Cheyenne Carron

Cheyenne-Marie Carron, dite Cheyenne Carron, est une cinéaste, peintre, écrivaine, parfumeuse et autrice-compositrice française, née le à Valence (Drôme).

Pour les articles homonymes, voir Carron.

Cheyenne Carron
Naissance
Valence[1]
Nationalité France
Profession Réalisatrice, scénariste et productrice
Films notables L'Apôtre
Site internet cheyennecarron.com

Elle est l'une des rares cinéastes à s'occuper à la fois de la production, de la réalisation et du scénario de ses films. Elle a connu un grand succès critique avec son film L'Apôtre, sorti en 2014[2]. À partir de 2018, elle réalise plusieurs longs-métrages centrés sur le monde militaire dont Jeunesse aux cœurs ardents, qui forme le premier volet d'un ensemble de quatre films[3].

Réalisatrice prolifique, elle fait partie de ces rares cinéastes à l'instar de Woody Allen, François Ozon, Emmanuelle Bercot... à sortir un film par an.

Biographie

Enfance et jeunesse

Née de géniteurs kabyles, elle est abandonnée à l'âge de 3 mois, sans procédure, ce qui fait que sa famille d'accueil, française et catholique, ne peut l'adopter légalement qu'à ses 20 ans. Elle choisit son prénom en référence à son petit frère adoptif, un Indien du Guatemala. Sa famille d'accueil a adopté trois enfants, en plus de ses deux enfants naturels[4].

Cheyenne est baptisée sous le prénom Cheyenne-Marie le jour de Pâques 2014[5].

[réf. souhaitée]

Elle dira de son abandon, lors de la sortie du film La Fille Publique : « Il y a beaucoup d’empathie pour les enfants abandonnés, parfois même de la pitié. Moi, je considère cet abandon comme la plus grande chance de ma vie. Je ne peux pas imaginer avoir d’autres frères et sœurs, et d’autres parents, que ceux que j’ai »[6].

À 18 ans, après avoir passé un CAP de secrétariat et « des milliers d’heures passées à regarder des films en VHS avec son père [adoptif] ([films de] Rohmer, Pialat en tête), elle décrète qu’elle sera cinéaste[7] »[source insuffisante].

À une Madonne (2001)

En 2001, âgée de 23 ans, elle réalise son premier court-métrage, À une Madone, qui raconte l'histoire d'une jeune prostituée se replongeant dans des souvenirs d’enfance, cela au cours d’une passe avec un client. La jeune réalisatrice se met également en scène, ce qu'elle reconnaît être « une catastrophe » plusieurs années plus tard : « Je ne sais pas ce qui m’a pris de vouloir être devant et derrière la caméra, mais ça n’est pas la meilleure idée que j’ai eue. Pour le reste, l’histoire ne raconte pas grand-chose, c’est décousu et ça manque de cohérence... Malgré tout cela, j’ai un certain attachement à ce film, un peu comme les premières histoires d’amour[8] ».

Écorchés (2005)

En 2005, elle réalise Écorchés, qui réunit à l'écran Mélanie Thierry et Vincent Martinez dans le rôle d'un couple qui passe des vacances en amoureux dans une maison de campagne isolée et qui commence un rapport de force de plus en plus extrême, jusqu'au drame. Cette œuvre, sélectionnée dans plusieurs festivals, obtient le prix du meilleur film au festival Rebelfest à Toronto, ainsi que le prix de la meilleure interprétation féminine pour Mélanie Thierry au Festival de Saint-Jean-de-Luz et le prix de la meilleure interprétation masculine pour Vincent Martinez au Festival Baja California, au Mexique, en 2005.

La Charité romaine (2008)

En 2008, elle réalise un nouveau court-métrage, La Charité romaine, qui évoque un homme emprisonné et condamné à mourir de faim, qui reçoit la visite de sa fille, laquelle, pour l'empêcher de mourir, décide de l'allaiter. Georges d'Audignon et Marie Kremer interprètent cette étonnante inversion des rapports filiaux.

Extase (2010)

Extase, en 2010, est son premier long-métrage à évoquer explicitement des questionnements liés à la foi en Dieu, questionnements qui reviendront dans la quasi-totalité de ses œuvres postérieures, comme interrogations principales ou en tant qu'allusions éphémères. Àstrid Bergès-Frisbey interprète Jeanne, qui tente désespéramment d’éveiller sa foi en Dieu. Avec son fiancé interprété par Swann Arlaud, elle se laisse envahir par les souvenirs, les rêves et les fantasmes... Ce film connaît un bel accueil critique en Amérique du Sud, avec notamment trois sélections dans des festivals argentins et une autre au festival Foco de Cine Inusual - FIACID, à Lima.

Extase se veut également un film expérimental, ainsi que le confie la réalisatrice : « J’ai décidé de le produire toute seule avec des moyens modestes, car j’ai parfaitement conscience qu’il n’y a aucune chance pour que ce film intéresse un producteur. J’ai mis dans ce film, la plupart de mes économies, et je n’ai aucun regret. Il y a des films que l’on doit faire envers et contre tout[9]. »

Ne nous soumets pas à la tentation (2011)

L'année suivante, elle poursuit sa réflexion au cœur de laquelle l'allusion à la foi intervient dès le titre, qui reprend une parole de la prière du Notre Père : « Ne nous soumets pas à la tentation ». Une jeune fille, interprétée par Agnès Delachair, entre soudain dans la vie d'un couple, interprété par Jean-François Garreaud et Guillemette Barioz. Derrière le classique adultère, Cheyenne Carron veut inscrire « trois personnages, trois mensonges, trois points de vue[10] ». Le film est sélectionné dans différents festivals du monde entier, en France, Californie ou encore en Corée : il obtient le prix KINEMA au 25e festival Film Fest de Braunschweig, en Allemagne (2011).

La Fille publique (2012)

En 2012, encouragée par le réalisateur Xavier Beauvois[11], elle réalise La Fille publique, film en partie autobiographique puisque l'héroïne, Yasmeen (Doria Achour), est placée dans une famille d'accueil depuis l'âge de 3 mois, que dix-sept années s'écoulent et que des liens d'amour indéfectibles se tissent avec ses parents (Anne Lambert et Joël Ravon), ainsi que ses frères et sœurs. La fiction intervient lorsque Yasmeen, sur le point d'être adoptée et d'être enfin reconnue officiellement comme un membre de sa famille, est harcelée par une femme qui prétend être sa mère... Le film apparaît dans des festivals en Argentine (trois sélections), en Russie et en Suisse[7].

L'Apôtre (2014)

Deux ans plus tard, soit un an avant les attentats de 2015, elle réalise L'Apôtre, avec Fayçal Safi, Brahim Tekfa et Sarah Zaher, film sur un sujet délicat : la conversion d'un jeune musulman au christianisme. Akim, destiné à devenir imam, est un jour bouleversé par l'amour total du Christ pour les hommes ; il tente alors de faire admettre sa conversion à son entourage. À la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo en , et sur demande de la DGSI, deux projections de ce film à Neuilly[12] et à Nantes sont temporairement déprogrammées par crainte d'un attentat[13].

Patries (2015)

En 2015, paraît Patries, avec Jackee Toto et Augustin Raguenet, qui raconte le racisme anti-blanc. Ce film a reçu le grand prix Kilimandjaro au festival de cinéma Africlap en 2016[14].

La Chute des hommes et La Morsure des dieux (2016)

La Chute des hommes raconte l'histoire de Lucie, jeune femme passionnée de parfumerie, qui croise Younes, chauffeur de taxi, lors d'un voyage d’études au Moyen-Orient ; Younes livre alors Lucie aux mains de ravisseurs islamistes, [pas clair]ainsi que celui d’Abou, djihadiste lui aussi originaire de France.

La Morsure des dieux est un face à face amoureux qui entremêle deux mondes, deux cultures et deux conceptions de la foi, au cœur du Pays basque. François Pouron et Fleur Greffier interprètent Sébastien et Juliette.

Jeunesse aux cœurs ardents (2017)

David, 20 ans, habite chez ses parents. Brillant dans ses études et promis à une belle carrière, il accompagne pourtant ses amis, désabusés, dans leurs braquages. Un jour, une de leur victime s’avère être un ancien légionnaire ayant vécu la guerre d’Algérie. David se rapproche peu à peu du vieil homme : de leur amitié naîtra sa nouvelle vocation[15]

Ce film s'inspire d'un désir adolescent de la réalisatrice d'entrer dans la Légion. Mais lorsqu’elle a poussé la porte de la caserne près de chez elle, des militaires lui ont expliqué que la Légion n’acceptait pas les femmes[11].

Le Corps Sauvage (2018)

Le Corps sauvage, sorti dans les salles françaises le [16], se concentre sur le personnage de Diane (Nina Klinkhamer), jeune femme amoureuse de la chasse et de la nature, « figure mythologique et évanescente », qui vit au cœur d'un village breton.

La Beauté du monde (2021)

Sorti le 8 décembre 2021, La Beauté du monde raconte l'histoire de Roman, soldat victime d'un syndrome de stress post-traumatique après une opération extérieure au Mali. Le film « s’inscrit dans le prolongement des films précédents de la réalisatrice, formant en un sens un triptyque avec Jeunesse aux cœurs ardents (2017), qui évoque le parcours d’un jeune homme jusqu’à son engagement dans la Légion, et Le Soleil reviendra (2020), qui s’intéresse à ces femmes dont les conjoints sont au front, et plus particulièrement à une jeune fiancée, enceinte de sept mois, tandis que son amoureux combat en Afghanistan[17]. »

Filmographie

Courts-métrages

  • 2001 : À une madone, avec elle-même ;
  • 2008 : La Charité romaine, avec Marie Kremer et Georges d'Audignon ;
  • 2021 : Film du centenaire du 1er Régiment Étranger de Cavalerie.

Longs métrages

Actrice

  • 2001 : À une madone : elle-même

Collaborateurs réguliers

Acteurs Films Rôles
François Pouron
  • 2018 : Le Corps sauvage
  • 2020 : Le Soleil reviendra
  • 2021 : La Beauté du Monde
  • Abou Abdel Rachid
  • Sébastien
  • Paul
  • le soldat blessé
  • Roman
Pascal Elso
  • ...
  • le conseiller à la banque
  • le père de David
Arnaud Jouan
  • 2018 : Jeunesse aux cœurs ardents
  • 2019 : Le Fils d'un roi
  • David
  • Elias
Swann Arlaud
  • Hugo
  • Stéphane

Distinction

Récompenses

Sélections

  • 2005 : Festival Reindance — Écorchés ;
  • 2005 : Festival du film de la Réunion — Écorchés ;
  • 2010 : Festival de Cine Isual Buenos Air — Extase.

Pré-sélections

Autres

Publications

  • Le cinéma ou rien, Paris, Hésiode, 2018.
  • Éloge de l'abandon, ainsi naissent les enfants du soleil, Paris, Hésiode, 2019. (ISBN 978-2-9569969-0-3)
  • Inachevé, Paris, Hésiode 2021.
  • Survie : le monde d'après, Hésiode, 2022.
  • Le cinéma ou rien : Partie 2, Paris, Hésiode, 2023.

Vendeuse de parfums

Cinéaste indépendante, Cheyenne Carron peine parfois à trouver des financements pour ses films. En 2018, elle crée la ligne « Parfums d'Europe ». C'est pour elle « le moyen d'assouvir une passion de toujours » et « de lancer son imaginaire sur de nouveaux sentiers », mais aussi, peut-être, d'aider au financement de ses films. Les six premières fragrances (trois féminines et trois masculines) portent un nom lié à l'identité de l'Europe, à l'instar de Marie, de Mythique Légionnaire et du Parfum d'Yseult[18].

Notes et références

  1. « Cheyenne Carron. Mademoiselle sans gène ».
  2. AlloCine, « L'Apôtre: Les critiques presse » (consulté le )
  3. Publié par Pierre Gelin-Monastier | 8 Déc et 2021, « Cheyenne Carron nous invite à voir la beauté du monde au-delà de l’horreur », sur Profession Audio|Visuel, (consulté le )
  4. Laurent Djian, « La fille publique », sur L'express,
  5. Édouard Huber, Fille adoptive du Père, Famille chrétienne, no 1889 du au .
  6. « Site officiel de Cheyenne Carron - Interview La fille publique », sur www.cheyennecarron.com (consulté le )
  7. Ondine Millot, « Cheyenne Carron. Mademoiselle sans gène », sur Libération,
  8. « Interview - À une Madone », sur cheyennecarron.com (consulté le ).
  9. « Bande annonce - EXTASE, Long métrage - 2010 », sur cheyennecarron.com (consulté le )
  10. « Ne nous soumets pas à la tentation - Bande-annonce », sur YouTube.com (consulté le )
  11. « La Fille publique », sur Allociné.fr (consulté le )
  12. Cheyenne Carron : «L'Apôtre est un film de paix»
  13. Par crainte d'attentat, le film L'Apôtre déprogrammé à Nantes
  14. « Palmarès du festival », sur Africlap (consulté le )
  15. Sylvain Dorient, « Le cœur ardent de Cheyenne Carron », sur Aleteia.fr,
  16. Pierre Gelin-Monastier, « “Le Corps sauvage” de Cheyenne Carron : chasse, pêche, nature et traditions », sur Profession Audio|Visuel, .
  17. Pierre Gelin-Monastier, « Cheyenne-Marie Carron nous invite à voir la beauté du monde au-delà de l’horreur », sur Profession Audio|Visuel,
  18. « Cheyenne-Marie Carron au parfum », Valeurs actuelles, no 4237, , p. 21.

Liens externes

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