Basidiomycota

Les basidiomycètes (Basidiomycota) constituent un vaste embranchement ou division (ou phylum) des mycètes qui regroupe la plupart des espèces désignées dans la langue courante par le nom de champignon, ils sont caractérisés par des spores formées à l'extrémité de cellules spécialisées, les basides.

Les basidiomycètes sont couramment appelés « champignons à chapeau ». Ces champignons peuvent être classés selon des critères morphologiques (ou anatomiques, y compris macro ou microscopiques : forme du pied et du chapeau, de la spore, consistance de la chair, couleur des spores en masse ou sub microscopio), propriétés organoleptiques (odeur et goût), chimiques (oxydo-réduction à l'air), etc..

Évolution de la classification

Autrefois tous les Basidiomycota étaient appelés Basidiomycètes, une classe invalide créée en 1959 en parallèle avec celle des Ascomycètes, mais ces deux classes ne sont plus reconnues comme des phyla. Les termes « Basidiomycètes » et « Ascomycètes » sont fréquemment utilisés en français pour désigner les Basidiomycota et Ascomycota, dont ils ne sont qu'une traduction.

L'embranchement était précédemment réparti en trois grandes classes :

  • Homobasidiomycetes : basides non cloisonnées, appelées homobasides, de forme clavée ou cylindrique, ne produisant pas de spores secondaires. Cette classe comporte la plupart des champignons charnus.
  • Phragmobasidiomycetes : basides cloisonnées, production possible de spores secondaires. Cette classe comporte notamment les trémelles et l'oreille de Judas.
  • Teliomycetes : basides cloisonnées transversalement. Champignons parasites (rouilles) des végétaux supérieurs ou charbons des graminées.

À ces trois classes, il convient d'ajouter des groupes de transition comportant des champignons difficilement classables, comportant des caractéristiques appartenant à des classes différentes. Parmi ces « inclassables », on peut noter les calocères.

Une vaste étude phylogénétique réalisée en 2007, réalisée par plus d'une soixantaine de chercheurs[1], dont le classement est adopté par The Tree of Life Web Project[2] et Myconet[3],[4] a reconnu trois subphyla (Pucciniomycotina, Ustilaginomycotina, Agaricomycotina) et deux nouvelles classes non affectées (Wallemiomycetes, Entorrhizomycetes) parmi les Basidiomycota[5].

Classification linnéenne (morphologique)

Selon la vaste étude de 2007[6] :


Classification phylogénétique

Ce classement proposé en 2007 de l'embranchement des Basidiomycota[6],[7] suggère parfois des résultats contradictoires avec l'ancienne classification, uniquement basée sur des critères morphologiques et physiologiques.

Arbre phylogénétique

Cycle de développement

Le cycle de reproduction peut être asexué ou végétatif.

Des spores asexuées (appelées conidies) se forment à partir des filaments mycéliens par simple multiplication cellulaire. La reproduction asexuée joue cependant un rôle plus secondaire que chez les Ascomycètes.

La reproduction sexuée ne se réalise plus avec des organes sexuellement différenciés comme dans le cas des Ascomycètes. Il y a une simple fusion entre deux cellules morphologiquement indifférenciées appartenant à deux filaments voisins. Cette fusion, à l'origine du mycélium secondaire, ne concerne que les cytoplasmes des cellules. C’est la plasmogamie. Plus tard, la fusion des deux noyaux parentaux a lieu dans les basides : c’est la caryogamie qui correspond au passage de l’état haploïde (n chromosomes) à l’état diploïde (2 n chromosomes). Après la formation des noyaux diploïdes, les processus de méiose permettent le passage de l’état diploïde (2n) à l’état haploïde (n). Les noyaux migrent à l’extrémité des basides et sont distribués dans les basidiospores. Le nombre de noyaux dans les basidiospores est variable. Les basidiospores sont ensuite émises dans le milieu extérieur grâce à une augmentation de la turgescence de la baside mûre. Ces basidiospores peuvent ensuite être disséminées par le vent, la pluie ou le déplacement des animaux. Il est estimé que 17 millions de tonnes de spores de basidiomycètes flotteraient en permanence dans l'atmosphère terrestre[8].

Il y a huit étapes qui décrivent le cycle de développement des Basidiomycètes formant des champignons :

  • Étape 1 : Deux mycéliums haploïdes de types sexuels opposés subissent la plasmogamie.
  • Étape 2 : Un mycélium dicaryote se forme. Il croît très vite et refoule des mycéliums parentaux.
  • Étape 3 : Certains facteurs environnementaux, comme la pluie ou les changements de température, conduisent le mycélium dicaryote à former des masses compactes qui deviennent des basidiocarpes (ici des champignons).
  • Étape 4 : La surface des lamelles du basidiocape est tapissée de cellules dicaryotes terminales, les basides.
  • Étape 5 : la caryogamie, qui a lieu dans les basides, donne naissance à des noyaux diploïdes qui subissent la méiose.
  • Étape 6 : Chaque noyau diploïde donne quatre noyaux haploïdes. La baside produit ensuite quatre appendices qui laissent chacun pénétrer un noyau haploïde. Chaque appendice, rattaché individuellement à la baside, devient une basidiospore.
  • Étape 7 : À maturité, les basidiospores sont éjectées, tombent du chapeau et sont dispersées par le vent.
  • Étape 8 : Les basidiospores haploïdes germent dans un environnement adéquat et deviennent des mycéliums haploïdes éphémères.

Basidiomycètes comme mycobiontes lichéniques

La symbiose lichénique se fait non pas entre une algue et un champignon comme on a longtemps cru, mais généralement avec deux champignons, dont une levure basidiomycète, et une algue.

Après plus de 140 ans durant lesquels on a cru que l'association était binaire (1 champignon + 1 algue), on a récemment montré (2016) qu'il faut en réalité dans la plupart des lichens un troisième partenaire (qu'on avait d'abord cru être un parasite des lichens) pour que l'association soit pérenne ; il s'agit d'une levure basidiomycète ; c'est cette levure qui est responsable de la forme du thalle du lichen et en partie de sa forme générale[9]. Cette association est durable, reproductible (elle donne naissance à de nouveaux individus, à la formation d'une nouvelle unité fonctionnelle) avec des bénéfices réciproques pour les partenaires, et entraîne des modifications morphologiques et physiologiques (ces dernières liées à des interactions génétiques entre les trois partenaires)[9].

Les levures sont intégrées dans le cortex lichénique et une corrélation entre leur abondance et des variations autrefois inexpliquées du phénotype a été mise en évidence (2016)[9]. Certaines lignées de Basidiomycete vivent en lien étroit avec certains lichens sur de vastes zones géographiques, souvent retrouvés sur les six continents[9]. Le cortex lichénique est structurellement plus important qu'on ne le pensait ; il ne s'agit pas d'une simple zone de cellules différenciées d'ascomycètes, mais semble-t-il du lieu d'une symbiose (entre deux types différents de champignons) dans la symbiose (champignons-plante)[9].

Comestibilité

L'amanite des Césars (Amanita caesarea) est souvent considérée comme l'un des meilleurs champignons connus, avec la truffe et la morille.

Quelques espèces comestibles

Quelques comestibles médiocres

Quelques espèces indifférentes

Quelques espèces vénéneuses (toxiques ou mortelles)

Bioaccumulation

Tous les basidiomycètes semblent capables de bioaccumuler divers métaux lourds, métalloïdes, et radionucléides (dont le césium radioactif après les retombées d'essais ou d'accidents nucléaires)[10]. Ils se retrouvent ensuite dans la chaine alimentaire via les animaux qui les consomment, éventuellement jusqu'à l'homme. Les cas de toxicité sont rares, mais par précaution il peut être conseillé d'éviter champignons et gibiers dans certaines circonstances ou provenant de certains endroits.

La bioaccumulation peut également porter sur des produits organiques ; dans ce cas le champignon peut aussi modifier ou même éliminer le composé indésirable.

Ces propriétés peuvent être mise à profit pour la dépollution ou l'extraction, éventuellement en combinaison avec des plantes (phytoextraction).

Références taxinomiques

Bibliographie

  • Patrick Boiron et Éric Périlleux (dir.), Organisation et biologie des champignons, Paris, Éditions Nathan, coll. « 128 », , 128 p., 18 cm (ISBN 2-09-190443-0, EAN 9782091904436, SUDOC 003985253).
  • Philippe Bouchet, Jeanm-Louis Guignard, Geneviève Madulo-Leblond et Patrick Régli, Mycologie générale et médicale, Paris, Milan, Barcelone, Masson, coll. « Abrégés », , XII-179 p., 21 cm (ISBN 2-225-81618-2, EAN 9782225816185, OCLC 20643071, BNF 35062560).
  • Régis Courtecuisse et Bernard Duhem, Guide des champignons de France et d'Europe, Delachaux et Niestlé, (1re éd. 1994), 543 p. (ISBN 978-2-603-02038-8).
  • Roger Phillips (trad. de l'anglais), Les champignons, Paris, Solar, coll. « Nature Animaux », , 288 p. (ISBN 2-263-00640-0, EAN 978-2263006401).

Liens externes

Notes et références

  1. (en) David S. Hibbett, Manfred Binder, Joseph F. Bischoff, Meredith Blackwell, Paul F. Cannon, Ove E. Erikson, Sabine Huhndorf, Timothy James, Paul M. Kirk, Robert Lücking, H. Thorsten Lumbsch, François Lutzoni, P. Brandon Matheny, David J. Mc Laughlin, Marta Powell, Scott Redhead, Conrad L. Schoch, Josep W. Spataphora, Joost A. Stalpers, Rytas Vilgalys, Catherine Aime, André Aptroot, Robert Bauer, Dominik Begerow, Gerald L. Benny, Lisa A. Castelbury, Pedro W. Crous, Yu-Cheng Dai, Walter Gams, David M. Geiser, Gareth W. Griffith, Cecile Gueidan, David L. Hawksworth, Geir Hestmark, Kentaro Hosaka, Richard A. Humber, Kevin D. Hyde, Joseph E. ironsise, Urmas Köljalg, Cletus P. Kurtzman, Karl-Henrik Larsson, Robert Lichtwardt, Joyce Longcore, Jolanta Miadlikowsk, Andrew Miller, Jean-Marc Moncalvo, Sharon Mozley Standridge, Franz Oberwinkler, Erast Parmasto, Valérie Reeb, Jack D. Rogers, Claude Roux, Leif Ryvarden, José P. Sampaio, Arthur Schüßler, Junta Sujiyama, R. Greg Thorn, Leif Tibell, Wendy A. Untereiner, Christopher Walker, Zheng Wang, Alex Weir, Michael Weiss, Merlin M. White, Katarina Winka, Yi-Jian Yao et Ning Zhang, « A higher-level phylogenetic classification of the Fungi », Mycological Research, Elsevier, David L. Hawkworth, vol. III, no 5, , p. 509-547 (PMID 17572334, Article, (PDF))
  2. The Tree of Life Web Project
  3. Myconet
  4. (en) Lumbsch, H.T. & Huhndorf, S.M., 2007. Outline of Ascomycota – 2007. Myconet, 13, 1-58. Lire en ligne
  5. (en) R Bauer, JP Begerow, M Samp, M Weiß et F Oberwinkler, « The simple-septate basidiomycetes: a synopsis », Mycological Progress, vol. 5, no 1, , p. 41–66
  6. Hibbett 2007, p. 509-547
  7. Bauer et al. 2006, p. 41–66.
  8. Francis Martin, Tous les champignons portent-ils un chapeau ? : 90 clés pour comprendre les champignons, Quae, , 184 p. (ISBN 978-2-7592-2175-2, lire en ligne), p. 18
  9. Toby Spribille, Veera Tuovinen, Philipp Res, Dan Vanderpool, Heimo Wolinski, M. Catherine Aime, Kevin Schneider, Edith Stabentheiner, Merje Toome-Heller, Göran Thor, Helmut Mayrhofer, Hanna Johannesson, John P. McCutcheon (2016) Basidiomycete yeasts in the cortex of ascomycete macrolichens. Science 29 juillet 2016: Vol. 353, Issue 6298, pp. 488-492 DOI: 10.1126/science.aaf8287 (résumé)
  10. Yoshida S, Muramatsu Y. 1994. Accumulation of radiocesium in basidiomycetes collected from Japanese forests. Sci Total Environ 157:197-205.
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