Cheval en Ukraine

Le cheval en Ukraine est présent depuis les premiers temps de sa domestication, au Néolithique du fait de la culture de Sredny Stog et de la culture de Botaï. L'Ukraine fait partie des territoires historiques qui ont hébergé le cheval sauvage Tarpan, à l'origine de toutes les races domestiques modernes. Des haras d'État sont créés puis gérés à l'époque russe et soviétique, notamment le haras de Derkul et le haras de Strelets.

Cheval en Ukraine

Espèce Cheval
Races élevées Selle ukrainien, Novoalexandrovsk, Trotteur russe
Objectifs d'élevage Courses de trot, agriculture et transports

L'élevage a principalement pour objectifs le travail, le sport, la viande et le lait. L'Ukraine élève trois races de chevaux natives que sont le Selle ukrainien, le Novoalexandrovsk et le Huçul, ainsi que de nombreuses races d'origine étrangère, notamment russes et allemandes.

La population chevaline connaît une nette diminution au début du XXIe siècle. Dans le sud du pays, l'élevage des chevaux est désormais contraint par le réchauffement climatique.

Histoire

L'Ukraine fait partie des territoires où la domestication du cheval est présumée avoir eu lieu[1], notamment en raison de preuves de son utilisation parmi la culture de Sredny Stog[2] et la culture de Botaï, à Dereivka[3]. Elle a longtemps été tenue pour le foyer de la domestication originelle du cheval[4],[5], avant que de nouvelles découvertes ne re-situent cette domestication entre le Don et la Volga (Russie)[6].

Le hameau de Danylivka (uk), près de la rivière Derkul, est choisi par l'impératrice de Russie Catherine II pour y créer le haras de Derkul le [7].

Le dernier Tarpan sauvage connu est tué sur le territoire ukrainien en 1851[8] ou en 1898[5]. À l'époque soviétique, l'Ukraine héberge des haras nationaux dans lesquels des races spécifiques sont créées, notamment le Strelets au haras de Strelets[9].

Cheval de Przewalski dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, en 2018.

Au début des années 1990, l'Ukraine compte 754 000 chevaux recensés[10]. Le cheval de Przewalski est introduit dans la zone d'exclusion de Tchernobyl en 1998, 19 chevaux domestiques appartenant à des paysans locaux y vivant déjà à la même époque[11]. D'après CAB International, la population de chevaux d'Ukraine a diminué de moitié entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2010[10]. En 2001, 701 200 têtes sont comptabilisées, pour 675 000 en 2007[12].

D'importants changements dans l'élevage du cheval surviennent entre 2002 et 2019, à travers la création et l'élimination d'élevage de races Boudienny, Trait russe et Trotteur français[13]. En 2019, le nombre de juments des races Novoalexandrovsk, Trotteur Orlov, Trotteur russe, Trakehner, Selle ukrainien et Pur-sang a considérablement diminué, seul le Hanovrien connaissant une expansion[13].

Dans le cadre de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, deux étalons de renommée internationale qui étaient bloqués à l'intérieur du Pays au haras de Zhashkov, Cornet Obolensky et Comme il faut, sont évacués vers la Pologne[14].

Pratiques et usages

En Ukraine, le cheval est élevé pour sa force de travail, pour les sports équestres, mais aussi comme source de produits alimentaires tels que la viande et le lait[12].

L'Ukraine est présente sur les compétitions de saut d'obstacles au niveau international[12].

Élevage

Au début des années 1990, l'Ukraine compte 11 haras nationaux[10].

Le réchauffement climatique a des effets sur l'élevage du cheval dans le sud de l'Ukraine, en raison des menaces pesant sur les terrains de pâturage, rendant l'élevage fortement dépendant de la météorologie[15].

Races élevées

Timbres d'Ukraine célébrant quatre races de chevaux, dont deux locales : Selle ukrainien, Novoalexandrovsk, Pur-sang et Trotteur Orlov.

La base de données DAD-IS répertorie (en 2022) 21 races de chevaux élevées actuellement ou historiquement en Ukraine[16]. Trois races natives subsistent toujours : le Novoalexandrovsk, le Selle ukrainien[12] et le Huçul (nommé Gutsul en ukrainien[10]), une race transfrontière présente dans une grande partie de l'Europe centrale et orientale[17]. Les races les plus fréquemment rencontrées sont le Selle ukrainien, le Pur-sang, le Trotteur ruse, le Trotteur Orlov, le Novoalexandrovsk et le Pur-sang[10].

Les autres races de chevaux élevées en Ukraine sont principalement importées de l'Allemagne et de la Russie[12]. Ainsi, l'Ukraine élève le Trotteur américain[12], le Trotteur Orlov, le Trotteur russe, le Trotteur français, le Hanovrien (en très faibles nombres[18]), le Trakehner, le Westphalien, le Pur-sang, l'Arabe, le Boudienny, le Shetland, le Haflinger, le Letton, le Tori et le Trait russe[16]. Aucune information n'est disponible dans les registres d'État en 2019 concernant les races Huçul, Tori, ainsi que le Shetland, ce qui peut être interprété comme une disparition de ces troupeaux d'élevage[13].

Les races locales éteintes sont au nombre de quatre : le Tarpan, le Nogaï (cheval cosaque autrefois présent dans le sud du pays[10]), l'Allemand de Bessarabie et le Strelets[16].

Le cheval de Przewalski s'est répandu dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, où les bâtiments abandonnés peuvent éventuellement lui servir d'abri[19],[20].

Maladies et parasitage

Les chevaux élevés en Ukraine centrale peuvent être parasités par des vers nématodes[21], et en particulier par des strongles[22],[23].

L'Ukraine est l'un des foyers de la fièvre du Nil occidental, un virus transmit aux chevaux par les moustiques, présent depuis les années 1990[24]. La première analyse épidémiologique menée à ce sujet, datée de 2013, montre que le virus circule dans la majorité des régions du pays, avec une prévalence globale de 13,5 % d'infections[24].

Culture

Mazepa et les loups (1826), par Horace Vernet.

Le cheval est très présent dans les contes et légendes d'Ukraine[25].

La vie mouvementée d'Ivan Mazepa, attaché nu sur un cheval sauvage qui doit le ramener dans sa patrie en Ukraine, est une source d'inspiration pour le mouvement romantique européen au XIXe siècle sur la base d'un récit de Voltaire, inspirant entre autres Victor Hugo, Lord Byron, Horace Vernet et Théodore Géricault[26].

Notes et références

  1. (en) D. S. Mills, S. M. McDonnell et Sue McDonnell, The Domestic Horse: The Origins, Development and Management of Its Behaviour, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-89113-4, lire en ligne).
  2. (en) David W. Anthony, The Horse, the Wheel, and Language: How Bronze-Age Riders from the Eurasian Steppes Shaped the Modern World, Princeton University Press, (ISBN 978-1-4008-3110-4, lire en ligne).
  3. (en) Marsha A. Levine, « Botai and the Origins of Horse Domestication », Journal of Anthropological Archaeology, vol. 18, no 1, , p. 29–78 (ISSN 0278-4165, DOI 10.1006/jaar.1998.0332, lire en ligne, consulté le ).
  4. Porter et al. 2016, p. 425.
  5. (en) Stanislav K Rudik, « Contribution to the history of the horse domestication and breeding in the Ukraine », Historia medicinae veterinariae, vol. 28, no 2, , p. 41–46 (ISSN 0105-1423, PMID 12838987, lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) Pablo Librado, Naveed Khan, Antoine Fages et Mariya A. Kusliy, « The origins and spread of domestic horses from the Western Eurasian steppes », Nature, vol. 598, no 7882, , p. 634–640 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/s41586-021-04018-9, lire en ligne, consulté le ).
  7. Історія міст і сіл УРСР, t. 13. Луганська область, АН УРСР, , 940 p., p. 217.
  8. (en) Frederick Eberhard Zeuner, A history of domesticated animals, (OCLC 163797326, lire en ligne), cité par Khadka 2010, p. 4.
  9. Porter et al. 2016, p. 507.
  10. Porter et al. 2016, p. 510.
  11. (en) K. Slivinska, G. Dvojnos et G. Kopij, « Helminth fauna of sympatric Przewalski’s Equus przewalskii Poljakov, 1881 and domestic horses E. caballus L. in the Chernobyl exclusion zone, Ukraine », Helminthologia, vol. 43, no 1, , p. 27 (ISSN 1336-9083, DOI 10.2478/s11687-006-0006-0, lire en ligne, consulté le ).
  12. Rousseau 2016, p. 272.
  13. (en) S. L. Voitenko, M. G. Porkhun, O. V. Sydorenko et T. Y. Ilnytska, « GENETIC RESOURCES OF AGRICULTURAL ANIMALS OF UKRAINE AT THE BEGINNING OF THE THIRD MILLENNIUM », Animal Breeding and Genetics, vol. 58, , p. 110–119 (ISSN 2312-0223, DOI 10.31073/abg.58.15, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Print, « Famed Stallions Cornet Obolensky And Comme Il Faut 5 Evacuating Ukraine », sur www.chronofhorse.com (consulté le ).
  15. (en) O. M. Sobol, « The relevance of the use of climatic services in the development of horse breeding in the South of Ukraine », INTERNATIONAL RESEARCH-TOPRACTICE CONFERENCE ON 'CLIMATE SERVICES: SCIENCE AND EDUCATION, (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Races par espèces et pays : Ukraine », sur www.fao.org, Système d’Information sur la Diversité des Animaux Domestiques (DAD-IS) | Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (consulté le ).
  17. Khadka 2010, p. 11-12.
  18. Khadka 2010, p. 37.
  19. (en) Daniel Klich, Kateryna Slivinska et Nataliya Yasynetska, « The use of abandoned buildings by Przewalski's horses in the Chornobyl Exclusion Zone, Ukraine », Journal of Veterinary Behavior, vol. 22, , p. 13–16 (ISSN 1558-7878, DOI 10.1016/j.jveb.2017.09.001, lire en ligne, consulté le ).
  20. « Le cheval de Przewalski, une espèce rare qui colonise la zone d'exclusion de Tchernobyl », sur Geo.fr, (consulté le ).
  21. (en) T. A. Kuzmina, V. A. Kharchenko, A. I. Starovir et G. M. Dvojnos, « Analysis of the strongylid nematodes (Nematoda: Strongylidae) community after deworming of brood horses in Ukraine », Veterinary Parasitology, vol. 131, no 3, , p. 283–290 (ISSN 0304-4017, DOI 10.1016/j.vetpar.2005.05.010, lire en ligne, consulté le ).
  22. (en) T. A. Kuzmina, Y. I. Kuzmin et V. A. Kharchenko, « Field study on the survival, migration and overwintering of infective larvae of horse strongyles on pasture in central Ukraine », Veterinary Parasitology, vol. 141, no 3, , p. 264–272 (ISSN 0304-4017, DOI 10.1016/j.vetpar.2006.06.005, lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) Tetiana A. Kuzmina, « Contamination of the environment by strongylid (Nematoda: Strongylidae) infective larvae at horse farms of various types in Ukraine », Parasitology Research, vol. 110, no 5, , p. 1665–1674 (ISSN 1432-1955, DOI 10.1007/s00436-011-2684-x, lire en ligne, consulté le ).
  24. (en) Ute Ziegler, Artem Skrypnyk, Markus Keller et Christoph Staubach, « West Nile Virus Antibody Prevalence in Horses of Ukraine », Viruses, vol. 5, no 10, , p. 2469–2482 (ISSN 1999-4915, DOI 10.3390/v5102469, lire en ligne, consulté le ).
  25. Galina Kabakova, Contes et légendes d'Ukraine, Primento, (ISBN 978-2-37380-002-9, lire en ligne).
  26. « BnF - Les essentiels de la littérature », sur classes.bnf.fr (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • [Khadka 2010] (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics,
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J.G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453). 
  • [Rousseau 2016] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Guide des chevaux d'Europe, Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-02437-9), « Ukraine », p. 272
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