Bartolomeu Lourenço de Gusmão

Bartolomeu Lourenço de Gusmão, né à Santos (Brésil) le et décédé à Tolède (Espagne) le , est un inventeur portugais né au Brésil à l'époque colonie du Portugal. Il est reconnu comme le pionnier et « Père de l'aérostation ».

Pour les articles homonymes, voir Gusmão et Lourenço.

Bartolomeu Lourenço de Gusmão
Portrait de Gusmão (1923).
Fonction
Chapelain
Biographie
Naissance
Décès
(à 38 ans)
Tolède
Formation
Activités
Fratrie
Alexandre Gusmão (en)
Autres informations
A travaillé pour
Religion
Ordre religieux
Membre de
Royal Academy of Portuguese History (d)

Biographie

Bartolomeu Lourenço est né le à Santos, au Brésil. À l'âge de quinze ans il entre au noviciat des Jésuites mais n'y reste pas plus d'un an. Dès sa jeunesse il se fit remarquer pour sa mémoire prodigieuse et pour avoir construit, au séminaire de Belém da Cachoeira, à Cachoeira, Bahia, où il étudiait, un « engin faisant monter l’eau à n’importe quelle distance ». L’œuvre fut à l’époque reconnue comme remarquable et comme très utile et il obtint le le privilège de cette invention.

Débuts

Figure fantaisiste de la Barque inventée en 1709 par Gusmão, pour s'élever et se diriger dans les Airs – Bibliothèque nationale de France.

Peu après avoir déménagé à Lisbonne, Lourenço obtint, le , un brevet pour une « machine volante » qui peut, d'après lui, parcourir plus de 1 000 km par jour.

Lourenço fut surnommé péjorativement « le Planeur » et son invention, divulguée en Europe par des dessins fantaisistes, qui généralement la présentaient comme un bateau en forme d’oiseau, fut connue sous le nom de Passarola Grand oiseau »).

Le 6 mai, l’inventeur commença la fabrication de la mystérieuse machine. Une démonstration publique de l’invention fut prévue pour le 24 juin, le jour de la Saint-Jean — saint homonyme du roi portugais, Jean V — mais fut retardée, du fait que le monarque était malade.

La Princesse Élisabeth-Christine, épouse de Charles III d’Espagne, très intéressée par la nouvelle invention, raconte, dans une lettre du , les nouveautés à sa mère, Christine Louise d'Oettingen-Oettingen, duchesse de Brunswick[réf. souhaitée] :

« Je me souhaiterais seulement un seul jour aupres de Votre Altesse. Que j’aurais de choses à Luy dire! La Reine de Portugal ma feit la proposition de venir la trouvé sitôt qu’un navire volant serai fait, étant a Lisbonne un homme qui se vante de pouvoir faire qui passe par l’air. Se cette invention réussit, je viendrais toutes les semaines un jour trouver Votre Altesse. Ce seroit un charmant moyens et tres aggréable pour moi, mais je doute fort qu’il réussira dans son entreprise. »

Premières démonstrations

En août, Bartolomeu Lourenço organisa finalement, devant la haute noblesse portugaise, quelques démonstrations avec des ballons de petites dimensions, construits de ses mains. Lors de la première démonstration connue, réalisée le 3 dans la maison du Fort, à l’intérieur du Palais-Royal, le prototype utilisé prit feu avant de s’envoler. La seconde démonstration datée, faite le 5 dans la Maison royale, l’aérostat, pourvu dans le fond d’une écuelle avec alcool en combustion, s’éleva à 4 mètres, quand il fut mis à terre par deux laquais royaux munis de bâtons, craignant que l’engin n’incendiât les rideaux de l’enceinte. À une expérience faite le jour 8 dans la salle des Audiences, le globe a monté jusqu’au plafond de la salle pour redescendre avec douceur par la suite. À une autre démonstration, non datée, faite à la terrasse du Paço, le ballonnet s’est élevé à grande hauteur, montant lentement durant plusieurs minutes. Le , Lourenço fait une nouvelle démonstration de son invention sur le pont de la maison de l’Inde, avec un appareil plus grand que les précédents, mais encore incapable de porter un homme. L’expérience est un succès : l’aérostat monte à une grande hauteur et descend quelques minutes plus tard.

Abandon

Toutes ces expériences avaient été suivies par les autorités de la société portugaise, mais cela ne fut pas suffisant pour rendre l’invention populaire. Les petits ballons montrés, outre de ne pas avoir été considérés comme des innovations importantes ou utiles, n’étaient pas contrôlables. Ils étaient emportés par les courants atmosphériques et furent considérés comme dangereux, pouvant provoquer des incendies. Un modèle plus grand, dirigeable, ne fut donc pas construit.

Robert Charroux en donne une version plus développée et quelque peu différente : En 1708, à Lisbonne, un père jésuite brésilien, de retour de Bolivie, demanda officiellement au roi du Portugal Joâo V, l'autorisation de fabriquer un engin volant après lui avoir expliqué les bénéfices potentiels de cette nouvelle invention. Cet engin volant pourrait emporter 12 hommes et faire 200 miles nautiques en 24 heures (vitesse impressionnante pour l'époque, mais en fait environ 15 kilomètres par heure). La réponse fut favorable, il obtint même une pension importante pour ses travaux le 17 avril 1709. Le fuselage était fait en plaques de fer recouvertes de nattes de paille, 2 globes de fer contenant de la magnétite reposaient sur des colonnes. Sur l'étrange maillage étaient fixées un grand nombre de perles d'ambre qui « par une opération secrète maintiendraient l'aéronef en l'air. La chaleur du soleil sur les nattes disposées le long de l'aéronef tirerait celui-ci vers l'ambre. » Le 5 août, Bartholomeu Lourenço de Gusmâo fit voler son engin devant le roi et sa cour mais il prit feu en l'air. Le 30 octobre, nouvel essai de la « gondole volante », cette fois couronné de succès. Promu académicien et aumônier royal, Gusmâo dut arrêter ses essais à cause de l'Inquisition qui jugea l'invention satanique[1] ; dans un autre ouvrage [2], il note sobrement : « 1709. L'inquisition brûle les documents scientifiques de Gusmão à Lisbonne ».

1710 à 1724

En 1710, il publie Diverses manières d’expulser sans personnel l’eau des embarcations, dans lequel il décrit un nouvel appareil qu’il a inventé pour expulser l’eau qui submerge les embarcations. Le , il sollicite, en Hollande, le brevet pour un appareil similaire, expédié trois mois plus tard, le 14 décembre, sous le numéro 1 665.

De 1713 à 1715, il vit en Hollande, en Angleterre et en France. De retour au Portugal, il reprend des études à l’université de Coimbra. En 1718, il adopte l'adjonction « de Gusmão » à son nom, afin de rendre hommage à son précepteur au séminaire de Bélem da Cachoeira, le Père Alexandre de Gusmão, qui lui avait inculqué le goût pour les sciences.

Il termine ses études universitaires en 1720 rentre à Lisbonne, appelé par le roi à servir dans le ministère des Affaires étrangères. Nommé au secrétariat d’État, il exerce différentes fonctions, s’occupant notamment du déchiffrage de messages codés interceptés de diplomates étrangers[3]. En décembre, il est affecté à l'Académie royale d'histoire portugaise et chargé d'écrire l'Histoire ecclésiastique de l'évêché de Porto, une œuvre qu'il ne parviendra pas à achever. En fait ce sont les sciences qui l'intéressent.

Il se consacre dès lors à de nouvelles inventions. En 1721, il étudie la fabrication du charbon et, en 1724, il crée une machine augmentant le rendement des moulins hydrauliques, reconnue par le brevet portugais du 18 juillet de la même année. Ce sera sa dernière invention officielle. À l'époque, il est sur le point d’être dénoncé par l’Inquisition comme « apostat judaïsant ».

Apostasie

Gusmão entretient depuis longtemps des relations amicales avec de « nouveaux chrétiens » brésiliens surveillés par le Saint Office. Nouant des relations avec le couple Miguel de Castro Lara et Maria Coutinho, chez qui il restait jusqu’à la nuit tombée, il craint la délation et s'enfuit de Lisbonne le .

Le , le père Luiz Gonzaga le dénonce en attestant l’avoir entendu se prononcer contre l’infaillibilité du pape et défendre, en la présence du roi, que les enseignements de la Bible ne devaient pas être niés à quiconque[pas clair], peu importe leur descendance. Bien que ces opinions se rapprochassent davantage à celle de l’Église réformée que de la religion judaïque, le fait est que, depuis 1713, Bartholomé traverse une crise religieuse. Il se convertit au judaïsme en 1722.

Il s'exile en Espagne, après avoir dans un premier temps été tenté par l’Angleterre. À Tolède, Bartolomeu Lourenço de Gusmão tombe gravement malade et est recueilli à l'hôpital da Misericórdia. Il meurt le , à 38 ans. Reconcilié avec le catholicisme et s'étant confessé il reçoit le viatique avant la mort. Il fut inhumé le jour suivant à l’église de São Romão, de la ville espagnole de Tolède.

Héritage

Bartolomeu Lourenço fut incontestablement un précurseur de l’aérostation. Cinq témoignages[réf. souhaitée], découverts successivement en 1843, 1868, 1898, 1913 et 1934, ne laissent aucun doute à ce sujet. Ils procèdent du Cardinal Michelangelo Conti, nonce apostolique à Lisbonne de 1697 à 1710 et en 1721 élu pape sous le nom d’Innocent XIII, de deux membres de l'Académie royale du Portugal, Francisco Leitão Ferreira et José Soares da Silva, du diplomate José da Cunha Brochado et du chroniqueur portugais Salvador Antonio Ferreira.

Antonio Ferreira a écrit[réf. souhaitée] :

« Le 3 août 1709 le Père Bartholomeu Lourenço, brésilien, commença une expérience de son appareil à voler. À cet effet il s’établit dans la salle qui est au-dessous de la salle des Ambassades [du palais royal de Lisbonne], mais son essai échoua parce que son appareil, dès le début, prit feu. Le 5 de même mois le même père apporta un demi-globe de bois mince. Il y avait dedans un autre globe de papier épais. Il alluma au fond de l’appareil une écuelle où il y avait du feu. Le ballon monta plus de 20 palmes, et comme le feu était bien allumé, le foyer incendia le papier, pendant la montée. Et le demi-globe resta par terre sans monter parce que l’expérience échoua. Et comme le globe allait atteindre le plafond de la salle, deux laquais de la maison royale accoururent avec des bâtons pour empêcher un désastre éventuel. Sa Majesté assista à tout cela avec sa cour et plusieurs autres personnes. Le jeudi 3 octobre, le Père Bartholomeu do Quental (Bartholomeu Lorenço veux-je dire) effectua une autre expérience dans le pont de la maison d’Inde, avec sa machine à voler. Celle-ci, après avoir monté à une hauteur assez considérable tomba par terre, sans conséquences. »

Le , le cardinal Conti écrit au secrétaire d'État du Vatican[réf. souhaitée] :

« L’individu qui, comme on l’a déjà raconté, prétend construire un appareil pour voler, a réalisé, ces derniers jours, deux essais avec sa machine en présence du Roi, ayant fait un globe sphérique léger. Comme, cependant, la force impulsive ou attractive semble procéder de certains fluides, ces derniers prirent feu et l’appareil brûla sans s’élever du sol. La seconde fois il brûla aussi après avoir monté à une hauteur de deux canne (4 mètres). L’individu en question ayant à cœur de démontrer la réalité de son invention est en train de faire un autre appareil plus grand que celui-ci. »

Dans la fiction

Notes et références

  1. L'histoire inconnue des hommes depuis 100 000 ans.
  2. Le Livre des maîtres du monde, Robert Laffont, 1967.
  3. À cette époque, les pratiques d’espionnage étaient communes dans les cours européennes.

Bibliographie

Articles connexes

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