Charles Van der Linden

Charles Van der Linden fut chronologiquement le 30e abbé à administrer l'abbaye de Parc, de 1558 à sa mort, en 1576. Ce monastère est une abbaye de l'ordre des Prémontrés située dans le Brabant flamand, en Belgique, près de Louvain, fondée en 1129 et toujours en activité.

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Charles Van der Linden

Quelques bâtiments de l'abbaye de Parc.
Biographie
Nom de naissance Lyndanus
Naissance
Louvain
Ordre religieux Ordre des Prémontrés
Ordination sacerdotale
Décès
Louvain
Abbé de l'Église catholique
30e abbé de Parc
Autres fonctions
Fonction religieuse
  • Archichapelain des ducs de Brabant
  • Receveur général des contributions ecclésiastiques pour l'entretien des théologiens des pays par deçà au concile de Trente
Fonction laïque
  • Bachelier en théologie
  • Membre des États de Brabant
  • Conseiller à la cour de Philippe II d'Espagne

Ne quid nimis[note 1]

L'abbé Charles Van der Linden fit réaliser notoirement des travaux d'architecture, d'orfèvrerie et de décoration.

Sur le plan religieux, il fut comme son prédécesseur l'abbé Louis Van den Berghe le receveur général des contributions ecclésiastiques pour l'entretien des théologiens des pays par deçà au concile de Trente. Il fit en sorte par ailleurs que l'abbaye de Parc échappe à l'incorporation et n'ait pas d'évêque à sa tête comme à l'abbaye de Tongerlo ou à l'abbaye d'Affligem.

Sur le plan politique, il fut membre des États de Brabant, s'opposant notamment aux membres du parti opposé, dont le prince d'Orange était le chef principal. Il s'y est battu pour le rétablissement de l'ordre dans le pays, même si cela passait par la prodigalité espagnole. Il fut aussi conseiller à la cour de Philippe II d'Espagne et bien écouté, par exemple lorsqu'en 1572, face à l'impôt exigé par le duc d'Albe, il s'est rend à Madrid avec une délégation brabançonne pour que cet ordre soit suspendu par le roi.

Face aux évènements intérieurs, l'abbé Charles Van der Linden fut considéré comme un ardent patriote et un éminent défenseur des droits de son Ordre, l'abbaye de Parc lui étant redevable d'avoir échappé au vandalisme des iconoclastes.

Chronologie

Charles Van der Linden est né à Louvain en 1523 d'une famille noble, du chevalier Jean, bourgmestre, et de Catherine de Marneffe, dame de Pomelettes et de Serain, fille de Jean et de Suzanne Absolons[1],[2]. Il est le frère de Jean Van der Linden, abbé de Sainte-Gertrude et de Saint-Antoine, prieur à l'abbaye de Villers[1].

Charles Van der Linden devient profès en 1544, est ordonné prêtre en 1549, est bachelier en théologie, devenant prieur de l'abbaye de Parc en 1556, puis son abbé lorsque le vote des religieux l'appelle à cette dignité, sa lettre de nomination du roi Philippe II étant datée du [1],[2].

Il meurt à Louvain des suites d'une maladie de langueur le , son corps est transporté à l'abbaye de Parc puis est enterré au chœur de son abbatiale, du côté droit du maître-autel, à côté de son prédécesseur Louis Van den Berghe[1],[3].

Abbatiat

Travaux d'architecture

Dès le début de son administration, l'abbé Charles Van der Linden pense à reconstruire une partie de son monastère[4]. Dans les faits, il rebâtit l'aile orientale du cloître et ses constructions contigües : sacristie, salle capitulaire, réfectoire d'hiver, dortoir, etc., en assurant une transition entre les styles gothique et Renaissance[4],[note 2].

Travaux d'orfèvrerie

En 1560, l'abbé Charles Van der Linden fait exécuter une nouvelle crosse pastorale par l'orfèvre Henri Van Diependale de Louvain[5].

Travaux de décoration

À la demande de l'abbé Charles Van der Linden, Pierre Boels exécute plusieurs verrières pour des églises claustrales ou paroissiales, des chapelles, des collèges, etc[3],[note 3]. La plus belle des verrières réalisées est celle qui décore le chevet du chœur de Notre-Dame hors Louvain, cette verrière représentant le Christ en croix entre les deux larrons, au pied de cette croix se trouve la Vierge, saint Jean et la Madelaine, et aussi l'abbé Charles Van der Linden à genoux, en habits pontificaux, et d'autres personnages[3],[note 4].

Affaires religieuses

Clôture du concile de Trente, le .

L'abbé Charles Van der Linden est receveur général des contributions ecclésiastiques pour l'entretien des théologiens des pays par deçà[note 5] au concile de Trente[1]. Il a ainsi des relations avec les Pères de ces assises et avec toutes les institutions ecclésiastiques du pays, redevables de leurs quotes-parts dans les dépenses des députés. Comme il se sent surchargé de travail, on lui donne à sa demande comme coadjuteurs le doyen de Saint-Pierre à Louvain David T'Sestich et le prieur de l'abbaye de Saint-Martin de Louvain[2].

Dans la question de la division et la dotation des nouveaux évêchés, l'abbé Charles Van der Linden travaille pour que son abbaye échappe à l'incorporation et n'ait pas d'évêque à sa tête comme à l'abbaye de Tongerlo ou à l'abbaye d'Affligem[1]. Plus largement, par ses conseils, les structures relatives à la dotation des nouveaux évêchés engendrent l'acte de concordat qui émane de Philippe II en 1564, lequel acte tend à empêcher le retour des commendes[2].

Affaires politiques

Portrait de Philippe II d'Espagne.
Le prince d'Orange à cheval.

L'abbé est membre des États de Brabant[1]. Il y montre beaucoup de force et de caractère, en combattant les membres du parti opposé, dont le prince d'Orange est le chef principal, lequel en 1566 se plaint de la prodigalité espagnole qui ruine la patrie[1]. L'abbé lui répond alors que cette prétendue prodigalité tend au rétablissement de l'ordre dans le pays, ce qui est somme toute préférable à l'anarchie[2]. Attaché à sa patrie, il émet l'avis de convoquer les États généraux pour que l'ensemble de ses membres se prononcent sur les mesures à prendre pour rétablir l'ordre et la tranquillité[4]. Il signe le une requête à la gouvernante qui porte aussi les autres signatures des députés du Brabant, mais le résultat de cette démarche n'est pas connu[4].

Il est aussi conseiller à la cour de Philippe II d'Espagne et favorablement écouté[1]. Par exemple, quand le duc d'Albe, arrivé à Bruxelles le pour exiger la levée de l'impôt du vingtième denier sur les ventes d'immeubles et du dixième denier sur celles des marchandises et denrées, l'abbé Charles Van der Linden fait partie d'une délégation[note 6] qui arrive à Madrid le pour que Philippe II révoque l'ordre exigeant cet impôt[4]. Le roi suspend alors la levée de cet impôt impopulaire par un acte du [4].

C'est en grande partie à l'initiative de l'abbé Charles Van der Linden, à ses conseils et à sa contribution pécuniaire, qu'est érigé, en 1572, le collège des Prémontrés, à Louvain, pour les études théologiques des jeunes norbertins à l'université[1],[4],[note 7].

Évènements intérieurs

Le duc d'Albe.

Avec l'abbé Charles Van der Linden s'ouvre une période de lutte contre les misères des troubles intérieurs dans le pays[1]. Sur ce point, l'abbé maintient et fortifie la réforme de son prédécesseur Louis Van den Berghe concernant les agressions dont l'abbaye peut être victime[1]. Il est considéré comme un ardent patriote et un éminent défenseur des droits de son Ordre, l'abbaye de Parc lui étant redevable d'avoir échappé au vandalisme des iconoclastes[1].

En effet, en 1566, le duc d'Albe a son camp à l'abbaye de Parc[1]. En 1572, l'abbé Charles Van der Linden n'est pas encore de retour de son voyage en Espagne que le prince d'Orange vient assiéger la ville de Louvain avec une armée composée en grande partie de calvinistes et d'iconoclastes[4]. Le prince, après avoir mis le feu à l'abbaye de Vlierbeek, a établi son quartier-général à Parc[1]. Par respect pour l'abbé, il empêcha cela dit le pillage de l'église et les dommages au monastère, qui avaient déjà commencé[4],[note 8]. C'est précisément à l'abbaye de Parc que les députés de la ville de Louvain viennent trouver le prince d'Orange, qui consent à épargner la ville contre 16 000 florins[4].

Postérité

Tableau des armes des abbés de Parc (1724).

Indication posthume

Dans son ouvrage cité dans la section « Bibliographie » de cette page, J.E. Jansen[note 9] accompagne la chronologie de l'abbé Charles Van der Linden d'une indication en latin le concernant et qu'un outil informatique traduit par « Il poursuit les dispositions introduites par la réforme de son prédécesseur, ayant toujours le souci de promouvoir leur ordre. Il s'engage à comprendre les émeutes publiques. »[note 10].

Représentation sur vitrail

Le chevet du chœur de Notre-Dame hors Louvain comporte une verrière représentant le Christ en croix entre les deux farrons, au pied de cette croix se trouve la Vierge, saint Jean et la Madelaine, et aussi l'abbé Charles Van der Linden à genoux, en habits pontificaux, avec d'autres personnages[3].

Armes de l'abbé

Les armes de l'abbé Charles Van der Linden se blasonnent : « de gueules au chef d'argent à trois maillets de sable posés en bande »[note 11]. La devise qui y est associée, identique à celle de l'abbaye de Parc est : « Ne quid nimis »[1],[note 1].

Ces armes, empruntées à la famille de l'abbé, se trouvent d'abord au dessus de la porte d'entrée de la Salle du chapitre de l'abbaye de Parc, sous la forme d'un écusson à bordures déchiquetées, et ensuite, dans des encadrements ornés, sur les vitraux du réfectoire d'hiver de ce monastère, juste au dessus des médaillons garnissant ces fenêtres[1],[5],[note 12]. Elles figurent aussi sur le tableau des armes des abbés de Parc, daté de 1724, présent dans le monastère.

Un examen de l'armorial des abbés de Parc permet par ailleurs de rapprocher ces armes de l'ensemble des armes des abbés de Parc.

Notes

  1. La devise de l'abbé Charles Van der Linden est aussi celle de l'abbaye. Elle est en latin et signifie : « modération en toutes choses. »
  2. L'architecte louvaniste Amand Van Bullenstraten dresse le plan de ces travaux, réalisés avec des pierres blanches extraits de la carrière de Berthem, propriété de l'abbaye de Parc, les tailleurs de pierres se nommant Charles et Zacharie Mertens, Josse Ruelens, Henri Pickaerts, Josse Vranx, Henri Van der Velken, etc.
  3. Ainsi est réalisée en 1561, à l'église de Sainte-Gertrude de Louvain, une verrière représentant le triomphe de saint Norbert sur hérésiarque Tanchelin, cela pour la somme de 26 florins du Rhin. Un autre vitrail, pour 24 florins, figurant saint Jean dans l'île de Pathmos, est placé la même année, au cloître du monastère de Roosberghen, à Waesmunster. En 1566, deux verrières aux églises de Notre-Dame de Malines et de Leliëndael sont mises en places. En 1568, un autre vitrail peint est placé au chœur de l'église des religieuses d'Auderghem.
  4. Pour cette réalisation, l'artiste reçoit 76 florins du Rhin.
  5. Les pays par deçà correspondent aux provinces des Pays-Bas acquises par les ducs de Bourgogne entre les XIVe et XVIe siècles, englobant la Flandre, le Hainaut, l'Artois, la Hollande, la Zélande et les autres territoires néerlandais.
  6. Le processus de contestation est cependant long, une résolution d'envoyer une députation brabançonne à Philippe II ne se produisant que le .
  7. Cette fondation est projetée dès l'année 1571 par les abbés de Parc, de Grimbergen, d'Averbode et de Ninove, et l'année suivante par ceux de Saint-Michel d'Anvers et de Tongerloo. À la tête du nouvel établissement, ses fondateurs placent Gossuin Rivius, licencié en théologie et religieux de l'abbaye de Parc.
  8. Le prince d'Orange empêche en effet les hordes indisciplinées d'aller plus loin, la porte du monastère ayant été enfoncée et les actes de vandalisme ayant commencé.
  9. J.E. Jansen est chanoine de l'abbaye de Parc, archiviste de la ville de Turnhout et membre titulaire de l'Académie royale d'Archéologie de Belgique.
  10. L'indication d'origine en latin est : Carolus Van der Linden qui reformationem a praedecessore suo introductam strenue conservavit et roboravit atque res ordinis sui semper promovere studuit ; in tumultibus et publicis curis pro sibi commissis semper sollicitus ; studiorum theologicorum insignis Mecœnas.
  11. Le blasonnement des armes de l'abbé Charles Van der Linden figure dans l'ouvrage de J.E. Jansen avec l'énoncé : « de gueules au chef d'argent à trois maillets de sable penchés rangés en fasce. », mais il est fautif car d'une part « penchés » n'est pas un terme héraldique, il faut écrire « en bande », d'autre part « rangés en fasce », qui est la position par défaut pour trois meubles chargeant le chef, n'est pas à blasonner.
  12. La peinture de ces vitraux est réalisée par Pierre Boels.

Références

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • J.E. Jansen (chanoine et archiviste), L'abbaye norbertine de Parc-le-Duc - Huit siècles d'existence - 1129-1929, Malines, H. Dessain, . 
  • F.J. Raymaekers (professeur et chronologiste), « Recherches historiques sur l'ancienne abbaye de Parc », Revue catholique - Recueil religieux, philosophique, scientifique, historique et littéraire, Louvain, P.J. Verbiest, sixième, vol. premier, année 1858, p. 401-418, 481-490, 527-541, 588-598, 661-676 et 712-722. 

Article connexe

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