Banque européenne d'investissement
La Banque européenne d'investissement ou BEI (en anglais European Investment Bank, en allemand Europäische Investitionsbank) est l'institution financière des États membres de l'Union européenne. Elle a pour principal but d'emprunter sur les marchés financiers pour financer des projets au sein de l'Union européenne. La BEI finance également des projets en dehors de l'Union européenne notamment dans les pays partenaires méditerranéens, par son fonds euro-méditerranéen d'investissement et de partenariat (FEMIP)[N 1].
Pour les articles homonymes, voir BEI.
Ne pas confondre avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque de développement du Conseil de l'Europe (CEB)
Banque européenne d'investissement | |||
Situation | |||
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Création | 1958 | ||
Type | Institution financière de l'Union européenne | ||
Siège | Kirchberg (Luxembourg) | ||
Coordonnées | 49° 37′ 12″ N, 6° 08′ 15″ E | ||
Langue | Allemand, anglais, français | ||
Organisation | |||
Président | Werner Hoyer[1] | ||
Site web | http://www.eib.org/ | ||
Géolocalisation sur la carte : Europe
Géolocalisation sur la carte : Luxembourg
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Elle est créée en 1957, avec le traité de Rome. Elle siège à Luxembourg mais dispose également de bureaux à Bruxelles, Paris, Rome, Helsinki, Athènes, Berlin, Lisbonne, Londres, Madrid, Varsovie, Istanbul, Bucarest, Tunis, Dakar, Rabat, Nairobi, Fort-de-France, Sydney, Pretoria et au Caire.
Groupe BEI
Le Groupe BEI est composé de la Banque européenne d'investissement (BEI) et du Fonds européen d'investissement (FEI). La BEI est l'actionnaire majoritaire du FEI en détenant 62 % du capital[2].
Il fut créé lors du Conseil européen des 23 et 24 mars 2000 à Lisbonne. La création de ce groupe a pour but de rassembler tous les moyens d'investissement de l'Union européenne au sein d'une même institution et ainsi de favoriser le capital risque pour les PME, ce que seul le FEI pouvait réaliser auparavant.
Rôle
Avec 61 milliards d'euros de prêt en 2011 pour 450 projets, la BEI est la première institution financière multilatérale au monde par le volume de ses prêts et de ses emprunts. Elle apporte ses financements et son expertise à des projets d'investissements solides et durables, très majoritairement dans l'Union européenne (54 milliards en 2011). Ses actionnaires sont les 27 États membres de l'UE et ses soutiens concourent à la réalisation des objectifs de l'Union européenne. Ses 1 948 employés s'appuient sur l'expérience acquise depuis plus de 50 ans dans le financement de milliers de projets. Son organisation et son mode de fonctionnement sont fixés par ses statuts[3]. Les priorités de la BEI sont le soutien à la croissance et à l'emploi, l'action en faveur du climat (quelque 30 % de ses prêts) et l'action extérieure à l'Union européenne. La BEI n'effectue que des prêts et aucun don. En 2012, la BEI est un des plus grands emprunteurs non souverains sur le marché obligataire de l'Union européenne[4] et a un capital souscrit s'élevant à 232 milliards d'euros[5]. Ayant la meilleure notation qui soit (AAA) et étant un organisme sans but lucratif, ses prêts sont accordés à des conditions avantageuses[6].
Le 14 novembre 2019, la BEI annonce la décision de son conseil d'administration d'exclure toutes les énergies fossiles, y compris le gaz naturel, de ses financements d'ici à 2021. Les actionnaires de la banque ont également fixé l'objectif de porter à 50 % d'ici 2025 la part des projets visant à lutter contre le dérèglement climatique, pour lesquels ils ont décidé de mobiliser d'ici à 2030 quelque 1.000 milliards d'euros d'investissement conformément aux engagements de la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, afin de réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre de l'Union avant fin 2030[7].
Composition
La gouvernance de la BEI est organisée de la façon suivante :
- un Conseil des gouverneurs, représenté par les 28 ministres de l'économie des États membres de l'Union européenne et qui est chargée de définir la politique de la BEI ;
- un Conseil d'administration, qui est chargé d'appliquer la politique de la BEI
- un Comité de direction, qui assure au jour le jour le bon fonctionnement de la BEI
- un Comité d'audit, qui s'assure que son fonctionnement respecte toutes les obligations que la BEI doit remplir
La participation des actionnaires au capital de la BEI est fixée en fonction du produit intérieur brut des pays membres au moment de leur intégration au sein de l'Union européenne[8].
Présidents
- Pietro Campilli, de février 1958 à mai 1959
- Paride Formentini, de juin 1959 à septembre 1970
- Yves Le Portz, de septembre 1970 à juillet 1984
- Ernst-Günther Bröder, d'août 1984 à mars 1993
- Brian Unwin, d'avril 1993 à décembre 1999
- Philippe Maystadt, de janvier 2000 à décembre 2011
- Werner Hoyer, depuis janvier 2012
Capital
Répartition du capital de la BEI au 1er juillet 2013[9] :
Pays | Capital (€) | Capital (%) |
---|---|---|
Allemagne | 39 195 022 000 | 16,11 |
France | 39 195 022 000 | 16,11 |
Italie | 39 195 022 000 | 16,11 |
Royaume-Uni | 39 195 022 000 | 16,11 |
Espagne | 23 517 013 500 | 11,52 |
Belgique | 10 864 587 500 | 4,47 |
Pays-Bas | 10 864 587 500 | 4,47 |
Suède | 7 207 577 000 | 2,96 |
Danemark | 5 501 052 500 | 2,26 |
Autriche | 5 393 232 000 | 2,22 |
Pologne | 5 017 144 500 | 2,06 |
Finlande | 3 098 617 500 | 1,27 |
Grèce | 2 946 995 500 | 1,21 |
Les 15 autres États | 12 093 259 000 | 4,97 |
Total | 243 284 154 500 | 100,00 |
Critiques
Depuis quelques années, des organisations de la société civile critiquent les interventions de la Banque européenne d'investissement et lancent des campagnes dans plusieurs pays européens pour mettre en lumière l'activité de la Banque, qu'elles accusent de rester très discrète alors qu'elle gère un portefeuille près de deux fois plus important que celui de la Banque mondiale.
Ces ONG accusent la BEI d'agir dans l'opacité, sans normes sociales et environnementales satisfaisantes et lui reprochent d'être impliquée dans des projets très controversés comme ceux du projet minier de Tenke Fungurume en République démocratique du Congo (RDC)[10].
La BEI intervient de plus en plus dans les pays du sud. Aujourd'hui elle se reconnaît, en plus de son rôle de banque d'investissement pour les projets de l'Union européenne, comme une banque de développement. Mais pour certaines associations, la BEI ne jouerait pas assez son rôle de banque de développement. Ainsi, les ONG annoncent qu'en Amérique latine, plus de 90 % des financements de la BEI depuis 1993 ont été accordés soit à des filiales d'entreprises européennes, soit à de grandes multinationales[11].
Une critique majeure à l'encontre de la BEI est liée à la faiblesse de ses normes environnementales et sociales dans le cadre de ses interventions en dehors de l'UE. Au sein de l'UE, la BEI est liée par les normes européennes. Mais dans les pays du Sud, elle n'est soumise à aucune réglementation précise : les documents normatifs rendus publics se réfèrent à une multitude de principes vagues, sans procédures opérationnelles, ou à l'application du droit européen « en fonction des conditions locales », ce qui laisserait une marge d'interprétation bien trop large selon la société civile. En 2007, la BEI publie un manuel de ses pratiques environnementales et sociales, mais ce manuel a été critiqué par le CEE Bankwatch Network pour sa grande imprécision[12]. De l'avis de ses détracteurs, la BEI semble privilégier des projets dont les retombées économiques sont certaines et élevées plutôt que de mettre la priorité sur la lutte contre la pauvreté ou la protection de l'environnement[13].
À l'occasion du brexit, il apparaît que le port écossais de Aberdeen a bénéficié d'un crédit de 258 million d'euros émis par la BEI trois jours avant le référendum de sortie du Royaume-Uni[14]. Le parti travailliste critique ainsi le plan de retrait de Theresa May, qui ne permettrait pas le financement du port[14]. Par ailleurs, le retrait du pays remet en question la participation du Royaume-Uni à la banque puisque seuls les États membres de l'Union peuvent en être actionnaires[14]. Néanmoins le président de la BEI n'a pas rejeté la possibilité de modifier les règles afin de permettre au Royaume-Uni de maintenir sa participation[14].
Notes et références
Notes
- Les pays partenaires méditerranéens sont l'Algérie, l'Égypte, la Bande de Gaza/Cisjordanie, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Syrie et la Tunisie.
Références
- « Werner Hoyer reconduit au poste de président du Groupe Banque européenne d'investissement », sur le site de la BEI, (consulté le ).
- Le Groupe BEI
- Statuts (BEI)
- « Comment la BEI finance-t-elle ses prêts ? », Banque européenne d'investissement (consulté le )
- « Chiffres clés », Banque européenne d'investissement (consulté le )
- « Qu'est-ce que le Groupe BEI ? », Banque européenne d'investissement (consulté le )
- La Banque européenne d'investissement tourne le dos aux énergies fossiles, Les Échos, 15 novembre 2019.
- « Actionnaires », Banque européenne d'investissement (consulté le )
- « Répartition du capital de la BEI », Banque européenne d'investissement (consulté le ).
- Simpere 17 juillet 2007
- Jaroslava Colajacomo, « La BEI dans les pays du Sud, au bénéfice de qui ? », Amis de la Terre, (consulté le ), p. 4
- Dr Christopher Wright, « EIB : promoting sustainable development "where appropriate" », CEE Bankwatch Network, (consulté le )
- Simpere 2008
- (en)Tory Brexit Advert ‘Embarrassingly’ Features Aberdeen Port Which Benefited From Millions In EU Funding, sur huffingtonpost.co.uk du 10 avril 2017, consulté le 13 août 2017
Voir aussi
Bibliographie
- « Le Groupe BEI », Banque européenne d'investissement (consulté le )
- « Statuts » [PDF], Banque européenne d'investissement, (consulté le )
- Anne-Sophie Simpere, « La BEI prête à financer des projets soupçonnés d’irrégularités ? », Amis de la Terre, (lire en ligne, consulté le )
- Anne-Sophie Simpere, « BEI : l'Europe mine l'Afrique », Amis de la Terre, (lire en ligne [PDF], consulté le )
Articles connexes
Liens externes
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