Bayano
Bayano (également connu sous le nom de Ballano, Vallano ou Bayamo) était un esclave Africain des Espagnols qui a dirigé la plus grande des rébellions du XVIe siècle au Panama.
Biographie
On sait peu de choses sur la vie de Bayano dans son Afrique de l'Ouest natale[1].
On sait qu'il était de confession musulmane, son origine exacte est inconnue. Il est supposé qu'il soit, soit d'origine Mandingue dans la Sierra Leone actuelle soit d'origine Yoruba, au Nigeria, un groupe auquel appartenaient la majorité des esclaves arrivés en Amérique, car le mot « bayanni » en langue yoruba signifie « idole » où « objet vénéré pour les fidèles du dieu tonnerre »[2],[3].
En 1552, il fut fait prisonnier et enlevé en Amérique avec environ 400 autres esclaves sur un bateau négrier qui s'est échoué pour permettre aux prisonniers révoltés de s'échapper dans la province de Darien, au Panama, le long de sa frontière actuelle avec la Colombie.
Les esclaves rebelles, connus sous le nom de cimarrons, ont créé des régions autonomes appelées palenques, dont beaucoup ont réussi à repousser le contrôle espagnol pendant des siècles en utilisant la guérilla et des alliances avec des pirates ou des nations autochtones qui se trouvaient dans des circonstances similaires[4].
Les forces de Bayano totalisaient entre 400 et 1 200 cimarrons, selon les différentes sources, et installèrent une palenque connue sous le nom de « Ronconcholon » près de l'actuel rio Bayano dans un véritable « oppidum » fortifié de palissades et habité principalement par des jeunes hommes et situé à environ 120 km de Nombre de Dios dans les environs de Chepo[5],[2]. Une seconde palenque servait de retraite aux femmes, enfants et personnes âgées. La communauté était hétérogène et comprenait une douzaine de groupes ethniques africains ainsi que des esclaves indiens en fuite originaires du Pérou et du Nicaragua.
En 1553, il était devenu un adversaire redouté des Espagnols, qui l'appelaient « el rey negro Bayano » (« le roi noir Bayano »). Pendant plus de cinq ans, avec ses partisans, ils ont mené une guérilla, tout en bâtissant leur communauté[2]. La source principale et la plus importante, écrite en 1581 par Pedro de Aguado, consacre un espace à leur vie religieuse et décrit les activités d'un « évêque » qui a guidé la communauté dans la prière, les a baptisés et prononcé des sermons, d'une manière telle qu'Aguado croyait être essentiellement chrétien.
Plusieurs fois, lui et ses partisans ont attaqué les colonies espagnoles et en particulier les caravanes d'or et d'argent qui ont voyagé sur le Camino Real du Pacifique à la côte des Caraïbes.
Trois expéditions au nom du gouverneur du Panama, Álvaro de Sosa (1553-1556), pour mettre fin à la révolte des esclaves de Bayano, qui contrôle la région du rio Bayano, échouent militairement[4].
La première, dirigée par le capitaine Gil Sánchez Morcillo, parvint à la zone occupée par les cimarrons et se retrouve face à Bayano, qui emporta la bataille et tue le commandant de la troupe. Seuls quatre soldats parvinrent à échapper à la mort.
Consterné, le gouverneur et le Cabildo envoient alors le capitaine vétéran Francisco Carreño (es) pour une seconde expédition. Celui-ci réussit à capturer Bayano et à l’emmener à Nombre de Dios[4]. Le gouverneur, Alvaro de Sosa, optant pour la solution de la conciliation, rendit la liberté à Bayano, mais les cimarrons continuèrent leurs incursions.
Pour la troisième expédition, en , le conquistador Pedro de Ursúa est chargé par le vice-roi péruvien Andrés Hurtado de Mendoza, alors au Panama, de soumettre les rebelles. De Nombre de Dios, Ursúa mène alors une marche de 25 jours à travers la forêt tropicale humide avec environ 40 à 70 combattants jusqu'à la palenque fortifiée de Bayano, qui s'étant avérée imprenable, propose une trêve avec Bayano et lui propose de partager le Panama avec les Espagnols.
Lors d'une fête de fraternisation, les Espagnols droguèrent Bayano et plusieurs dizaines de ses capitaines avec du vin préparé, les ont fait prisonniers et les ont ramenés en esclavage à Nombre de Dios. Bayano envoyé à Lima comme trophée pour le vice-roi péruvien Andrés Hurtado de Mendoza. En tant qu'homme libre, il est ensuite envoyé en exil en Espagne, où il a vécu en résidence surveillée dans une relative prospérité et serait mort de causes naturelles[6].
La révolte de Bayano a coïncidé avec celle du roi Miguel de Buría (en) (1551/52-1553/55) puis de celle de Luis de Mozambique (1579-1582)[7] et des dizaines d'autres au cours du siècle suivant.
Mémoire
Le Curimagua bayano, le río Bayano, le barrage de Bayano et le lac Bayano commémorent son nom.
Notes et références
- (en)/(es)/(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Bayano » (voir la liste des auteurs), en espagnol « Bayano (rebelde) » (voir la liste des auteurs) et en allemand « Bayano » (voir la liste des auteurs).
- Emmanuel Kwaku Akyeampong et Henry Louis Gates : Dictionary of African Biography, Volumes 1 à 6
- Jean-Pierre Tardieu : Le substrat africain dans la résistance des rois marronsBayano (Panama, 1554) et Yanga (Mexique, 1609)
- Jean-Pierre Tardieu : Cimarrones de Panamá: La forja de una identidad afroamericana en el siglo XVI
- Panamá et rebelles noirs : retour sur l’histoire des cimarrons du 16e siècle
- Jean-Pierre Tardieu : Cimarrôn-Maroon-Marron, note épistémologique
- Pedro de Aguado : Historia de Venezuela
- Don Luis de Mozambique, el que elegido fue de su rebelión por rey primero: Santiago del Príncipe, primer pueblo de negros libres de América
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