Brasserie Boswell
La brasserie Boswell (Boswell's Brewery) est une ancienne brasserie de la ville de Québec au Canada, exploitée de 1844 jusqu'à sa fermeture en 1973. En 1870, elle est la brasserie la plus considérable de Québec, exportant à travers le monde[3].
Boswell | |
Brasserie Boswell, Québec, vers 1900. La maison Fraser, qui fait le coin de la rue, a abrité les bureaux de la compagnie[2]. | |
Localisation | |
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Pays | Canada |
Ville | Québec |
Coordonnées | 46° 48′ 57″ nord, 71° 12′ 51″ ouest |
Caractéristiques | |
Fondée en | 1844 |
Maîtres brasseurs | Joseph Knight Boswell (1812–1890) |
Principales bières | XXX AleIndia Pale AleBurton |
Production annuelle | 2.951 millions de litres en 1875 |
Histoire
Fondateur
Son fondateur est Joseph Knight Boswell (d)[4], un Irlandais né à Dublin en 1812[5]. Il fait ses classes dans le domaine brassicole à Édimbourg en Écosse au début des années 1820. Dans les années 1830, il est employé de la Cape Diamond Brewery, propriété de John Racey à Québec[6],[7].
Fondation et expansion
En 1844, il acquiert la brasserie Racey, autre brasserie appartenant à son patron John Racey, située sur la rue Saint-Paul à Québec[6]. La brasserie s'agrandit en 1853, quand Boswell s'établit sur la rue Saint-Vallier à Québec[8],[9], au pied de la côte de la Potasse, près de la rue Saint-Nicolas.
En 1858, la brasserie reçoit des critiques élogieuse d'un guide de voyage écrit par Willis Russell. Plusieurs types de bières y sont mentionnés dont la XXX Ale, une India Pale Ale et une bière ambrée effervescente nommé « Burton[10] ».
En 1868, la brasserie loue les voûtes du second palais de l'intendant à la Ville de Québec pour entreposer la bière produite. Le bâtiment retrouve ainsi sa fonction première, car c'est l'emplacement de la brasserie de l'intendant Jean Talon de 1669 à 1675[3],[11]. Grâce à un bail emphytéotique (99 ans) signé avec la ville, les bâtiments en place sur le terrain sont rénovés[9].
En 1870, avec ses 75 employés et sa production de 650 000 gallons (près de 3 000 000 litres) annuelle, elle est considérée comme la plus grande brasserie du Québec, malgré le fait qu'elle subit plusieurs incendies pendant le règne de son fondateur (1843-1887)[6],[7],[8],[9],[3]. L'entreprise exporte mondialement. Une grande quantité de sa production prend la direction de l'Inde, des États-Unis et des provinces maritimes[9]. En 1875, une nouvelle expansion est effectuée avec la construction d'un bâtiment moderne de deux étages en brique, adjacent aux vestiges du palais de l'intendant[3].
Une entreprise familiale
Devenu septuagénaire, Joseph Knight s'associe avec son fils aîné en 1883. La brasserie prend alors le nom de J.K. Boswell & Son. C'est quatre ans plus tard qu'il cède ses derniers intérêts et parts de l'entreprise à ses fils aînés James et Vesey. La brasserie change de nouveau de nom pour Boswell & Brother[9]. John Knight meurt trois ans plus tard en 1890[7]. Son fils James le suit dans la tombe en 1893. Vesey assure seul l'administration de l'entreprise[9].
En 1906, l'entreprise devient une société à responsabilité limitée; Vesey y occupe les postes de président et directeur général, et plusieurs membres de la famille Boswell y occupent d'autres postes[9].
En 1909, The National Breweries Limited intègre la brasserie. Vesey Boswell devient vice-président, poste qu'il occupe jusqu'à sa retraite en 1922. C'est son frère Charles Edward Allen, sixième fils de Joseph Knight, qui reprend sa vice-présidence en plus de devenir directeur de la National Breweries jusqu'à sa mort en 1942[7],[9],[11]. Avec sa disparition, c'est près d'un siècle de gouvernance Boswell qui prend fin.
Fusions et acquisitions
En 1909, la brasserie Boswell est vendue à The National Breweries Limited.
En 1925, c'est au tour de la Brasserie Dow d'acheter The National Breweries Limited[5].
En 1952, nouvelle acquisition : la Canadian Breweries Limited acquiert The National Breweries et fusionne les brasseries Dow, Dawes, Frontenac et Boswell. La marque Boswell disparaît au profit de la marque Dow[9],[11].
Au printemps 1974, des Brasseries Dow et O'Keefe Company Limited fusionnent. Enfin en 1989, O'Keefe fusionne avec sa concurrente au Québec : la brasserie Molson.
La bière meurtrière
Au début des années soixante, la brasserie reste la seule encore en activité dans la ville de Québec. Elle approvisionne tout l'est de la province. Les ventes progressent pour atteindre 75 % du marché à Québec.
En 1965-1966, l'ajout de sulfate de cobalt à la bière produite à Québec pour maintenir un beau col de mousse envoie à l'hôpital 48 personnes souffrant d'une cardiomyopathie inhabituelle. 20 personnes décèdent, dont 14 dans les 24 heures suivant leur hospitalisation. Tous les malades sont de gros buveurs de bière Dow[12]. La réputation de la brasserie est ternie.
Pour rassurer la population, la bière produite à Québec est retirée des tablettes et détruite. La production locale cesse pendant trois mois, l'approvisionnement est assuré par la brasserie de Montréal. Quand la production reprend, les consommateurs ne sont pas au rendez-vous, tant et si bien que les brasseries de Québec et Montréal tournent à 50 % de leur capacité[9].
Le 18 octobre 1968, les activités de brassage et de mise en bouteille se terminent dans les locaux de Québec[5]. Le centre de distribution de la région de Québec s'arrête en 1973. Toute activité ayant un lien avec la bière se termine sur le site du palais de l'intendant[11].
Patrimoine
Les voûtes du palais de l'intendant, utilisées comme entrepôt par la brasserie, sont maintenant un musée[13].
Une plaque « Ici vécut » indique la maison ou vécut Joseph Knight Boswell à Québec, au 37 rue de la Porte (46° 48′ 36″ N, 71° 12′ 20″ O) avec l'inscription : « Ici vécut Joseph Knight Boswell (1812-1890), fondateur de la brasserie Boswell construite sur le site du premier palais de l’Intendant à la basse-ville[6]. »
Le nom de brasserie Boswell a été repris en 2015 par une nouvelle brasserie artisanale de Montréal[14],[15].
Notes et références
- C. Lapointe, A. Bain et R. Auger, Le site archéologique du palais de l'intendant à Québec, éd. du Septentrion, Québec, 2019, p. 172.
- C. Lapointe, A. Bain et R. Auger, Le site archéologique du palais de l'intendant à Québec, éd. du Septentrion, Québec, 2019, p. 172.
- « Boswell, Joseph Knight », sur www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca (consulté le )
- wikitree.com
- « Voyage dans le temps brasserie Boswell », sur http://www.quebecurbain.qc.ca, (consulté le )
- « Boswell, Joseph Knight », sur www.ville.quebec.qc.ca/ (consulté le )
- « Trois brasseurs irlandais qui ont marqué notre histoire », sur /ici.radio-canada.ca (consulté le )
- « Jeton Boswell - Brasserie Boswell », sur www.rcna.ca (consulté le )
- « Brasserie Boswell-Dow », sur www.laboarcheologie.ulaval.ca (consulté le )
- (en) « Quebec City’s Boswell Brewery », sur www.beeretseq.com (consulté le )
- « Ancien édifice de la Brasserie-Boswell », sur www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca (consulté le )
- « La cardiomyopathie des buveurs de bière québécois », sur www.lescoeurstigres.ca (consulté le )
- « L'îlot du palais » (consulté le )
- Boswell Brasserie Artisanale - Montréal (2015-...)
- « Boswell, Nouvelle brasserie très swell », sur www.nightlife.ca (consulté le )
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