Lockheed C-5 Galaxy

Le Lockheed C-5 Galaxy est un avion de transport militaire lourd de l'USAF conçu par le constructeur aéronautique américain Lockheed.

Pour les articles homonymes, voir C-5 et Galaxy.

Lockheed C-5 Galaxy

Un C-5 Galaxy en vol.

Constructeur Lockheed
Rôle Avion de transport militaire
Statut En service
Premier vol
Mise en service
Nombre construits 131 exemplaires
Équipage
9 membres
Motorisation
Moteur General Electric TF39-GE-1C, General Electric CF6-80C2 (après modernisation des C-5B et C)
Nombre 4
Type Turboréacteur à double flux
Poussée unitaire 191 kN, CF-6 : 230 kN
Dimensions
Envergure 67,88 m
Longueur 75,54 m
Hauteur 19,85 m
Surface alaire 576 m2
Masses
À vide 153 000 kg
Maximale 450 000 kg
Performances
Vitesse maximale 855 km/h (Mach 0,79)
Vitesse de décrochage 217 km/h
Plafond 10 900 m
Vitesse ascensionnelle 549 m/min
Rayon d'action 13 742 km

Développement

Appel d'offre de l'USAF

Un C-5A Galaxy en camouflage "Europe 1" en vol au début des années 1980.

Pour remplacer les anciens Douglas C-133 Cargomaster, le commandant du Military Air Transport Service (en) (MATS) demande le un nouvel avion de transport stratégique

L'US Air Force lança en le programme CX-HLS (pour Cargo Experimental-Heavy Logistics System) qui est approuvé par le Secrétaire à la Défense des États-Unis Robert McNamara le . Le cahier des charges du futur appareil était en partie basé sur les caractéristiques du Lockheed C-141 Starlifter : ailes hautes, dérive en T, quadrimoteurs mais avec la capacité d'atterrir sur des pistes similaires (2 438 m au décollage et 1 219 m à l'atterrissage). La charge maximale était portée à 100 tonnes maximum et 51 tonnes en moyenne pour une autonomie respective de 6 000 et 10 000 km.

L'objectif est alors d'avoir en 1970 cinquante de ces avions cargos géants qui avec une flotte de 250 C-141 permettrait de multiplier la capacité d'emport du MATS par six. Par exemple, en , MATS avait déplacé 15 500 soldats et leur équipement du Texas en Allemagne de l’Ouest en utilisant 234 C-118 et C-124 en 63 heures. En comparaison, 42 C-5A pourraient faire le même travail en seulement 13 heures.

Réponse des constructeurs

Deux constructeurs répondirent à l'offre : d'un côté Boeing présenta son projet qui allait devenir le Boeing 747 et de l'autre Lockheed qui proposa le son projet. Le , Robert McNamara annonce dans une conférence de presse que le projet de Lockheed qui devint le C-5A est choisi et une première commande de 58 unités est passée.

Le surnom de l'appareil est choisi lors d'un concours interne de Lockheed, Galaxy, a été trouvé par un employé, L. L. Kitchens. Il est adopté le .

Le premier vol du C-5A, (numéro d'immatriculation 67-017) eut lieu le depuis l'usine Lockheed Martin de Marietta, le C-5A Galaxy était alors le plus gros avion du monde. L'USAF réceptionne son premier exemplaire (n° d'immatriculation 68-0212) le et le Military Airlift Command (en) (MAC, nouvelle désignation du MATS depuis le ) reçoit son premier C-5A opérationnel (n° d'immatriculation 68-0212) le ) sur l'Aéroport international de Charleston. 76 sont en service en et représente la moitié de la capacité totale de transport du MAC[1].

Conception des moteurs

Le cahier des charges de l'US Air Force, dans sa version finale au printemps 1964, exige que l'appareil se contente de quatre réacteurs. Etant donné sa taille, cela signifie qu'il faut développer un moteur d'un poussée de l'ordre de 200 kN, ce qui est gigantesque pour l'époque.[2]. Pour comparaison, les moteurs du C-141 développent 90 kN chacun. Initialement trois motoristes sont candidats au développement d'un moteur pour CX-HLS : Pratt & Whitney, General Electrics et Curtiss-Wright, ce troisième est vite écarté.

En service

Puis, même si l'appareil coûtait cher à l'armée[3], celle-ci demanda une version modernisée à Lockheed, principalement au niveau de l'avionique mais aussi au niveau des ailes. Le C-5B fut construit à 50 exemplaires et livré entre et .

Le , le commandant de l’AMC signe l’ordre de remotorisation des 50 C-5B, et ultérieurement de 76 C-5A, et le , Lockheed Martin reçoit un contrat de 1,1 milliard de dollars pour l'amélioration de la fiabilité et la remotorisation de C-5 pour qu'il puisse rester en service jusqu'en 2040. Quatre premiers appareils reçoivent des réacteurs CF6. Le , le premier appareil avec une nouvelle avionique prend son envol. Le coût de mise à jour de l'ensemble de la flotte est estimé à 13 milliards de dollars.

En , il reste 125 appareils en service sur les 131 assemblés dans le Air Mobility Command qui a remplacé en 1992 le MAC. Le , la US Air Force a entériné la modernisation de sa flotte de C-5B Galaxy qui sont transformés en C-5M Super Galaxy. 52 exemplaires soit 49 C-5B, deux C-5C et un C-5A sont modifiées en ce standard[4] entre 2010 et 2017.

Au , 31 -A, 29 -B, 2 -C et 10 -M soit 72 appareils sont en service [5]. Depuis 2018, les C-5M sont les seuls en service, 52 d'entre eux étant en service actif.

Caractéristiques

Train d'atterrissage

Le C-5, comme l'An-124 soviétique, possède un nombre très élevé de trains d'atterrissage : pas moins de 13, soit 28 pneus (en effet, les trains d'atterrissage centraux possèdent deux pneus mais le train avant en possède 4). Il lui faut une longueur de 2 000 à 2 500 m pour décoller alors qu'il atterrit sur une longueur de 700 m. Il peut emporter 363 passagers (73 sur le pont arrière supérieur, 290 dans le compartiment principal).

Capacité d'emport (C-5A)

La soute du C-5 Galaxy a un volume de 1 200 m3
Plein de carburant à la base aérienne de Manas (Kirghizistan) d'un C-5 Galaxy en provenance de la base aérienne de Ramstein (Allemagne).
Sous-marin de sauvetage de la classe Mystic en train d'être chargé sur un C-5 Galaxy
Sikorsky CH-53E Super Stallion en train d'être chargé sur un C-5A
Un de deux helicoptères Chinook en train d'être déchargé d'un C-5M Super Galaxy

La soute du C-5 représente un volume total de 1 200 m3 ; elle est organisée en deux ponts. Le pont supérieur comprend un espace aménagé pour 15 passagers, incluant un double équipage. Celui-ci comprend le pilote, le copilote, deux mécaniciens de vol et trois responsables des charges. La section arrière du pont supérieur peut aussi être adaptée pour accueillir 73 passagers supplémentaires. Le pont inférieur peut être aménagé pour 270 passagers mais dans des conditions de confort inférieures à celles du pont supérieur.

On accède à la soute par deux rampes d'accès : la première se situe à l'avant, une fois le nez de l'appareil relevé. Elle permet le chargement de charges volumineuses et lourdes. La seconde se trouve à l'arrière et permet le chargement des palettes et des véhicules légers. Elle est aussi utilisée pour le parachutage d'hommes et de matériel. La capacité de charge du C-5A permet de transporter 136 080 kg sur une distance de 5 526 km, soit au choix :

Sa capacité d'aérolargage est donnée à 27 tonnes.

Couts

Une étude du Center for Defense Information sur le coût de l’heure de vol des avions de l'USAF déclare les chiffres suivant pour le C-5[8] :

Coût de l’heure de vol entre 2001 et 2010
Année Coût du C-5A Coût du C-5B
2001 42 646 $ 32 636 $
2002 26 046 $ 24 524 $
2003 28 490 $ 27 173 $
2004 35 375 $ 31 827 $
2005 34 863 $ 37 625 $
2006 41 712 $ 40 356 $
2007 48 099 $ 40 164 $
2008 47 680 $ 47 680 $
2009 45 677 $ 41 236 $
2010 47 819 $ 49 060 $

Ces avions ont un coût de l'heure de vol très nettement supérieur à celui de l'autre transport stratégique de l'USAF, le C-17, dont les chiffres varient de 17 192 à 22 360 $ durant la décennie 2000[8].


Évolutions

C-5A

Le , le premier C-5A est livré à l'USAF. 81 exemplaires furent construits dont le dernier fut livré en . Il s'agit de la première version opérationnelle du C-5. Au milieu des années 1970, des criques décelées dans la structure et plus particulièrement au niveau des ailes amenèrent l'USAF à changer ces dernières entre 1981 et 1986 soit 77 appareils (quatre ayant été retirés consécutivement à des accidents dont deux furent transformés pour la NASA).

C-5B

Version modernisée au niveau de l'avionique (radar, moteur…), 50 appareils assemblés.

C-5C

À la suite de leur accident, deux exemplaires de C-5A (68-0213 & 68-0216) ont été modifiés pour permettre l'emport de satellites et d'équipement spatiaux pour la NASA.

C-5M
Un avion ravitailleur KC-46 ravitaillant un C-5M en 2019.

Version modernisée de C-5A, C-5B et C-5C avec une nouvelle avionique et de nouveaux moteurs General Electric CF6-80C2-L1F (F-138)[9] offrant une augmentation de 22% de la poussée, un roulement au décollage de 30% plus court, un taux de montée de 58% plus rapide, et permet de transporter beaucoup plus de marchandises sur de plus longues distances. Une autre partie du plan de modernisation du C-5 était un programme complet d'amélioration et de réaménagement de la fiabilité. Il est appelé « Super Galaxy ». Le premier C-5M de série a effectué son premier vol le [10] et a été livré à l'US Air Force sur la base aérienne de Dover le [11]. Il entre en service actif en 2014 après de longs essais. Le C-5M est censé rester en service jusqu'en 2040[9].

L'USAF a porté un total de 52 C-5 à ce standard, le dernier durant l’année fiscale 2018. Le reste de la flotte est retiré en .

Version civile

En 1965, les responsables de Lockheed envisagèrent une version civile de l'avion, destiné au marché du fret. Connue sous la désignation de L-500 cet avion devait être propulsé par quatre Pratt & Whitney JT9D-7 mais il ne dépassa jamais le stade de la maquette.

Carrière opérationnelle

Affectation

Les États-Unis est le seul pays à avoir acquis des C-5 pour le compte de l'US Air Force (USAF). Le 52e et dernier C-5M, seule version en service, a été remis à l'USAF le [12].

125 l'étaient en 2004. Ils sont alors répartis au sein des escadrons suivant :

97th Air Mobility Wing - Altus Air Force Base (Oklahoma)
  • 56th Airlift Squadron
436th Airlift Wing - Dover Air Force Base (Delaware)
  • 3rd Airlift Squadron
  • 9th Airlift Squadron
  • 326th Airlift Squadron
  • 709th Airlift Squadron
164th Airlift Wing - Aéroport international de Memphis (Tennessee)
  • 155th Airlift Squadron
105th Airlift Wing - Stewart Air National Guard Base (en)/Aéroport de Newburgh-Stewart (New York)
  • 137th Airlift Squadron
60th Air Mobility Wing - Travis Air Force Base (en) (Californie)
  • 21st Airlift Squadron
  • 22nd Airlift Squadron
  • 301st Airlift Squadron
  • 312th Airlift Squadron
439th Airlift Wing - Westover Air Force Base (Massachusetts)
  • 337th Airlift Squadron


Engagements

Un char M1A1 Abrams en train d'être chargé sur un C-5 Galaxy

L'appareil a été utilisé au Viêt Nam, pendant la guerre du Kippour (1973), pendant l'opération française Bonite sur Kolwézi en 1978, mais aussi durant la guerre du Koweït (1990-1991) et la guerre en Irak depuis 2003. Il sert quotidiennement pour le transport de lourde charges comme pour l'opération Provide Hope d'aide humanitaire vers l'ex-Union soviétique.

Pendant les opérations Bouclier du désert et Tempête du désert, les C-5 transportèrent 18,6 % du matériel et 42 % des troupes, ils totalisèrent 15 800 missions avec 498 000 passagers. C'est cette très grande capacité d'emport qui fait du C-5 encore aujourd'hui l'un des piliers de l'armée américaine malgré son fort coût d'entretien. Sur les 131 appareils, seul un a été détruit pendant un conflit militaire (guerre du Viêt Namcf. accident du ).

Accidents

Malgré des débuts très chaotiques dans les années 1970, le C-5 Galaxy se caractérise par un faible taux d'attrition en plus de 40 ans d'activité : seuls huit accidents graves ont été répertoriés en 2018[13] dont un seul pendant un conflit militaire.

Après l'accident du 31 juillet 1983, le C-5 impliqué est remis en service.
L'accident du 6 avril 2006 a provoqué l'arrachement de la partie avant de l'avion.
  • Le , le C-5A (67-0172) est détruit par le feu à la suite d'une défaillance du générateur d'énergie (moteur à l'arrêt) sur la base de l'US Air Force de Palmade Californie. Il n'y eut aucune victime.
  • Le , le C-5A (66-8303) est détruit par le feu sur le tarmac de la base US Air Force Dobbins à Marietta (Géorgie). L'incendie s'est produit lors d'une opération de maintenance sur les réservoirs de carburant, provoquant la mort d'un des ouvriers et en blessant un autre.
  • Le , le C-5A (68-0227) effectue une sortie de piste sur l'aéroport de Clinton à la suite d'une confusion de l'équipage entre les deux pistes d'atterrissage. La piste empruntée étant trop courte, l'équipage actionne le freinage d'urgence ce qui déclenche un incendie du train d'atterrissage puis l'écrasement de l'appareil. Il n'y eut aucune victime.
  • Le , le C-5A (68-0218) évacue des orphelins de Saïgon lors de l'opération Babylift[14]. Au cours du vol, au-dessus de la mer de Chine méridionale, les portes arrière s'ouvrent, aspirant plusieurs passagers à l'extérieur. Le pilote décide de faire demi-tour pour se poser en urgence à Saïgon mais il est incapable de réduire la vitesse et s'écrase dans une rizière. La catastrophe cause la perte de 5 des 17 membres d'équipage et de 150 passagers sur les 311 enfants et adultes à bord[15]. Il s'agit du seul accident de C5 en période de conflit.
  • Le , le C-5A (70-0446) s'écrase lors de son atterrissage sur la base de Shemya (Alaska) après avoir heurté un talus. Il n'y eut aucune perte et l'appareil put être ramené chez Lockheed Marietta. Sa remise en état a permis d'y inclure des améliorations du C-5B.
  • En , le C-5A (68-0216) s'écrasa sur la piste de l'aérodrome de Travis (en) au cours d'un entrainement. L'équipage avait oublié de sortir le train d'atterrissage. Il n'y eut aucune victime et l'appareil fut retourné chez Lockheed, où on le transforma en C-5C.
  • Le , le C-5A no 500-0031 (immatriculé 68-0228) s'écrase à côté de la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, causant la perte de 13 des 17 membres d'équipage. L'inverseur de poussée d'un des réacteurs s'est brutalement activé au cours de la phase de montée initiale juste après le décollage[16]. L'avion était à une altitude comprise entre 50 et 100 pieds lorsqu'il s'est mis à trembler et a cessé d'accélérer, à une vitesse d'environ 161 nœuds. Il a ensuite basculé sur l'aile gauche et a percuté le sol.
  • Le , le C-5B (84-0059) s'écrase sur la base de l'US Air Force de Dover (Delaware) à la suite d'une erreur humaine. Il n'y eut que deux blessés. Le crash a provoqué le détachement de la partie avant de l'appareil, qui fut récupérée pour les bancs d'essais à l'avionique de la version C-5 AMP tandis que le reste de l'appareil a été envoyé à la ferraille.

Bibliographie

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Notes et références

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  2. Florian Ion Petrescu, Near the flying time., Lulu Com, (ISBN 1-4477-5281-3 et 978-1-4477-5281-3, OCLC 941886670, lire en ligne), p. 84
  3. Mais il aurait été encore plus coûteux de faire construire un nouvel appareil
  4. Gaëtan, « Le C-5 Galaxy prend du poids en devenant le C-5M Super Galaxy », sur http://www.avionslegendaires.net/, (consulté le ).
  5. (en) « The Air Force in Fact in Figures, 2014 USAF Almanac » [PDF], sur http://www.airforcemag.com/, (consulté le ).
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  7. « Spécifications - WRX & WRX STI 2020 - Subaru Canada », sur subaru.ca (consulté le )
  8. Stephen Trimble, « EXCLUSIVE: US Air Force combat fleet's true operational costs revealed », sur The DEW Line, (consulté le )
  9. (en) Marcel van Leeuwen, « Lockheed Martin C-5M Super Galaxy Completes Flight Test », aviationnews.eu, (consulté le )
  10. (en) Rob Vogelaar, « First Production C-5M Super Galaxy Takes Flight », aviationnews.eu, (consulté le )
  11. (en) Marcel van Leeuwen, « Lockheed Martin Delivers First Production C-5M Super Galaxy To U.S. Air Force », aviationnews.eu, (consulté le )
  12. « Lockheed Martin livre le 52ème C-5M Super Galaxy », sur Air et Cosmos (consulté le ).
  13. ASN Aviation Safety Database - Lockheed C-5 Galaxy sur Aviation Safety Network, consulté le 3 juillet 2009.
  14. Susan Carol McDonald, « le crash du Galaxy C5A », sur originesvietnam.com, (premier avion de l’opération Babylift).
  15. Les chiffres sur les passagers varient selon les sources entre 144 et 150 morts pour 305 à 328 passagers
  16. (en) Mike Miller, « Crash aérien d'un C-5A Galaxy (immat. 68-0228) le 29 août 1990 sur la base aérienne de Ramstein », Aviation-Safety Network (ASN), (consulté le )

Voir aussi

Aéronefs comparables

Articles connexes

Liens externes

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