Banque des États de l'Afrique centrale

La Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) est la principale institution monétaire de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) et la banque centrale commune aux six États qui la constituent (Cameroun, République centrafricaine, République du Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad)[1].

Ne doit pas être confondu avec Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest.

Banque des États de l'Afrique centrale

Logo de la Banque des États de l'Afrique centrale.

Siège 736 avenue Monseigneur Vogt, BP 1917 Yaoundé
Cameroun
Coordonnées
géographiques
du siège
3° 52′ 05″ nord, 11° 31′ 23″ est
Création
Gouverneur Abbas Mahamat Tolli
(depuis le )
Zone monétaire Zone franc
Devise Franc CFA (CEMAC)
Code ISO 4217 XAF
Réserves 4,2 milliards de dollars (2016)
Site officiel (fr) beac.int
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
Géolocalisation sur la carte : Afrique

Créée le par les accords de coopération monétaire signés à Brazzaville, elle succède à la Banque centrale des états de l'Afrique équatoriale et du Cameroun[2]. Elle siège à Yaoundé depuis [2].

La BEAC a pour missions de définir et de conduire la politique monétaire de la CEMAC, d'émettre sa monnaie fiduciaire (billets de banque et pièces de monnaie en franc CFA), d'en conduire la politique de change, de détenir et de gérer les réserves de change de ses États membres, de promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement et de promouvoir la stabilité financière[1].

Organisation

La BEAC est la Banque Centrale des États en rouge.
La BEAC et le quartier environnant.

Le gouverneur de la Banque est nommé par la Conférence des chefs d'État de la CEMAC. La durée de son mandat est de sept ans non renouvelable. Il assure la direction de la Banque. À ce titre, il veille au respect de ses statuts.

De même, le gouverneur représente la Banque vis-à-vis des tiers. Il organise et dirige les services de l'Institut d'émission.

Le gouverneur est assisté, dans l'exercice de ses fonctions, par le vice-gouverneur, le secrétaire général et trois directeurs généraux, nommés chacun pour six ans non renouvelable, par la Conférence des chefs d'État de la CEMAC.

Administration générale

Façade du siège de la BEAC à Yaoundé au Cameroun en 2014

Au siège central, l'institut d'émission fonctionne avec neuf directions centrales, cinq départements et une cellule d'études. Les départements et la cellule d'études sont directement rattachés au Secrétariat général. C'est aussi l'institut d'émission monétaire du franc CFA BEAC, qui a cours légal dans les pays membres de la CEMAC.

Grâce à un accord monétaire avec la France, le franc CFA BEAC était convertible avec le franc français, jusqu'à la fin de 1999, par un taux fixe (révisable) garanti par le dépôt par la BEAC d'un fonds de réserve à la Banque de France, constitué par les apports des banques centrales nationales (BCN) de chaque pays membre de la CEMAC.

À la fin de 1999, l'euro ayant remplacé le franc français, l'accord monétaire avec la France a été maintenu (après accord de la BCE), mais redéfini par un taux fixe avec l'euro encore garanti (sous certaines conditions) par la Banque de France, en échange du maintien du fonds de réserve.

Cependant, la BEAC reste libre de composer des fonds de réserve supplémentaires (en métal ou en devises) avec d'autres banques centrales afin de faciliter le commerce international et disposer de réserves de change supplémentaires dans d'autres devises que l'euro, ou de mettre fin à la convertibilité du franc CFA BEAC avec l'euro si nécessaire.

Le à Yaoundé, s'est ouvert un sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), présidée par Paul Biya, qui regroupe six pays, pour débattre notamment de l'avenir du franc CFA. Après les pays d'Afrique de l'Ouest pour la monnaie unique, c'est au tour de l'Afrique centrale de questionner la pertinence d'une monnaie aux réserves de change déposées en France et convertible en euro, présentée par certains comme « héritée de la colonisation ». « Les présentes assises nous donnent à nouveau l'occasion d'échanger et d'arrêter des mesures complémentaires pouvant consolider le redressement économique de notre sous-région », a déclaré Paul Biya, Selon le président de la commission de la CEMAC, « les lignes du débat sur l’avenir du franc CFA ont bougé ». « Les premiers décideurs, sans la moindre ambiguïté, ont indiqué non seulement la voie, mais également l’urgence à la Commission de la CEMAC et à la Banque centrale d’approfondir la réflexion afin de leur permettre de décider des modalités de ladite réforme », a déclaré Daniel Ona Ondo.

En outre, les chefs d’État de la CEMAC se sont prononcés sur cette question et souhaitent faire évoluer leur monnaie d’autant plus que, a déclaré Daniel Ona Ondo, « notre partenaire la France est disposée à une réforme ambitieuse du franc CFA »[3].

Le 28 décembre 2019, le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, s'est rendu à Abidjan en Côte d'Ivoire. Lors du point presse à l'issue de cette rencontre, Alassane Ouattara et Teodoro Obiang Nguema, les deux chefs d'État, ont également échangé sur la réforme du franc CFA dans la zone UEMOA.

Le président équato-guinéen souhaiterait voir la même réforme en zone CEMAC et juge le franc CFA « obsolète »[4].

En janvier 2020, d'après la BBC, plusieurs personnalités d'Afrique centrale sont à pied d’œuvre pour rendre possible une sortie du franc CFA, comme cela a récemment été le cas dans la zone UEMOA, L’AFRIX (AFX) est le nom qui est évoqué pour le moment. Son éventuelle création suscite des réactions chez les experts indique la BBC.

En août 2020, « la CEMAC et la France ont conclu un accord pour passer du CFA à l’ECO ». C’est l’annonce que des officiels camerounais ont fait il y a quelque temps à des investisseurs internationaux, avec quelques précisions : tout comme le processus qui est mené dans la zone jumelle de l’UEMOA, la nouvelle monnaie serait toujours liée à l’euro sur la base d’une parité fixe, mais la France ne figurerai plus dans les instances monétaires sous-régionales.

Une légère différence cependant, le rapatriement des réserves hors du compte des opérations du trésor public français ne serait pas acté, comme c’est le cas pour l’UEMOA, mais la CEMAC n’aura plus l’obligation d’effectuer cette consolidation des réserves de change en France. « Les autorités camerounaises ont nuancé leur propos en déclarant que c’était une option, et que pour le moment, c’est le statu quo qui prévalait en matière de coopération monétaire », a indiqué un diplomate sous couvert d’anonymat, car les discussions sur ce sujet n’étaient pas publiques.

Cette nouvelle information est très proche de ce qu’ont rapporté il y a peu des sources proches de la BEAC, la banque centrale de la CEMAC. Selon ces dernières, le dossier qui a été confié à la BEAC sous la supervision de l’Union Monétaire d’Afrique Centrale (UMAC) en novembre 2019, serait déjà complètement bouclé, et n’attend plus que la signature du président camerounais Paul Biya, en sa qualité de président en exercice de la CEMAC.[5].

2004 : nouvelle série de billets

Depuis novembre 2004, une nouvelle série de billets est disponible.

Ces billets, réputés modernes, font l'objet de critiques quant à leur solidité, notamment les billets de 500 francs et de 1 000 francs qui peuvent circuler des années sans retourner dans une banque et qui sont inutilisables au bout de six mois.

Les problèmes de pénuries

L'une des missions de la BEAC est la distribution et la mise à disposition des banques commerciales des billets et pièces de monnaie.

On reproche à la BEAC de ne pas mener à bien cette mission, puisque la CEMAC connait depuis plus de 10 ans une pénurie de pièces de monnaie, qui donne lieu à toute sorte de trafics.

En effet, les pièces de 100, 50 et 25 F sont en nombre insuffisant et officiellement la BEAC ne reconnait pas la pénurie au motif que :

  • les pièces font l'objet d'une utilisation illégale dans les machines à sous ;
  • les bijoutiers fondent les pièces de 25 F pour en faire des bijoux ;
  • et que s'il n'y avait pas d'utilisation de ce genre il y en aurait suffisamment pour tout le monde.

2006 : nouvelle série de monnaies

Afin de fluidifier la circulation des pièces, la BEAC a ainsi opté pour une commande historique par son ampleur (1,250 milliard de pièces courantes) qui a été signée à Paris, le 26 mai 2005 par le gouverneur Jean Félix Malepot et le ministre français de l’Économie et des Finances représentant le fabricant, la Monnaie de Paris.

L’objectif visé par la BEAC est de vaincre la pénurie des pièces, aligner les pièces sur les nouveaux standards internationaux en vue de les protéger des contrefaçons et des usages détournés et redonner un certain dynamisme aux visuels des pièces circulant dans leur zone d’émission.

Toutes les étapes successives conceptuelles, techniques et de production ayant été régulièrement franchies avec succès, la BEAC a donc décidé de présenter ces nouvelles pièces le 20 mars 2006, date officielle de mise en circulation le 29 mars 2006 dans les six pays de la Communauté économique et Monétaire de l’Afrique centrale.

Comme l’ancienne gamme actuellement en circulation, cette nouvelle gamme de pièces est composée de huit coupures : 1, 2, 5, 10, 25, 50, 100 et 500 franc CFA. La technologie bimétallique a été introduite pour la première fois avec la pièce de 100 franc CFA bicolore de couleur grise au cœur et de couronne jaune-or brillant.

La thématique est commune à toutes les coupures :

  • face : toutes les pièces de la gamme comportent sur la face, la valeur faciale et la mention de l’unité monétaire (franc CFA) écrites en très gros caractères, offrant ainsi une meilleure lisibilité au public y compris pour les malvoyants ;
  • revers : le graphisme du revers est le même sur toutes les coupures de la gamme. Il symbolise un panier de fruits tropicaux avec la valeur faciale qui y est reprise en plus petits caractères, le tout, entourés de figures géométriques. Le sigle « CEMAC » surplombe la valeur faciale.

2019 : nouvelle série de billets

La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) émet à partir de novembre 2019, une nouvelle gamme de billets de banque dans les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Elle remplacera peu à peu les anciens billets officiellement mis en service en novembre 2003. La nouvelle gamme remplacera les petites coupures de 500, 1 000 et 2 000 francs CFA-CEMAC et de grosses coupures de 5 000 et 10 000 francs utilisées actuellement dans les six pays concernés[6].

Le porte-monnaie électronique

Pour résoudre les problèmes ci-dessus, la BEAC avance la solution du porte-monnaie électronique. Sa généralisation permettrait de résoudre les problèmes de monnaie en zone urbaine. Néanmoins, le très faible taux de bancarisation fait craindre pour l'avenir du projet.

Les gouverneurs de la BEAC

Casimir Oyé Mba (Gabon) fut le premier africain à avoir occupé le poste de gouverneur de la BEAC (1977-1990) après le transfert du siège central de la banque de Paris (France) à Yaoundé (Cameroun).

Le second gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a été le Gabonais Jean Félix Mamalepot (1990-2007). Il a été relevé de ses fonctions lors de la huitième session de la Conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (BEAC) qui s'est tenue à N'Djaména (Tchad) le 25 avril 2007. Sa longue carrière au sein de la BEAC s'est achevée à la suite d’un différend avec certains chefs d’État de la CEMAC.

Le nouveau gouverneur de cette institution est Philibert Andzembe également de nationalité gabonaise et qui a pris ses fonctions le 12 juillet 2007.

D'après la coutume, le poste de gouverneur est réservé au Gabon, le vice-gouverneur devant être originaire de république du Congo et le secrétaire général, du Tchad. Lors du dernier sommet des chefs d'État de la Communauté des États d'Afrique centrale qui s'est tenu à Bangui, en République centrafricaine du 15 au 17 janvier 2010, il a été décidé à l'unanimité, que désormais, la tête du gouvernement de la BEAC serait rotative et selon l'ordre alphabétique du nom des États. Certainement parce que c'était son idée, en lieu et place du Cameroun premier nom par ordre alphabétique sur la liste des États de cette sous-région, c'est la Guinée équatoriale d'Obiang Nguema qui prendra le premier tour de gouvernement. De 2010 à 2017, le gouverneur de la BEAC était donc l'Équato-guinéen Lucas Abaga N'Chama et son successeur depuis janvier 2017 est le Tchadien Abbas Toli Mahamat [7] dont le mandat prendra fin en 2024. La durée du mandat du gouverneur est de sept ans non renouvelable.

Cas de corruption

Selon des informations diffusées par le site WikiLeaks concernant un détournement de 30 millions d'euros de la BEAC, « les dirigeants gabonais ont utilisé les fonds détournés pour leur enrichissement personnel et, suivant les instructions de Bongo, ont remis une partie de l'argent à des partis politiques français ». En France, cet argent aurait été destiné « aux deux camps, mais surtout à droite, en particulier à Chirac mais aussi Sarkozy ». Le Monde a choisi de ne pas diffuser cette information dans la mesure où elle n'est pas vérifiable[8].

Notes et références

  1. Banque des États de l'Afrique centrale, « La BEAC », sur beac.int (consulté le )
  2. Data.bnf.fr, « Banque des Etats de l'Afrique centrale », sur data.bnf.fr, (consulté le )
  3. « Afrique centrale : sommet extraordinaire de chefs d'Etat sur l'avenir du franc CFA », sur Franceinfo, (consulté le ).
  4. « Guinée équatoriale: le président Obiang en faveur de la réforme du franc CFA », sur RFI.fr, RFI, (consulté le )
  5. « Un accord annoncé entre la CEMAC et la France pour passer du CFA à l'ECO », sur agenceecofin.com, (consulté le ).
  6. « CEMAC : Bientôt de nouvelles coupures de billets » par Désiré-Clitandre Dzonteu, sur Gabon Review, 2 octobre 2019.
  7. « Le Tchadien Abbas Mahamat Tolli sera le prochain gouverneur de la Beac – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  8. Selon WikiLeaks, Omar Bongo aurait détourné des fonds au profit de partis français (lemonde.fr et l'AFP le 29 décembre 2010 https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/12/29/selon-wikileaks-omar-bongo-aurait-detourne-des-fonds-au-profit-de-partis-francais_1459012_3212.html#ens_id=1459018

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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