Carles Diaz

Carles Diaz, né le à Providencia, est un écrivain et poète franco-chilien d'expression française ; docteur en histoire de l'art, chercheur dans le domaine de la culture et de l'art européen spécifique à la seconde moitié du XIXe siècle.

Carles Diaz
Carles Diaz à la Maison de la Poésie de Poitiers, 13 septembre 2020
Naissance
Providencia (Chili)
Nationalité France
Chili
Diplôme
Doctorat d'Histoire de l'art
Activité principale
Écrivain, poète
Formation
Distinctions
Grand Prix de Poésie SGDL, 2020
Prix Méditerranée – Poésie – 2020
Bourse de Création d'avant-garde Sarane Alexandrian, SGDL, 2018
Chevalier des Arts et des Lettres (2021)
Auteur
Langue d’écriture Français, espagnol
Genres

Œuvres principales

La Vénus encordée (2019)
Sus la Talvera / En Marge (2020)
Polyphonie landaise précédé de Paratge (2022)

L'œuvre

Carles Diaz[1] est l'une des voix émergentes de la poésie française contemporaine.

Auteur d’une œuvre poétique d’une grande homogénéité malgré la diversité des thèmes qu’il aborde et des formes littéraires qu’il emploie. D’une manière générale, son style s’inscrit dans la ligne du récit poétique contemporain.

Dès la parution de ses premiers textes, en 2002, il s’engage pour la sauvegarde et la protection du patrimoine en péril, ainsi que pour la défense des langues autochtones et territoriales. Il affirme qu’il n’y a pas une histoire, mais des histoires au pluriel[2].

« Il y a chez Carles Diaz une défense inconditionnelle des droits des peuples à disposer de leurs langages, et à les mélanger, les aboucher, les faire basculer dans le cahoteux et le sublime », écrit Fabien Ribéry[3].

En 2019, son ouvrage Sus la Talvera / En Marge, coïncide avec l’Année internationale des langues autochtones proclamée par l’UNESCO[4]. Pour ce livre bilingue français-occitan, Sèrgi Javaloyès a écrit : « Carles Diaz affronte les langues meurtries, les langues qui sont aux derniers soupirs, les langues à qui on a extirpé l’âme, et banni leurs locuteurs[5]. »

Sa poésie se caractérise par une écriture rigoureuse, d’une précieuse intensité ; par sa liberté de ton et du rythme, sa richesse imaginative et la puissance onirique des images. Elle tisse lyrisme et anthropologie dans un même élan.

Ponctuée d’emportements et de chutes, son écriture se fond dans un magma de voix multiples duquel émergent des images récurrentes, des motifs d'inquiétude gravitant autour du thème de l'épopée dramatique et de la quête d'identité du monde contemporain. Il interroge des problématiques telles que la mémoire historique et la déculturation.

Sur la réalité, il porte un regard sous-jacent à une certaine volonté de restitution qui s'accorde à une quête d’équilibre, d'unité du monde.

La question de la temporalité en tant que phénomène naturel, politisé ou pas, est une constante dans sa production poétique et critique. La temporalité détermine les modes de vie et uniformise la condition et la qualité des rapports au monde. L’accélération de la vie quotidienne apparaît dans l’œuvre de Carles Diaz comme un phénomène structurel produisant une aliénation dans tous les domaines de l’existence. Le poème représenterait ainsi une forme de résistance à l’hégémonie utilitaire, à l’uniformisation du monde, aux exigences de conformité, de performativité et de rentabilité. Par extension, il serait une alternative à toute instrumentalisation et une réponse nécessaire à la "gadgetisation" de la culture et à la promotion permanente du festif spectaculaire, dépouillé de toute signification et symbolique ; une réponse alternative à la communication de masse et à toute forme d’homogénéisation, de pensée unilatérale, réductrice. Le poème représenterait pour Carles Diaz l’expression transcendante de l’intensification de la conscience, une relation sensible au réel et l’affranchissement des représentations immédiates et des normes conduisant à une lecture partielle, voire passive du monde.

Serge Airoldi écrit à propos de l’auteur : « Dans tout ce qu’écrit Carles Diaz, se manifeste une solennité, une acuité et une compréhension absolue de l'espace, du temps, des hommes et des choses qui vont avec[6]. »

La Vénus encordée[7] est un journal imaginaire qui aurait été rédigé, en 1943, par Rose Valland (1898-1985), attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, à Paris. Rose Valland y raconte son rôle dans le sauvetage de plus de soixante mille œuvres d'art et objets patrimoniaux spoliés par les nazis durant l'Occupation.

Premier livre d’une trilogie en cours, La Vénus encordée a été considéré comme un livre « osé » par Didier Cahen dans le journal Le Monde[8], et comme une « évocation aussi inventive que poétique » par le journal La Libre Belgique, du 29 mai 2019, section Arts libres. Selon Patrick Corneau : « Il y a bien d’autres thèmes admirablement traités entre prose lyrique et essai poétique, avec le contrepoint judicieux du poème sous son exacte forme : l’Antiquité, l’art du dessin, la vocation de l’artiste[9] ». « (…) le lecteur est-il happé par les tries de réflexions érudites en contrepoint des poèmes poignants qui légitiment la pensée de Rose Valland. Et si l’art pouvait arrêter le massacre ? Si l’art pouvait enfin relier ces Hommes que tout sépare… Car l’art nous exhorte à vivre en utopie, malgré la communauté civile qui englue les âmes et perverties les desseins », s’interroge François Xavier dans le Salon littéraire[10].

La publication de ce livre coïncide avec l’émission d’un timbre postal à l’effigie de Rose Valland, tiré à 500 010 exemplaires (lettre prioritaire international 20 g)[11].

Publié aux éditions Poesis, en mars 2022, L’arbre face au monde. Vies et destin de Carl Alexander Simon, est le second volume de la trilogie débutée par La Vénus encordée. Dans ce livre son auteur nous entraîne sur les pas d’un peintre allemand exilé au Chili en 1850, disparu dans les forêts de Patagonie deux ans après son arrivée dans le pays.

En adoptant le point de vue du personnage central de l'histoire, Carles Diaz explore différents phénomènes et thématiques en lien avec la perception, la nature, l’humanisme et notamment la création artistique comme quête et possibilité de réinvention du monde.

Dans la revue L'Œil, James Benoît explique cette quête ainsi : « La peinture implique un déplacement, changer d’angle, changer de corps, pour voir d’un autre œil, pour voir depuis l’œil d’un autre et changer d’expérience, et changer d’existence, et changer d’être au monde. D’un art à autre, plusieurs approches se télescopent. Il y a tout d’abord le rapport au vécu intérieur de l’artiste qu’on peut tenter de dépeindre pour mettre en lumière et en mots son parcours, sa substance, son égo, comme le tente admirablement le poète Carles Diaz à propos du peintre C.A. Simon. »[12]

Ainsi, mis de plain-pied dans la peau de son héros, alternant prose poétique et monologue intérieur, l’auteur nous invite à observer la réalité autrement, à faire de l’art et de la philosophie une manière de vivre. En effet, alliant créativité et réflexion, cette double expérience offre un champ de possibilités permettant à l’humain de gagner en liberté d’action et en lucidité. Selon Pierre Tanguy : « Carles Diaz nous dit, à travers l’évocation de son "petit maître", que "face à la pauvreté spirituelle grandissante", il faut continuer à "vivre sans jamais oublier notre condition tragique". »[13]

C’est précisément à travers l’utopie tragique de cet artiste que l’auteur tente de concilier l'expérience concrète du réel avec la question du sens de l’existence et de la dignité de la personne humaine. L’engagement de Carl Alexander Simon en faveur des opprimés ainsi que sa défense des peuples autochtones, notamment des Mapuches, rappellent les enjeux politiques des processus historiques et la violence de l’histoire coloniale et post-coloniale qui a relégué ces peuples dans une situation de subalternité, de précarité et de marginalité. Le courage, l’idéal et la force d’esprit apparaissent ici comme des valeur cardinales trouvant leur source dans la tradition philosophique de l’antiquité.

Jordi Batallé reçoit l'écrivain Carles Diaz sur Radio France Internationale (RFI) en mars 2022

Selon sa propre expression, Carles Diaz estime que le poème est un moyen non seulement pour l'observation du monde, mais qu’il a aussi la capacité de le transformer. C’est une constante dans son œuvre littéraire : transposer, modifier et adapter la vision du monde sans éliminer les contradictions ni la dimension tragique de l’existence. Le questionnement du sens et de la conscience de la finitude sont, pour l’auteur, indissociables d’une dialectique qui repose sur la convergence et l’affirmation des valeurs inaliénables, intemporelles.

Face à cet artiste oublié de l’histoire de l’art « Carles Diaz lui rend tout ce que la mort lui a volé. Dans la fluidité du récit, l’intimité du narrateur comme de son héros devient universelle. »[14] «. Le lecteur est conquis par cette démarche où le récit imaginaire se fait quête spirituelle. »[15]

Dans le livre Sus la Talvera / En Marge[16], récit poétique traduit à l’occitan par Jean-Pierre Tardif et publié aux éditions Abordo en 2019, Carles Diaz manifeste une foi passionnée pour la lutte de l'homme pour la justice et le sens de l’honneur.

Pour Sus la Talvera / En Marge, il reçoit le Prix Méditerranée – Poésie, 2020 et le Grand Prix SGDL de Poésie, 2020.

« L’imaginaire de Carles Diaz développe une prose poétique qui s’élance de page en page, s’enchaîne et s’entortille, tourbillonne et déborde d’eau et de vent ; c’est tout un océan qui monte entre l’Aquitaine et le Chili. » écrit Sylvain Chabaud[17] dans le magazine de la culture en occitan Lo Diari.

« La poésie, cet éclat musical est une affaire de langue. Ici elles sont deux, la langue d’oc et la langue de France. Deux langues qui s’accordent, et se répondent, l’une enfante l’autre, l’autre fait entendre la première. Carles Diaz en possède au moins deux, celle de son origine, l’espagnol du Chili, et celle de son adoption littéraire et géographique, le français » affirme Philippe Chauché dans La Cause littéraire[18].

Paru en mars 2022 aux éditions Gallimard, Polyphonie landaise précédé de Paratge est un livre qui exalte la géographie éprouvée et imaginaire.

La poésie de ce diptyque est ancrée dans la terre, réservoir de la mémoire, et combat l’inachevé et la disparition. « Les Landes, qui n’ont (presque) rien de monotone, chantent ici dans la dynamique des mémoires rassemblées, retrouvées, inventées (…) il y a des pierres, des villages au loin, et du feu, partout, visible ou invisible. »[3]

Polyphonie landaise est un ensemble de 26 textes en prose qui exprime le paysage des Landes de Gascogne échappant à toute temporalité. À ce propos, dans ses études d’œuvres, Pierre Campion souligne : « Cette révolution consiste à purifier l’ordre ancien et ses significations, en le traversant pour le rendre à son vrai sens et à son vrai lieu. »[19]

Paratge, comprend 35 poèmes en vers libres et aborde la subtile question de l’être-au-monde, de la recherche d’une « noblesse d’âme » chère aux troubadours occitans. À propos de cet ensemble de poèmes, Jean-Paul Gavard-Perret souligne : « Mise en joue, le lieux se mêle aux impressions qu’il génère et ce, pour faire renaître les qualités de l’âme occitane. Entre le silence et le cri, toute une marqueterie en répons à une longue histoire culturelle accorde une certaine folie à la platitude première d’un tel lieu qui soudain se soulève en divers monuments. »[20]

Pour Carles Diaz, « La poésie est un sédiment composé de vertige, de fulgurance, de doute et de lenteur, dont le but est de restituer au plus près la part d'inconnu et d'ineffable accompagnant notre séjour au monde[21]. »

Publications

Poésie
  • L'Arbre face au monde. Vies et destin de Carl Alexander Simon, éd. Poesis, 2022.
  • Polyphonie landaise précédé de Paratge, éd. Gallimard, 2022.
  • La Vénus encordée, éd. Poesis, 2019.
  • Sus la Talvera – En Marge, ouvrage bilingue français-occitan. Traduction occitane et préface de Joan-Peire Tardiu, éd. Abordo, 2019.
  • Tentative verticale (2e édition augmentée et corrigée), éd. Abordo 2018.
  • Tentative verticale (1re édition), Zinnia éditions, 2016. Préface de Patrick Quillier.
  • Le Fleuve à l'envers, éd. Abordo, 2013.
  • Les Déferlantes nocturnes. Acte à plusieurs voix, éd. Abordo, 2010 et 2015 (ouvrage adapté en version théâtrale et joué au Théâtre Marguerite Duras / TMD Bordeaux, mars 2015).
Publications collectives
  • Habiter poétiquement le monde, anthologie manifeste, Frédéric Brun (conception, choix de textes et avant-propos). Deuxième édition, éd. Poesis, 2020.
  • Du Feu que nous sommes. Anthologie poétique. 65 auteurs contemporains. Dujour Bosquet Charles (direction et préface), éd. Abordo, 2019.
Contributions
  • « Un Art complexe ou complexé ? Réflexions sur la critique » in En avant la critique, Philippe Chauché, coll. Alcahuete, éd. Louise Bottu, 2019.
  • Préface et appareil critique in Semilla de errancia, Gabriel Mwènè Okoundji. Traduction espagnole de Leandro Calle, éd. Babel, Cordoba, 2017.
  • Préface et notes critiques in Sylves, de Jean-Joseph Rabearivelo, éd. Abordo, 2017.
  • Traduction des Sonnets de la mort (1914) de Gabriela Mistral (1889-1957), revue Phaéton, no 3, Bordeaux, 2016.

Décorations

Notes et références

  1. « Carles Diaz / Auteurs / Annuaire des professionnels / Écrit et livre / Accueil - ALCA Nouvelle-Aquitaine », sur alca.nouvelleaquitaine.fr (consulté le )
  2. Sonia Dheur, « La lecture à voix haute », sur bbf.enssib.fr, (consulté le )
  3. fabienribery, « Rien d’autre qu’un fauve, par Carles Diaz, poète », sur L'Intervalle, revue de Fabien Ribery, (consulté le )
  4. https://plus.google.com/+UNESCO, « 2019 Année internationale des langues autochtones », sur UNESCO, (consulté le )
  5. « Le feu est notre étendard », sur ALCA Nouvelle-Aquitaine (consulté le )
  6. « Abordo, dix années à l’abordage de la poésie », sur ALCA Nouvelle-Aquitaine (consulté le )
  7. « La Vénus encordée », sur Éditions Poesis (consulté le )
  8. « Isabelle Pinçon, Eva Mulleras, Carles Diaz. Trans|Poésie, la chronique de Didier Cahen », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  9. Patrick Corneau, « La Vénus encordée », sur Patrick Corneau, (consulté le )
  10. « Les femmes & l’art : des Vénus encordées ? », sur salon-litteraire.linternaute.com, (consulté le )
  11. « Timbre - Rose Valland - International », sur www.laposte.fr (consulté le )
  12. James Benoît, « Le Monde, un regard que l'art vise à changer », L'Œil, no 755, , p. 124
  13. Pierre Tanguy, « Carles Diaz : L’arbre face au monde », sur Recours au poème, (consulté le )
  14. « Le pays d'où l'on ne revient pas : Carles Diaz », sur salon-litteraire.linternaute.com, (consulté le )
  15. Patrick Corneau, « De tout, un peu », sur Patrick Corneau, (consulté le )
  16. « Sus la talvera / En marge », sur abordo.fr (consulté le )
  17. (oc) « Sus la Talvera En Marge », sur Lo Diari (consulté le )
  18. « Sus la Talvera, En Marge, Carles Diaz (par Philippe Chauché) », sur www.lacauselitteraire.fr (consulté le )
  19. « La Polyphonie landaise de Carles Diaz », sur À la littérature, étude d'œuvres, Pierre Campion. (consulté le )
  20. Jean-Paul 2, « Carles Diaz, Polyphonie Landaise précédé de Paratge | lelitteraire.com » (consulté le )
  21. Tentative verticale ; le conciliation entre le poeme et le reel n'est pas une utopie - Carles Diaz - Abordo - Revue - Le Hall du Livre NANCY (lire en ligne)

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