Famille Tassin de Charsonville
La famille Tassin de Charsonville est une famille française, parmi les "Familles subsistantes de la noblesse française"[2], originaire de la ville d'Orléans.
Pour les articles homonymes, voir Tassin.
Famille Tassin | |
Blasonnement | D'argent au chevron d'azur accompagné en chef de deux étoiles de sable au point en chef d'un croissant du même et en pointe d'une aigle au profil de sable la tête contournée[1]. |
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Branches | Tassin du Chesne de Charsonville de Montaigu de Villepion de Saint-Péreuse de Nonneville de Moncourt de Villiers de Beaumont Tassin de Granville Tassin des Ormes |
Pays ou province d’origine | Orléanais |
Demeures | Château de Charsonville Château de La Renardière Château du Coudray-en-Beauce Château de Montambert Château du Lude (Loiret) Château de Villepion Château de Besne Château de Fontenailles Château de Boury Château de Pasmoulet |
Charges | Maire d'Orléans Préfet |
Histoire
Les Tassin sont connus à Orléans depuis la fin du XIVe siècle : la tradition orléanaise, établie pour légitimer les prétentions de la famille, veut qu'un Jehan Tassin ait libéré Orléans des Anglais aux côtés de Jeanne d'Arc en 1429 lors du siège de la ville pendant la Guerre de Cent Ans[3].
La famille est surtout renommée pour ses activités industrielles et commerciales dans le raffinage du sucre, qui fut l'une des principales richesses d'Orléans à partir du XVIIe siècle.
Entre le XVe siècle et le XVIIe siècle, cette famille de la bourgeoisie d'Orléans a fourni à la ville des maires, des échevins, des négociants dans le sucre et la laine d'Espagne, des ecclésiastiques, un propriétaire de la fameuse hostellerie de la Herse d'or au début du XVIIe siècle et des banquiers à Paris ; elle a ensuite rejoint la noblesse de robe.
Au XVIIIe siècle, la fortune financière et commerciale de la famille permit à ses différents membres d'acquérir d'importants fiefs en Beauce et d'atteindre l'anoblissement par des offices et des fonctions dans l'administration royale. La première acquisition fut la châtellenie de Charsonville avec son château très diminué par les Guerres de religion au XVIe siècle ainsi que le château de Lorges. Ces deux fiefs appartenaient aux descendants des Montgommery (dont un des membres est celui qui blessa à mort le roi Henri II lors d'un tournoi), les Durfort de la maison de Durfort — comtes et ducs de Lorges, qui préférèrent transférer leur duché à Quintin en Bretagne et qui vendirent leurs terres de Beauce, acquises au XVIIIe siècle par les Tassin d'Orléans. Ils furent également propriétaires des châteaux de Villepion en Eure-et-Loir, de la Renardière à Baccon, du Bailly à Mézières-lez-Cléry, des Chalets à Saint-Jean-le-Blanc et de Montambert à Vannes-sur-Cosson.
Origines de la fortune familiale
La raffinerie de sucre orléanaise Tassin bénéficia de la canne à sucre qui arrivait à Nantes depuis les colonies, et qui remontait la Loire, au lieu de rejoindre Paris par la Seine qui jusqu'à l'arrivée de la vapeur, était une route commerciale trop longue et coûteuse. La moscouade, extrait de canne, était transformée grâce à la technique importée à Orléans par le hollandais Vandebergue, cousin par mariage des Tassin. Orléans, dont le port est devenu port annexe de Paris depuis qu'un canal fut creusé sur ordre de Henri IV permettant de rejoindre le canal du Loing à Montargis et le canal de Bourgogne à Briare, et donc de diffuser ses denrées dans tout le royaume, vit son commerce exploser avec le commerce des colonies grâce à l'investissement de quelques familles orléanaises : les Colas des Francs et le tabac, les Jacque de Mainville et les indiennes et le coton, les Miron et les épices, les Tassin de Charsonville, les Compaing de Barberonville ou les Vandebergue de Villebouré et le sucre, les Baguenault de Puchesse et la laine, les Le Grand de Boislandry avec Charles Robert de Boislandry pour les étoffes.
C'est surtout sous le règne de Louis XVI, que le sucre d'Orléans acquit alors une grande réputation dans le royaume. Il fut traité en si grande quantité que les sous-produits de la fabrication, dont la mélasse, le gros sirop, le tafia, suffirent à constituer des branches nouvelles pour le commerce orléanais. La prospérité de la ville a donc été très liée au raffinage du sucre des Antilles dont la production était distribuée dans tout le royaume, mais principalement dans la moitié nord de la France et la Bourgogne grâce au canal d'Orléans.
Les Tassin donnèrent de nombreuses branches issues des différents domaines familiaux dans l'Orléanais, le Blaisois ou le Pays Chartrain, obtenus par mariage ou par achat : les Tassin de Charsonville (la branche aînée), les Tassin de Montaigu, les Tassin de Villepion, les Tassin de Saint-Péreuse, les Tassin de Nonneville, les Tassin de Moncourt, les Tassin de Villiers, les Tassin de Beaumont, les Tassin du Chesne, les Tassin des Hauts-Champs, les Tassin du Bois Saint-Martin ou les Tassin de Maupas. Cette multiple descendance va de l’écrivain Jean d'Ormesson à Patrice de Vogüé - propriétaire du château de Vaux-le-Vicomte, du ministre et académicien Prosper de Barante à Hugues de Saint-Vincent créateur des Editions MANGO et petit-fils du vicomte et général Pierre Robert de Saint-Vincent, du maire de Chambray-lès-Tours, Alfred Tassin de Nonneville, au compagnon de la Libération Pierre Tassin de Saint-Péreuse.
Principaux membres
- Charles Tassin de La Chaussée (1696-1765), maire d'Orléans de 1754 à 1757.
- Prosper Augustin Tassin de Charsonville (1728 - 1814), seigneur de Charsonville et de la Renardière à Baccon, capitaine des chasses de Sologne du duc d'Orléans, conseiller secrétaire du Roy à la cour des Aydes de Montauban, raffineur de sucre avec son beau-frère, Pierre Philippe Jean Miron, seigneur de Poisioux et du Coudray. Il épousa Madeleine Monique Seurrat de La Barre - fille d'Étienne Augustin Seurrat de La Barre, raffineur à Orléans en 1760, seigneur de La Grand-Cour, président de la juridiction consulaire d'Orléans - et cousine de Jacques-Isaac Seurrat de La Boulaye. Il eut, entre autres, un fils : Étienne Augustin Tassin de Charsonville, raffineur de sucre également, mais qui dut fermer les raffineries familiales en 1816 à la suite du blocus anglais contre Napoléon Ier qui eut pour effet de bloquer l'approvisionnement de canne à sucre.
Mécène de Jean-Baptiste Perronneau, il fit portraiturer plusieurs membres de sa famille par ce pastelliste de renom et son portrait est au musée du Louvre, dans la salle des pastels XVIIIe siècle, au côté de celui de la Marquise de Pompadour.
- Charles François Tassin de Charsonville (1723 - 1804), seigneur de Lorges en Beauce, grand-maître des Eaux et Forêts de la généralité d'Orléans, fut également un des principaux raffineurs de sucre de la ville. Sa résidence orléanaise fut « la Grande Babylone » située rue d'Escures à Orléans (aujourd'hui siège régional de la Caisse d'épargne) et il fit construire deux hôtels pour ses fils par l'architecte du roi Pierre-Adrien Pâris, qui sont parmi les plus spectaculaires de la ville après la résidence construite par Victor Louis pour le duc d'Orléans dit Philippe-Égalité. Les deux hôtels situés rue de la Bretonnerie sont aujourd'hui propriété d'administrations : le no 1 rue de la Bretonnerie est la résidence du gouverneur militaire de la ville ; le no 3 rue de la Bretonnerie est propriété du Conseil général du Loiret. Il fit également réaliser son portrait par le pastelliste Jean-Baptiste Perronneau et son portrait est aujourd'hui au musée des Beaux-Arts d'Orléans. Fils de Charles Tassin de La Chaussée, il épousa Marie Anne Colas des Francs, de la fameuse manufacture des tabacs, dont il eut une nombreuse descendance telle que Paul de Laage de Meux, Aignan Isaac Seurrat de La Boulaye, Joseph de Loynes d'Estrées, Louis Henri Emmanuel Tassin de Montaigu ou Guy de Marin de Montmarin.
Les deux cousins Tassin de Charsonville constituèrent également une collection de tableaux, non seulement grâce au soutien de leur cousin peintre, Aignan-Thomas Desfriches, mais également parce qu'Orléans de par sa prospérité, devint une place intellectuelle et artistique importante dans le royaume. Nombre de ces œuvres ont été léguées par leurs descendants au musée des Beaux-Arts d'Orléans et ont contribué à la qualité du fonds XVIIIe siècle de ce musée.
- Le vicomte André-Louis-Marie Tassin de Nonneville (1775-1835), adjoint au maire d'Orléans, maître des requêtes au Conseil d'État, préfet de la Loire de 1815 à 1823, d'Indre-et-Loire de 1823 à 1828, puis de Vaucluse[4]. Commandeur de la Légion d'honneur.
- René Tassin de Montaigu (1897-1994), ingénieur des Mines et membre du Conseil Economique et Social.
- Le baron Pierre Tassin de Saint-Péreuse (1910-1995), officier de l'Armée de l'air, compagnon de la Libération.
- Renaud François Melchior Tassin de Saint-Péreuse (1915-2002), général français.
- Alix Rist (1922-1980), artiste.
- Thibault de Montaigu (1978-), écrivain et journaliste.
Armoiries
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Les armes des Tassin de Charsonville se blasonnent ainsi : D'argent, au chevron d'azur, sommé d'un croissant de sable, et accompagnées en chef de deux étoiles de sable, et en pointe d'une aigle essorante de mesme, le chef contourné. L'écu est surmonté d'une couronne de comte et supporté par un lion assis et un lion couché[1].
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Notes et références
- annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, Borel d'Hauterive, 15e année, 1858. https://books.google.fr/books?id=x1koAAAAYAAJ&pg=PA270&dq=tassin+de+charsonville&hl=fr&sa=X&ei=E5kSVKn0L4zXaunKgMgD&ved=0CDoQ6AEwAw#v=onepage&q=tassin%20de%20charsonville&f=false
- Dictionnaire de la vraie noblesse, Tallandier, 2008, p. 310
- Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Armorial général de la Touraine ; précédé d'une notice sur les ordonnances, édits, déclarations et règlements relatifs aux armoiries avant 1789 : Tome XIX, Tours, Impr. de Ladevèze, 1866-1867 (lire en ligne), p. 944
- Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Armorial général de la Touraine ; précédé d'une notice sur les ordonnances, édits, déclarations et règlements relatifs aux armoiries avant 1789 : Tome XIX, Tours, Impr. de Ladevèze, 1866-1867 (lire en ligne), p. 945-946
Voir aussi
Bibliographie
- Geoffroy Guerry, Les Tassin, une famille d'Orléans : Essai sur les descendances des branches de Charsonville, Moncourt, Beaumont, Montaigu, Nonneville, Saint-Péreuse, , 448 p.
- Gérard Héau, Généalogie et histoire de la famille Tassin, Donnery,
- Léon de Buzonnière, Histoire architecturale de la ville d'Orléans, vol. 2, Paris, Orléans, Victor Didron, , 437 p. (lire en ligne)
- Anne-Cécile Hodeau, La famille Tassin au XVIIIe siècle, Archives municipales d'Orléans, Faculté d'Orléans. Mémoire,
- (en) Neil Jeffares, Dictionnary of pastellists before 1800, Unicorn Press, , 758 p. (ISBN 9780906290866)
- Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Armorial général de la Touraine ; précédé d'une notice sur les ordonnances, édits, déclarations et règlements relatifs aux armoiries avant 1789 : Tome XIX, Tours, Impr. de Ladevèze, 1866-1867 (lire en ligne)
- Portrait et pouvoir aux XVIIe et XVIIIe siècles par les musées Région Centre
- DRAC Centre (monuments historiques)
- Dossiers techniques du service municipal archéologique de la ville d'Orléans
Articles connexes
- Histoire d'Orléans
- Liste des familles françaises les plus anciennes
- Ancien château de Fontenailles
- Charsonville
- Baccon
- Château de Besne
- Château de Boury
- Hôtel Tassin de Montcour
- Hôtel Tassin de Villiers
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