Cheval en Roumanie
Le cheval en Roumanie (roumain : cal) connaît une décrue d'effectifs au XXe siècle puis au début du XXIe siècle. La Roumanie est un pays producteur de viande de cheval, mais non consommateur, en raison de la valorisation culturelle des chevaux.
Cheval en Roumanie | |
Fermier roumain avec son cheval attelé à Rășinari. | |
Espèce | Cheval |
---|---|
Statut | natif |
Races élevées | Trait roumain, Huçul, Cheval de sport roumain, Trotteur roumain... |
Objectifs d'élevage | Traction hippomobile, sports équestres, équitation de loisir |
Histoire
L'existence de petit chevaux de type Huçul sur le territoire roumain est documentée de façon très ancienne, mais leur origine reste peu claire[1],.
En 1860, 506 104 chevaux sont recensés en Roumanie ; en 1873, ils sont 426 859, soit une densité de 2 chevaux pour 50 hectares de terres, inférieure à celles de la France et de l'Angleterre[2]. Il s'agit essentiellement de petits chevaux vifs et résistants à la fatigue, doués de peu de force de traction[2]. Leur élevage s'effectue en extérieur dans les prairies jusqu'aux premières chutes de neige, puis ils sont rentrés à l'écurie et nourris de paille et de foin jusqu'au printemps[2].
La politique communiste des années 1950 et 1960 tente de réduire le nombre de chevaux du pays au nom de la modernisation.
D'après le témoignage de William Blacker, tout au long des années 1990, la Roumanie est très certainement le pays d'Europe comptant la plus haute densité de chevaux, et ce en dépit de la politique communiste enjoignant aux paysans de s'en défaire à l'abattoir[3].
L'article 71 du code de la route interdit aux attelages hippomobiles de circuler sur les routes nationales de Roumanie depuis 2008, au motif qu'ils seraient responsables de 10 % des accidents de la route[4]. Cela entraîne une diminution des effectifs globaux[5].
La Roumanie est impliquée dans la fraude à la viande de cheval de 2013, la viande de cheval étant frauduleusement vendue sur les marchés locaux roumains comme du bœuf[6]. Le marché roumain de la production de viande subit de nombreuses critiques à l'époque, souvent infondées[7].
Pratiques et utilisations
L'équitation de loisir se développe, parallèlement au recul de l'usage de la traction hippomobile agricole[5].
Élevage
Plusieurs races roumaines se sont éteintes au cours du XXe siècle[5].
Le Roumanie élève des races de chevaux nationales spécialisées, le Trait roumain, le Cheval de sport roumain, le Trotteur roumain et le Poney roumain. Ce pays héberge aussi l'une des deux populations de chevaux européennes que l'on puisse considérer comme réellement retournées à l'état sauvage, le cheval du delta du Danube, lequel profite d'une végétation particulièrement propice[8].
Plusieurs races de chevaux transfrontières originaires d'Europe centrale et orientale, sont présentes en Roumanie : le Huçul, le Lipizzan (à faibles effectifs[9]), le Gidran, le Furioso, le Nonius et le Shagya. L'effectif de chevaux arabes est très réduit[9].
Les chevaux roumains sont exposés aux infections des maladies à tiques (borreliose)[10]. L'infestation par Toxoplasma gondii a été recherchée chez des chevaux roumains abattus pour leur viande, et détectée chez 38 à 39 % d'entre eux[11]. Comme dans beaucoup d'autres régions d'Europe, les chevaux de travail roumains sont parasités par des petits strongles[12]. D'autres parasites intestinaux sont possibles[13].
L'infestation de la viande de cheval roumaine par la trichinose est très rare[14].
Haras nationaux & dépôts d'étalons
Culture
Si le cheval est présent dans l'art et les traditions de tous les peuples européens, sa présence est encore plus marquée au sud du Danube[15]. D'après Paul H. Stahl, les motifs de chevaux de bois sculptés trouvés en Roumanie pourraient avoir un lien avec les motifs similaires trouvés en Scandinavie[15]. L'animal, symbole de fertilité, de virilité et du soleil, est particulièrement valorisé dans la culture roumaine, tuer un cheval étant vu comme un péché aussi grave que tuer un être humain[16]. De même, sa viande n'est pas consommée, car le cheval a la réputation d'avoir été la monture d'Ève[16].
Notes et références
- (en) S.E. Georgescu, M.A. Manea, A. Dudu et M. Costache, « Phylogenetic relationships of the Hucul horse from Romania inferred from mitochondrial D-loop variation », Genetics and Molecular Research, vol. 10, no 4, , p. 4104–4113 (ISSN 1676-5680, DOI 10.4238/2011.october.31.7, lire en ligne, consulté le )
- Obedenaru (Miculu Georgiade), La Roumanie économique : d'après les données les plus récentes, Ernest Leroux, , 435 p., p. 138.
- (en) William Blacker, Along the enchanted way : a story of love and life in Romania, John Murray, (ISBN 978-0-7195-9800-5 et 0-7195-9800-1, OCLC 973975035, lire en ligne).
- « L'interdiction des attelages, responsable des lasagnes au cheval roumain ? », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- Rousseau 2016, p. 265.
- Par AFP, « Scandale de la viande de cheval: Paris évoque d'autres filières que Spanghero », Challenges.fr, (lire en ligne).
- (en) Silvius Stanciu, N. Stanciuc, L. Dumitrascu, R. Ion et C. Nistor, « The effects of horse meat scandal on Romanian meat market », SEA-Practical Application of Science, vol. 1, no 1, , p. 174-181.
- (en) Markku T. Saastamoinen, Forages and grazing in horse nutrition, Wageningen Academic Publishers, , 2e éd., 515 p. (ISBN 978-90-8686-200-9 et 90-8686-200-4, OCLC 795176840, lire en ligne), p. 447.
- Khadka 2010, p. 36.
- (en) Timea Kiss, Daniel Cadar, Alexandra Florina Krupaci et Armela Bordeanu, « Serological Reactivity to Borrelia burgdorferi Sensu Lato in Dogs and Horses from Distinct Areas in Romania », Vector-Borne and Zoonotic Diseases, vol. 11, no 9, , p. 1259–1262 (ISSN 1530-3667, DOI 10.1089/vbz.2010.0254, lire en ligne, consulté le )
- (en) Anamaria Ioana Paştiu, Adriana Györke, Zsuzsa Kalmár et Pompei Bolfă, « Toxoplasma gondii in horse meat intended for human consumption in Romania », Veterinary Parasitology, vol. 212, no 3, , p. 393–395 (ISSN 0304-4017, DOI 10.1016/j.vetpar.2015.07.024, lire en ligne, consulté le )
- (en) Sorin Morariu, Narcisa Mederle, Corina Badea et Gheorghe Dărăbuş, « The prevalence, abundance and distribution of cyathostomins (small stongyles) in horses from Western Romania », Veterinary Parasitology, vol. 223, , p. 205–209 (ISSN 0304-4017, DOI 10.1016/j.vetpar.2016.04.021, lire en ligne, consulté le )
- (en) Steffen Rehbein, Martin Visser et Renate Winter, « Prevalence, intensity and seasonality of gastrointestinal parasites in abattoir horses in Germany », Parasitology Research, vol. 112, no 1, , p. 407–413 (ISSN 0932-0113 et 1432-1955, DOI 10.1007/s00436-012-3150-0, lire en ligne, consulté le )
- (en) Radu Blaga, Carmen M. Cretu, Calin Gherman et Alina Draghici, « Trichinella spp. infection in horses of Romania: Serological and parasitological survey », Veterinary Parasitology, special Issue: Selected papers presented at the 12th International Conference on Trichinellosis, vol. 159, no 3, , p. 285–289 (ISSN 0304-4017, DOI 10.1016/j.vetpar.2008.10.058, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Paul H. Stahl, Romanian Folklore and Folk Art, Meridiane Publishing House, , 53 p., p. 13-16.
- Ion Taloş, Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine, ELLUG, coll. « Ateliers de l'imaginaire », , 211 p. (ISBN 2843100364 et 9782843100369), p. 56.
Annexes
Bibliographie
- [Khadka 2010] (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics,
- [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J.G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453).
- [Rousseau 2016] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Guide des chevaux d'Europe, Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-02437-9), « Roumanie », p. 265
- [Stavresco 1925] Pierre Stavresco, Contribution à l'étude de l'évolution du cheval en Roumanie, Rey, , 63 p.
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