Dimetrodon
Dimétrodon
Dimetrodon est un genre éteint de synapsides de la famille des Sphenacodontidae, groupe le plus dérivé parmi les synapsides non thérapsides (anciennement pélycosaures). Il vivait durant le Permien, il y a entre 295 et 270 millions d'années (Cisuralien)[1],[2],[3]. Les synapsides, groupe frère des sauropsides, inaugurent la lignée qui mènera aux premiers mammifères durant le Jurassique[4].
Description
Les grandes espèces de Dimetrodon mesuraient couramment entre 3,30 et 3,50 mètres, et pouvaient peser jusqu'à 250 kg[5]. L'espèce Dimetrodon angelensis mesurait 4,60 mètres de long, ce qui en fait le plus grand représentant du genre[6],[7].
Le nom Dimetrodon signifie « deux tailles de dents ». En effet, le dimétrodon possédait un immense crâne comportant deux séries de dents différentes (les dents de cisaillement et les dents canines pointues), précurseurs des quatre types de dents des mammifères. Il est le premier vertébré terrestre à avoir développé des dents crénelées, qui domineront chez les mammifères[8]. Elles lui permettaient de mâcher sa nourriture avant de l'ingérer, ce qui le différencie des synapsides plus primitifs.
Dimetrodon avait une grande queue et se déplaçait en se dandinant de droite à gauche à la manière des lézards actuels, faisant vibrer sa voilure. Le Dimétrodon conserve en effet une posture reptilienne, avec des pattes en position latérale, alors que ses successeurs thérapsides puis cynodontes auront une posture de plus en plus érigée, avec chez ces derniers des pattes en position verticale, comme chez les mammifères[8],[9].
Voile dorsale
Dimetrodon possédait une immense voile dorsale, sa particularité la plus connue, tout comme Edaphosaurus. Elle était soutenue par les épines neurales, chacune étant accrochée à une vertèbre. La différence entre les deux est que les épines neurales sont droites chez le dimétrodon, tandis que des processus neuraux latéraux existent chez Edaphosaurus. Cette voilure lui permettait probablement de réguler sa température corporelle (Le dimétrodon était ectotherme, mais pas poïkilotherme), en réchauffant ou refroidissant son corps selon la manière dont il l'orientait par rapport au rayonnement solaire. En 1973, Bramwell et Fellgett calculèrent qu'un dimétrodon de 200 kg pouvait faire passer sa température corporelle de 26 à 32 °C en 80 minutes (1 h 20) grâce à sa voile, contre 205 minutes (3 h 25) sans celle-ci[10].
La voile dorsale avait sans doute également un rôle de séduction lors de la parade amoureuse ou un rôle d'intimidation entre rivaux lors de la période d'accouplement. Elle pouvait aussi servir pour la défense, servant à prévenir ses congénères de l'arrivée d'un prédateur.
Écologie
Dimetrodon était un animal carnivore et les grandes espèces du genre devaient chasser les synapsides et sauropsides végétivores de son époque.
Aire géographique
Dimetrodon vivait au Permien en Amérique du Nord, principalement au Texas. Une espèce a été identifiée en Allemagne en 2001.
On peut notamment trouver un squelette fossile partiel de dimétrodon au Musée américain d'histoire naturelle de New York.
Phylogénie
Cladogramme des synapsides établi par R. J. Benson en 2012[11] :
Amniota |
| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Liste des espèces
Espèce | Auteur | Lieu de découverte | Statut | Synonymes | Images |
---|---|---|---|---|---|
Dimetrodon angelensis | Olson, 1962 | Texas | Valide | ||
Dimetrodon booneorum | Romer, 1937 | Texas | Valide | ||
Dimetrodon borealis | Leidy, 1853 | Canada | Bathygnathus borealis Leidy, 1853 | ||
Dimetrodon cruciger | Cope, 1878 | Texas | Synonyme de Edaphosaurus cruciger | ||
Dimetrodon dollovianus | Case, 1907 | Texas | Valide | Embolophorus dollovianus Cope, 1888 | |
Dimetrodon giganhomogenes | Case, 1907 | Texas | Valide | ||
Dimetrodon gigas | Cope, 1878 | Texas | Synonyme de Dimetrodon grandis | Clepsydrops gigas Cope, 1878 | |
Dimetrodon grandis | Romer and Price, 1940 | Oklahoma Texas | Valide | Clepsydrops gigas Cope, 1878 Dimetrodon gigas Cope, 1878 Theropleura grandis Case, 1907 Bathyglyptus theodori Case, 1911 Dimetrodon maximus Romer 1936 | |
Dimetrodon incisivus | Cope, 1878 | Texas | Synonyme de Dimetrodon limbatus | ||
?Dimetrodon kempae | Romer, 1937 | Texas | Possible nomen dubium | ||
Dimetrodon limbatus | Romer and Price, 1940 | Oklahoma Texas | Valide | Clepsydrops limbatus Cope, 1877 Dimetrodon incisivus Cope, 1878 Dimetrodon rectiformis Cope, 1878 Dimetrodon semiradicatus Cope, 1881 | |
Dimetrodon longiramus | Case, 1907 | Texas | Synonyme de Secodontosaurus obtusidens (en) | ||
Dimetrodon loomisi | Romer, 1937 | Texas Oklahoma | Valide | ||
Dimetrodon macrospondylus | Case, 1907 | Texas | Valide | Clepsydrops macrospondylus Cope, 1884 Dimetrodon platycentrus Case, 1907 | |
Dimetrodon milleri | Romer, 1937 | Texas | Valide | ||
Dimetrodon natalis | Romer, 1936 | Texas | Valide | Clepsydrops natalis Cope, 1878 | |
Dimetrodon occidentalis | Berman, 1977 | Nouveau Mexique | Valide | ||
Dimetrodon platycentrus | Case, 1907 | Texas | Synonyme de Dimetrodon macrospondylus | ||
Dimetrodon teutonis | Berman et al., 2001 | Allemagne | Valide | ||
Dimetrodon rectiformis | Cope, 1878 | Texas | Synonyme de Dimetrodon limbatus | ||
Dimetrodon semiradicatus | Cope, 1881 | Texas | Synonyme de Dimetrodon limbatus | ||
Dimétrodon dans la culture
Le dimétrodon est très connu du public pour son aspect facilement différentiable des grands reptiles connus, notamment pour la voile dorsale qui fait sa popularité, comme celle du spinosaure et de l'ouranosaure. Il est ainsi le synapside non-thérapside le plus connu du grand public, et on le retrouve dans plusieurs médias :
Films
- On trouve des dimétrodons dans l'adaptation cinématographique du Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, par Henry Levin (1959). Dans ce film, ils sont plus grands qu'un humain, et sont montrés comme cannibales lorsque l'un d'eux est tué par l'un des protagonistes. Ils sont interprétés par des iguanes auxquels on a ajouté des voiles sur le dos.
- Des dimétrodons sont visibles dans la première partie du film Fantasia (1940), de Disney, Le Sacre du printemps.
- Dans le film Yor, le Chasseur du futur (1983), le protagoniste sauve des enfants et une jeune femme préhistoriques d'un dimétrodon.
- Un dimétrodon apparaît brièvement dans le film Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles (1988).
- Des dimétrodons apparaissent dans le court métrage de Pixar Toy Story : Hors du temps, ou ils sont assimilés par erreur aux dinosaures.
- Des dimetrodons apparaissent dans le film Jurassic World : le Monde d'après (2022)
Séries télévisées
- Des dimétrodons apparaissent dans l'épisode 2 du documentaire de la BBC Sur la terre des géants (2005), d'abord une femelle en train de chasser un jeune Edaphosaurus, puis en train de couver ses œufs. Les bébés naissent mais sont chassés par les adultes, montrés comme cannibales et devant se réfugier dans les arbres pour leur échapper.
- Le dimétrodon est l'une des montures des Valoriens dans la série de Dino Riders (1988) et sa gamme de jouets.
- Le dimetrodon inspire le Dimetrozord dans la série Power Rangers dinotonerre de 2004.
Jeux vidéo
- Le dimétrodon apparaît souvent dans l'univers de Jurassic Park, uniquement dans les jeux vidéo de la franchise jusqu'à maintenant. Il apparaît notamment dans le jeu Le Monde perdu : Jurassic Park (1997) de Ripple Effect Studios, dans les jeux Android Jurassic World Alive et Jurassic World, le Jeu, dans lesquels on peut les hybrider avec d'autres dinosaures pour créer les hybrides suivants : magnapyritor, postimétrodon, priotrodon. Une statue de dimétrodon apparaît toutefois dans le film Jurassic World: Fallen Kingdom, et un dimétrodon apparaît dans le comic Redemtion (parties 2 et 3), où il tue le Dr Henry Wu.
- Le dimétrodon est présent dans le jeu Ark: Survival Evolved, avec la possibilité de l'apprivoiser ; c'est un carnivore qui n'attaque pas le joueur sauf s'il le provoque, qui peut survivre dans n'importe environnement et peut servir à tenir le joueur à bonne température. Sa torpeur chutant fortement lors de son apprivoisement, il faut beaucoup de stupéfiants.
- Le dimétrodon apparaît dans le premier Turok: Dinosaur Hunter en tant qu'ennemi secondaire ; vers la fin du jeu, des dimétrodons avec des armes apparaissent.
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Notes et références
- (en) « Dimetrodon », sur Paleobiology Database (consulté le )
- (en) K. D. Angielczyk, « Dimetrodon is Not a Dinosaur: Using Tree Thinking to Understand the Ancient Relatives of Mammals and their Evolution », Evolution: Education and Outreach, vol. 2, no 2, , p. 257–271 (DOI 10.1007/s12052-009-0117-4)
- (en) A. K. Huttenlocker et E. Rega, « The Paleobiology and Bone Microstructure of Pelycosauriangrade Synapsids », dans A. Chinsamy, Forerunners of Mammals: Radiation, Histology, Biology, Indiana University Press, , 90–119 p. (ISBN 978-0-253-35697-0)
- (en) Kenneth D. Angielczyk, « Dimetrodon Is Not a Dinosaur: Using Tree Thinking to Understand the Ancient Relatives of Mammals and their Evolution », Evolution, vol. 2, no 2, , p. 257-271 (lire en ligne)
- D'après (en) Alfred S. Romer et L. W. Price, Review of the Pelycosauria, Geological Society of America (specialpapers, No. 28), , p. 177
- (en) « The Kungurian Age » [archive du ], sur Palaeos (consulté le )
- (en) J. Fröbisch, Schoch, R.R., Müller, J., Schindler, T. et Schweiss, D., « A new basal sphenacodontid synapsid from the Late Carboniferous of the Saar-Nahe Basin, Germany », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 56, no 1, , p. 113–120 (DOI 10.4202/app.2010.0039, lire en ligne)
- Joël Ignasse, « Dimétrodon : une terreur d'avant les dinosaures », sur Sciences et avenir.fr,
- Futura, « Le dimétrodon », sur Futura (consulté le )
- (en) C. D. Bramwell et P. B. Fellgett, « Thermal regulation in sail lizards », Nature, .
- (en) R.J. Benson, « Interrelationships of basal synapsids: cranial and postcranial morphological partitions suggest different topologies », Journal of Systematic Palaeontology, vol. 10, no 2, , p. 601–624 (DOI 10.1080/14772019.2011.631042)
Références taxonomiques
- (en) Référence Paleobiology Database : Dimetrodon Cope, 1878
- (en) Référence Paleobiology Database : Bathygnathus Leidy, 1853
- (en) Référence Paleobiology Database : Bathygnathus borealis Leidy, 1853
- Portail de la paléontologie
- Portail de l’herpétologie