Cadavres exquis
Cadavres exquis (Cadaveri eccellenti) est un film franco-italien réalisé par Francesco Rosi, sorti en 1976, adapté du roman Le Contexte (Il contesto) de Leonardo Sciascia, publié en 1971.
Pour les articles homonymes, voir Cadavre exquis.

Titre original | Cadaveri eccellenti |
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Réalisation | Francesco Rosi |
Scénario |
Tonino Guerra Lino Jannuzzi (it) Francesco Rosi d'après Leonardo Sciascia |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Produzioni Europee Associate Les Productions Artistes Associés |
Pays de production |
![]() |
Genre |
film politique film noir giallo |
Durée | 120 minutes |
Sortie | 1976 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le film a été présenté hors-compétition lors du festival de Cannes 1976[1]. Il a été sélectionné parmi les 100 films italiens à sauver[2].
Synopsis
L'inspecteur Amerigo Rogas mène l'enquête après une série de meurtres touchant la magistrature italienne. Plus il avance et plus il se trouve pris dans les filets du contexte politique de l'Italie des « années de plomb », lorsque la crainte d'une révolution inspira au pouvoir l'affrontement entre deux options : la « stratégie de la tension » et celle du « compromis historique ».
Résumé détaillé
Le film commence par le meurtre du juge d'instruction Vargas à Palerme, dans un climat de manifestations, de grèves et de tensions politiques entre la gauche et le gouvernement démocrate-chrétien. L'enquête qui s'ensuit échoue et la police charge l'inspecteur Rogas (Lino Ventura), un homme qui a une foi inébranlable dans l'intégrité du système judiciaire, de résoudre l'affaire. Alors qu'il commence son enquête, deux juges sont tués. Toutes les victimes s'avèrent avoir travaillé ensemble sur plusieurs affaires. Après avoir découvert des preuves de corruption autour des trois fonctionnaires, Rogas est encouragé par ses supérieurs à « ne pas chercher les ragots », mais à suivre la trace du « fou furieux qui, sans aucune raison, assassine des juges ». Ce quasi aveu de culpabilité pousse Rogas à rechercher trois hommes condamnés à tort par les juges assassinés. Il est rejoint par un ami journaliste travaillant pour un journal d'extrême-gauche, Cusan.
Rogas trouve son suspect probable en la personne de Cres, un homme qui a été condamné pour avoir tenté de tuer sa femme. Mme Cres a accusé son mari d'avoir tenté de la tuer en empoisonnant son riz au lait, auquel elle n'a échappé que parce qu'elle en a d'abord donné une petite portion à son chat, qui est mort. Rogas en conclut qu'il a probablement été piégé par sa femme, et le recherche, pour découvrir qu'il a disparu de sa maison. Pendant ce temps, un autre juge d'instruction est tué, et des témoins oculaires voient deux jeunes révolutionnaires s'enfuir de la scène. Rogas, qui est sur le point de trouver son homme, est rétrogradé et chargé de travailler avec la division politique afin d'attribuer les crimes aux groupes terroristes révolutionnaires gauchistes.
Rogas découvre que son téléphone est sur écoute. Il cherche à contacter le président de la Cour suprême (Max von Sydow) pour l'avertir qu'il est très probablement la prochaine victime. Le président lui expose une philosophie de la justice selon laquelle la cour est incapable d'erreur par définition. La musique d'une fête dans le même bâtiment amène Rogas à découvrir le ministre de la Justice (Fernando Rey) à la fête avec de nombreux meneurs révolutionnaires, parmi lesquels le rédacteur en chef du journal révolutionnaire pour lequel Cusan travaille, Galano, et Mme Cres. Il a une discussion avec le ministre, au cours de laquelle ce dernier révèle que, tôt ou tard, son parti devra former une coalition avec le parti communiste italien (PCI) ; selon lui, il incombera alors au PCI de mettre de l'ordre et de faire la chasse aux groupes insurrectionnels d'extrême gauche. Le meurtre des juges ainsi que les enquêtes de Rogas contribuent d'ailleurs déjà à faire monter la tension et à justifier les poursuites contre l'extrême-gauche. Rogas découvre également que son suspect, Cres, est présent à la fête. Plus tard, Rogas rencontre le secrétaire général du parti communiste dans un musée. Tous deux se font assassiner.
Dans un contexte de tensions croissantes entre les révolutionnaires et le gouvernement, qui mobilise l'armée, le chef de la police impute le meurtre du secrétaire général à Rogas. Le film se termine par une discussion entre Cusan et le vice-secrétaire du parti communiste, qui affirme que l'heure n'est pas encore à la révolution et que le parti ne réagira pas aux actions du gouvernement. « Mais alors le peuple ne doit jamais connaître la vérité ? », demande Cusan. Le vice-secrétaire répond : « La vérité n'est pas toujours révolutionnaire ». Il s'agit d'une conclusion sardonique sur la stratégie au moment du « compromis historique » avec la démocratie chrétienne adoptée par le parti communiste, renvoyant à la devise « Dire la vérité est révolutionnaire » attribuée à Ferdinand Lassalle par Antonio Gramsci, l'ancien dirigeant le plus célèbre du parti et auteur des Cahiers de prison.
Fiche technique
- Titre français : Cadavres exquis[3]
- Titre original italien : Cadaveri eccellenti[4]
- Réalisation : Francesco Rosi
- Scénario : Tonino Guerra, Lino Jannuzzi (it) et Francesco Rosi d'après le roman Le Contexte de Leonardo Sciascia.
- Production: Alberto Grimaldi
- Photographie : Pasqualino De Santis
- Montage : Ruggero Mastroianni
- Musique: Astor Piazzolla, Piero Piccioni
- Décors : Andrea Crisanti
- Costumes : Enrico Sabbatini (it)
- Maquillage : Francesco Freda
- Son : Mario Bramonti
- Production : Alberto Grimaldi
- Société de production : Produzioni Europee Associate (Rome) • Les Productions Artistes Associés (Paris)
- Pays de production :
Italie •
France
- Langue originale : italien
- Format : Couleur pat Technicolor • 1,85:1 - Son mono - 35 mm
- Durée : 115 minutes
- Genre : film politique, film noir, giallo
- Dates de sortie :
Distribution
- Lino Ventura : inspecteur Amerigo Rogas
- Renato Salvatori : le commissaire de police
- Max von Sydow : président Riches
- Alain Cuny : juge Rasto
- Fernando Rey : le ministre de la Sûreté
- Charles Vanel : procureur Varga
- Francesco Callari (it) : juge Sanza
- Paolo Bonacelli : Dr Maxia
- Tino Carraro : le chef de la police
- Marcel Bozzuffi : le paresseux condamné par erreur
- Maria Carta : Mme Cres
- Luigi Pistilli : Cusan, le journaliste communiste
- Tina Aumont : la prostituée
- Paolo Graziosi : Galano
- Anna Proclemer : Mme Nocio
- Alfonso Gatto : Vilfredo Nocio
- Carlo Tamberlani : l'archevêque
- Enrico Ragusa : frère capucin
- Corrado Gaipa (it) : le mafioso interrogé par Rogas
- Claudio Nicastro (it) : le général
- Silverio Blasi : Dr Bloma, chef de l'équipe politique
- Florestano Vancini : le chef du PCI
- Rogas (Lino Ventura)
- le commissaire (Renato Salvatori)
- Riches (Max von Sydow)
- juge Rasto (Alain Cuny)
- ministre de la sûreté (Fernando Rey)
- procureur Varga (Charles Vanel)
- chef de police (Tino Carraro)
- la paresseux (Marcel Bozzuffi)
- la prostituée (Tina Aumont)
- Cusan (Luigi Pistilli)
- Galano (Paolo Graziosi)
Production
Dans ce film, Lino Ventura a joué avec sa propre voix en italien. Il s'est ensuite doublé lui-même en version française.
Dans la bande originale composée par Astor Piazzolla et Piero Piccioni figure notamment la sonate pour piano no 2 de Chopin.
La scène présentée tout au début du film de Rosi est tournée dans les catacombes des Capucins à Palerme. L'on y voit un long plan dans lequel Charles Vanel traverse un des couloirs le long duquel sont exposées les fameuses momies datant du XVIIIe au XXe siècle. Une autre partie du film a été tournée à Agrigente (Piazza Marconi en face de la gare centrale (it)) et à Siculiana (Piazza Umberto I). D'autres scènes ont été tournées à Rome (musée napoléonien au Palazzo Primoli et Palazzo Spada)[5], à Naples (Piazza San Domenico Maggiore, Palazzo della Borsa, Musée archéologique national, cimetière de Poggioreale), au château de Baia (it) à Bacoli (Ville métropolitaine de Naples) et à Lecce (Palazzo Tafuri et Piazzetta Ignazio Falconieri)[6].
Accueil critique
Le film aborde avec beaucoup d'efficacité et de courage différents thèmes reflétant la situation de l'Italie dans les années 1970, les années de plomb : le pouvoir des organisations criminelles et leur relation avec l'État italien, les tentatives de coup d'État, les soulèvements de la jeunesse et l'inertie délibérée du parti communiste. Il a également suscité de nombreuses controverses lors de sa sortie, notamment pour la phrase prononcée à la fin par Florestano Vancini « La vérité n'est pas toujours révolutionnaire », utilisée par Rosi pour désigner l'omertà de l'opposition face à la corruption ambiante et très souvent impunie[7].
Le journal autrichien Kurier a écrit que le film commençait comme un roman policier et qu'il « se concentrait ensuite de plus en plus sur la description oppressante d'un état politique, sans perdre un seul instant de son suspense ». C'est « l'une des meilleures adaptations de Sciascia, notamment grâce à Lino Ventura dans le rôle d'un simple inspecteur de police qui, malgré une peur croissante, ne se laisse pas dissuader de suivre les traces d'une conspiration »[8].
Récompense
Cadavres exquis a été présenté, hors compétition, au Festival de Cannes en 1976. La même année, il a reçu le prix David di Donatello du meilleur film, en même temps qu'il valait à Francesco Rosi de recevoir le David di Donatello du meilleur réalisateur.
Notes et références
- « Cadaveri eccellenti », sur festival-cannes.com (consulté le )
- (it) « Cadaveri eccellenti », sur retedeglispettatori.it (consulté le )
- « Cadavres exquis », sur encyclocine.com (consulté le )
- (it) « Cadaveri eccellenti », sur archiviodelcinemaitaliano.it (consulté le )
- (en) Cadavres exquis sur l’Internet Movie Database
- (it) divers, Effetto Puglia, Laterza, (ISBN 978-8842099345)
- (it) Giovanni Graziano Manca, « Pellicole da riscoprire: Cadaveri eccellenti, di Francesco Rosi » (version du 3 novembre 2013 sur l'Internet Archive), sur dillinger.it,
- (de) « Cadaveri eccellenti / Cadavres exquis / The Context / Illustrious Corpses », sur uni-klu.ac.at (consulté le )
Liens externes
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