Château de La Rochefoucauld

Le château de La Rochefoucauld situé à La Rochefoucauld en Charente, est un château renaissance construit en grande partie vers 1520 à l'emplacement d'une forteresse féodale du XIe siècle dont ont été conservées les tours[1].

Pour l’article ayant un titre homophone, voir Château de la Rochefoucauld dans l'Oise.

Château de La Rochefoucauld

Le château vu du pont sur la Tardoire.
Période ou style Renaissance
Début construction XIVe siècle
Fin construction XVIIe siècle
Propriétaire initial Aimeri III de La Rochefoucauld
Propriétaire actuel François-Alexandre,
15e duc de La Rochefoucauld
Protection  Classé MH (1955)[1]
Coordonnées 45° 44′ 48″ nord, 0° 22′ 50″ est
Pays France
Région historique Angoumois
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Charente
Commune La Rochefoucauld
Géolocalisation sur la carte : Charente
Géolocalisation sur la carte : France

Le château et son parc ont été classés monument historique en 1955[1]. Depuis plus de mille ans, il est la résidence des ducs de La Rochefoucauld.

Historique

Le premier château fortifié de La Rochefoucauld a été construit vers 1026 sur un rocher surplombant la Tardoire[1].

En 1019 Foucauld, seigneur de La Roche, apparaît dans un acte du cartulaire d'Uzerche : il assiste avec ses fils, sa fille Ava et son gendre, Aimery Ostafranc, à une donation du vicomte de Limoges de l'église de Nieuil à l'abbaye d'Uzerche[2].

Dans un document de l'abbaye de Saint-Cybard d'Angoulême daté de 1026 , Foucauld est qualifié de seigneur très noble : « vir nobilissimus Fulcaudus de castrum qui vocatur Rocha »[3] : c'est la première mention du château.

C'est sans doute ce seigneur qui fait construire, à cette époque , les premiers 16 m du donjon de 11,78 × 12,06 m de côté et les murs ont une épaisseur comprise entre 2,30 à 2,50 m munis de contreforts plats de 80 cm de largeur au milieu des côtés et dans les angles. Le joint de reprise entre les deux états du donjon est encore visible côté intérieur du château. Ce donjon a une structure proche de ceux construits à la même époque par le comte d'Anjou, Foulques Nerra : Langeais en 994, Loches vers 1030.

Le donjon, dans son état initial, comprend deux niveaux :

  • un premier niveau aveugle d'environ 10 m de hauteur dont le seul accès est une trappe dans la voûte ;
  • un second niveau, de 5,40 m de hauteur, servant d'habitation avec une fenêtre côté est et une porte côté nord, sans cheminée au moment de la construction.

Un texte de 1109 signale un bâtiment d'habitation contre le donjon, probablement en bois, dans laquelle vit le seigneur et sa familia (famille et familiers).

Vers 1050, les biens de la vicomté de Limoges sont répartis. Probablement à cette époque, les descendants de Foucauld deviennent seigneurs du château de La Roche. Cependant le fief vicomtal reste au vicomte de Limoges avant d'être pris par les comtes d'Angoulême.

En 1059, les fils de Foucauld, Gui et Adémar, décident de faire venir neuf moines de l'abbaye Saint-Florent de Saumur pour créer un prieuré sur des terres qu'ils possèdent face au château, dans le souhait qu'autour de ce prieuré une ville se développe.

Quand les seigneurs de La Roche encouragés par le comte du Poitou, veulent en plus du château de Verteuil contrôler les châteaux de Loubert, Chabanais et Confolens, ils subissent l'attaque du comte Angoulême Bougrain II qui démantèle Verteuil en 1137, puis de son fils Guillaume IV Taillefer, qui pille le château de La Rochefoucauld en 1148.

Emma de La Rochefoucauld (qui vit en 1140), dernière descendante de la famille de la Roche (fille et héritière d'Aymar de La Roche, seigneur de La Rochefoucauld et de Mathilde de Chabanais), épouse Robert de Marthon, seigneur de Marthon et apporte La Rochefoucauld dans la famille de Marthon.[4],[5],[6].

Guy de Marthon, leur fils, prend le nom de sa mère et devient seigneur de La Rochefoucauld, Verteuil, Marthon, Blanzac, etc.. Il est l'auteur de la famille actuelle de La Rochefoucauld[5].

En 1299, le roi Philippe le Bel érige la seigneurie de La Rochefoucauld en baronnie.

En 1308, le comte d'Angoulême, Gui Ier de Lusignan, meurt sans descendant direct. Il fait un testament en faveur du roi d'Angleterre. Cela amène le roi Philippe le Bel à confisquer le comté d'Angoulême. Il laisse à l'évêque d'Angoulême le choix de la solution pour le fief vicomtal dont il est le suzerain. L'évêque, Foulques de La Rochefoucauld, oncle de Gui VII de La Rochefoucauld, choisit donc de lui vendre le fief vicomtal pour 1 400 livres, en 1310.

En 1350, Aimeri III de La Rochefoucauld fait construire les deux tours d'entrée.

En 1453, Jean de La Rochefoucauld édifie les trois tours d'angle et surélève le donjon. Le , le roi Charles VII se trouve au château de La Rochefoucauld, chez son conseiller et chambellan, lorsqu'il apprend à dix heures du soir[réf. nécessaire] la victoire de ses troupes sur celles du connétable John Talbot, commandant les troupes anglaises, à la bataille de Castillon, victoire qui met fin à la guerre de Cent Ans.

En 1494, François Ier de la Rochefoucauld est le parrain du fils du comte d'Angoulême et de Louise de Savoie (le futur roiFrançois Ier et son prénom fut attribué à l'enfant. En 1515 François Ier érigea en sa faveur la baronnie de La Rochefoucauld en comté en y incorporant la baronnie de Marthon.

François II de La Rochefoucauld (1494-1533), marié à Anne de Polignac, fait construire la plus grande partie du château : deux corps de logis, des galeries superposées, la chapelle et un grand escalier en colimaçon du même dessin que celui du château de Bonnivet en Poitou, détruit au début du XIXe siècle.

Cas unique en France, les galeries sont superposées sur trois étages selon un modèle italien (palais Farnèse).

Le château Renaissance conserve les éléments du château précédent (en particulier le donjon et les tours) : l'agencement est étudié pour que le donjon reste bien visible tant de l'extérieur du château que de l'intérieur de la cour.

Au XVIe siècle, François II de La Rochefoucauld ordonne en 1533 à sa future veuve de se retirer dans le château de Verteuil et le château de La Rochefoucauld inhabité n'est plus utilisé que pour les grandes réceptions officielles.

En 1760 l'aile XVIIe siècle, qui a brûlé, est reconstruite[1].

Les archives du château sont détruites à la Révolution.

L'accès au château se fait du côté du plateau, à travers un pavillon datant du début du XVIIe siècle[1]. L'édifice est précédé d'un vaste parterre sur lequel se développe la façade du corps de logis datant du XVIe siècle[1].

À la fin du XIXe siècle, l'aquafortiste vendéen Octave de Rochebrune (1824-1900) représente au moins deux aspects du château : sa façade dominant la Tardoire et le bourg et celles à triples galeries Renaissance de la cour intérieure.

En 1909, à la suite de la disparition prématurée de François XVII de La Rochefoucauld, son tombeau de style Renaissance, qui comporte son buste en marbre blanc ceint d'un tondo en céramique polychrome, est placé dans la chapelle  un portrait peint en pied, un temps transféré du grand salon, y a été depuis replacé  dont l'intérieur a été modifié : nouveaux vitraux, pose d'une tribune, chœur recarrelé en céramique vernissée portant inscrite, sur une banderole, la devise familiale : « C'est mon plaisir », et les initiales de l'enfant disparu. Y sont ensuite inhumés son père, François XVI (1853-1925), 11e duc, et sa mère Matti-Elizabeth Mitchell (1866-1933).

Des cartes postales de la collection Braun montrent la chapelle et certaines pièces meublées, mais la succession obérée de la duchesse, qui n'y aurait vécu que deux ans entraîna la vente de son mobilier, dont certains éléments présumés provenir du comte puis prince Orlov (1787-1862) sont acquis par Alphonse et Raymond Réthoré pour leur projet de château à la Mercerie près de Villebois-Lavalette mené de 1939 à 1970, et dont le mobilier est lui-même vendu aux enchères en 1987.

Le château, vidé, reste inhabité pendant de longues années. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il sert de dépôt d'archives, puis, livré aux troupes d'Occupation, il en sort dans un état de délabrement avancé, qui ne fait que s'aggraver 40 ans plus tard.

Le , la partie ouest du donjon s'effondre pour deux raisons : selon une inspection du château, toute la partie sud « glissait » sur le rocher, et ce très ancien bâtiment n'est plus guère entretenu. La crue de 1962 montre l'importance de la circulation de l'eau souterraine ; des explorations spéléologiques permettent de repérer d'importantes cavités karstiques qui risquent de mettre en danger la solidité du bâtiment.

Profitant du passage de Charles de Gaulle, président de la République, à La Rochefoucauld le , la municipalité et les représentants du département sollicitent son intervention afin de consolider les fondations du château. Le président demande effectivement à André Malraux, ministre des Affaires culturelles, d'engager des études, notamment sur l'état du sous-sol portant les fondations, élément qui conditionnerait l'éventuelle intervention financière de l'État.

Plusieurs années de travaux sont nécessaires pour permettre de stabiliser les karsts situés sous le château. Ils continuent avec les parties en élévation, mais la restauration du donjon n'a malheureusement pu être engagée à ce jour. Ce fut l'opportunité pour les propriétaires de demander à l'architecte Ieoh Ming Pei « un projet d'inspiration très contemporaine ».

À la suite de la vente en 1993 par le 14e duc de La Rochefoucauld (mort à La Rochefoucauld en 2011) du château de Montmirail, les meubles, les nombreux tableaux (essentiellement des portraits de famille), livres et divers souvenirs familiaux qui s'y trouvaient sont installés à La Rochefoucauld.

Y sont également transférés ces dernières années du château de Liancourt, autre propriété familiale, une riche bibliothèque (fin du XVIIIe siècle) de plus de 20 000 volumes installés dans plusieurs salles aménagées à cet effet, sur des rayonnages offerts par la Caisse d'épargne, ainsi qu'un chartrier composé d'environ 10 000 pièces d'archives  dont nombre de copies d'actes anciens, faites au XVIIIe siècle  et 300 cartes et estampes.

Le château fait l'objet depuis 1990 d'une restauration d'envergure sous l'impulsion de Sonia Marie Matossian, veuve et seconde épouse du 14e duc de La Rochefoucauld.

En 2013, après plus de mille ans d'occupation, le château appartient toujours à la famille de La Rochefoucauld en la personne de François 15e duc de La Rochefoucauld qui hérita du château en 1972 de son grand-père.

Description

Châtelet d'entrée.
Aile du XVIIIe siècle, côté cour.
Aile du XVIIIe siècle, à côté du donjon qui s'est partiellement effondré en 1960.

C'est le plus imposant château de Charente et un des joyaux de la Renaissance[réf. souhaitée].

La famille de La Rochefoucauld a conservé le donjon pendant toutes les périodes d'agrandissement et de reconstruction du château comme témoin de l'ancienneté de leur Maison.

Le vieux donjon roman est la partie la plus ancienne, construite sur les premiers 16 mètres, par Foucauld Ier, vers 1030. Les autres parties du château devaient être construites en bois. Sa face ouest s'est effondrée en 1960 ; le projet de reconstruction n'a pas abouti. Lui est accolé le châtelet d'entrée (XIIIe siècle)[7] avec ses deux tours. Les tours de flanquement coiffées de mâchicoulis et de hautes poivrières datent des XIIIe – XVe siècle[7]. Le donjon est surélevé, à la même période que les tours, de façon à ce qu'il continue à dominer le château. Il est muni de mâchicoulis avec un toit.

Les deux corps de logis des XVIe – XVIIIe siècle sont à étages et dans le toit présentent des fenêtres à fronton très travaillées formant une dentelle de pierre. Il y a un foisonnement de sculptures, mais du style élégant de la première période de la Renaissance. La mouluration de l'aile sud est encore gothique alors qu'autour de la cour, les ailes est et sud présentent un décor de portiques et d'arcades sur trois niveaux à l'italienne (cas unique en France). La chapelle est voûtée d'ogives et sa porte est encadrée de colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens. Le chef-d'œuvre du château est l'escalier hélicoïdal de 107 marches sans palier conçu par Léonard de Vinci au XVIe siècle : il est situé dans une tour carrée de l'aile sud.

En 1615, le château médiéval est démoli. La cour est ouverte vers le nord.

En 1636, François V de La Rochefoucaud demande à l'architecte Guillaume Cazier d'Angoulême de reconstruire l'aile ouest contre le donjon. Le duc en avait dessiné le plan, avec deux chambres basses et deux chambres hautes. Ce duc fit entreprendre par le maître maçon Jean Cazier, neveu de l'architecte, des travaux de pavage de la muraille côté ville.

Reconstruction en 1760 de l'aile du XVIIe siècle qui avait été construite par François V et détruite par un incendie.

Fontaine italienne

Fontaine en marbre de Carrare du château de Gaillon.

La grande vasque (m de diamètre) sur pied placée sur l'esplanade sud du château est l'élément constitutif de la fontaine monumentale en marbre de Carrare sculpté envoyée d'Italie en 1509 pour la cour d'honneur du château de Gaillon (Eure), propriété depuis 1262 des archevêques de Rouen, dont le cardinal Georges d'Amboise fit de 1506 à 1509 un « palais italien » et le premier château français de style Renaissance.

La fontaine, en mauvais état d'entretien, fut démontée sur l'ordre du cardinal de Saulx-Tavannes (promu le ).

Le dernier archevêque et primat de Normandie () résidant étant le cardinal de La Rochefoucauld, le bassin et son socle furent transportés au château de Liancourt (détruit), appartenant à cette famille, puis finalement placée ici.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Association Promotion Patrimoine, Philippe Floris (dir.) et Pascal Talon (dir.), Châteaux, manoirs et logis : La Charente, Éditions Patrimoines & Médias, , 499 p. (ISBN 978-2-910137-05-2 et 2-910137-05-8, présentation en ligne), p. 238-239
  • Frédéric Chassebœuf, Châteaux en Poitou-Charentes, Prahecq, Patrimoines et Médias, coll. « Belles visites », , 173 p. (ISBN 2-910137-91-0, OCLC 71887670)
  • Robert Dexant, Châteaux de Charente (SAGAG, s.d.)
  • Marie Vallée - La Rochefoucauld. Un château, une famille - Château de La Rochefoucauld - 2008 - (ISBN 2-9526830-2-6)
  • Philippe Durand - Le château de La Rochefoucauld : le Moyen Âge (dans Congrès archéologique de France - 153e session - Charente - 1995 - p. 217-230 - Société Française d'Archéologie - Paris - 2000)
  • Jean Guillaume - Le château de La Rochefoucauld : la Renaissance (dans Congrès archéologique de France - 153e session - Charente - 1995 - p. 231-243 - Société Française d'Archéologie - Paris - 2000);
  • Pierre de la Tardoire (abbé Pierre Lescuas) - Le château de La Rochefoucauld (Jean Bouchateau éditeur à La Rochefoucauld, 1934, in-8 162 p)
  • Entretien de Sonia Matossian avec Roger Klein, À La Rochefoucauld, l'histoire continue (Vieilles Maisons Françaises, no 243, mai 2012, p. 43).

Articles connexes

Liens externes

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