Donjon de Vire

Le donjon de Vire est le dernier vestige du château ducal des XIe – XIIe siècles, aujourd'hui à demi ruiné, qui se dresse sur la commune française de Vire dans le département du Calvados en région Normandie.

Donjon de Vire
Vue du nord.
Présentation
Type
Fondation
XIe siècle-XIIe siècle
Propriétaires
Duc de Normandie (en), Vire
Patrimonialité
État de conservation
Localisation
Adresse
Coordonnées
48° 50′ 08″ N, 0° 53′ 31″ O

Les ruines du donjon font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [1].

Localisation

Le donjon, propriété de la commune, est situé au-dessus d'un méandre encaissé de la rivière, sur un rocher au bout d'un éperon triangulaire de granite et de gneiss, à 200 mètres au sud de l'église Notre-Dame de Vire, dans le département français du Calvados.

Historique

Le château a été construit en 1123 par le duc de Normandie et roi d'Angleterre Henri Ier Beauclerc. La garde du château est confié à la famille Goz, vicomtes d'Avranches et ensuite à leurs cousins et héritiers, les Bricquessart. En 1150, le gouverneur est Ranulphe II de Bricquessart, vicomte d'Avranches et du Bessin, comte de Chester. À la fin de 1203, Jean sans Terre, qui avait fait de Vire l'une de ses résidences préférées, quittera la ville pour aller s'embarquer à Barfleur et ne jamais revenir en Normandie. Le roi de France, Philippe Auguste occupera dès lors la forteresse[2].

En 1368, une Grande Compagnie de routiers s'empare du château et pendant plusieurs mois rançonne le bocage[3].

Le château resté français pendant la première partie de la guerre de Cent Ans, se rend, le , au duc de Gloucester, Humphrey de Lancastre, frère du roi d'Angleterre Henri V, après quelques jours seulement de siège. Il restera anglais, malgré les chevauchées de Louis d'Estouteville, et son capitaine, Henry de Norbery, ne le rendra que le , après une brève résistance, aux troupes de Charles VII[4]. À la fin des hostilités entre la France et l'Angleterre, la garnison du château est de 240 Anglais[note 1].

En , Gabriel de Montgommery, s'empare de la ville, pille l'église Notre-Dame et le couvent des Cordeliers, et après deux mois de siège, le s'empare du château[4]. Dès le , le duc d'Étampes, Jean IV de Brosse, et le maréchal de Matignon, Jacques II de Goyon de Matignon, le reprennent. Montgommery parviendra à reprendre Vire, après avoir été délogé de Rouen, le qu'il finira par remettre au roi, cinq semaines plus tard, à la paix d'Amboise. Le , Montgommery, fait un nouveau coup de main ; les églises sont pillées, le couvent des Cordeliers incendiés et cinq religieux tués[4]. À la fin du XVIe siècle le château sera une dernière fois renforcé, Louis de Bordeaux, le gouverneur d'Henri IV, érige une deuxième enceinte crénelé sur le font est, au-dessus de la retenue d'eau des Moulins du Roi[4].

Le château sera démantelé à partir du [4] à la suite de la déclaration de Nantes, du , par laquelle Louis XIII, sur le conseil de Richelieu, publie l'ordonnance « pour le rasement et démolition de toutes sortes de fortifications des villes et châteaux qui ne sont aux frontières et importants au royaume »[6]. La démolition prendra trente ans, ne laissant que deux pans de mur du donjon. En 1802, les restes du château subiront un éboulement, aggravant son état de ruine[7].

Description

En 1204, la forteresse comprenait alors le gros donjon roman, dressé par le duc-roi Henri Ier d'Angleterre, de 14 × 13,40 mètres de côté et des murs de 2,30 mètres d'épaisseur, renforcé dans les angles de deux contreforts plats larges et peu saillants. On y accédait au niveau du premier étage. Haut de trois étages sur un rez-de-chaussée aveugle. Les étages étaient séparés par des planchers reposant sur des corniches et d'un mur de refend [4] orienté nord-sud divisant l'intérieur en deux parties.

Le rez-de-chaussée servait de cellier et les deux premiers étages de logement seigneurial chauffé par une cheminée. Le troisième étage accueillait, sous la plate-forme du donjon, la salle des gardes. Au XIV, le parapet crénelé primitif fut remplacé par les mâchicoulis, et on édifia en léger retrait, un pavillon central[4]. Le donjon éventré permet de voir les cheminées et les baies cintrées des étages nobles ainsi que les corniches sur lesquelles prenaient appui les planchers, et les corbeaux du chemin de ronde que l'on peut voir au sommet des murs ouest et est, les seuls subsistants[8].

Au XIVe siècle, au début de la guerre de Cent Ans, le roi de France, renforce la place, isolant le donjon sur ses flancs est et ouest par une courtine renforcée par quatre grosses tours rondes, et l'élévation face à la ville de deux murailles successives précédées de fossés s'ouvrant par deux portes fortifiées avec pont-levis et herses. Les deux cours fortifiées abritaient les logements de la garnison (cour extérieure) et le logis du gouverneur, la chapelle et le puits (cour intérieure)[4]. Le donjon est alors couronné par des mâchicoulis en remplacement du crénelage primitif[9].

Il ne subsiste aujourd'hui de cet ensemble qu'un côté et demi du donjon ; une moitié de la face ouest, et toute la hauteur de sa face sud avec des contreforts[10].

Notes et références

Notes

  1. Ce chiffre élevé s'explique par les évacuations des garnisons anglaises des châteaux repris par les troupes royales, et qui viennent naturellement renforcer celles des dernières places fortes restantes en leurs possessions[5].

Références

  1. « Ruines du donjon », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 p. (ISBN 2-85882-479-7), p. 142.
  3. Beck 1986, p. 79.
  4. Beck 1986, p. 142.
  5. Beck 1986, p. 78.
  6. Beck 1986, p. 92.
  7. Guy Le Hallé, Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN 978-2846732154), p. 76.
  8. Beck 1986, p. 125.
  9. Le Hallé 2015, p. 76.
  10. Donjon de Vire, sur le site Pays de Vire - Collines de Normandie.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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