Château de Montreuil-Bonnin

Le château de Montreuil-Bonnin est situé à Montreuil-Bonnin, se trouvant en Vienne , département de la région Nouvelle-Aquitaine .

Château de Montreuil-Bonnin
Présentation
Type
Patrimonialité
Localisation
Adresse
Coordonnées
46° 33′ 04″ N, 0° 08′ 28″ E

Ce château fut construit Richard Cœur de Lion.

Statue de Richard Cœur de Lion sur son cheval.
Richard Cœur de Lion, l'homme pour qui se château a été construit.

Historique

Ancien emplacement du donjon du Chateau de Montreuil- Bonnin

Si l'on juge par l'hétérogénéité des bâtiments qui composent le château, celui-ci a dû subir bien des vicissitudes au cours de son histoire. Les tours cylindriques témoignent de l'évolution de l'art militaire au temps de Philippe Auguste. Le château fut incendié en 1346 par les Anglais de Derby. À partir de 1361, le château est sous tutelle anglaise. Au XVIe siècle, deux corps de logis sont ajoutés tandis que les tours sont en partie démantelées. Le château, durant les guerres de Religion, devient alors une place protestante. De nos jours, on distingue les tours ruinées, l'habitat intérieur et les restes de la fortification.

Montreuil-Bonnin fut un atelier monétaire pour Richard Cœur de Lion et ses successeurs jusqu'en 1346.

Témoin exceptionnel de l’architecture militaire médiévale du XIIIe siècle, le château de Montreuil-Bonnin est un haut lieu de l’histoire du Poitou. Il a joué un rôle militaire et économique de premier plan depuis les Plantagenêt jusqu’aux Guerres de Religion. Depuis la fée Mélusine à qui la légende attribue la construction du donjon, de nombreux personnages illustres s’y sont succédé : Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion, Blanche de Castille, Alphonse de Poitiers, du Guesclin, François de la Noue, etc.

La forteresse prend appui sur la rive nord de la Boivre en profitant d’un escarpement naturel pour renforcer son système défensif au sud. Sur les autres fronts, de larges fossés mettent en valeur ce vaste quadrilatère irrégulier d’environ 100 mètres de long sur 50 de large surmonté d’un donjon circulaire. L'enceinte de la forteresse est flanquée de cinq tours circulaires et le pont-levis au nord est protégé par un châtelet d’entrée.

Le nom Montreuil vient du latin monasteriolum qui indique qu’un prieuré devait exister à cet endroit aux origines de la chrétienté. Il existe par ailleurs dans le village des sarcophages de pierre mérovingiens qui attestent une occupation ancienne du site. Quant au nom de Bonnin, il pourrait venir de Guillaume Bonnin seigneur de Beaumont, dont la fille avait épousé Bouchard II de Marly, seigneur de Montreuil au XIIIe siècle.

Les premières références remontent au début du XIe siècle, mais rien d'apparent ne subsiste de cette époque. La forteresse actuelle a été élevée au début du XIIIe siècle. L'enceinte rectangulaire et le logis d’origine aujourd’hui ruiné pourraient avoir été élevés dans la première moitié du XIIIe siècle, tout comme le donjon, qui a de nombreuses similitudes avec les ouvrages du règne de Philippe Auguste. Le châtelet d’entrée date lui aussi du XIIIe siècle mais il a été remanié au XVe siècle avec l’adjonction d’un pont-levis à flèche.

Sauvé de la ruine définitive en 1830, le château est classé Monument Historique dès 1840. Le château est alors restauré pour prendre. Une dernière campagne de restauration est entreprise dans les années cinquante par les grands parents de la propriétaire actuelle, dont la famille a acquis la maison en 1862.

La légende


La fée Mélusine était mariée au prince Raymondin ancêtre légendaire des Lusignan. Elle engendra de nombreux fils. L'un d'entre eux avait au milieu du front un œil unique et démesuré. Il était méchant et cruel et sa mère ordonna qu'on l'étouffe, pour éviter qu’il cause de grands dommages autour de lui. Prise de remords, elle fit élever un grand et beau château, qu'on nomma en souvenir de sa descendance « Monstre-en-œil », aujourd'hui « Montreuil-Bonnin ».

Montreuil entre dans l'histoire

Montreuil-Bonnin apparaît pour la première fois dans les textes en 1012 et en 1029, au début du XIe siècle. C’est alors une possession du comte de Poitou. Il le restera jusqu’au début du XIIIe siècle. L’abbaye cistercienne du Pin, toute proche, est fondée en 1141 et le développement du village de Montreuil daterait des années 1180 date de construction de l'actuelle église.

Lorsqu’en 1152 Aliénor d’Aquitaine divorce du roi de France et se remarie avec Henri II roi d’Angleterre, la châtellenie passe par mariage aux Plantagenêt. En 1169, le futur Richard Cœur de Lion, alors âgé de 11 ans devient comte de Poitou pour le compte de son père. Il aurait ainsi séjourné à Montreuil, pour jouir du parc de chasse associé au château, notamment en 1181. Certains ont indiqué qu’il aurait créé l’atelier monétaire mais aucune trace historique ne l’atteste

La fin du XIIe siècle est marquée par les entreprises de Philippe Auguste contre les fiefs Plantagenêt en France. En mai 1199, Aliénor d'Aquitaine est à Montreuil-Bonnin peu après que son fils, le roi Richard a trouvé la mort au siège de Châlus en Haute-Vienne le 6 avril de cette même année.

Après la mort de Richard, l’ensemble de l’« Empire Plantagenêt » revient à son frère Jean sans Terre. En 1200, Jean sans Terre enlève, pour l’épouser, la fiancée de Hugues IX de Lusignan, Isabelle Taillefer, héritière du comté d'Angoulême. Le scandale est immense, le fiancé bafoué et de nombreux seigneurs d’Aquitaine indignés font appel au roi de France. L’attitude de Jean justifie la rupture du lien féodal. Le roi d’Angleterre refusant de comparaître devant ses pairs, Philippe Auguste, roi de France, profite de l’occasion pour déclencher « la commise » des terres de Jean, prononcée par la cour des pairs de France.

En 1204, à la mort d’Aliénor, le comté du Poitou et le château de Montreuil-Bonnin passent définitivement aux mains de Philippe Auguste qui y installe en 1214 la famille Montmorency, d’où le nom Bonnin.

En 1225, Louis VIII, fils de Philippe Auguste qui avait succédé à son père, donna par testament le Poitou en apanage à son fils Alphonse avec clause de retour à la couronne s’il n’avait pas de descendant.

Image du château de Montreuil Bonnin

En 1227 ou 1230, Montreuil-Bonnin fait partie d’un apanage composé de plusieurs châteaux poitevins, concédé par le roi Louis IX encore mineur et la reine-mère Blanche de Castille, à Hugues X de Lusignan, afin de le détacher de la cause des Anglais.

Au cours de cette période, en février 1238 (Adar2 4998), un certain Samuel, de Baslou (ou de Besalu ?), juif, avait été retenu captif dans la tour maîtresse du château de Montreuil-Bonnin, comme en témoigne un graffiti repéré dans cette tour et transcrit, puis estampé, dès avant 1836.

En 1242, Hugues X de Lusignan se révolte contre son suzerain, soutenu dans son entreprise par le roi d’Angleterre Henri III. C’est la fameuse révolte des « grands féodaux ». Immédiatement, la famille capétienne réagit. Le jeune roi Louis IX dirige la campagne. Il arrive à Chinon le 28 avril, à Poitiers le 4 mai, avec une armée de 30 000 hommes. Le 9 mai, ils réussissent à s'emparer du château de Montreuil-Bonnin. Les forces capétiennes se dirigent ensuite vers le sud et battent les forces anglaises et poitevines à Taillebourg le 21 juillet 1242 puis le 23 juillet à Saintes. À la suite de cette campagne, une paix durable est conclue à Paris le 4 décembre 1259 (traité de Paris).

Alphonse de Poitiers va créer l’atelier monétaire à Montreuil Bonnin vers 1247, pour y faire fabriquer des deniers poitevins qui portent l’inscription « PICTAVENSIS ». Alphonse mourut sans enfant en 1271. Le Poitou revient à la Couronne et Montreuil devient une forteresse royale.

L’atelier monétaire de Montreuil-Bonnin

Le château de Montreuil-Bonnin revient à Alphonse de Poitiers, comte du Poitou, frère de Saint Louis après la bataille de Taillebourg. Les études les plus récentes indiquent que c’est en réalité lui qui va créer l’atelier monétaire vers 1247. Ainsi, lors de la confiscation du château en 1204 par Philippe Auguste, il n’est pas fait mention d’un atelier monétaire. Les archives d’Alphonse indiquent qu’il engage aussi de nombreux travaux pour remettre en état le château : sur le logis en 1242 et sur le donjon entre 1245 et 1248 puis en 1259. Pendant cette période, l’administration de la châtellenie est confiée à un prévôt dénommé Jean.

La frappe est réalisée dans un atelier dont le maître est, soit nommé par le roi ou le comte, soit déclaré vainqueur d'une mise aux enchères de la charge. Aux termes d'un bail, le maître est tenu de fabriquer, dans les délais prescrits, une quantité spécifiée de métal, or, argent, ou cuivre, qu'il achète de ses deniers. Il verse le « seigneuriage » au comte ou au roi et garde pour lui comme bénéfice le « brassage », c'est-à-dire la différence entre le prix d'achat du métal et le coût de fabrication d'une part, et d'autre part le cours des espèces frappées. Les noms de quelques maîtres de l'atelier de Montreuil ainsi que certains baux d’exploitations ont été conservés jusqu’à aujourd’hui. Le personnel de l'atelier comprend : le tailleur, souvent un orfèvre, qui prépare les coins; les monnayeurs qui frappent les pièces au marteau; les ouvriers fondeurs, tailleurs et recuiseurs qui préparent les flans. Fournaise, soufflet, creusets, billots, marteaux ordinaires, coins, poinçons à graver, emporte-pièce et ciseaux constituent le matériel communément utilisé dans l’atelier. Les contrôleurs (gardes, essayeurs ou contregardes) représentent l'autorité royale ou comtale. La délivrance est donnée par le garde.

Les ateliers n’ayant pas de marques distinctives, les seules monnaies attribuables exclusivement à l’atelier de Montreuil-Bonnin sont les deniers du Poitou de l’époque d’Alphonse. Louis IX demanda d’ailleurs à son frère l’interruption de la production monétaire locale, considérant cette production comme une contrefaçon dépréciée de la monnaie royale.

En 1271, à la mort d’Alphonse de Poitiers sous le règne de Philippe III le Hardi, le Poitou et Montreuil-Bonnin sont réunis à la couronne de France. L’atelier monétaire demeura en activité et sous les règnes de Philippe IV le Bel et ses trois fils, Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel, il est utilisé pour frapper la monnaie royale ; c’est même l’un des principaux ateliers du Royaume. En 1306, il est l’un des huit lieux de fabrication en France.

Pour les années 1310 à 1312, la France tient la première place à l’échelle européenne pour le poids d’or et d’argent monnayé. 122 tonnes d’argent pur au total ont été monnayées en France dont une quinzaine à l’atelier de Montreuil-Bonnin : - Pour 1310, 2,6 tonnes d’argent pur sont traitées à Montreuil, seul Troyes en frappe davantage avec 3,3 tonnes. - Pour 1311, 6,2 tonnes sont frappées à Montreuil contre 8 tonnes pour Paris. - Pour 1312, Paris frappe 7 tonnes et Montreuil-Bonnin 6,4 tonnes.

À partir de 1337, Philippe VI de Valois y fera même frapper des monnaies d'or qui comptent parmi les plus belles du monnayage médiéval. Ces monnaies sont frappées à la fois pour financer les actions militaires et pour rehausser le prestige royal. C’est aussi un moment où la rareté du métal argent ne permet d’émettre que des espèces médiocres dans ce métal. Parmi les comptes d’ateliers parvenus jusqu’à nous figurent ceux du règne de Philippe VI. Ils nous renseignent sur les derniers maîtres de l’atelier et sur la production de monnaies entre le 1er mars 1337 et le 22 février 1346.

On constate aussi des périodes de chômage par défaut de billon d’or. Les comptes de l’atelier précisent aussi le prix d’achat du métal, la taille des pièces au marc de Paris, qui renseigne sur leur poids, et le cours rapporté en sol tournois.

Ainsi, de 1337 à 1346, ce sont plus de 500 000 pièces d’or qui ont été frappées dans l’atelier de Montreuil-Bonnin : 336 000 écus, 62 800 lions, 62 000 pavillons, 10 000 couronnes, 11 000 doubles royaux et 69 000 anges.

Le monnayage était strictement surveillé par des juges « maistres des monnaies » de deux à quatre pour chaque émission. Ils vérifiaient la valeur de l’alliage et le poids des pièces déposées dans des boites témoins, ainsi que les émoluments des maîtres de l’atelier, en tenant compte des dépenses supportées par ces derniers pour l’achat et l’entretien de la matière première, des coins ou « fers », des creusets ou « croiseux », du bois ou « buch », du charbon, des fourneaux à soufflet ou « foudre ».

Du règne de Philippe III à celui de Philippe VI, le château de Montreuil-Bonnin constitue ainsi l’un des principaux points forts de la présence militaire royale dans la région. Le roi est représenté sur place par un prévôt qui exerce en son nom les droits de justice de finance et de police. Forteresse majeure pour la couronne, on y prépare la venue de Philippe le Bel et de la Reine à la fin du XIIIe siècle. À cette occasion, entre 1290 et 1294, de nombreux travaux sont réalisés sur le logis, la chapelle, le donjon, les ponts, les halles et le moulin.

Au total l’atelier monétaire de Montreuil-Bonnin aura été actif de 100 à 170 ans, selon la date de création retenue. Les données dont on dispose sur les quantités de monnaie émises indiquent un atelier de grande importance.

La Guerre de Cent ans

Pendant la Guerre de Cent Ans, le Poitou sera le théâtre de luttes sanglantes, d’autant plus que les Anglais cherchent à reprendre le contrôle de leurs anciennes possessions. Le château de Montreuil-Bonnin sera assiégé six fois entre 1346 et 1375.

Après avoir dévasté Poitiers en octobre 1346, le comte de Derby et de Lancastre, lieutenant d’Edouard III, s’empare de Montreuil-Bonnin et incendie le château. L'atelier monétaire est pillé, les monnayeurs tués, une garnison anglaise installée au château. L’atelier monétaire ne se relèvera jamais de cette fin sanglante.

En 1347, Guillaume de Vouvray capitaine de la châtellenie de Montreuil-Bonnin, défend la forteresse contre les Anglais. En 1351, alors que Guichard d'Ars est sénéchal du Poitou, le château de Montreuil-Bonnin est aux mains des Français.

Après les batailles de Nouaillé et de Maupertuis et le traité de Brétigny, signé en 1360 entre Jean II le Bon et Edouard III d'Angleterre, les Anglais reprennent possession du Poitou. Dans ce cadre, le château est cédé en septembre 1361 à Jean Chandos, commissaire du roi d’Angleterre. À Noël 1369, alors que Simon de Burleigh est à la tête de la forteresse, Jean de Bueil et ses hommes défont la garnison anglaise de Montreuil-Bonnin. Néanmoins, cette attaque subite laisse la forteresse aux mains des Anglais.

Le Poitou retourna à la France en 1370 par la confiscation prononcée contre le prince de Galles, à qui son père Edouard III avait donné l’Aquitaine, à cause de son refus de comparaître devant la cour des pairs de France. Du Guesclin, connétable de France, fut chargé d’expulser les Anglais du Poitou. En 1371, il prit, temporairement semble-t-il, la forteresse de Montreuil-Bonnin avant de la reprendre, définitivement cette fois, au début de 1375. Le roi lui en fit don en récompense de ses victoires.

En 1372, Charles V donna le Poitou, dont la terre de Montreuil-Bonnin était alors séparée, en apanage à Jean duc de Berry son frère. Celui-ci racheta, le 1er décembre 1377, la terre de Montreuil-Bonnin à du Guesclin en moyennant 25 000 écus d’or. À la mort de Jean en 1416, le Poitou fit retour à la couronne de France. Il fut de nouveau constitué en apanage avec le Berry par lettres patentes du roi Charles VI de cette même année 1416, d’abord à Jean l’un de ses fils qui mourut jeune et ensuite en 1417, à un autre de ses fils le Dauphin Charles devenu le roi Charles VII en 1422.

En mai 1423, Charles VII aliène le château et la châtellenie au profit de Laurent Vernon, écuyer du royaume d’Ecosse, en échange de John Beaufort comte de Somerset, arrière-petit-fils d'Edward III et cousin germain d’Henri V roi d'Angleterre, que Laurent Vernon avait capturé à la bataille de Baugé en 1421. Le roi de France voulait échanger Somerset contre Charles d'Artois, comte d’Eu, que les Anglais détenaient depuis la bataille d’Azincourt en 1415. La Châtellenie, terres et seigneurie de Montreuil-Bonnin furent ainsi cédés à perpétuité à l'Ecossais pour lui tenir lieu d’une partie de la rançon du comte de Somerset. La rançon du comte de Somerset avait été fixée par Laurent Vernon à 40 000 écus d’or et Montreuil-Bonnin lui était abandonné pour 15 000 écus. Cette aliénation fut confirmée par lettres datées d'Amboise en novembre 1441. Tout au long de l’Ancien Régime, cette aliénation d’un bien de la couronne, par définition inaliénable sauf dans des circonstances très particulières qui ne correspondent pas à la cession faite à Laurent Vernon, fit l’objet de nombreuses contestations auxquelles a répondues une succession de lettres patentes en 1483, 1532, 1543, 1583, 1612, 1657 et 1763 qui sont venues confirmer la concession de la terre de Montreuil aux Vernon et à leurs descendants.

Les Vernon

Les Vernon cherchent à asseoir leur autorité seigneuriale au prix de nombreux démêlés avec les habitants et propriétaires des terres avoisinantes. Ainsi, en 1444, Laurent Vernon s’oppose à tous ceux qui avaient bâti des places fortes dans sa châtellenie. Son fils Jacques s’en prend quelques années plus tard aux habitants de Vouillé pour les obliger à venir faire le guet et les corvées au château. Jacques Vernon, qui fut Chambellan du roi, transmet à sa mort en 1481 un important domaine composé de neuf paroisses : La Chapelle Montreuil, Béruges, Benassais, Vasles, Vausseroux, Ayron, Chiré en Montreuil, Latillé et Vouillé. Son fils ainé ayant été tué accidentellement d’un coup d’arbalète, c’est son deuxième fils Jean qui hérite du fief. En 1491, le Sénéchal du Poitou intervient au profit des moines de Sainte Radegonde après un vol commis par les hommes d’armes de Jean Vernon. En 1492, Jean interdit de fortifier le bourg de Vouillé, malgré une autorisation royale. Jean décède prématurément et son frère Raoul rend hommage comme seigneur de Montreuil en 1494. En 1514, Raoul Vernon devient grand Fauconnier de France.

La Réforme

Arthuse Vernon, arrière-petite-fille de Laurent et fille de Raoul Vernon et d’Anne Gouffier , épouse Charles de Téligny, commandant de la cavalerie royale d’Henri II et compagnon d’armes de l’Amiral de Coligny. Leur fils Charles, que l’on retrouve dans le parti Huguenot dès 1567, épousera le 27 mai 1571 Louise, la fille de l’Amiral de Coligny. La fille d’Arthuse et de Charles de Téligny épousera quant à elle François de la Noue, fameux chef huguenot d’origine bretonne. Le château de Montreuil-Bonnin restera dans les mains de leurs descendants jusqu’à la veille de la Révolution.

François de La Noue est surnommé « Bras-de-Fer », en raison de la prothèse qu’il se fait confectionner, après avoir perdu un bras au cours d’un combat malheureux à Fontenay en 1570. Gratifié aussi du surnom flatteur de « Bayard huguenot », il reste l’une des belles figures héroïques d’une famille qui s’est illustrée pendant près d’un siècle dans les combats guerriers, mais aussi dans les négociations diplomatiques, les écrits philosophiques et politiques et la poésie. Il est notamment l’auteur des « Discours politiques et Militaires ». Il combat la Ligue catholique avec Henri IV à Arques en septembre 1589 et à Ivry, la bataille du « panache blanc », en février 1590. Il meurt à Moncontour, des suites d’une blessure à la tête reçue au siège de Lamballe en 1591. Le roi Henri IV disait de lui : « C’est un grand homme de guerre et un plus grand homme de bien ». Pour Brantôme, c'était « le plus grand capitaine que nous eussions aujourd'hui en France ».

Pendant cette période confuse, le château de Montreuil-Bonnin devient un point d'appui des huguenots aux portes de Poitiers. L’Église réformée de Montreuil semble être l’une des plus importantes de la région. Durant le siège de Poitiers par les protestants en 1569, Montreuil-Bonnin sera même le quartier général des assiégeants.

En janvier 1575, l'armée royale est dominée par le clan catholique des Guise-Lorraine et placée sous le commandement de Louis II de Bourbon, duc de Montpensier. Elle campe devant Montreuil-Bonnin, où sont retranchés les protestants. La forteresse passe ensuite aux mains des ligueurs; les huguenots l'investissent à nouveau en juillet 1592.

Henri IV séjournera à Montreuil-Bonnin dans la nuit du 30 mars au 1er avril 1582. La reine-mère, Catherine de Médicis et sa fille, Margueritte de Valois, la fameuse Reine Margot, première épouse d’Henri IV, passèrent la journée du 1er et du 2 avril à Montreuil-Bonnin avant de partir le 3 au matin vers Châtellerault.

En 1593, les ligueurs de Poitiers se sont emparés des places protestantes autour de cette ville et Jean de Chourses, comte de Malicorne gouverneur du Poitou au nom du roi Henri IV, vient assiéger Montreuil-Bonnin afin de mater la révolte. Ce dernier fait mettre en batterie quatre canons sans doute face au front ouest, le plus proche de la « grosse tour » et monté sur un socle rocheux, pour faire brèche dans les murailles. La brèche faite, les assiégeants gravirent le rocher par échelade, sans être atteints par les deux fauconneaux des défenseurs, placés derrière le parapet de la galerie (chemin de ronde de la muraille). Les défenseurs, La Piérière et La Paupane, ainsi que vingt-deux soldats sont pendus « lesquels essaient si leur col pourrait par force emporter un créneau » nous dit un « plaisant » chroniqueur.

Depuis cette époque, au tiers de la hauteur de la tour ouest du châtelet d’entrée, un boulet métallique a été encastré dans le mur, en dessous duquel ont été gravés quelques mots latins rappelant le souvenir de la Ligue: « VLTIMA : RATIO : REGVM : 1593 ».

Au total, du fait de l’intérêt militaire de la place, on prétend que pendant les troubles religieux, le château sera pris et brûlé jusqu'à trois fois. La forteresse a subi de graves détériorations pendant toute cette période.

En 1594, Odet de la Noue, le fils de François, demeure le seigneur de Montreuil. À la fin des guerres de Religion, il participe activement à la négociation de l’édit de Nantes. Lui-même et son père sont d’ailleurs les bénéficiaires de l’article 56 des « articles particuliers et secrets » du célèbre édit. Odet de La Noue participe aux États généraux de 1614. Sous la régence de Marie de Médicis, il se joint au mouvement de mécontentement des huguenots. Son fils Claude participera aux révoltes huguenotes entre 1621 et 1629. Montreuil-Bonnin voit à cette époque le passage du poète Agrippa d’Aubigné

Au début du XVIIe siècle, Claude de la Noue, le fils d’Odet continue d’assurer la protection de l’Église réformée de Montreuil qui perdurera jusqu’à sa mort. Contrairement à beaucoup de châteaux moyenâgeux endommagés pendant les Guerres de Religion, la forteresse de Montreuil-Bonnin est restaurée et les murailles ouest sont même remontées.

Du XVIIe siècle à la révolution

En 1646, Marie de la Noue, la fille de Claude et de Dame Marie Modeste de Saint Georges de Vérac épouse Léonor Antoine de Saint Simon marquis de Courtomer. C’est à cette occasion, semble-t-il que le logis est agrandi avec l’ajout d’une aile . Le château passe donc par mariage aux mains de cette famille qui le possédera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

Madame de Saint-Rémy veuve de Guy Antoine, marquis de Courtomer et comte de Montreuil mort en 1738, défendit avec courage les droits de ses enfants mineurs concernant la châtellenie de Montreuil-Bonnin. Malgré plusieurs lettres de confirmation de propriété accordées à Laurent Vernon et à ses successeurs, les agents du domaine s’acharnaient toujours à la revendiquer. Ainsi, en 1740, la châtellenie fut saisie faute d’hommage. Elle obtint, par arrêt du conseil d’État, jusqu’à ce que son fils aîné ait atteint l’âge de majorité pour faire hommage au roi. Quatre ans plus tard, l’intendant de Poitiers fit de nouveau saisir et vendre ce domaine et Madeleine de Saint-Rémy, s’opposant à cette situation, conserva encore une fois l’héritage de ses enfants dans son intégrité. L’arrêt fut enregistré au greffe de Poitiers le 19 janvier 1746.

Le 25 juillet 1774, une fois sa majorité acquise, et pour éviter des nouvelles réclamations, Antoine Léon Pierre marquis de Courtomer, le petit-fils de Madeleine de Saint-Rémy vend la terre de Montreuil-Bonnin à un certain Jean-Eli Forien, écuyer seigneur de la Rochenard et du palais de Croutelle, conseiller du roi et receveur des tailles à Poitiers et à Parthenay. Le marquis de Courtomer reçut en payement une somme de 203 600 livres, qu’il s’engageait à restituer dans le cas où son acquéreur serait gêné par le fait du roi ou ses bénéficiaires. Forien fait finalement faillite et ses créanciers mettent en vente le domaine en 1781. Il existe une affiche imprimée à cette époque pour annoncer la vente des biens du sieur Forien. Cette affiche décrit précisément le domaine et le château de Montreuil-Bonnin.

Le comte d’Artois, à qui le Poitou avait été donné en lot par le roi Louis XVI, introduisit contre les créanciers une demande en retrait de Montreuil-Bonnin qu’il prétendait être d’origine domaniale. Le marquis de Courtomer fut appelé par les créanciers à leur garantie. Les créanciers et le marquis de Courtomer firent plaider que Montreuil-Bonnin n’avait jamais fait partie du domaine de la couronne que c’était un bien patrimonial déclaré tel par un arrêt du conseil de 1763 et non soumis par conséquent au retrait. De la part du prince on disait au contraire que Montreuil-Bonnin appartenant à la couronne de France avant l’avènement de Charles VII au trône et n’avait pu être valablement ou au moins incommutablement aliéné par lui. Toutefois le comte d’Artois déclarait qu’en considération des services du marquis de Courtomer et pour le soustraire aux effets de l’action en garantie, il consentait à rembourser au sieur Forien ou à ses créanciers les 203 600 livres que le marquis de Courtomer en avait reçues au lieu de 33 000 livres représentant les 15 000 écus d’or qui avaient été le prix de la concession faite à Laurent Vernon. Ces offres ayant été acceptées par les créanciers, un arrêt fut rendu par le parlement de Paris à la date du 26 juin 1784, arrêt qui sous le bénéfice de ces offres ordonna la remise au comte d’Artois de la terre de Montreuil-Bonnin.

La relation de ce procès, qui fit sensation à l’époque – on dit que le roi de Suède a assisté en personne à certaines délibérations, se trouve dans la Gazette des tribunaux année 1784 et dans les affiches du Poitou de la même année.

Après l’émigration du comte d’Artois en 1789, l’Etat se saisit de ses biens. Une partie de la terre de Montreuil-Bonnin fut vendue par le district de Lusignan au début de juillet 1795, le 29 Messidor an III.

Le domaine fut racheté par un certain Claude Marie Bonnefond. Le château fut alors en partie ruiné et utilisé comme carrière. Les charpentes et les couvertures furent démantelées, les murs dépouillés de leur revêtement, les créneaux des tours renversés, la partie la plus vaste et la plus ancienne du logis fut abattue.

Le surplus consistant en 6I0 hectares de bois fut mis sous séquestre puis finalement restitué au prince en 1815 en vertu de la loi de décembre 1814 sur les biens des émigrés, mais le château ne lui appartient plus. L’État en opérant cette restitution fit néanmoins réserve des droits qui pourraient lui appartenir en vertu du caractère domanial des bois.

En 1819 le comte d’Artois fit donation au duc de Berry, son fils, de la nue-propriété de tous ses biens parmi lesquels figuraient ces 610 hectares de bois.

La loi du 10 avril 1832 qui bannit à perpétuité du sol français les membres de la branche ainée de la maison de Bourbon les obligea à vendre dans le délai d’un an tous les biens qu’ils possédaient en France, dont les bois de Montreuil-Bonnin. En 1839, l’État use du même argument que le comte d’Artois avant la Révolution, f valoir que, ces terres étant domaniales, l’équivalent d’un quart de la valeur de la vente devait lui être versé pour « libérer » ces terres de la contrainte domaniale. En 1842, la cour d’appel de Poitiers déboute l’État de ses prétentions et met un terme à la question de la domanialité de la châtellenie de Montreuil-Bonnin.

Ceci est une image du Chateau de Montreuil - Bonnet

L'époque contemporaine

Sauvé de la ruine complète en 1836 par Monsieur Félix Dupuis-Vaillant, qui sera maire de Montreuil-Bonnin de 1852 à 1860, la forteresse est classée au titre des monuments historiques dès 1840. Elle figure dans la première liste dressée par Mérimée à cette époque.

En 1862, le château est acheté par monsieur Pierre Ernest Chénier marié à Néomadie Elisa Brunet, aïeuls des propriétaires actuels. À son décès en 1885, il laisse le domaine à sa fille Marie-Louise qui a épousé en 1875 Alexandre Maurice Méreau. Madame Méreau le transmettra à son tour à ses filles Marthe et Renée. Marthe, mariée à monsieur Georges Hacault a eu quatre fils, Maurice, Jean mort pour la France en Algérie, Pierre mort pour la France pendant la guerre de 40, dont le nom figure sur le monument aux morts du village de Montreuil-Bonnin, et André mort jeune dans un accident d’automobile. Madame Hacault transmettra le domaine à son fils Maurice qui sera maire de Montreuil jusqu’en 1966. On doit à Maurice Hacault la dernière grande campagne de restauration du château : les remparts sont délierrés et renforcés, la tour sud-est est consolidée, le châtelet d’entrée est protégé par une terrasse en béton et les communs qui l’enserrent de part et d’autre sont détruits, le toit du logis Renaissance est surélevé et un jardin à la française est créé dans la partie est du plateau de la forteresse.

Monsieur et madame Maurice Hacault, qui n’ont pas d’enfants, vont adopter leurs nièces, Michèle et Chantal Hacault filles de Jean frère de Maurice. Au décès de Madame Maurice Hacault en 1980, sa fille Michèle et son mari Yves de Beaucorps vont entretenir le château pendant plus de trente ans avant de le transmettre en 2012 à leur fille Isabelle Dupont.

Lawrence d’Arabie à Montreuil-Bonnin

En 1908, alors qu’il était étudiant à Oxford, T.E. Lawrence prépare un mémoire sur les châteaux des croisés. Dans ce cadre, il parcourt la France à la recherche de vestiges de l’architecture militaire médiévale. Son mémoire « Crusader castles » fait référence à vingt-sept châteaux dont Montreuil-Bonnin qui se voit gratifier de cinq lignes de commentaires – rang tout à fait honorable dans l’ensemble. Selon Lawrence, le donjon est dû à Richard Cœur de Lion et date « presque certainement » d’avant le départ du roi pour la troisième croisade en juillet 1190. Sont également mentionnées la position indépendante et excentrée du donjon circulaire dans la cour, son entrée percée à trente pieds au-dessus du sol et son escalier intérieur qui n’est pas en vis. Dans une lettre à sa mère datée d’août 1908, l’étudiant reste perplexe devant l’inscription jamais traduite selon lui – alors qu’elle l’a déjà été plusieurs fois au XIXe siècle par l’abbé Cousseau, et messieurs de Longuemar et Schwab. « engraved, I think, in arabic characters », erreur impensable pour le futur Lawrence d’Arabie !

Notes et références

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