Avetis Aharonian

Avetis Aharonian, né le à Iğdır et mort le à Marseille, est un écrivain, journaliste et homme politique arménien.

Pour les articles homonymes, voir Aharonian.

Avetis Aharonian
Fonctions
Président
Office des réfugiés arméniens (d)
-
Président de l'Assemblée nationale d'Arménie
-
Avetik Sahakyan (en)
Président du conseil d'administration
Délégation de la République arménienne
-
Président
Conseil national arménien
-
Député de l'Assemblée nationale arménienne
Biographie
Naissance
Décès
(à 82 ans)
Marseille
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Ավետիս Առաքելի Ահարոնյան
Pseudonymes
Altiar, Elias Sarkis Altiar
Nationalités
Formation
Activités
Enfant
Vartkès Aharonian (d)
Autres informations
A travaillé pour
École Nersessian (en) (-), Marteau (d) (-), Alik
Religion
Parti politique
Membre de
Vue de la sépulture.

Biographie

Jeunesse et formation

Avetis Aharonian est né à Igdirmava, petit village proche du bourg d'Igdir à l'époque sous domination russe. Vers 1855, ses parents avaient émigré du village de Haftevan (district de Salmast) pour fuir le joug mahométan et se réfugier dans la Russie orthodoxe.

Son père, Arakel, était forgeron et illettré[1]. Au contraire de sa mère Zartar, qui apprend à lire et à écrire non seulement à ses propres enfants mais aussi à ceux des environs. C'est dans ce foyer que l'esprit de l'enfant se forme. Aharonian rapporte lui-même ses souvenirs dans son ouvrage autobiographique Im Kirke (Mon livre). Le milieu rural, avec toute sa diversité, ses mœurs anciennes, ses contes et ses coutumes, ses saisons bonnes ou mauvaises, marque son esprit. Enfant attentif et sensible, il écoute déjà les bruits de la nature. Son attention est attiré par les incidents et les événements, par les gens et leurs caractéristiques morales et cela le fait réfléchir.

C'est auprès de sa mère que le jeune Avetis reçut les premiers éléments de son instruction. Ses parents voulaient en faire un prêtre. Il commence donc ses études au Séminaire théologique Gevorkian d'Etchmiadzin[1]. Très bon élève, il se détourne rapidement de la carrière religieuse et décroche une bourse pour aller étudier la philosophie, l'histoire et les lettres en Europe[1]. Il étudie ainsi à l'université de Lausanne (philosophie et histoire) jusqu'en 1901 puis à la Sorbonne (littérature)[2]. Il est l'auteur d'un mémoire intitulé Les anciennes croyances arméniennes, soutenu en 1913, qui lui permet de décrocher le grade de docteur ès lettres[1].

Carrière

Après son retour, il adhère à la Fédération révolutionnaire arménienne et collabore avec Trochak (Drapeau), le journal du parti[3]. Il collabore à plusieurs journaux ou périodiques (Mourdj, Haratch, Alik)[2]. Entre 1907 et 1909, il est le directeur (ou peut-être seulement conseiller d'éducation[4]) de l'Académie Nersissian à Tiflis[3]. Il se rend en 1907 à la Seconde conférence de La Haye[1]. Il est arrêté par la police tsariste en 1909[3],[2], mais s'échappe de sa prison deux ans plus tard et s'exile en Suisse[3].

Avetis Aharonian en compagnie de sa deuxième femme Nvart à San Lazzaro degli Armeni en 1920.

Avetis Aharonian retourne dans le Caucase en 1916[3]. Il participe à la formation du Congrès national arménien et prend en 1917 la tête du Conseil national arménien[1], qui fonde la Première République d'Arménie[3],[5]. Le gouvernement du nouvel État en fait l'un des visages principaux du pays sur la scène internationale, notamment du fait de ses qualités littéraires et de sa connaissance du français[3]. Ainsi, il dirige la délégation arménienne envoyée à Constantinople en 1918 chargée de régler la question de la frontière entre l'Arménie et l'Empire ottoman ; Avetis Aharonian rencontre un certain nombre de personnalités, dont Talaat Pacha et Enver Pacha[3],[6]. En , il ensuite nommé par le parlement arménien à la tête de la délégation envoyée à la conférence de paix de Paris (1919), mais il découvre à son arrivée que son pays n'a pas sa place à la table des négociations[3]. Il reste dans la capitale française et est l'un des signataires du Traité de Sèvres en [3]. Cependant, ce traité, qui reconnaît l'Arménie en tant qu’État indépendant, n'a que peu d'impact du fait de l'invasion soviétique qui a lieu quelques mois plus tard[7].

Avetis Aharonian s'installe alors en France et continue de représenter les intérêts arméniens jusqu'au Traité de Lausanne en 1923, qui enterre définitivement les espoirs arméniens à l'autodétermination[8]. Dans l'exil, il part régulièrement en tournée auprès des communautés arméniennes pour donner des conférences sur l'histoire et l'action de la République arménienne disparue[9]. Un partisan de Boghos Nubar Pacha explique qu'il « possède au plus haut degré le secret d'électriser la foule »[1].

Il vit ensuite à Marseille[8]. Le , lors d'une conférence organisée par Hamazkaïne, il souffre d'un AVC en plein discours devant une assemblée de 2 000 personnes[10]. Il vit ensuite 14 ans dans la ville phocéenne, incapable de parler ou d'écrire[10], et y meurt le [11]. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (97e division)[10].

Hommages

  • En 1950, le réalisateur franco-arménien Henri Verneuil lui consacre un documentaire[12].
  • Une rue de la capitale arménienne, Erevan, porte son nom.

Notes et références

  1. Anouche Kunth 2020, p. 39.
  2. « Avétis Aharonian (1866-1948) », sur acam-france.org
  3. Rouben Paul Adalian 2010, p. 76.
  4. Avétis Aharonian, Les Anciennes croyances arméniennes, Parenthèses, , 62 p. (ISBN 978-2-86364-008-1, présentation en ligne)
  5. Anahide Ter Minassian 2006, p. 34.
  6. Anahide Ter Minassian 2006, p. 102.
  7. Rouben Paul Adalian 2010, p. 76-77.
  8. Rouben Paul Adalian 2010, p. 77.
  9. Anouche Kunth 2020, p. 41.
  10. (en) « April 20, 1948: Death of Avetis Aharonian », sur thisweekinarmenianhistory.blogspot.com,
  11. (en) « Avetis Aharonian [1866–1948] », sur hairenik.com
  12. Anouche Kunth, « Aharonian, Avétis », sur odysseo.generiques.org

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Rouben Paul Adalian, Historical Dictionary of Armenia, Lanham (Md), The Sacrecrow Press, coll. « Historical Dictionaries of Europe », , 750 p. (ISBN 978-0-8108-6096-4, lire en ligne), p. 76-77
  • Anahide Ter Minassian, 1918-1920, La République d'Arménie, Éditions Complexe, coll. « Historiques », , 323 p. (ISBN 978-2-8048-0092-5, lire en ligne)
  • Anouche Kunth, « Avétis Aharonian (1866-1948) : Un poète sur la scène internationale », Nouvelles d'Arménie Magazine, no 275, , p. 38-41

Filmographie

  • Henri Verneuil, Avedis-Aharonian, dernier président arménien, 1950 (court-métrage documentaire)[réf. nécessaire]

Liens externes

  • Portail de l’Arménie
  • Portail de la littérature
  • Portail de la politique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.