Château de Montgeard

Situé au cœur de la bastide de Montgeard, en Haute-Garonne, le château de Montgeard, également appelé hôtel Durand, est un hôtel particulier, construit au milieu du XVIe siècle, au moment de la grande période de prospérité qu’a connu le Lauragais à la Renaissance : l’âge d’or du pastel.

Château de Montgeard

Vue de la façade côté jardin (sud)
Type Hôtel particulier
Début construction 1555
Propriétaire initial Guillaume Durand
Destination actuelle Propriété privée
Protection  Inscrit MH (1992, Château)
 Classé MH (1995, Salles)
Coordonnées 43° 20′ 19″ nord, 1° 38′ 02″ est
Pays France
Région Occitanie
Département Haute-Garonne
montgeard.fr Montgeard
Géolocalisation sur la carte : Haute-Garonne
Géolocalisation sur la carte : Occitanie
Géolocalisation sur la carte : France

Il ne doit pas être confondu avec le château de Roquefoulet, également sur la commune de Montgeard mais construit bien plus tard, sous la Restauration[1].

Le château de Montgeard est inscrit sur la liste des Monuments Historique (1992) et une partie de sa décoration intérieure est classée (1995)[2].

Histoire

Le château de Montgeard a été construit par la famille Durand[3], riches marchands de pastel connus pour leur grande générosité sur le chantier de l’église du village, l'actuelle Notre-Dame-de-l’Assomption.

Grands bâtisseurs, les Durand ont également construit dans les environs de Montgeard le château de Fajac[4], « château du pastel » qui permettait de contrôler leur production de pastel depuis le centre de leur immense domaine[5], ainsi que le pigeonnier du Fort[6] qui affirmait de façon ostentatoire leur statut de seigneur haut justicier[7]. Les Durand possédaient aussi deux moulins à l'entrée du village[8].

Dès 1515, l’aïeul Bernard Durand obtient l’autorisation de l’archevêque de Toulouse de construire sa chapelle privée dans l’église du village[9]. Cette chapelle existe toujours et présente une dalle funéraire ornée du sceau familial, un écu frappé de l'initiale D et surmonté d'une croix archiépiscopale. La présence de ce même sceau, au centre d'une rosette de pastel stylisée, sur les clés de voûte d’une des salles basses de l'hôtel permet de confirmer la parenté de la construction.

Outre Jacques, premier fils de Bernard Durand, connu pour avoir offert 50 000 briques pour bâtir le clocher de l’église[10], et Jean, le deuxième, qui a assuré une partie de la maîtrise d'ouvrage de ce même clocher[8], la famille Durand s'est singularisée à travers son plus célèbre représentant, Guillaume, à qui l'on doit la construction du château de Montgeard. En effet, le troisième fils de Bernard Durand rachète en 1554 à Catherine de Médicis, comtesse du Lauragais, les droits seigneuriaux sur le village devenant ainsi le premier seigneur de Montgeard[3]. Une pierre sculptée ornée des armes de la famille Durand et d’une inscription en latin indique : « Guillaume, fils de Bernard Durand, seigneur de Montgeard, fit construire [ce château], l’an 1555, aux calendes de décembre »[11]. Ce même personnage, greffier de présentation au parlement de Toulouse, devient par la suite capitoul (1559), marque de réussite et de reconnaissance incontestable pour un nouvel anobli[12].

Après la construction d'une chapelle privée dans l'église du village, les dons généreux pour financer le chantier de l'église, du clocher et la décoration intérieure, la construction de l'hôtel Durand coïncide avec l’anoblissement de la famille, étape finale dans l'ascension exceptionnelle de ces marchands de pastel des coteaux sud du Lauragais.

Si la famille Durand de Montgeard se maintient dans le village pendant plus de trois siècles, elle est par la suite contrainte de démolir puis de vendre son château à la découpe[13]. Dès 1840, la haute tour d’escalier de 220 marches est ainsi détruite et vendue[14]. En 1842, c’est au tour du château d’être vendu dans son intégralité à neuf familles du village qui s’en servent comme carrière[12]. De nombreux éléments du château semblent avoir été réutilisés dans des maisons de Montgeard voire de villages voisins[14]. Échappant de peu à une destruction totale, le logis du château est ensuite reconverti en presbytère à une date inconnue, durant la deuxième moitié du XIXe siècle[14].

Depuis son rachat à la mairie en 1983, le château de Montgeard est progressivement restauré par ses nouvelles propriétaires, celles-ci reconstituant patiemment l’hôtel dans un état proche de ses dispositions d’origine[14].

Architecture

Le château de Montgeard a été décrit dans un inventaire comme "bâti à quatre murs, avec sentinelles et défenses de notable valeur". Au-delà de la rue principale, un grand jardin "environné de murailles à carneaux" lui était attenant[8]. De nos jours et malgré sa destruction partielle, l’hôtel Durand conserve des vestiges remarquables de sa splendeur passée.

A l’extérieur, le logis est bordé au nord, c'est-à-dire côté cour, des restes d’un couvert ou galerie à arcades en arcs brisés (seules 3 arcades subsistent). Situés en face de la halle du village, ces arcades devaient avoir une vocation commerciale[15]. Les façades sur cour du château sont percées de fenêtres à croisée (dites à meneaux) dont certaines sont décorées de petites figures grotesques sculptées appelées diablotins ou marmousets[14]. Aujourd’hui située à l’angle d’une propriété voisine, une échauguette a appartenu à l’hôtel Durand des origines. Placée en encorbellement sur le mur et dotée de bouches à feu, elle gardait l’extrémité du mur d’enceinte du jardin de l’hôtel avant qu'il ne soit vendu pour constituer une nouvelle propriété[16].

L’intérieur présente au rez-de-chaussée de grandes salles voûtées et d’autres à plafonds à la française. D’imposantes cheminées en brique dite « de style toulousain » agrémentent plusieurs pièces. Le manteau de l’une d’elles présente en son milieu une clé en pierre ornée des armes de la famille Durand : deux aigles aux ailes déployées et aux cerfs passant à gauche, timbrés de trois étoiles[14]. A l’étage, une grande peinture murale (5,6 m x 3,7 m) en mauvais état représente la « Tentation de saint Antoine » d’après une gravure du lorrain Jacques Callot datée de 1634[14],[17]. Une chambre présente également des restes de décoration peinte, notamment une cheminée ornée d’un paysage, type de décor apprécié au milieu du XVIe siècle, par exemple au château d'Écouen[18]. L’édifice possède également de vastes caves voûtées et une petite orangerie du XVIIe siècle[13].

À une date inconnue mais qui correspond certainement à la deuxième moitié du XVIe siècle, la famille Durand a également entrepris la construction d'un pigeonnier à la sortie du village, le pigeonnier du Fort. Dans un remarquable état de conservation, il est aujourd'hui sur le territoire de la commune voisine de Monestrol,en bordure de la Route Départementale 19, au lieu-dit « Le Fort »[19].

Le château de Montgeard fait partie de la Route Historique du Pastel au Pays de Cocagne.

Le château de Montgeard est privé. Il est visitable sur rendez-vous[13].

Notes et références

  1. « Château de Roquefoulet », notice no PA31000050, base Mérimée, ministère français de la Culture, consulté le 18 juillet 2016
  2. « Ancien château », notice no PA00094392, base Mérimée, ministère français de la Culture, consulté le 18 juillet 2016
  3. Rivals et Soutou 1974, p. 7
  4. Commune de Marquein.
  5. Jean Odol, « Les Châteaux du pastel », Couleur Lauragais, no 34, (lire en ligne)
  6. Commune de Monestrol.
  7. Jean Odol, « A la découverte des pigeonniers du Lauragais », Couleur Lauragais, no 114, (lire en ligne)
  8. Maurice Reichard, « Les maîtres maçons de Montgeard », Couleur Lauragais, no 112, (lire en ligne)
  9. Rivals et Soutou 1974, p. 20
  10. Rivals et Soutou 1974, p. 8
  11. Rivals et Soutou 1974, p. 27. Cette pierre est conservée dans le parc du château de Roquefoulet.
  12. Le Patrimoine des Communes de la Haute-Garonne, t. II, Paris, Flohic Editions, , p. 1128
  13. « Château de Montgeard », sur lauragais-tourisme.fr (consulté le )
  14. « Histoire de Montgeard », sur montgeard.fr
  15. Rivals et Soutou 1974, p. 26
  16. « En savoir plus sur notre patrimoine », sur montgeard.fr (consulté le )
  17. « La Tentation de saint Antoine », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
  18. « Ancien château », sur patrimoines.midipyrenees.fr (consulté le )
  19. Jean Odol, « A la découverte des pigeonniers du Lauragais », Couleur Lauragais, no 114, (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Claude Rivals et André Soutou, Montgeard en Lauragais, Toulouse, chez les auteurs,

Articles connexes

Liens externes

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