Céline Minard
Céline Minard, née en à Rouen, est une écrivaine française. Elle vit à Paris.
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Biographie
Après avoir étudié la philosophie, Céline Minard s'attache au travail d’écriture, collaborant parfois avec des plasticiens, comme Scomparo. Son œuvre marquerait « le retour de la fiction pure et dure dans le paysage littéraire français[1]. »
En 2007 et 2008, elle est pensionnaire de la villa Médicis à Rome. En 2011, elle est pensionnaire de la villa Kujoyama, à Kyoto au Japon.
En 2011, elle reçoit le prestigieux prix franco-allemand Franz-Hessel pour So long Luise. Avec Faillir être flingué, elle est récompensée par plusieurs prix.
Distinctions
Œuvres
- R., Comp'Act, 2004[2]
- La Manadologie, MF, 2005
- Le Dernier Monde, Denoël, 514 pages, 2007 (ISBN 978-2-20725921-4) ; rééd. « Folio », 2009[3],[4],[5]
- Bastard battle, Léo Scheer, coll. « Laureli », 2008 ; rééd. Tristram Souple, 2013 Mention spéciale du prix Wepler 2008.
- Olimpia, Denoël, 2010
- So long, Luise, Denoël, 2011 Prix Franz-Hessel 2011[6],[7].
- Les Ales, en collaboration avec Scomparo, Cambourakis, 2011
- Faillir être flingué, Rivages, 2013[8] Prix Virilo 2013 ; Prix du style 2013 ; prix du Livre Inter 2014[9] ; sélection prix Mauvais genres 2013[10].
- KA TA, emballé par scomparo, Rivages, 2014
- Le Grand Jeu, Rivages, 2016[11],[12],[13],[14]
- Bacchantes, Rivages, 2019
- Plasmas, Rivages, 2021, 158 pages (ISBN 978-2-7436-5367-5)
Sur quelques ouvrages
Le Dernier Monde
Matthew Phipps Shiel (1865-1947), écrivain britannique, roi du Royaume de Redonda, a écrit, entre autres romans de science-fiction (et d'horreur), Le Nuage pourpre (en) (1901). Céline Minard décide de reprendre le thème pour une fiction plus convaincante, et actualisé.
La coopération scientifique russo-américaine a permis l'envoi d'une station spatiale orbitale, Funsky, composé de deux modules, le Palladio et le Sprek, avec panneaux solaires, 18 tonnes de propergol comme carburant, et un ravitaillement juste achevé, de quoi tenir plusieurs mois. Le commandant Al Ashby et l'astronaute Sokstas vont bientôt redescendre après presque dix mois dans l'espace, et être remplacés. Les expériences (biologie des pleurodeles, nouveaux matériaux, etc) continuent, assurés par les deux autres scientifiques, pour Méryl et Jaume Roiq Stevens. Après divers incidents, un accident se produit, un petit incendie d'une cartouche à base de perchlorate de lithium, dont la formule est secret militaire. Sur Terre, on décide d'interrompre la mission, et d'évacuer le personnel. Jaume (35 ans) refuse, devient le seul occupant de la station spatiale, pour plusieurs mois, ennemi n°1, accusé de haute trahison. De là-haut, il observe un énorme nuage sur New York, explosion d'une centrale nucléaire, mort de masse un peu partout, jusqu'à la fin des flux d'information en provenance de la Terre.
Il atterrit près de Cap Canaveral, se réhabitue seul à la vie terrestre au Bloc d'Accueil et de Réadaptation, avec pour seule compagnie crapauds, tortues de mer, lézards, crabes, mouettes, pélicans, dans un silence écrasant. Rétabli, après 250 km de plages mortes, avec une voiture empruntée, il rejoint Tampa, abandonnée des hommes (voitures, vêtements, bâtiments) pas par les animaux (rats, chiens, mites...), très loin de Sun City. La plupart des installations fonctionnent encore, de quoi se fournir : nourriture congelée ou en boîte, alcools, vêtements, armes... Toutes clés et cartes d'accès sont accessibles. Par les réseaux de vidéosurveillance, on voit rats, lynx, couguars, alligators, mais aussi avions écrasés, et le dernier quart d'heure de l'humanité, où après une courte panique chacun s'est évaporé. Un premier envol en hélicoptère est vite terminé à cause des oies : les animaux ont en un an (déjà) oublié les (bruits) humains. Il se met à inventer d'autres humains avec qui dialoguer, dont Lawson, Waterfull, Alcibyaï, miss Echampson. Fuyant l'Amérique et ses ouragans, aux commandes d'un Boeing 777, il atteint Oulan Bator investi par ours, aigles, chameaux, chiens, cerfs, porcs, yacks, chèvres. Interrogeant la centrale des satellites espions de la grande base militaire russe, il est informé qu'il est le dernier homo sapiens sapiens.
Il se rend à Iakoutsk, pour en ramener, à force de promesses et de harcèlement en hélicoptère, une troupe de porcs pour une guerre définitive contre les chiens et les rats d'Oulan Bator. Il les entraîne ensuite, en train (5 000) et à pied (70 000), vers Pékin. La troupe trouve son paradis à Dzamin Uüd, à la frontière. Le train continue avec Jaume (Beau-Singe) et Rotko (Porcelet-belles-manches), un cochon ambitieux d'une variété différente, prétendument héritier d'une dynastie Zhu jusqu'à Pékin (p. 249), peuplé de rats, pigeons, singes, et quelques dizaines de pandas. À force de fouir les poubelles sous la Cité Interdite, Rotko découvre le disque de jade pur de sa dynastie, et annonce l'arrivée de marées d'animaux (moutons, buffles, grues, éléphants, gibbons, etc.) venant assister au sacre de l’Empereur aux sublimes yeux.
Le bref passage à Pékin sert de matrice à toutes les aventures, tous les délires, tous les avatars, histoire chinoise, poésie médiévale française, archives de la mémoire collective, sexe, cocaïne, guerre(s) des mondes. Jaume part libérer du Barrage des Trois-Gorges le Yang Tsé Kiang et le royaume de l'Abondance (et des singes) de Fengdu. La libération de la Narmada commence à Amarkantak, avec les divinités hindoues et les langurs, passe par la destruction de barrages, barrage Bargi, barrage d'Indirasagar, barrage de Sardar Sarovar, barrage de Maheshwar, barrage d'Omkareshwar. Puis, il s'occupe de Mumbai, du barrage d'Itaipu, puis de créer sa République humaine à lui tout seul dans un fortin isolé, vite sans sécurité, malgré toutes les armes, la faute revenant aux grands prédateurs, tel ours ou tel jaguar. Puis, il se libère de ses murs, participe au mieux à la vie animale sauvage...
Je suis la rêverie (p. 514)[15].
Le Grand Jeu
Un pilote d'hélicoptère et cinq techniciens laissent seule une jeune femme en assez haute montagne, où elle vient de faire installer un tube de vie, à demi appuyé, à demi suspendu à un éperon granitique, une sorte de fuselage d'avion arrimé à son rail d'acier. Ce tonneau, doté de la meilleure technologie (2010), doit lui permettre de vivre de manière autonome, avec un module sanitaire, et un appentis (pour le jardinage et l'escalade), de manière définitive. L’ovni est au centre d'une propriété de deux cents hectares de roches, de bois et de prés au cœur d'un massif montagneux de vingt-trois kilomètres carrés.
La narratrice, très bonne alpiniste, souhaite affronter isolement, vide, grands froids, grandes chaleurs, silence, cris animaux. Elle explore son nouveau domaine, établit des cairns et des parcours, remplit des carnets, joue du violoncelle, pêche des truites dans un des lacs, désempierre un terrain cultivable, plante un jardin potager (avec abris et protections nocturnes), plante des bambous. Elle observe et est observée par divers animaux (geai, loutre, rapace, caprins...). Elle prend des risques.
Un jour, elle entend des bruits métalliques. Elle prend son fusil...
Plasmas
Le texte se compose de dix courts récits indépendants : En l'air, Boules à neige, Tar Pits, Casino Baldo, Grands chiens, Grands singes, Les ricochets, Uiush, Grands fonds, La Kuīn. « C’est au moment où la Terre est morte, brûlée ou tout simplement évacuée, qu’apparaissent ces fragments de l’histoire humaine, »[16]
Notes et références
- Selon Cyril de Graeve, voir son article « Minard à la pointe de la fiction », dans Chronicart.
- Eric Dussert, « R. - Céline Minard », sur Le Matricule des Anges n° 053, mai 2004 (consulté le ).
- Nathalie Crom - Telerama n° 2978, « Céline Minard. Le Dernier Monde », sur telerama.fr, (consulté le ).
- « Céline Minard », sur vice.com (consulté le ).
- http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=55746
- Voir sur lexpress.fr.
- Voir sur magazine-litteraire.com.
- Laurence Biava, « Faillir être flingué, Céline Minard », sur lacauselitteraire.fr, (consulté le )
- « Céline Minard lauréate du prix du Livre Inter », Le Monde/AFP le 2 juin 2014.
- Lauréats 2013, site de France Culture.
- « Le grand jeu, Céline Minard », sur lacauselitteraire.fr (consulté le ).
- Eric Libiot et Baptiste Liger, « Le Grand Jeu, de Céline Minard: le pour et le contre de la rédaction », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- « Céline Minard sort le grand jeu », sur DIACRITIK, (consulté le ).
- franceinfo, « Céline Minard présente son dernier livre, "Le Grand Jeu" », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- Voir l’étude qu’Andrée Mercier a consacrée à ce roman : Andrée Mercier, « Oublier l’espèce humaine. Le périple de la mémoire dans Le dernier monde de Céline Minard », Études françaises, volume 57, numéro 2, 2021, p. 119-137 (lire en ligne).
- https://www.lmda.net/2021-09-mat22623-plasmas?debut_articles=%4011822
Liens externes
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