Bas-Empire romain
Le Bas-Empire est la période finale de l'Empire romain.
Venant à la suite du Haut-Empire, il constitue la deuxième des périodes historiographiques de l'Empire romain vue par les historiens français.
Ces termes sont des concepts usuels, mais leurs limites chronologiques respectives ne sont pas fixées de façon unanime. La date de début varie selon les auteurs, 192 ou 235 apr. J.-C. ; la date de fin généralement admise est 476.
Le nom de « Bas-Empire »
L'expression date de 1752, avec la publication du premier volume de l'Histoire du Bas-Empire en 28 volumes de Charles Le Beau[1] publiée entre 1752 et 1817. L'emploi de l'adjectif « bas » n'était pas négatif : il désigne simplement la période la plus proche du présent, par opposition à « haut ». Néanmoins, le terme de Bas-Empire a eu longtemps une connotation péjorative chez les historiens de l'époque des Lumières, qui y voyaient une période de décadence marquée par l'absolutisme monarchique et la puissance de l'Église, succédant à la République et l'Empire éclairé[1]. À l'heure actuelle, où la mode est à la réhabilitation de cette période, certains historiens préfèrent des appellations plus neutres telles que Empire romain tardif[2] ou Antiquité tardive, suivant les terminologies allemande (Spätrömische Zeit, Spätantike) ou italienne (tardo Impero, tardoantico). Quoi qu'il en soit, le terme de Bas-Empire, consacré par un long usage, reste fréquemment employé.
Début du Bas-Empire
Les auteurs débattent sur le début de la période. Certains proposent la fin de la dynastie des Antonins (192 apr. J.-C.), d'autres le renversement de la dynastie des Sévères (235 apr. J.-C.), d'autres encore le début du règne de Dioclétien (284-305) :
- à partir de 193, la fin de la dynastie antonine représente pour les tenants de cette date le début de la crise de l'empire ; certains proposent même 180, pour classer l’empereur Commode dans cette période[3] ;
- à partir de 235, le renversement de la dynastie des Sévères inaugure une période instable d'environ cinquante années, connue sous le nom d'anarchie militaire ;
- enfin, au terme de cette période de troubles, l'année 284, est retenue par d'autres auteurs, comme Paul Petit[4]. En effet, le début du règne de Dioclétien voit la mise en place d'un régime collégial, dont l'absolutisme est inspiré des monarchies orientales.
Caractéristiques principales
L'empire subit durant cette période une accumulation d'événements qui le mettent en difficulté croissante : guerres civiles et invasions, crises monétaires, épidémies[5]. Il réagit et se rétablit par l'instauration d'un régime nouveau, le Dominat, où le pouvoir est absolu et d'émanation divine. Celui-ci se substitue à un régime autocratique mais « éclairé » caractérisant le Haut-Empire, le Principat fondé par Auguste (suivant une tradition historiographique allemande du XIXe siècle, un peu obsolète).
Fin du Bas-Empire
Sa date de fin coïncide en Occident avec la fin de l’Empire romain d'Occident en 476, lorsque le dernier empereur Romulus Augustule fut déposé et l'empire romain formellement réunifié. Elle reste cependant floue en ce qui concerne l’Empire romain d'Orient, où la transition avec l'Empire byzantin n'est pas marquée par un événement aussi spectaculaire, et varie selon les auteurs de la fondation de Constantinople en 330 à l'avènement d'Héraclius en 610[6].
Notes et références
- Remondon 1970, p. 250.
- Remondon 1970, p. 249.
- Petit 1974, p. 314.
- Petit 1974, p. 525.
- Remondon 1970, p. 243.
- Remondon 1970, p. 251.
Voir aussi
Bibliographie
- [Le Beau 1757] Charles Le Beau et Hubert-Pascal Ameilhon, Histoire du Bas-Empire (29 vol.), Paris, , in-12.
- [Le Glay 1990] Marcel Le Glay, Rome, Grandeur et Déclin de la République, éd. Perrin, .
- [Remondon 1970] Roger Remondon, La crise de l’Empire romain, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes », , 2e éd. (1re éd. 1964).
- Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, , 799 p. (ISBN 2-02-002677-5)
- Claire Sotinel, Rome, la fin d'un Empire. De Caracalla à Théodoric, 212 - fin du Ve siècle, collection Mondes Anciens sous la direction de Joël Cornette, Belin, 2019.
- Giuseppe Zecchini, « L’Antiquité tardive : périodisations d’un âge noir et heureux. », dans Une Antiquité tardive noire ou heureuse ? Actes du colloque international de Besançon (12 et 13 novembre 2014), Besançon, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, , pp. 29-41 (lire en ligne).
Articles connexes
- Antiquité tardive
- Liste des provinces du Bas-Empire, Liste des diocèses de l'Empire romain (305-410)
- Histoire du Bas-Empire :
- Anarchie militaire (235-283)
- Dioclétien (284-305)
- Empire romain d'Occident (284-476)
- Déclin de l'Empire romain d'Occident (410-476)
- Chronologie de l'Empire romain d'Occident
- Dominat (285-476)
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