Boniface VIII
Boniface VIII, né vers 1235 et mort le , de son nom Benedetto Caetani, est à partir du pape de l’Église catholique romaine.
Pour les articles homonymes, voir Boniface.
Boniface VIII | ||||||||
Arnolfo di Cambio, Monument funéraire de Boniface VIII (vers 1298, détail), Florence, Museo dell'Opera del Duomo | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Nom de naissance | Benedetto Caetani | |||||||
Naissance | Anagni, États pontificaux |
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Décès | Rome, États pontificaux |
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Pape de l'Église catholique | ||||||||
Élection au pontificat | ||||||||
Intronisation | ||||||||
Fin du pontificat | Rome (8 ans, 9 mois et 17 jours) |
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.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org | ||||||||
Il est célèbre pour avoir porté à son sommet l'absolutisme théocratique de la papauté. Sa bulle Unam Sanctam, fulminée le , manifeste de la primauté du pouvoir spirituel sur le temporel, spécifiait que « Les deux glaives sont donc au pouvoir de l’Église, le spirituel et le matériel [temporel], mais l’un doit être manié par l’Église, l’autre pour l’Église ; l’un par la main du prêtre, l’autre par celle des rois et des chevaliers », et concluait que « toute créature humaine, par nécessité de salut, doit être soumise au pontife romain ». Cette intransigeance contribua en partie à la querelle qui l'opposa au roi de France Philippe IV le Bel, au terme de laquelle il fut victime de l'« attentat d'Anagni » (7-).
Biographie
D'abord avocat et notaire du pape Innocent IV à Rome, Benedetto Caetani obtint le chapeau de cardinal en 1281 par Martin IV, et fut élu pape le , après l'abdication du pape Célestin V. Bien que son élection fût régulière, on l'accusa d'avoir poussé son prédécesseur (qu'il fit emprisonner pour éviter le risque de schisme) à se retirer. Une fois au pouvoir, il mit l'interdit sur le royaume du Danemark.
De même que Grégoire VII, ce pontife voulait élever la puissance spirituelle au-dessus de la puissance temporelle, et prétendait disposer des trônes ; il eut de vifs démêlés avec les Colonna, qui soutenaient les droits de la couronne d'Aragon, avec l'empereur d'Allemagne, et surtout avec Philippe le Bel, en France. Il incita les princes allemands à se révolter contre Albert Ier.
Il déclara les Fraticelles hérétiques en 1296.
Il canonisa Louis IX, désormais appelé saint Louis de France, au mois d' par la bulle Gloria, laus, et honor.
En 1298, il fit promulguer le recueil de décrétales appelé Sexte.
En 1299, Boniface VIII nomma Jean de Chevry, seigneur de Chevry et de Torcy, évêque de Carcassonne[1],[2] (il le sera de 1299 à sa mort en 1300).
Il créa le premier jubilé, ou année sainte, en 1300. Le succès fut considérable, l'afflux de pèlerins étant extraordinaire[3]. Il reçut la même année la délégation envoyée par le khan mongol Mahmud Ghazan et conduite par le Florentin Guiscardo de' Bastari. Les fastes furent tels que Dante situa le début de son poème au cours de la semaine sainte et n'hésita pas, dans la Divine Comédie, à placer Boniface VIII dans la troisième bolge du huitième cercle, la fosse des simoniaques[4].
Le conflit avec Philippe le Bel s'envenima au sujet de la perception de certains impôts que Boniface VIII estimait revenir à l'Église. Le roi de France proclama un acte d'accusation contre le pape en . Il délia les sujets de Philippe le Bel de leur serment de fidélité et fulmina contre lui les célèbres bulles Clericis laicos (1296), Ausculta fili (1301) — dont Pierre Flote, juriste du roi, écrivit une version falsifiée — et la fameuse Unam Sanctam (1302) prônant la supériorité des papes sur les rois (du spirituel sur le temporel). Boniface VIII écrivit également une bulle d'excommunication, Super Petri Solio, mais elle ne fut jamais publiée : le roi fit appel au concile et lui envoya certains hommes qui le firent prisonnier à Anagni. Il fut arrêté le dans son palais[5] par Guillaume de Nogaret[6], nouveau conseiller du roi, d'après les ordres de Philippe, qui voulait l'amener en France et le faire juger par un concile. Ce faisant, il se couvrit de sa tiare, prit en main sa crosse et les clefs, en disant : « Je suis pape, je mourrai pape ». Il se vit maltraité par Sciarra Colonna. Tiré des mains des Français le par une révolte de la population d'Anagni, il mourut peu après, à Rome le .
Bulles
- : avec la bulle In excelso throno, il dépose solennellement Giacomo et Pietro Colonna de leur dignité cardinalice.
- : par la bulle Sanctæ Romanæ Ecclesiæ, il promulgue le Sexte, un recueil de droit canonique[7].
- : il adresse une bulle à Raimond de Castres, abbé de l'abbaye Saint-Pons de Thomières, le maintenant dans sa juridiction, contre les prétentions de l'Official de Narbonne[8].
- : il fulmine la bulle Unam Sanctam pour proclamer la suprématie de l'Église sur l'État. Cette bulle, contestée par Philippe IV le Bel, fait naître le conflit entre le pape et le roi de France.
Décrétales
- 1298 : constitution Periculoso, décrétant la claustration perpétuelle des religieuses.
Culture populaire
Son personnage est joué par Jim Carter dans la série Knightfall, produite par la chaine américaine History[9].
Notes et références
- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
- persee.fr.
- basilique-saint-nazaire.over-blog.com.
- (it) Arsenio Frugoni, Il giubileo di Bonifacio VIII, 1950, rééd. Rome, Bari, Laterza, 1999.
- Dante, Divine Comédie (Enfer), XIX, 54.
- Le palais du pape Boniface VIII existe toujours (cf. palazzobonifacioviii.it).
- Pascal Montaubin, « Entre gloire curiale et vie commune : le chapitre cathédral d'Anagni au XIIIe siècle », Mélanges de l'École française de Rome, no 109-2, 1997, pp. 303-442.
- Joseph Nicolas Guyot, Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort, Ferdinand Camille Duchemin de la Chesnaye, Le grand vocabulaire françois, publié par C. Panckoucke, 1774.
- F. B. T. L. G. Prêtre et chanoine de l'église de Saint-Pons de Thomières, Chronologie des abbez du monastère et des evesques de l'église de S. Pons de Thomières, Bézierss 1703, réédition en 1873, p. 29.
- AlloCine, « Secrets de tournage de la série TV Knightfall » (consulté le ).
Annexes
Bibliographie
- Yves Congar, L'Église, De saint Augustin à l'époque moderne, Paris, Cerg, , « Papes et canonistes, théoriciens du pouvoir pontifical comme « plenitudo potestatis » », p. 90-296.
- Paul Graziani, Boniface VIII et le premier conflit entre la France et le Saint-Siège, Paris, Bloud & Cie Ed., , 63 p. (ISBN 978-2-01-278124-5, lire en ligne)
- (it) Giuseppe Marchetti Longhi, Mostra di Bonifacio VIII e del primo Giubileo : (catalogo mostra, Roma, Palazzetto Venezia, ottobre-novembre 1950), Rome, .
- Jean Coste, Boniface VIII en procès. Articles d'accusation et dépositions des témoins, Rome, L'Erma di Bretschneider, 1995.
- (it) Arsenio Frugoni, Il giubileo di Bonifacio VIII, 1950, rééd. Rome, Bari, Laterza, 1999.
- Patrick Gilli, Julien Théry, « L'hommage de Bologne à Boniface VIII : la statue du Palazzo della Biada (1300-1301) », Le gouvernement pontifical et l'Italie des villes au temps de la théocratie (fin XIIe-mi-XIVe siècles), Montpellier, PULM, 2010, chapitre 9, p. 575-798, disponible en ligne.
- Antoine de Lévis-Mirepoix, L’Attentat d’Anagni : Le conflit entre la Papauté et le Roi de France, Paris, Gallimard, 1969.
- Agostino Paravicini Bagliani :
- Boniface VIII : Un pape hérétique ?, Payot, 2003.
- « Boniface VIII, le pape qui voulait être Dieu », L'Histoire, no 279, septembre 2003. Accès réservé aux abonnés.
- (de) Tilmann Schmidt, Der Bonifaz-Prozess. Verfahren der Papstanklage in der Zeit Bonifaz'VIII. und Clemens'V., Cologne-Vienne, Böhlau Verlag, 1989.
- Julien Théry, « Le triomphe de la théocratie pontificale, du IIIe concile du Latran au pontificat de Boniface VIII (1179-1303) », dans Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin (1179-1449), dir. Marie-Madeleine de Cevins et Jean-Michel Matz, Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 17-31 En libre accès et téléchargeable sur le site academia.edu.
- Julien Théry, « Le pionnier de la théocratie royale. Guillaume de Nogaret et les conflits de Philippe le Bel avec la papauté », dans Guillaume de Nogaret. Un Languedocien au service de la monarchie capétienne, éd. B. Moreau, Nîmes, Lucie éditions, 2012, p. 101-128, disponible en ligne.
Articles connexes
- Attentat d'Anagni
- Boniface VIII, film muet italien sorti en 1911.
Liens externes
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