire et spirituel.
  9. 2e convention de Genève, art.4 : Toutefois, pour les pays qui emploient déjà comme signe distinctif à la place de la croix rouge, le croissant rouge ou le lion et le soleil rouges sur fond blanc, ces emblèmes sont également admis dans le sens de la présente Convention.
  10. 2e convention de Genève, art.42 : Le personnel visé aux articles 36 et 37, portera, fixé au bras gauche, un brassard résistant à l'humidité et muni du signe distinctif, délivré et timbré par l'autorité militaire.
    Ce personnel, outre la plaque d'identité prévue à l'article 19, sera également porteur d'une carte d'identité spéciale munie du signe distinctif. Cette carte devra résister à l'humidité et être de dimensions telles qu'elle puisse être mise dans la poche. Elle sera rédigée dans la langue nationale, mentionnera au moins les nom et prénoms, la date de naissance, le grade et le numéro matricule de l'intéressé. Elle établira en quelle qualité il a droit à la protection de la présente Convention. La carte sera munie de la photographie du titulaire et, en outre, soit de sa signature, soit de ses empreintes digitales, soit des deux à la fois. Elle portera le timbre sec de l'autorité militaire.
    La carte d'identité devra être uniforme dans chaque armée et autant que possible du même type dans les armées des Hautes Parties contractantes. Les Parties au conflit pourront s'inspirer du modèle annexé à titre d'exemple à la présente Convention. Elles se communiqueront, au début des hostilités, le modèle qu'elles utilisent. Chaque carte d'identité sera établie, si possible, en deux exemplaires au moins, dont l'un sera conservé par la Puissance d'origine.
    En aucun cas, le personnel mentionné ci-dessus ne pourra être privé de ses insignes ni de sa carte d'identité, ni du droit de porter son brassard. En cas de perte, il aura le droit d'obtenir des duplicata de la carte et le remplacement des insignes.
  11. Barbier de Montault, Œuvres complètes, t. IV : Le droit papal, Paris 1891
  12. « Blog de heraldica »

Annexes

Bibliographie

  • (en) Laurence F. Wilmot, Through the Hitler Line : Memoirs of an Infantry Chaplain, Waterloo (Ontario), Wilfrid Laurier University Press, , 148 p. (ISBN 978-0-88920-426-3, présentation en ligne).

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail des religions et croyances
  • Portail du travail et des métiers
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.