Bocchus Ier
Bocchus Ier (en berbère : ⵡⴽⴽⵓⵙ ⴰⵎⵣⵡⴰⵔⵓ Wekkus Amezwaru) ou simplement Bocchus est un roi de Maurétanie qui règnera de l'Océan Atlantique à l'ouest jusqu'à Ampsaga à l'est.
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Bocchus Ier ⵡⴽⴽⵓⵙ ⴰⵎⵣⵡⴰⵔⵓ | |
Relief en marbre africain d'un site italien représentant Bocchus, roi de Maurétanie, 91 av. J.-C. | |
Titre | |
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Roi de Maurétanie | |
– | |
Prédécesseur | Baga |
Successeur | Mastanesosus |
Biographie | |
Lieu de naissance | Maurétanie (actuel Maroc) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Maurétanie (actuel Maroc) |
Père | Baga (roi) |
Enfants | Mastanesosus Bogud Volux |
Bocchus se décrivait comme étant "le plus grand roi de cette Terre et de tous les rois que je connaisse"[1].
Etymologie du nom
D'après A. Pellegrin, il s'agirait d'une transcription latine du libyque wekkus qu'il rapproche du touareg Aweqqas signifiant "lion" et qui est encore utilisé par les touareg comme nom propre[2].
Biographie
Selon Salluste, au moment de la guerre de Jugurtha, tous les Maures obéissaient au roi Bocchus qui « ne connaissait que de nom le peuple romain et que nous ignorions nous mêmes comme ennemi ou comme ami » (Bellum Iugurthinum, XIX, trad. F. Richard)[3].
À cette époque (108-105 av. J.-C), Bocchus qui régnait déjà au temps de Micipsa (148-118) était d’un âge mûr (B.I., CX, 8), plusieurs de ses enfants étaient adultes : une de ses filles, ayant épousé Jugurtha ; Volux, à qui il attribue le commandement des opérations militaires ; Sosus, qui lui succéda, et un autre fils qui se nommait Bogud[3].
Bocchus était vraisemblablement de la même famille que Baga, roi de Maurétanie, qui avait aidé Massinissa en 203 av. J.-C. Bocchus serait son fils ou son petit fils[3].
Malgré le mariage de Jugurtha avec la fille de Bocchus, la concorde ne régnait pas entre les deux souverains. Mais comme dit Salluste, le mariage n'est pas chez les Numides et les Maures une chaîne bien lourde, le même individu peut, suivant ses ressources, prendre plusieurs femmes, dix et même davantage, et les rois encore plus[4].
Il semblerait que la politique de Bocchus avait pour but de s'emparer de la Numidie Occidentale[3].
En 106 av. J.-C, il prend les armes avec Jugurtha, son gendre et roi de Numidie, contre les Romains. Jugurtha fait promettre à Bocchus le tiers de la Numidie, si les Romains sont chassés d'Afrique ; ou si la guerre se termine par un traité qui laisse intactes ses frontières[4].
Les Romains, sous le célèbre général Marius, remportent quelques victoires, mais ils subissent des grandes pertes humaines. Cette défaite militaire romaine dans la guerre de Jugurtha, pousse les Romains à arrêter la guerre et à se rapprocher de Bocchus. Bocchus devait songer à lui et à son trône, et ne pas associer sa prospérité actuelle à la situation de Jugurtha[4]. Le roi Maure désirait la paix, mais les misères de Jugurtha l'avaient ému ; si à celui-ci étaient accordées les mêmes facilités qu'à lui-même, tout s'arrangerait[4]. A ces demandes le général répondit par de nouvelles propositions portées par des délégués ; Bocchus, accepta les unes, écarta les autres[4].
Privilégiant l'alliance qui protégera son royaume des romains, Bocchus hésite mais choisi de renverser son alliance avec Jughurta[5] et se montre disposé à traiter avec les romains. Il négocie avec Sylla le questeur de Marius. Celui-ci arrive à le convaincre de livrer lui-même son allié Jugurtha pour acheter la paix[6]. Bocchus va donc le faire tomber dans un guet-apens où il sera capturé (106 av. J.-C.)[3]. Bocchus adresse ces paroles à Sylla :
"J'estime qu'un roi perd moins à être vaincu à la guerre qu'en générosité. Quant à la question politique, que l'on t'a envoyé traiter ici, voici ma réponse, très brève. Je n'ai ni fait, ni jamais voulu faire la guerre à Rome, j'ai simplement défendu par les armes mes frontières contre des gens qui les attaquaient les armes à la main." En contrepartie, il reçoit en récompense le pays des Massésyliens (Massaessyles). La Maurétanie de Bocchus, qui couvrait le Maroc actuel, annexe une grande partie de l'actuelle Algérie, jusqu'à Ampsaga[1]. Cette alliance stratégique lui permet d'atteindre son but, en privilégiant les intérêts de son royaume. Il reçoit aussi le titre d'ami de Rome, devenant allié du peuple Romain[3].
Il conserve l'indépendance du Royaume de Maurétanie vis à vis des Romains[1] et obtient la partie occidentale de la Numidie en récompense de son aide durant la guerre de Jugurtha[7], il règnera donc sur un territoire allant de l'Océan Atlantique à l'ouest jusqu'à Ampsaga à l'est.
Bocchus fut en définitive le seul bénéficiaire de la longue lutte qui avait successivement opposé Jugurtha à Postumius, Aulus, Metellus et Marius.
Il devient ami et allié du Peuple romain, il lui fut reconnu la domination sur « un tiers de la Numidie » (B.I., XCVII, 2)[3].
Bocchus conserva d’excellentes relations avec Sylla qu’il fournissait en panthères et lions pour les venationes de Rome[3].
Mort vers l'an 50 av. J-C, il laisse un grand royaume à son fils supposé, Sosus ou Mastanesosus, lui succède à la tête de la Maurétanie. Le nom de Mastanesosus n'est connu que par un passage de Cicéron (Contre Vatinius 12) qui en fait un roi de Maurétanie occidentale en 62 av. J.-C. par opposition à Hiempsal II, roi de Numidie. S'il est identique à Sosus, ce qui est fort probable, il s'agirait alors du successeur de Bocchus Ier et du père de Bocchus II et de Bogud. Sosus a laissé des témoignages à Volubulis et des monnaies de Tanger portent la légende latine : Rex Bocchus Sosi f(ilius) (roi Bocchus, fils de Sosus)[8].
Notes et références
- Michèle Coltelloni-Trannoy, Le royaume de Maurétanie sous Juba II et Ptolémée (25 av. J.-C. - 40 ap. J.-C.), vol. 2, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, (lire en ligne)
- A. Pellegrin, « Le nom de Bocchus, roi de Maurétanie », (consulté le )
- G. Camps, « Bocchus », Encyclopédie berbère, no 10, , p. 1544–1546 (ISSN 1015-7344, lire en ligne, consulté le )
- « SALLUSTE : traduction française de JUGURTHA », sur remacle.org (consulté le )
- (en) Duane W. Roller, The World of Juba II and Kleopatra Selene: Royal Scholarship on Rome's African Frontier, Routledge, (ISBN 978-1-134-40296-0, lire en ligne)
- Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Belin-Mandar, (lire en ligne)
- Jean-Marie Lassère, Africa Quasi Roma, Paris, CNRS EDITIONS (ISBN 978-2-271-07673-1), p. 59
- M. Euzennat, Le Roi Sosus et la dynastie maurétanienne, Mélanges, J. Carcopino, Paris, 1966, p. 333-339.
Articles connexes
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