Cathédrale Santa Maria Maior de Lisbonne
La cathédrale Santa Maria Maior de Lisbonne, initialement Igreja de Santa Maria Maior et aujourd'hui Sé Patriarcal de Lisboa[2] est la cathédrale de Lisbonne, la plus ancienne église de la ville et le siège du patriarcat de Lisbonne.
Cette cathédrale n’est pas la seule cathédrale Sainte-Marie-Majeure.
Santa Maria Maior de Lisboa | |
La façade de la cathédrale | |
Présentation | |
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Nom local | Sé Patriarcal |
Culte | Catholique romain |
Type | Cathédrale |
Rattachement | Patriarcat de Lisbonne |
Début de la construction | 1147 |
Style dominant | Gothique |
Protection | Monument national (1910)[1]. |
Site web | www.patriarcado-lisboa.pt |
Géographie | |
Pays | Portugal |
Région | Région de Lisbonne |
Ville | Lisbonne |
Coordonnées | 38° 42′ 35″ nord, 9° 07′ 59″ ouest |
Elle fut construite sur ordre du roi Alphonse Ier de Portugal, quelque temps après avoir repris Lisbonne aux Maures[3]. La Sé, au temps d'Alphonse Ier, avait le statut d'Igreja Matriz (église qui a la juridiction sur les autres églises ou des chapelles de la circonscription). Elle fut élevée au rang de cathédrale par Jean Ier en 1393[4].
Histoire
Construction et caractéristiques
C'est en 1147 que la ville est reconquise par une armée composée de soldats portugais menés par le roi Alphonse Ier et de croisés européens participant à la deuxième croisade. Le croisé anglais Gilberto de Hastings fut nommé évêque de Lisbonne, le premier après la conquête de la ville sur les Maures en 1147, et occupa le siège épiscopal jusqu'à sa mort en 1166[5].
Le roi Alphonse Ier de Portugal, fondateur du Royaume de Portugal, ordonna, peu après la conquête de Lisbonne, l'édification d'une église chrétienne sur l'emplacement d'une ancienne mosquée[6], la mosquée Aljama. Les vestiges archéologiques laissent penser qu'à l'emplacement de l'ancienne mosquée se trouvait une église wisigothique, et même avant cet édifice, un forum romain[7]. Depuis le commencement de sa construction en 1147, le bâtiment a subi plusieurs modifications et a survécu à plusieurs tremblements de terre qui l'ont ébranlé entre les XVIe et XVIIIe siècles. Il conserve en particulier ses tours romanes du XIIe siècle et constitue aujourd'hui de la plus ancienne église de la ville.
À la gauche de l'entrée, se trouve une chapelle, la capela franciscana (chapelle franciscaine) qui abrite les fonts baptismaux ayant servi au baptême, en 1195, d'Antoine de Padoue[8]. Cette chapelle est décorée avec des azulejos qui représentent saint Antoine. Dans la chapelle adjacente se trouve une crèche de Noël baroque faite de liège, de bois et de terre cuite exécutée par le sculpteur Joaquim Machado de Castro[9]. António Vieira fut également baptisé dans cette cathédrale.
Le premier bâtiment fut terminé vers 1150 et s'est développé, durant les premières décennies du XIIIe siècle, dans un style plutôt roman. À la fin du XIIIe siècle, Denis Ier fit construire un cloître gothique, le claustro dionisino. Un riche Lisboète, Bartolomeu Joanes, fit ajouter une chapelle funéraire à son nom, la capela Bartolomeu Joanes[10]. Le successeur du roi Denis Ier, Alphonse IV, fit construire un nouveau dosseret avec un déambulatoire pour le panthéon familial[11].
Dans la chapelle de Santo Ildefonso, on peut voir le sarcophage sculpté, datant du XIVe siècle, de Lopo Fernandes Pacheco, compagnon d'armes du roi Alphonse IV, et de son épouse Maria Vilalobos. Lopo Fernandes Pacheco y est représenté tenant une épée et son épouse avec un livre de prières entre les mains, avec des chiens à leurs pieds. Dans la chapelle adjacente se trouvent les tombes du roi Alphonse IV et de la reine Béatrice de Castille.
Pendant l'Époque moderne, l'architecture et la décoration du bâtiment furent enrichies, comme en témoigne la sacristie, mais la grande partie de ces œuvres ont été supprimées pendant les deux campagnes de restauration dans la première moitié du XXe siècle, dont l'objectif était de préserver l'atmosphère médiévale du bâtiment[12].
Le , la reine Éléonore de Viseu fonda, avec l'aide du roi Manuel Ier, la première Misericórdia de Lisbonne dans une des chapelles du cloître de la cathédrale, la chapelle de Nossa Senhora da Piedade[13]. La Santa Casa de Misericórdia est un établissement de santé catholique qui s'est développé ultérieurement dans toutes les grandes villes. Les Santas Casas ont joué un rôle très important au Portugal et dans ses colonies.
Tremblements de terre
La capitale portugaise a toujours souffert des tremblements de terre, un important problème pour le patrimoine lisboète et la cathédrale s'est progressivement dégradée à chaque tremblement de terre. Entre les XIVe et XVIe siècles, la ville en a connu plusieurs, mais le plus catastrophique fut le celui de 1755, qui détruisit la capitale[14] et endommagea sérieusement la Sé, plus particulièrement, la chapelle principale gothique avec le Panthéon royal.
Les cloîtres et la plupart des chapelles furent également détruites par le séisme et les incendies qui ont suivi. La cathédrale fut partiellement reconstruite ; ces dernières années, la cour centrale du cloître a été excavée et on peut désormais y apercevoir des vestiges des périodes romaine, arabe et médiévale.
- Vue de la cathédrale avant le tremblement de terre de 1755. Détail du panneau du XVIIIe siècle représentant la ville. Museu Nacional do Azulejo
- Représentation de la cathédrale après la catastrophe de 1755
- Passage d'un electrico devant la cathédrale
Architecture
Le bâtiment de la cathédrale a été construit en forme de croix latine. Elle possède trois bas-côtés, un transept et une chapelle principale elle-même ceinte d'un déambulatoire. À l'est de l'église se trouve le cloître (claustro dionisino). La façade principale de la cathédrale présente un aspect de forteresse, avec deux tours à l'entrée et des créneaux au-dessus des murs. Le caractère fortifié, partagé avec d'autres cathédrales portugaises de cette époque, se révéla utile pendant la Reconquista, la cathédrale pouvant servir à tout moment de base pour attaquer l'ennemi pendant un combat.
- Art roman
De 1147 jusqu'au XIIIe siècle, la cathédrale préserve sa façade ouest avec sa rosace, son portail principal et sa nef. Les portails sont sculptés avec des motifs de type roman. La Sé de Lisbonne est très semblable à la vieille cathédrale de Coimbra, construite quinze ans après celle de Lisbonne.
La nef est couverte par une voûte en berceau et par une galerie triforium. Une des chapelles du déambulatoire possède une porte en fer du style roman. La lumière du jour accède dans la cathédrale à travers la rosace de la façade principale, par les déambulatoires ouest et les fenêtres étroites des bas-côtés latéraux de la nef.
- Art gothique
Le roi Denis Ier ordonna la construction d'un cloître, qui fut réalisé dans le style gothique à la fin du XIIIe siècle, et fut sévèrement endommagé par le tremblement de terre de 1755.
Le roi Alphonse IV fit remplacer l'abside romane par une chapelle gothique ceinte d'un déambulatoire. Ce roi et sa famille furent enterrés dans cette chapelle, mais leurs tombeaux ainsi que la chapelle furent détruits dans le tremblement de terre de 1755.
Le déambulatoire a survécu à la catastrophe et constitue un témoin important dans l'histoire de l'art gothique portugais. Ce déambulatoire est composé d'un bas-côté circulaire et d'un deuxième étage couvert par une croisée d'ogives et doté d'une claire-voie) permettant d'éclairer une grande partie de l'intérieur de la cathédrale.
- Temps modernes
Au XVIIe siècle fut construite une petite sacristie de style baroque. Après la catastrophe de 1755, la chapelle principale fut reconstruite dans les styles néoclassique et rococo, y compris les tombeaux royaux. Au début du XXe siècle, une grande partie de la décoration néoclassique extérieure et intérieure de la cathédrale fut enlevée pour redonner à la cathédrale un aspect plus médiéval.
Reliques de saint Vincent
Au niveau de l'antéglise est abritée une importante collection d'objets en argent, de tenues ecclésiastiques, de statues, de manuscrits et de reliques associées à saint Vincent de Saragosse[15].
La pièce la plus précieuse est le coffre qui contient les restes de saint Vincent, amenés à Lisbonne en 1173. Une légende dit que deux corbeaux sacrées ont surveillé les reliques pendant tout le transport par bateau[16]. En hommage, un bateau et deux corbeaux illustrent les armes de la municipalité de Lisbonne[17] : saint Vincent est le patron de la capitale portugaise[18].
Recherches archéologiques
Des recherches archéologiques sont régulièrement menées dans le cloître de la cathédrale et elles ont permis de mettre au jour des traces des époques romaine, maure, wisigothique et phénicienne[19]. On a ainsi pu constater qu'une pierre de l'ancien théâtre romain a été utilisée dans les fondations de la cathédrale de Lisbonne[20].
Notes et références
- (en)(pt) IGESPAR, « Notice no 70502 », sur Instituto de Gestão do Património Arquitectónico e Arqueológico.
- Sé est l’abréviation du latin Sedes episcopalis, « siège épiscopal »
- (en) La Construction de la Sé peu après la Reconquista, page consultée le 1er septembre 2009
- (pt) Igreja Matriz à Cathédrale en 1393, page consultée le 6 septembre 2009.
- (en) Évêques de Lisbonne, page visitée le 1er septembre 2009
- (pt) La Sé de Lisbonne fut érigée sur une ancienne mosquée de Lisbonne, page consultée le 1er septembre 2009
- (en) La cathédrale et bien avant. Image reconstituant la cathédrale aujourd'hui, page consultée le 1er septembre 2009.
- La vie d'Antoine de Padoue, page consultée le 1er septembre 2009.
- La crèche de Noël de la Sé, page consultée le 6 septembre 2009.
- Chapelle funéraire du riche Lisboète, page visitée le 6 septembre 2009.
- (pt) La chapelle et le panthéon familial, page consultée le 1er septembre 2009
- (pt) Les enrichissements et les restaurations, page consultée le 1er septembre 2009
- (pt) Création de la Santa Casa da Misericórdia, page consultée le 1er septembre 2009
- Lisbonne détruit. Le Maghreb et le reste de l'Europe secoué, page consultée le 1er septembre 2009.
- (pt) Les reliques de saint Vincent, page visitée le 6 septembre 2009.
- (es) Les reliques de saint Vincent, page visitée le 3 septembre 2009.
- Purell, Mary (1960). Saint Anthony and His Times. Garden City, New York: Hanover House. p. 44-45.
- Saint Vincent patron de Lisbonne, page consultée le 7 septembre 2009.
- (en) Les recherches archéologiques dans le cloître, page visitée le 6 septembre 2009.
- Photographie sur commons de la fondation romaine, page consultée le 6 septembre 2009.
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
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