Centrale d'urgence 112

Les centrales d’urgence 112 (abréviées CU112) (en néerlandais noodcentrales 112 et en allemand Notrufzentralen 112) anciennement appelées centrales 100 (en référence au numéro d'appel d'urgence européen « 112 » ou à l'ancien numéro d'appel « 100 ») sont les organismes et les endroits dépendants du service public fédéral Intérieur qui reçoivent, traitent et gèrent les appels d'urgence pour les pompiers et l'aide médicale urgente[1], soit respectivement les disciplines 1 et 2, de la planification d'urgence en Belgique. La police (discipline 3) dispose quant à elle de ses propres centrales et d'un numéro différent : le 101.

Les centrales d'urgence 112 tiennent leur nom du numéro d'appel d'urgence européen « 112 », progressivement mis en place à partir des années 2000.

Il existe dix centrales d'urgences 112 dans le pays, soit une par province (sauf pour le Brabant wallon) et une pour la région de Bruxelles-Capitale[2]. Elles assurent également le rôle de dispatching pour la discipline 2 (soit la réquisition et la gestion des véhicules agréés « 112 », tels que les ambulances, les PIT ou les SMUR) ce qu’elles faisaient également pour la discipline 1 jusqu'à la mise en place des zones de secours à la suite de la réforme de la sécurité civile en Belgique, qui entra en vigueur en 2015[3].

Ces centrales peuvent donc être assimilées aux centres de traitements de l'alerte français, avec toutefois plusieurs différences notables, dont celle que les opérateurs des centrales 112 belges sont des « calltakers »[4] civils et non pas des pompiers ou du personnel médical, ou encore qu'il n'existe pas de régulation médicale en Belgique comme le SAMU français.

Histoire

Le « 900 »

En 1954 survient une épidémie de poliomyélite à la suite de laquelle le ministre de la santé publique de l'époque, Edmond Leburton, décide de créer un service national de secours composé d'une quinzaine d'ambulances pour permettre la prise en charge des malades, mais également d'autres pathologies, notamment traumatiques après le constat de l'augmentation des accidents de la route dus à l’augmentation du trafic routier dans cette période d'après-guerre. Bien vite surgit alors la nécessité de disposer d'un numéro de téléphone unique, national et gratuit pour contacter ce nouveau service d'urgence. Les choses évoluent avec la loi du qui charge les « Commission d'Assistance Publique » (C.A.P.) d'organiser le transport des malades et des blessés vers les hôpitaux, en concluant, au besoin, une convention avec un organisme public (C.A.P. voisine, pompiers, police, etc.) ou privé.

En 1959, Anvers accueille la première centrale téléphonique de réception d’appels d’urgence, mise en place à titre expérimental. Celle-ci se voit attribuer le numéro « 900 » et quinze autres centrales sont bientôt créées sur tout le territoire de la Belgique, installées alors dans les casernes des services d’incendie et gérées par des pompiers. En 1963, la totalité du territoire national est assuré par 16 centrales « 900 » qui couvrent les 40 zones téléphoniques du pays.

La loi du transfère la responsabilité de l’aide médicale urgente des communes vers l’état fédéral.

Les corps de pompiers furent également joignables par la suite via la numéro 900. La protection civile quant à elle, n'est pas joignable par ce numéro d'urgence car elle ne peut être sollicitée que par les pompiers ou la police.

Le « 100 »

Après le premier numéro d'appel d’urgence belge qui était le « 900 », le numéro « 100 » fut mis en place en 1987 et progressivement remplacé par le 112 dès les années 2000.
La création du réseau A.S.T.R.I.D. dès 1998 à la place des anciennes ondes VHF permit plusieurs avancées, comme le chiffrage des communication, un réseau national sécurisé, ou encore la transmission de données, entre autres par pagers (photo).

En 1987, le numéro « 900 » devient le « 100 ».

Le parait la loi relative aux radiocommunications des services de secours et de sécurité, créant la société anonyme de droit publique A.S.T.R.I.D. qui remplace alors petit à petit les communications par ondes VHF classiques sur les fréquences appelées « ONB », pour ondes nationales belges. Ce nouveau réseau numérique a pour avantages, entre autres la sécurisation et le chiffrage sur un réseau national, la transmission de voix et de données, l'appel par pager, mais aussi l'aspect multidisciplinaire[5] puisqu'utilisés par l'ensemble des services d'urgence belges ainsi que certains autres services publiques ou de sécurité (Département de la nature et des forêts, sécurité des aéroports etc.).

Le « 112 »

Le numéro d'appel d'urgence européen « 112 », visible sur ces deux SMUR, défilant lors de la fête nationale belge à Bruxelles en 2018.

Le , le Conseil des Communautés européennes décide de créer un numéro d'appel supplémentaire[6], valable pour toute urgence et pour tous les États membres de l'Union européenne avec pour caractéristiques que :

  • ce numéro soit disponible partout gratuitement[7].
  • les appels à ce numéro soient traités par les services les plus appropriés.
  • les citoyens soient informés de l'existence et de l'utilisation de ce numéro.

Toutefois, la migration entre le 100 et le 112 ne se fit que progressivement à partir des années 2000.

Le a lieu la catastrophe de Ghislenghien qui fit 24 morts et 132 blessés et qui entrainera une réforme de la sécurité civile belge initiée par la loi du . Elle entra en vigueur le avec la création de zones de secours à la places des 251 anciens services régionaux d'incendies (SRI). Cette réforme impactera les CU112 à plusieurs niveaux, notamment par le retrait progressifs des pompiers et de leur ligne hiérarchique en tant que gestionnaires des centrales et opérateurs téléphoniques, remplacés par des « calltaker » civils. La fonction de dispatching des anciennes « centrales 100 » est également scindée en deux : les zones de secours créant au fur et à mesures leurs propres dispatchings pour gérer les opérations de secours « pompiers » (discipline 1), tandis que les CU112 gardent encore à l'heure actuelle, la fonction de dispatching pour la partie aide médicale urgente (discipline 2).

Le parait une loi au Moniteur belge créant les officiellement centrales d'urgence 112 avec cette appellation (abrogeant le terme de « centrale 100 »), ainsi que l'agence 112.

La réforme de la sécurité civile détermine également la notion d'« aide adéquate la plus rapide » qui fut traduite de manière concrète par un arrêté royal paru le , qui fixe les conditions minimales et les moyens adéquats à envoyer en première intention, abolissant de facto les anciens secteurs d'intervention et priorisant le moyen adéquat (véhicule et personnel) calculé comme pouvant se rendre le plus rapidement sur le lieu de l'intervention, tant pour les pompiers que pour l'aide médicale urgente. Les CU 112 furent donc tenues d'adapter leurs procédures et logiciels en fonction.

Le parait une circulaire ministérielle fixant la règles d'envoi des ambulances agréées « 112 » appartenant aux zones de secours nouvellement entrée en fonction le . La réquisition se fait toujours via les CU112 mais le personnel est géré par les différents dispatching zonaux.

Missions

Prise d'appel

L'aspect « call taking » est établi par la loi comme étant la prise d'appel aux services de secours qui comprend l'écoute et le tri des appels, la collecte des informations géographiques et des informations relatives à la situation de l'appelant et des victimes éventuelles, la première analyse des besoins et la détermination initiale du niveau d'urgence. La loi précise également que tout appel urgent aux numéros 100, 101 et 112 pour l'aide médicale urgente, les services de sécurité civile et la police intégrée traité par les centres 112 doit pouvoir être assurée dans les trois langues nationales (allemand, français et néerlandais) ainsi qu'en anglais.

Désignation des services

Le « dispatching » est traduit par la loi comme la désignation des services d'intervention adéquats, la transmission de l'intervention à ces services, le suivi en temps réel de l'exécution de l'intervention, et, si nécessaire, l'appui en communication et en information aux services de secours.

Les différentes centrales

Seize « centrales 900 » furent initialement établies dans les années 1960, mais ce chiffre a été revu à dix afin d'en attribuer une pour chacune des neufs provinces ainsi qu'une pour la région de Bruxelles-Capitale. Toutefois, le , la quatrième réforme de l’État scinda la province de Brabant en deux nouvelles provinces situées de part et d'autre de la frontière linguistique créée 1962 : l'une francophone (le Brabant wallon) et l'autre néerlandophone (le Brabant flamand). La centrale 100 de Louvain, le chef-lieu du Brabant flamand, fut maintenue mais aucune nouvelle centrale ne fut créée pour la province du Brabant wallon, dont les appels sont depuis gérés par la centrale de Mons, dans la province du Hainaut, également francophone.

Les dix centrales 112 actuelles se trouvent chacune dans le chef-lieu de leur province et celle de Bruxelles se trouve à la caserne état-major des pompiers de Bruxelles, avenue de l’Héliport.

Dans la culture populaire

  • Les centrales d'urgence 112 font l'objet d'une série de la chaine télévisée privée belge RTL TVI, intitulée Appel d’urgence et diffusée depuis 2018[8].
  • Le film Une sirène dans la nuit, sorti en 1999, traite du thème de l'appel à la « centrale 100 » des pompiers de Bruxelles (qui était encore le nom, le fonctionnement et le numéro d'appel belge de l'époque).

Voir aussi

Notes et références

Bibliographie

  • Jean-Marc Hannotiau, Vade-mecum de l'aide médicale urgente en Belgique, Dirk Cuypers, ()

Textes de loi

  • Loi du sur l'aide médicale urgente[9].
  • Loi du relative aux radio-communications des services de secours et de sécurité[10].
  • Arrêté royal du fixant les normes auxquelles doit répondre une fonction Service Mobile d'Urgence et de Réanimation (SMUR) pour être agréée[11].
  • Loi du créant les centres 112 et l'agence 112[12].
  • Arrêté royal du déterminant les conditions minimales de l’aide adéquate la plus rapide et les moyens adéquats[13].

Références

  • Portail de la Belgique
  • Portail des télécommunications
  • Portail de la sécurité civile
  • Portail des premiers secours et du secourisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.