Chauffeurs de la Drôme
Les chauffeurs de la Drôme étaient des bandits qui terrorisaient les habitants de la campagne autour de Valence et de Romans-sur-Isère, dans le département de la Drôme, entre 1905 et 1908.
Notamment, les crimes ont conduit Georges Clemenceau à créer les fameuses Brigades du Tigre.
Crimes
La méthode utilisée était de s'introduire la nuit dans des maisons et de brûler les pieds de leurs habitants sur les braises de la cheminée, d'où le nom de « chauffeurs », pour faire révéler l'endroit où les économies étaient cachées. Les malfaiteurs auraient tué dix-huit personnes.
Agissant la nuit, les « chauffeurs » reprenaient leurs activités professionnelles, de cordonnier ou de maçon, le jour. Cela leur permettait d'éviter d'être repérés pendant plusieurs années. Leurs méfaits faisaient la une du Petit Journal.
Condamnations
Démasqués, Octave-Louis David, trente-six ans, cordonnier à Tournon, Pierre-Augustin-Louis Berruyer, du même âge, cordonnier à Romans, et Urbain-Célestin Liottard, quarante-six ans, manœuvre dans la même ville, sont arrêtés par le commissaire Floch, dirigeant la brigade mobile de Lyon. Un quatrième larron, Jean Lamarque, échappe dans un premier temps à la justice. La plupart des crimes auraient été préparés au domicile de Berruyer, no 26 rue Pêcherie à Romans, avec l'aide de trois autres complices : Noémie Nirette surnommée la « Poule noire », Hippolyte Caleu dit « Bel-Œil », et Romanin Finet.
Jugés, les trois principaux instigateurs sont condamnés à mort par les assises de la Drôme le et sont guillotinés en public le matin du , à l'intersection de la rue Amblard et de l'avenue de Chabeuil, face à l'entrée de la prison de Valence, devant une foule dense (jusqu'à 2 000 personnes selon certains témoignages[1]), par le bourreau Anatole Deibler.
L'exécution des « chauffeurs » sera celle qui fera l'objet du plus grand nombre de photographies en dépit des instructions formelles du ministère de la justice[note 1]. Plusieurs de ces clichés seront publiés sous forme de cartes postales, qui connaîtront un grand succès. Il semblerait qu'à l'occasion, un film ait même été tourné, des articles de presse de l'époque annonçant sa projection dans une salle de Valence[1].
Les dépouilles des suppliciés sont enterrées en dehors du mur de clôture du cimetière de la ville. Au moment de son exécution, David, qui venait de marcher dans une flaque de boue, aurait plaisanté : « Je vais m'enrhumer » puis, en direction de la foule, il aurait crié : « Salut mes enfants, salut ! »[1].
Condamné à mort par contumace, Lamarque est arrêté le . Il voit sa peine confirmée par les assises de la Drôme, mais est finalement gracié par le président Armand Fallières, qui était contre la peine de mort mais avait été poussé par l'opinion publique à ne pas gracier les trois autres. Lamarque purge une peine de travaux forcés à perpétuité au bagne de Cayenne, où il terminera ses jours.
Articles connexes
Bibliographie
Alain Balsan "Les chauffeurs de la Drôme" pp.276-299 in Les grandes affaires criminelles de la Drôme 2008 Editions De Borée (ISBN 978-2-84494-807-6)
Jacques Bénévise et Emmanuel Dossat L'affaire des chauffeurs de la Drôme. Documents inédits sur les hommes rouges 2017, Bouquinerie Editions (ISBN 978-2-84794-006-0)
Bernard Hautecloque Les chauffeurs qui terrorisaient la Drôme pp.327-344 in Brigands. Histoires de tous les temps 2016, De Borée Éditions ( (ISBN 978-2-81291-973-2))
Notes
- Une note du 18 septembre 1909 dispose : « On s'opposera de manière absolue à ce qu'il soit fait usage d'appareil photographique ou cinématographique ou de tout autre moyen de reproduction de la scène de l'exécution et on retirera les appareils aux personnes admises à pénétrer sur l'emplacement. »
Liens externes
- Le Petit Journal Illustré du 15 novembre 1908
- Les Chauffeurs de la Drôme sur romanshistorique.fr
- Les chauffeurs de la Drôme sur l'Empreinte
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