Campagne de 1871 à l'intérieur
La Campagne de 1871 à l'intérieur est le nom officiel utilisé par le Gouvernement de Versailles pour désigner l'ensemble des opérations militaires ayant pour but de prendre le contrôle de l'intégralité du territoire français, de réprimer divers éléments prônant la démocratie directe dont notamment la Garde nationale et les communes insurrectionnelles établies (Paris, Lyon, Marseille, Saint-Étienne, Narbonne, Le Creusot) et d'empêcher d'autres mouvements insurrectionnels de s'ériger en communes (projet de commune de Besançon mais aussi troubles à Toulouse, Brest, etc.). Elle se déroula entre le 18 mars et le 7 juin 1871. Son épisode le plus connu est la Semaine sanglante.
Date | - |
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Lieu | France |
Issue | Victoire des Versaillais |
République française (Gouvernement de Versailles) | Commune de Paris Commune de Marseille Commune de Saint-Étienne Commune de Lyon Commune de Narbonne Commune du Creusot et autres mouvements projetant d'établir des communes insurrectionnelles en France en 1870-1871 |
Paris : Patrice de Mac Mahon Marseille : Henri Espivent de La Villesboisnet |
Paris : 120 000 hommes[1] | Paris : 20 000 à 170 000 hommes[2],[3] |
Paris : 877 morts[4],[5] 6 454 blessés[4],[5] 183 disparus[4],[5] Marseille : 30 morts[6] 50 blessés | Paris : 5 700 à 10 000 morts[7],[8] 43 522 prisonniers[9] Marseille : 150 morts[6] 500 prisonniers |
Batailles
Si cette victoire du gouvernement de Versailles met fin à la guerre civile en France et permet l'entrée en application du traité de Francfort, la brutalité de la répression et les exactions commises laisseront de profondes traces au sein de la société française. Elles entraîneront également une radicalisation de certains éléments anarchistes qui commettront régulièrement des attentats jusqu'à la fin du XIXe siècle. Cette défaite des communards donnera également lieu à la publication de La Guerre civile en France de Karl Marx.
Histoire
La campagne de 1871 suit de peu la fin des combats de la guerre franco-allemande de 1870 lesquels s'étaient conclus par l'armistice du 28 janvier. D'autres répressions armées de mouvements insurrectionnels ont lieu à la même époque en Algérie (répression de la révolte des Henanchas puis de celle des Mokrani).
Dans un premier temps, les troupes présentes à Paris se replient sur Versailles dès l'éclatement de l'insurrection (18 mars)[10]. Au cours des derniers jours de mars, des escarmouches ont lieu à l'ouest de la capitale, notamment au rond-point de Courbevoie, qui est repris par l'armée régulière commandée par le général Vinoy[11]. Le 3 avril, au lendemain d'un premier engagement au rond-point des Bergères (bataille de Courbevoie), les troupes gouvernementales parviennent à contrecarrer la « marche sur Versailles » lancée par la Commune[12] (batailles de Rueil et de Meudon).
Le 6 avril 1871, soit 19 jours après le début de l'insurrection parisienne, Adolphe Thiers, alors « chef du pouvoir exécutif de la République française », signe à Versailles un arrêté organisant l'armée « pour le rétablissement de l'ordre en France ». Comme Vinoy porte la responsabilité de l'échec du 18 mars[13], c'est le maréchal de Mac Mahon, plus populaire, qui est nommé général en chef[14].
Les opérations commencent le 11 avril autour de la capitale, avec pour objectifs la prise du fort d'Issy puis celle du saillant du Point-du-Jour. Pendant le reste du mois, de nombreuses positions sont reprises par l'armée versaillaise, qui a été renforcée dès le 23 avec l'arrivée de deux nouveaux corps formés avec les prisonniers de guerre évadés ou libérés par l'Allemagne. Le 9 mai, le fort d'Issy est occupé au terme de deux semaines de combat. Celui de Vanves tombe à son tour le 13 mai, jour où commence véritablement l'attaque de l'enceinte de la capitale[15]. Le 21 mai, les troupes versaillaises font leur entrée dans Paris intra-muros, lançant ainsi une semaine de combats et d'exactions connue sous le nom de « Semaine sanglante »[16].
Si les derniers assauts ont lieu le 28 mai[15], la fin de la campagne ne sera fixée qu'au 7 juin suivant par une circulaire ministérielle datée du 22 mai 1873. Celle-ci rattache également à la « campagne à l'intérieur » les interventions militaires, plus limitées, concernant les villes de :
- Toulouse (22 mars-3 avril),
- Marseille (Commune de Marseille, 23 mars-4 avril),
- Narbonne (Commune centrale de l'arrondissement de Narbonne, 24-31 mars),
- Saint-Étienne (Commune de Saint-Étienne, 25 mars-1er avril),
- Limoges (4-7 avril),
- Bordeaux (17 avril),
- Lyon (Commune de Lyon, 30 avril-1er mai),
- Montereau (7-8 mai)[17].
Le traité de Francfort est signé le 10 mai 1871, alors que la situation intérieure en France n'est pas encore normalisée. Les troupes allemandes occupent une partie du territoire français jusqu'en 1873.
Notes et références
- Tombs 2014, p. 295.
- Tombs 2014, p. 280-281.
- Tombs 2014, p. 303.
- Rougerie 2004, p. 107.
- Patrice de Mac Mahon, L'Armée de Versailles, depuis sa formation jusqu'à la complète pacification de Paris, Paris, Ghio, 1872, p. 44.
- Rougerie 2021, p. 105.
- Tombs 2014, p. 317-318.
- Rougerie 2021, p. 116.
- Rougerie 2021, p. 117.
- Pierre Milza, « L'Année terrible », t. II (La Commune), Paris, Perrin, 2009, p. 23-24.
- Milza, p. 136-138.
- Milza, p. 141-149.
- Milza, p. 135-136.
- Journal officiel de la République française, 8 avril 1871, p. 461.
- Gustave Hue, Analyse des principales campagnes conduites en Europe depuis Louis XIV jusqu'à nos jours, Paris, Jouvet, 1880, p. 50-53.
- Milza, p. 378-414.
- Pensions militaires : volume mis à jour à la date du 13 mai 1930, Paris, Lavauzelle, 1930, p. 376.
Bibliographie
- Jacques Rougerie, Paris libre, 1871, Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 337), , 289 p., XII-289 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 18 cm (ISBN 2-02-055465-8, ISSN 0768-0457, BNF 39159532).
- Jacques Rougerie, La Commune de 1871, Presses universitaires de France, , 128 p. (ISBN 978-2-7154-0708-4).
- Robert Tombs, Paris, bivouac des Révolutions : La Commune de 1871, Libertalia, , 480 p. (ISBN 978-2-918059-44-8).
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