Charles Robert de Boislandry

Charles Robert Le Grand de Boislandry (1755 - 1831), appelé le chevalier de Boislandry fut officier, négociant, agent secret, chevalier de l'ordre de Saint-Louis.

Charles Robert de Boislandry
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Biographie

Ce fils cadet de Damien Le Grand de Boislandry, négociant, juge-consul à Orléans, d'une famille de L'Aigle (Orne), et de Marie Magdeleine Tassin du Chesne, originaire d'Orléans, fut baptisé à Orléans le .

Il fut garde du corps du Roi (Compagnie de Luxembourg) dans sa jeunesse, avec son frère aîné, Damien Orphée Le Grand de Boislandry.

Franc-maçon, secrétaire de la loge de « L'Union-Parfaite » à Orléans en 1779.

Homme de confiance et ami intime, sa vie durant, d’Anne-Charles de Montmorency, duc de Luxembourg (1737 + 1803), fondateur du Grand Orient de France en 1773, président de la noblesse aux États Généraux, émigré à Londres puis Lisbonne. Lié aussi au prince de Luxembourg, frère cadet du duc, capitaine des Gardes du Corps du Roi, émigré en Suisse.

Robert de Boislandry a été employé comme agent secret par le duc de Luxembourg, au service de ce grand seigneur et du Roi. Il voyageait sous couvert d'activités de négoce dans le "Levant" (Empire Ottoman) et aux Amériques, utilisant le nom de « La Chalousière » (terre normande). Les lignes les plus sensibles de sa correspondance avec le duc de Luxembourg étaient chiffrées.

Boislandry épouse vers , probablement au château de Mazières, près de Tours, Antoinette Picault, jeune créole de Saint-Domingue, fille de Charles Picault, riche planteur de cannes à sucre de cette île, seigneur de Mazières. Elle est la sœur aînée d'Henriette Picault (1769 + 1838), vicomtesse de Belloy, émigrée à Londres, amie de Chateaubriand, remariée en 1810 à Pierre Victor Malouet.

En , "La Chalousière" effectue une mission secrète de négociation à Constantinople. Ses directives, approuvées par Vergennes, ont été conservées : « Il s’agirait d’engager les Turcs à prendre à leur solde une Légion Européenne et à l’établir dans une grande isle de l’archipel. Elle se chargerait non seulement de contenir les possessions intéressantes dans leur devoir et de les préserver de toute invasion, mais il serait possible que, en présentant aux Ottomans le tableau d’un corps à leur solde, armé, instruit d’après notre tactique, cet Empire se décida à prescrire à leurs militaires une formation et un régime que leur position critique rend indispensable » (Archives familiales). Ce plan avait pour but de contenir les ingérences russes, autrichiennes et britanniques, et de renforcer l’influence française dans l’Empire Ottoman. Au mois de , "le capitaine de La Chalousière" obtient d'être reçu en audience par le grand vizir et de lui présenter la proposition du duc de Luxembourg. Cependant, le gouvernement de la Porte décline diplomatiquement l'offre d'assistance française transmise par "La Chalousière". Elle est à la fois trop tardive, trop limitée et en contradiction avec la ligne adoptée par le comte de Saint-Priest, Ambassadeur du Roi, qui a déjà conseillé à l'allié turc de céder à la Russie.

De 1785 à 1789, Robert de Boislandry assiste le duc de Luxembourg dans le combat souterrain qui l'oppose au duc d'Orléans et à la faction radicale du Grand Orient. Il est encore à ses côtés à Versailles, en , puis en émigration à Londres dès le mois suivant, et lui sert encore d'agent de liaison avec la France et la Suisse en 1790.

La décision du duc de Luxembourg de se retirer à Lisbonne, faute d'influence et de subsides, incite Boislandry à se tourner vers les Amériques pour y sauver ce qui peut l'être de moyens d'action.

En 1792-1793, Robert de Boislandry est gérant des vastes plantations de la famille Picault à Saint-Domingue. En 1793-1794, il porte le titre de "commissaire du Roi" pour cette île et tente infructueusement d'obtenir une assistance militaire britannique au profit des colons royalistes de Saint-Domingue.

En 1794, après la sanglante insurrection de l'île, il se réfugie à Baltimore (Maryland) où il devient négociant et armateur, en relation commerciale avec les Antilles et l'Angleterre. Il retrouve aux États-Unis nombre de français, parmi lesquels son cousin-germain Louis de Boislandry (1750 + 1834), ancien député à la Constituante, mais aussi les Dupont de Nemours ou Talleyrand.

Veuf, Robert de Boislandry se remarie en , à Baltimore, à Louise Buscaille de Kermassé (1775 + 1854), comme lui réfugiée de Saint Domingue.

En 1797, étant en séjour à Londres, il y intervient au profit du duc de Luxembourg, qui tente sans succès de reprendre du service en levant un régiment à la solde de l’Angleterre. ("Avant de faire auprès de lord Grenville les démarches que vous désirez, j’ai cru vous devoir quelques observations préliminaires..."). Lord William Grenville était alors ministre des Affaires étrangères.

La "quasi-guerre" entre la France et les États-Unis (1798-1800), guerre maritime non déclarée, compromet puis ruine les affaires de Robert de Boislandry. Il perd un navire marchand, saisi par l'US Navy, et doit en vendre un autre à la marine française à l'île de Saint-Barthélemy.

Vers la fin de l’année 1801, le duc de Luxembourg, qui envisage de regagner la France, s’en ouvre auprès de Robert de Boislandry. Celui-ci préconise une solution prudente : « Tous nos ducs ont quitté Londres pour la France, à l’exception des ducs de Castries et de Mortemart… Je sens ce qu’un homme de votre sorte peut avoir de répugnance à aller vivre sous un régime dont il est inutile que je vous fasse la peinture, parce que vous le connaissez aussi bien que moi. Mais il me semble que vous pouvez aller en France comme un grand seigneur étranger qui voyage et, après que vous aurez jugé par vous-même l’état de vos affaires, vous pourrez retourner en Portugal. »

Rentré en France en 1802, venant de faire banqueroute, Robert de Boislandry intègre l'administration des Finances comme receveur des douanes.

A la Restauration, il est décoré de l'ordre de Saint-Louis au mois d'.

Il meurt à son domicile d'Orléans le .

Bibliographie

  • Jean Bérenger, "Les vicissitudes de l'alliance militaire franco-turque (1520-1800)" ;
  • E. B. Dubern, "Gentry" (tome 1, ascendance d'Eugène Boislandry Dubern, 1880 + 1976, comte Dubern), 2000 ;
  • Paul Filleul, "Le duc de Montmorency Luxembourg", 1939 ;
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