Château des Allymes
Le château des Allymes, « castrum Alemorum », est une ancienne bâtie[2] devenue ancien château fort du XIVe siècle, rebâti au XVIe siècle et restauré au XIXe siècle[3], centre de la seigneurie des Allymes, qui se dresse au hameau de Brey-de-Vent à quelques kilomètres du hameau des Allymes sur la commune d'Ambérieu-en-Bugey dans le département français de l'Ain, en région Auvergne-Rhône-Alpes. C'est le seul exemplaire de forteresse médiévale du Bugey.
Pour les articles homonymes, voir Château de la Bâtie.
Château des Allymes | |
Nom local | bâtie des Allymes |
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Période ou style | Médiéval |
Type | Château fort de relief |
Début construction | vers 1310 |
Propriétaire initial | Dauphin de Viennois |
Destination initiale | Surveillance |
Propriétaire actuel | Commune d'Ambérieu-en-Bugey |
Destination actuelle | Musée |
Protection | Inscrit MH (1967, partiellement) Classé MH (1960, 1993)[1] |
Site web | Site officiel |
Coordonnées | 45° 58′ 24,81″ nord, 5° 24′ 36,67″ est |
Pays | France |
Anciennes provinces de France | Bugey |
Région | Auvergne-Rhône-Alpes |
Département | Ain |
Commune | Ambérieu-en-Bugey |
Au titre des monuments historiques, le château fait l’objet d’un classement par arrêté du ; les ruines de l'ancienne enceinte extérieure font l'objet d'une inscription partielle par arrêté du ; les vestiges de la basse-cour, de la barbacane, de la tour extérieure nord et de la courtine font l'objet d'un classement par arrêté du [1].
Situation
Le château des Allymes est situé dans le département de l'Ain sur la commune d'Ambérieu-en-Bugey. Il se trouve dans le Bas-Bugey et dans le massif du Jura. Bâti sur une montagne à 650 mètres d'altitude, à cinq kilomètres à l'est-nord-est du bourg, en dessous du mont Luisandre, il domine la commune d'Ambérieu-en-Bugey qui l'a acquis en 1984. On accède au château par le hameau de Brey-de-Vent.
Sa situation géographique fait qu'il offre un point de vue exceptionnel et sans égal sur la Bresse savoyarde et sur la Dombes.
Position stratégique et militaire à l'époque, aux portes de la Savoie, alors État indépendant, le château domine la plaine de l'Ain à quelque 800 mètres au sud-ouest du mont Luisandre et du château de Luissandre qui culmine à 805 mètres.
Histoire
Le château est construit, vers 1310, par Jean II, dauphin de Viennois, en réponse à la construction de la bâtie de Luisandre par le comte de Savoie. Il est au début principalement constitué de terre et de bois. Quelques années plus tard, une trêve conclue entre les parties interdit l'édification de nouvelles constructions. Peu respectée, chacun s'empresse de construire des châteaux en pierre. Les maîtres d'œuvre des Allymes sont deux maîtres-maçons, Peronnet et Guillemet d'Hières.
Le , en application du traité de Chapareillan signé l'année précédente entre le dauphin de Viennois et le comte de Savoie, le château des Allymes est remis à ce dernier par le dernier châtelain dauphinois des Allymes, Guy de Lutrin[4]. La frontière, repoussée jusque sur les bords de l'Albarine, relègue à l'intérieur des terres le château qui perd alors son intérêt stratégique.
Le , par lettres patentes données en la chapelle du château du Bourget, le comte de Savoie, Amédée VI, moyennant le paiement de 2 000 florins d'or de Florence, inféode par démembrement de la terre de Saint-Germain, le château, le village, le territoire et le mandement des Allymes avec toute justice à son trésorier, Nicod François[5].
Le , le roi de France Jean le Bon, son fils Charles, Dauphin de Viennois et le comte Amédée VI de Savoie, dit « le comte vert », ratifiaient à Paris le traité de paix qui mettait un terme aux guerres delphino-savoyardes (le Rhône et le Guiers deviennent alors la frontière entre les possessions du comte de Savoie et celles du Dauphin).
La seigneurie des Allymes passe aux environs de 1470 dans la famille de Lucinge à la suite du mariage de Claudine, fille unique de Amé François, chevalier, seigneur des Allymes, avec Humbert, seigneur de Lucinge. Le [6], Humbert en fait, à Turin, hommage auprès de Yolande, duchesse de Savoie, mère et tutrice du jeune duc Philibert. Cet hommage sera renouvelé le [6] au château de Morestel.
Le château est démoli en 1557[6], à la suite d'un arrêt du parlement de Chambéry pris contre Charles de Lucinge, seigneur des Allymes, pour avoir été l'un des principaux chefs du complot mené avec Nicolas, baron de Poluilliers, pour surprendre Lyon, pensant s'emparer ainsi facilement de la Bresse et du Bugey.
En vertu du traité du Cateau-Cambrésis signé en 1559[6], le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, ayant recouvré son duché dont les pays de Bresse et Bugey font partie, le seigneur des Allymes se voit rétabli en tous ses biens et le château rebâti au même endroit.
En 1601, René de Lucinge, seigneur des Allymes et de Montrosat, conseiller d'état et maître d'hôtel du duc de Savoie, ambassadeur de Savoie auprès du roi de France, négocie pour le compte de Charles-Emmanuel Ier le traité de Lyon qui met fin à la guerre franco-savoyarde par un échange de territoires : Henri IV abandonne le marquisat de Saluces à la Savoie, tandis que le Bugey, la Bresse, le Valromey et le Pays de Gex passent à la France. Le duc de Savoie, mécontent des négociations, menace René de Lucinge de décapitation ; il se réfugie alors dans son château des Allymes, désormais situé en territoire français, et prête serment au roi Henri IV. René de Lucinge, fin lettré et historien, a laissé de nombreux écrits. Une exposition permanente retrace sa vie et son œuvre dans l’enceinte du château. S'étant fort endetté, ses créanciers mettront en vente la seigneurie des Allymes que son neveu, René de Lucinge de Geres, seigneur de la Motte, rachètera.
La seigneurie est au milieu du XVIIe siècle la jouissance de Claude de Rochefort d'Ailly[7], seigneur de Saint Point, baron de Senaret et de Montferrand, pour les deniers dotaux de son épouse Anne de Lucinge. Elle passe ensuite successivement aux familles Suduyrand, Estienne, et Dujat, derniers propriétaires avant la Révolution.
Les bâtiments très mal entretenus subissent beaucoup de dégradations. Un descendant de la famille Dujat des Allymes[8], Adolphe de Tricaud[9], d'Ambérieu, entreprend de restaurer le château à partir de 1847 : les courtines sont relevées, dotées à nouveau d'un chemin de ronde et la tour ronde est recouverte.
Plus près de nous en 1959, la famille de Tricaud vend le château à monsieur Peyre avant qu'il ne soit classé monument historique en 1960. En 1964 une première tranche de travaux restaure le donjon, et le logis gothique. La restauration se poursuit dans les années suivantes : la toiture et la charpente de la tour ronde en 1977, puis les quatre courtines en 1984 et finalement la barbacane de l'entrée principale en 1991. Le château des Allymes a été l’objet de plusieurs programmes de fouilles et de restauration menées par le groupe d'archéologie médiéval d'Ambérieu.
Propriété de la ville d’Ambérieu-en-Bugey depuis 1984, il est géré et animé par « l’association des Amis du château ».
Description
Le château des Allymes avec ses deux tours reliées par des courtines représente le type du château médiéval en pierre, ancienne place forte massive, bien plantée à flanc de coteau et dominant la plaine de l'Ain. Le site du château des Allymes a fait l'objet de plusieurs campagnes de fouilles (années 1960, puis 1970)[10],[11],[12],[13].
L'extérieur se compose d'un grand mur de fortifications de 90 m de long terminé par une tour de guet protégeant jadis un bourg adossé à ses murailles.
L'enceinte du château de plan quadrangulaire est flanqué d'un gros donjon carré de type roman et en diagonale d'une grosse tour cylindrique fortement talutée à sa base, reliés par quatre courtines[3]. Cette partie date du XIVe siècle (1351)[réf. nécessaire].
À l'intérieur, un ensemble qui ne manque pas d'intérêt : habitat de type gothique adossé au donjon aux belles salles avec charpentes bien conservées, barbacane restaurée pour défendre l’entrée.
Le logis accolé au donjon, du XVIe siècle, de style gothique comporte un escalier à vis qui dessert les étages.
Pour Alain Kersuzan la couverture des chemins de ronde ainsi que les parapets sont des reconstitutions fantaisistes du XIXe siècle[4].
Le château des Allymes est un monument qui se visite et accueille des spectacles ainsi que des expositions temporaires.
Iconographie
Le château des Allymes est représenté sur une des cinq fresques[Note 1] conservées au château de la Tour-des-Échelles. L'une d'elles, restaurées, nous montre notamment la tour des Échelles à l'intérieur d'une perspective alignant la tour de Saint-Denis et les châteaux de Saint-Germain et des Allymes[14].
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
Notes
- Celle de la Tour-des-Échelles, avec Saint-Germain et les Allymes ne mesure que 1 × 1,50 mètre.
Références
- « Château des Allymes », notice no PA00116288, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, , p. 353 (lire en ligne [PDF]).
- Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 27.
- Alain Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey - Les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné (1282 - 1355), collection Histoire et Archéologie médiévales no 14, Presses universitaires de Lyon, Lyon, 2005, (ISBN 272970762X), p. 80.
- Bernard Ducretet, « Nicod François premier seigneur des Allymes », Cahier René de Lucinge17-18, 1973-1974 (éd. 1975), p. 47-58.
- Samuel Guichenon, Histoire de Bresse et de Bugey : Partie 2 : Contenant les fondations des Abbayes, Prieurez, Chartreuses, Egliſes Collegiales & les Origines des Villes, Chaſteaux, Seigneurs & principaux Fiefs, Lyon, Jean Antoine Huguetan & Marc Antoine Ravaud, , 109 p. (BNF 30554993, lire en ligne), p. 3.
- Marie-Claude Guigue, Topographie historique du département de l'Ain, Bourg, Gromier Ainé, , 518 p. (BNF 30556006, lire en ligne), p. 4.
- Régis Valette, Catalogue de la noblesse française, 2007, p. 77.
- Régis Valette, Catalogue de la noblesse française, ibid, p. 185.
- Antoine Bon, « Campagnes de fouilles 1964, 1965 et 1966 au château des Allymes », Cahiers René de Lucinge, n° 6-7, 8-9, 10-11, 1964 à 1966
- Antoine Bon, « Quatre campagnes de fouilles au château des Allymes », Cahiers René de Lucinge, n° 12,
- Charles Bonnet, Bernard Mandy, Jean-François Reynaud, « La cinquième campagne de fouilles (1974) au château des Allymes », Cahiers René de Lucinge, n° 17-18 (Mélanges Antoine Bon), 1973-1974
- Bernard Mandy, « La barbacane des Allymes, étude archéologique », Cahiers René de Lucinge, n° 19, 1975-1976
- Alain Kersuzan, ibid., p. 13.
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