Beni (ville)
Beni est une deuxième ville du nord-est de la République démocratique du Congo après la ville de goma , située à proximité du Parc national des Virunga, sur le plateau du mont Ruwenzori (5109m d'altitude), en bordure de la forêt de l'Ituri. Elle se trouve à 90km de Kasindi, une cité qui fait frontière avec l'Ouganda.
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Ville de Beni | |||
Route principale de Beni | |||
Administration | |||
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Pays | République démocratique du Congo | ||
Communes | Beu, Bungulu, Mulekera, Ruwenzori | ||
Province | Nord-Kivu | ||
Députés de la ville |
kasereka mangwengwe jabot et Grégoire Kiro Tsongo | ||
Maire | Modeste bakwanamaha (intérim) | ||
Démographie | |||
Population | 631 560 hab. (2016) | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 0° 29′ 18″ nord, 29° 27′ 32″ est | ||
Divers | |||
Langue nationale | Kiswahili | ||
Langue officielle | français | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
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Liens | |||
Site web | http://français | ||
Histoire
Fin du XIXe siècle
C'est en 1894 que les Belges installent un poste d'État dans ce qui est le territoire administratif actuel de Beni[1].
En 1889, l'explorateur Henry Morton Stanley découvrit le mont Rwenzori dont le sommet était à l'époque couvert de neige sur 7 km2. Depuis, la fonte de ce glacier africain unique s'est accentuée par le fait du changement climatique au point qu'il ne reste plus qu'un petit km² des glaciers[2].
L'islam imposé par les Arabes et des esclavagistes arabisés se développe dans la région de Beni à partir de 1870, ce qui pourrait expliquer en partie l'usage du swahili en tant que langue véhiculaire de l'époque, sachant que le swahili tire de la langue arabe une bonne partie de son vocabulaire.
Jusqu'aux années 1900, Beni et Irumu faisaient partie de la zone administrative du Haut-Ituri. Vers 1902, Beni fut rattaché à Rutshuru dans le Kivu, marquant ainsi sa séparation définitive d'avec Irumu.
Toponymie
La ville de Beni doit son nom à Mbene, un chef coutumier très influent qui administra cette agglomération avant l'« arrivée des Blancs ». Par la tradition orale, il nous est parvenu l’anecdote suivante : un colon belge s’enquit du nom du village auprès des autochtones. « Chez Mbene », lui répondirent-ils. Mais dans ses notes, le Belge retiendra « Beni » et ce fut dès lors le nom donné à ce village. La sacralisation de toute parole sortant de la bouche d'un Blanc à l'époque coloniale pourrait se vérifier dans plusieurs domaines.
Citons, par exemple, les noms donnés à plusieurs sites, quartiers et rivières autour de la ville de Beni. Ils témoigneraient d'une forte influence des colons belges au Congo-Léopoldville en général et dans l'est du pays en particulier. « Boïkene », c'est le nom d'un des quartiers huppés de Beni. Ce quartier doit ce nom à un Belge qui aurait souhaité un « bon week-end », en fin de semaine, à l'équipe de cantonniers qu'il dirigeait. Nos cantonniers analphabètes ont cru entendre le Blanc leur dire que ce lieu s’appellerait « Bo-ï-Kene » et se mirent à propager la nouvelle autour d'eux. De Cité Belge (vers Mabolio), un autre Blanc se serait intéressé à la montagne qui surplombe ce village et aurait demandé aux badauds : « Qu'y a-t-il là-haut? » Depuis, ladite montagne s'appelle « La-o ». Et un autre colon belge, alors qu'il se trouvait sur la route de Mangina, donna ordre à ses accompagnateurs : « Passez ici et suivez le chemin de la brousse ! ». Ces pauvres gens se dirent entre eux, très enthousiasmés : « Le Blanc dit que ce village s'appelle 'Pa-sse-si' et que de l'autre côté où son doigt était pointé c'est 'Bou-rou-sse' ». Ainsi seraient nés les noms de Pasisi et de Burutsu. Enfin, pour ce qui est de l'origine du nom porté par la rivière Semliki, on raconte qu'un explorateur aurait demandé à un pêcheur qu'il trouva en train de pêcher de lui communiquer le nom de cette rivière. Pensant que ce Blanc s'intéressait à ses modestes prises de la journée, il lui glissa laconiquement en kinande : « Si-mu-li-ki » ce qui, traduit, veut dire : « Il n'y a rien dedans ». Mais dans son carnet de voyages, l'explorateur indiqua qu'un indigène lui a révélé le vrai nom de cette majestueuse rivière.
Carrefour commercial et usines à café
L'agglomération de Beni revêtait une importance capitale, eu égard à sa position stratégique. Les Belges firent de ce lieu un chef-lieu administratif et un carrefour commercial tourné vers l'Ouganda et le Kenya par le poste frontalier de Kasindi. Une communauté grecque rompue dans le commerce s'y implanta en y érigeant des maisons originales encore visibles de nos jours où le devant abritait l'échoppe tandis que l'arrière maison servait de résidence. Les missionnaires catholiques s'établirent sur les hauteurs de Beni-Païda où ils construisirent une église, des couvents et l'une des premières écoles de la région sous l'impulsion d'Henri Pierard, un missionnaire belge.
Dans le milieu des années 1970 jusqu’à la fin des années 1980, Beni connut son âge d’or grâce à l'implantation dans cette agglomération de nombreuses usines à café et de grandes sociétés d'exportations parmi lesquelles on peut citer UPAK. L’or vert ainsi que la papaïne se vendaient bien à l’export à telle enseigne que la cité attira l'attention de plusieurs banques nationales qui y ouvrirent des agences ou succursales. Ce fut le cas de la Banque Commerciale Zaïroise (BCZ) suivie plus tard de la Banque de Kinshasa (BK), de la Banque du Peuple (BDP) et de l'Union Zaïroise de Banques (UZB).
La chute des cours de café dans les années 1990 et le pillage des biens de 1991 et 1993 sous le régime du dictateur Mobutu mirent à mal les opérateurs économiques. Pourtant, le marché du café était régulé et sa vente réglementée par un système assez complexe des timbres OIC sous l'égide de l'Office Zaïrois du Café (Ozacaf). Les autorités instaurèrent un autre principe, celui de la rétention de café afin de créer de la rareté sur le marché mondial. Mais sans succès. Beaucoup de sociétés firent alors faillite, les plantations de caféiers furent laissées à l'abandon. Les usines de café qui ne fonctionnaient qu'avec de groupes électrogènes devinrent inexploitables à cause de la flambée des prix de carburant importé du Kenya, la région n'étant pas électrifiée. Les paysans revinrent à la production du café pilonné de piètre qualité car décortiqué de manière artisanale et sans être calibré ce qui, sur le marché mondial, contribua à dégrader l'image du café produit au Zaïre. Les routes de desserte agricole se dégradèrent inexorablement et l'évacuation des produits agricoles vers Beni devint un véritable cauchemar pour les entreprises. Le tronçon routier d'une importance vitale reliant Beni à Kisangani devint impraticable, celui de Beni-Kasindi très dangereux car non entretenu et occupé par endroits par des coupeurs de route, des rebelles « Mumbiri » ou « Ngilima » venant de Lume, le pied du mont Ruwenzori. La crise qui s'ensuivit fut douloureuse et plongea Beni dans une situation économique désastreuse.
Contribuant encore à dégrader la situation, la trachéomycose fit son apparition dans la région et affecta surtout le café robusta. Cette maladie, surnommée « le sida du café », agit sur la dégénérescence du système vasculaire du caféier. La rumeur se répandit que la consommation de café victime de trachéomycose pourrait être nuisible à la santé, voire cancérigène, ce qui dégrada la confiance des rares acheteurs potentiels et contribua à la dépréciation du prix du café produit au Kivu. Les palmeraies supplantèrent les caféiers, mais l'huile de palme est une production moins rentable que ne l'était le café vert. Le développement de la culture de cet oléagineux a permis de rendre la région de Beni autosuffisante et de la voir ainsi se passer de Kisangani et d'Isiro jusqu'alors grandes pourvoyeuses de cette huile, mais contrairement au café vert, l'huile de palme n'est pas exportée. Quelques années plus tard, les agriculteurs de Beni trouvèrent une alternative en se reconvertissant dans la culture du cacao.
Guerres du Congo 1995-1998
Les deux dernières guerres du Congo (1996, 1998) eurent pour conséquence l'exode rural des populations. Ainsi Beni, à l'instar de Butembo et des autres villes de l'est du pays, voit la cité se développer très rapidement, les nouveaux venus étant essentiellement des déplacés de guerre fuyant leurs villages à la suite des exactions commises par des éléments incontrôlés de l'armée régulière ou par des rebelles. Paradoxalement, lorsque le mouvement rebelle RCD-KML dirigé par Mbusa Nyamwisi, natif de la région, s'empara de cette partie du territoire congolais, il s'observa un nouveau dynamisme entrepreneurial auprès de jeunes commerçants. En fait, ce mouvement rebelle favorisa les importations des biens et des produits manufacturés en instaurant, aux frontières qu'il contrôlait, des tarifs forfaitaires très compétitifs. Ces mesures douanières incitatives firent oublier que la région était trop dangereuse pour y investir. Les commerçants saisirent cette opportunité et dégagèrent en retour des marges importantes au point que la prospérité de leurs affaires intrigua les autorités de Kinshasa lorsque le territoire national fut réunifié. En effet, ces autorités se rendirent compte des progrès économiques enregistrés et de la montée en puissance d'une classe moyenne à l'est du pays, territoire qui échappait jusqu'alors à leur pouvoir.
XXIe siècle
Ayant encore en mémoire le traumatisme causé par le pillage de leurs biens sous Mobutu (1991, 1993), les habitants de Beni et de ses environs s'investirent dans l'immobilier en construisant des maisons, des villas et des immeubles « que personne ne pourra leur dérober la nuit ». Cette prise de conscience se révéla payante et, du jour au lendemain, ce que fut une cité sans âme devint une ville urbanisée, propre et grouillante d'activités. La cité de Beni fut officiellement élevée au rang de « ville » en 1998 par le Président de la République Laurent-Désiré Kabila. La majorité de sa population est composée de personnes issus de l'ethnie Nandé. Beni se veut une ville hospitalière et ouverte au monde extérieur. Le projet en cours relatif à la réhabilitation de l'aérodrome de Beni Mavivi, à côté de Mavivi, va dans le sens de l'ouverture à l'international de cette région enclavée. En effet, la quasi-totalité de missions d'affaires vers ou au départ de Beni-Lubero passent jusqu'à présent par l'aéroport d'Entebbe, en Ouganda.
Une loi votée en 2014 par le Parlement porte sur la création en RDC des Zones économiques spéciales (ZES). Ce sont des espaces industriels spécifiques bénéficiant d'exonérations fiscales pour les entreprises qui s'y implantent, un modèle qui a déjà fait ses preuves dans le monde à l'instar de Shenzhen, Dubaï, Hong Kong, etc. La zone qui abritera la ZES de Beni-Butembo n'est pas encore délimitée. Toutefois, cette zone se situera entre les deux villes précitées. La question de l'électricité se posera alors avec acuité car jusqu'en 2014, la ville de Beni n'était toujours pas électrifiée, freinant les opérateurs économiques dans l'industrialisation de la région[3].
En ville et dans le Beni (territoire), les accrochages ont été nombreux et meurtriers en 2014 et 2015 (12 mai 2015, particulièrement)[4]. Après un premier semestre 2016 chargé (une centaine de personnes)[5], un nouveau massacre, de 42 personnes, s'y est déroulé le samedi 13 août 2016[6],[7].
Depuis l'élection de Julien Kahongya au poste de Gouverneur du Nord-Kivu[8] en 2007, Beni était dirigée par Jules Mungwana Kasereka, jusqu'à sa suspension le lundi 14 avril 2008 par l'arrêté N° 052 du 12 avril 2008[9]. L'intérim a été assuré par le chef de bureau de la mairie jusqu'à l'élection de Masumbuko Nyonyi Bwanakawa, un ancien joueur du Football Club Beni-Sport, qui a commencé sa carrière politique au côté de Antipas Mbusa Nyamwisi au sein du RCD/K-ML, avant de se tourner vers le MLC de Jean-Pierre Bemba et, finalement, de revenir au PPRD, le parti qui se réclame de Joseph Kabila.
En octobre 2020, le maire par intérim est Modeste Bakwanamaha[10].
Transports
La ville est reliée par le transport aérien avec l’Aéroport de Beni-Mavivi.
Lieux de culte
Parmi les lieux de culte, il y a principalement des églises et des temples chrétiens :Église adventiste du septième jour, Diocèse de Butembo-Beni (Église catholique), Église kimbanguiste, Communauté baptiste du Congo (Alliance baptiste mondiale), Communauté baptiste au centre de l'Afrique (Alliance baptiste mondiale), Assemblées de Dieu, Province de l'Église anglicane du Congo (Communion anglicane), Communauté Presbytérienne au Congo (Communion mondiale d'Églises réformées) [11]. Il y a aussi des mosquées musulmanes.
Administrations
Notes et références
- Emizet Francois Kisangani, Historical Dictionary of the Democratic Republic of the Congo, Rowman & Littlefield, USA, 2016, p. 100
- Les Alpes africaines toujours plus exposées à la fonte des neiges
- Kasereka Katchelewa, http://www.benilubero.com
- http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/republique-democratique-du-congo/http-publication-diplomatie-gouv-fr-fr-dossiers-pays-republique-democratique-du-congo-evenements/article/republique-democratique-du-congo-116564
- « RD Congo – Beni : près de 100 morts en moins de 5 mois, une horreur qui n’émeut (presque) personne – Jeune Afrique », Jeune Afrique, (lire en ligne, consulté le ).
- « Deuil national après le massacre de civils en République démocratique du Congo », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- http://benilubero.com/category/genocide-des-yira-nandes/
- JeuneOnline CONGO
- 18.14.08 Le Maire de la ville de Beni suspendu de ses fonctions [sic] (BLO) sur congoforum.be
- Stanis Bujakera Tshiamala, « RDC : l’État islamique revendique l’évasion spectaculaire à la prison de Béni », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- J. Gordon Melton, Martin Baumann, ‘‘Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices’’, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 777
- Ordonnance n°08/055 du 24 septembre 2008 portant nomination des maires et maires adjoints des villes. ]
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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