Christoph Graupner
Christoph Graupner, né le à Kirchberg, mort le à Darmstadt, est un claveciniste et compositeur saxon de musique baroque contemporain de Jean-Sébastien Bach, Georg Philipp Telemann, Domenico Scarlatti et Georg Friedrich Haendel.
Pour les articles homonymes, voir Graupner.
Nom de naissance | Christoph Graupner |
---|---|
Naissance |
Kirchberg, Électorat de Saxe |
Décès |
(à 77 ans) Darmstadt, Landgraviat de Hesse-Darmstadt |
Activité principale | Compositeur, claveciniste |
Sa vie
Né à Hartmannsdorf près de Kirchberg en Saxe, Graupner reçut sa première instruction musicale de son oncle, l'organiste Nicolaus Kuester. Il le suivit à Reichenbach. Graupner fit des études de droit, comme beaucoup de compositeurs de son temps, à l'université de Leipzig. Il acheva ensuite son éducation musicale sous la houlette de Johann Schelle, puis de Johann Kuhnau, titulaires successifs du poste de cantor de la Thomaskirche (l'église Saint-Thomas). En 1700, il partit pour Hambourg, fuyant l’invasion de la Saxe par les Suédois.
En 1705, il fut engagé comme claveciniste par l'opéra am Gänsemarkt de Hambourg, dirigé par Reinhard Keiser - Georg Friedrich Haendel y était alors violoniste. Il composa plusieurs opéras qui reçurent un accueil très favorable de la part du public : Didon (1707), Hercule et Thésée, Antiochus et Stratonice, Bellérophon (1708), Samson (1709).
Le landgrave Ernest-Louis de Hesse-Darmstadt ayant entendu des œuvres de sa composition lui proposa en 1709 un poste de musicien à son service. Dès 1711, il devint maître de chapelle de la cour. Cette même année, il épousa Elisabeth Eckardt, la fille d'un pasteur. En 1722, il fut candidat au poste de cantor de Saint-Thomas de Leipzig, poste que convoitait également Johann Sebastian Bach. Son employeur l'incita à lui faire décliner l'offre, en lui proposant une augmentation significative de ses émoluments qui étaient déjà importants. Les autorités de Leipzig durent se contenter d'engager Bach, convaincues d'avoir dû renoncer au meilleur…
Ainsi Graupner termina sa carrière au service de la cour de Hesse-Darmstadt. À la fin de sa vie, il fut atteint de cécité tout comme ses prestigieux confrères musiciens Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Haendel.
Il mourut en 1760 à Darmstadt, ville où il a passé la majeure partie de sa vie.
Graupner et Bach
Christoph Graupner a joué un rôle important dans l'histoire de la musique. La situation financière peu favorable à Darmstadt vers 1720 entraîna une réduction de la vie musicale. Le théâtre de l'opéra fut fermé et les salaires de plusieurs musiciens de cour, y compris Graupner, restèrent impayés. Après plusieurs tentatives pour obtenir son salaire, et ayant plusieurs enfants et une épouse à sa charge, Graupner postula en 1722 au poste vacant de Cantor à Leipzig. Telemann avait été le premier choix pour cette position, mais il avait préféré un poste mieux payé à Hambourg. À la suite de l'audition du Magnificat écrit dans le style de son maître Johann Kuhnau, il obtint le poste. Cependant, le patron de Graupner, le Landgrave Ernst Ludwig de Hesse-Darmstadt, n'accepta pas de résilier son contrat. Les arriérés de salaire de Graupner lui furent payés intégralement, son salaire fut même augmenté et son poste maintenu, même si la chapelle restait fermée. Dans des conditions ainsi favorables Graupner resta à Darmstadt et sa défection fit que Jean-Sébastien Bach fut finalement choisi comme cantor de Leipzig.
Après avoir appris que Bach avait été élu à ce poste, le Graupner écrivit aimablement au conseil municipal en assurant que Bach était « un musicien aussi expert à l'orgue qu'en matière d'œuvres religieuses et de chapelle » et un homme qui « exécutera honnêtement et correctement les fonctions à lui confier »[1].
Œuvres
Sa production musicale, qui est considérable, est conservée dans sa quasi-totalité à la Universitäts- und Landesbibliothek de Darmstadt; elle est encore en grande partie inédite et attend d'être étudiée par les musicologues et musiciens. La gloire posthume de Bach à qui les autorités de Leipzig le comparèrent ne justifie pas de considérer Graupner comme un musicien de second plan. Sa musique, au fur et à mesure qu'on la redécouvre, s'avère de qualité. Assez injustement oublié depuis plus de deux siècles, il était pourtant considéré par ses contemporains comme un des grands musiciens allemands de son temps, avec Bach, Telemann, Mattheson, Keiser, Fischer, Fasch, Heinichen et quelques autres. La claveciniste et musicologue canadienne québécoise Geneviève Soly travaille à le faire sortir de l'oubli par des publications, des conférences, des concerts et des enregistrements.
Graupner composa de nombreux opéras jusqu'en 1719, date à partir de laquelle il se consacra à la musique religieuse et instrumentale. Devenu aveugle, il cessa de composer à partir de 1754. Sa production conservée comprend presque 2 000 ouvrages :
- 1 418 cantates religieuses
- 24 cantates profanes
- 113 symphonies
- 44 concertos pour un ou plusieurs instruments
- 80 suites
- 36 sonates de chambre ou pour clavier
- 8 opéras
Il existe depuis peu un catalogue de son œuvre instrumentale – (ISBN 978-3-89948-066-5) (3-89948-066-X) – et la première partie (cantates sacrées) du catalogue de son œuvre vocale et lyrique – (ISBN 978-3-89948-159-4) (3-89948-159-3) – édités par Carus-Verlag à Stuttgart.
Oubli
Après sa mort, Graupner est tombé dans l'oubli pour plusieurs raisons ; jusqu'à la fin du XXe siècle, son nom n'était cité qu'en souvenir de sa candidature sans lendemain au poste de Cantor de Leipzig qui devait échoir à Bach : on tenait pour acquis qu'il s'agissait d'un musicien de second ordre, que seule l'incompétence des autorités de Leipzig pouvait faire préférer à Bach et ceci, sans connaître sa musique.
Ses manuscrits ont fait l'objet de longues batailles juridiques entre ses héritiers et les gouverneurs de Hesse-Darmstadt. Une décision finale de cour a nié la propriété des manuscrits musicaux de Graupner. Les héritiers ne pouvaient pas vendre ou éditer ses travaux, qui sont demeurés inaccessibles. Depuis, le style musical a changé nettement, réduisant drastiquement l'intérêt envers la musique de Graupner. Toutefois, ses manuscrits ont survécu en totalité, ce qui n'est pas le cas, par exemple, pour les œuvres de Bach. Un autre facteur qui a contribué à l'obscurité posthume de Graupner était qu'à la différence de Bach, Graupner a eu très peu d'élèves, autres que Johann Friedrich Fasch, à qui transmettre son héritage artistique.
Redécouverte
On observe actuellement une renaissance de la musique de Graupner, surtout grâce aux efforts de recherches de nombreux musicologues, interprètes et chefs d'orchestre. À partir des premières années du XXe siècle, Willibald Nagel s'est consacré à l'étude des symphonies de Graupner. Dans les années 1920, Friedrich Noack a publié ses recherches sur les cantates de Graupner. Dans les années 1950 Barenreiter a publié plusieurs symphonies de Graupner et une ouverture. Au début des années 1980, Myron Rosenblum a publié quatre symphonies dans le cadre de l'ambitieux projet de Barry Brook « The Symphony, 1720-1840: A Comprehensive Collection of Full Scores (New York: Garland, 1979-85) » en soixante volumes. En 1988, plusieurs études ont été publiées sur Graupner et ses œuvres, par Oswald Bill, Peter Cahn (sur les sinfonias), Joanna Cobb Biermann (musiciens et salaires à Darmstadt), aussi bien que des documents sur la vie de cour à Darmstadt. Trois importantes thèses de doctorat ont ensuite relancé l'attention sur Graupner : par H. Cutler Fall's sur les cantates de Passion, par Rene Schmidt sur les cantates de Noël, et par Vernon Wicker les cantates pour basse solo. Christoph Grosspietsch a publié en 1994 une importante étude sur les ouvertures de Graupner. Mais en dépit de toute cette recherche, il y avait relativement peu d'enregistrements disponibles au grand public. Les choses ont commencé à changer en 1998, lorsque Hermann Max a enregistré des œuvres de Graupner sous l'étiquette CPO. Ensuite, en 2000 la claveciniste canadienne Geneviève Soly a retrouvé un manuscrit de Graupner dans la bibliothèque Beinecke à Yale et a commencé à jouer et enregistrer les œuvres de Graupner. En , un catalogue thématique de la musique instrumentale de Graupner (ayant comme éditeurs Oswald Bill et Christoph Grosspietsch) a été édité par Carus Music. Des projets pour cataloguer la musique vocale de Graupner sont à l'étude.
Discographie sélective
- Ein Weihnachtsoratorium, 9 Cantates pour le temps de Noel. Ex Tempore, Mannheimer Hofkapelle, Florian Heyerick (Ricercar 307, 2010)
- Œuvres orchestrales. Nova Stravaganza. Siegbert Rampe (MD+G Gold 34111212)
- Ouvertures and Cantatas. Das Kleine Konzert. Hermann Max (CPO 999592)
- Ouvertures, trios, sinfonias. Nova Stravaganza. Siegbert Rampe (MD+G Gold 3411252)
- Partitas pour clavecin, Vol 1. Geneviève Soly (Analekta 23109)
- Partitas pour clavecin, Vol 2. Geneviève Soly (Analekta 23164)
- Partitas pour clavecin, Vol 3. Geneviève Soly (Analekta 23181)
- Partitas pour clavecin, Vol 4. Geneviève Soly (Analekta 29116)
- Partitas pour clavecin, Vol 5. Geneviève Soly (Analekta 29118)
- Partitas pour clavecin, Vol 6. Geneviève Soly (Analekta 29119)
- Partitas pour clavecin, Vol 7. Geneviève Soly (Analekta 29120)
- Musique instrumentale et vocale Vol. 1. Ingrid Schmithüsen, Mathieu Lussier, Hélène Plouffe, Geneviève Soly et L'Ensemble des Idées Heureuses dirigé par Geneviève Soly (Analekta 23162)
- Cantate, Sonate, Ouverture: Musique instrumentale et vocale Vol. 2. Hélène Plouffe, Geneviève Soly, Chantal Rémillard, Isabelle Bozzini, Ingrid Schmithüsen et L'Ensemble des Idées Heureuses dirigé par Geneviève Soly (Analekta 23180)
- Noël à Darmstadt: Musique instrumentale et vocale, vol.3. L'Ensemble des Idées Heureuses dirigé par Geneviève Soly (Analekta 29115)
- Musique religieuse. L'Ensemble des Idées Heureuses dirigé par Geneviève Soly (Analekta 22014)
- Musique pour chalumeau. Graupner Ensemble, Igor Bettens (Vox Temporis VTP CD 92 009)
- Virtuoso Timpani Concertos. Orchestre Philharmonique de chambre de Dresde dirigé par Alexander Peter (Naxos 8557610)
- Trois ouvertures pour chalumeaux et orchestre. Ensemble Mensa Sonora. Jean Maillet, vl, dir., Veihan, Jacquemart, Testu, (Arion-Vérany PV794114)
- Graupner: Epiphanias Kantaten: Was Gott thut, das ist wohl gethan, er ist mein Licht, GWV 1114/43; Erwacht, ihr Heyden, GWV 1111/34; Die Waßer Wogen im Meer sind groß, GWV 1115/35; Was Gott thut, das ist wohl gethan, es bleibt gerecht sein Wille, GWV 1114/30; Gott, der Herr, ist Sonne und Schild, GWV 1114/54. Andrea Lauren Brown (soprano), Kai Wessel (contreténor) Georg Poplutz (ténor), Dominik Wörner (bass), Kirchheimer BachConsort, Sirkka-Liisa Kaakinen-Pilch (cpo 555 146-2, 2017).
- Partitas for Harpsichord par Naoko Akutagawa (NAXOS 8.570459)
- Lass Mein Herz, Christoph Graupner par la soprano Dorothee Mields avec l'Harmonie Universelle dirigée par Florian Deuter
- Solo- und Dialog Kantaten: Jesus ist und bleibt mein Leben GWV 1107/12; Gott ist für uns gestorben GWV 1152/16; Siehe, selig ist der Mensch, den Gott strafet GWV 1162/09; Diese Zeit ist ein Spiel der Eitelkeit GWV 1165/09; Süßes Ende aller Schmerzen GWV 1166/20 . Mit Marie-Luise Werneburg (soprano), Dominik Wörner (bass), Kirchheimer BachConsort, Rudolf Lutz (conductor). (cpo 555-215-2, 2018).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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- (en) Musopen
- (en) Muziekweb
- (en + de) Répertoire international des sources musicales
- (en) Graupner GWV-online a digital Graupner Werkverzeichnis with integrated search function
- (en) Christoph Graupner: The Life and Work of Christoph Graupner sur GoldbergWeb, portail de la musique ancienne
- (en) Revue d'enregistrements de musique de Graupner par David Vernier, pour ClassicsToday.com
- Geneviève Soly, Une flamme qui n'est pas près de s'éteindre (Pages 17–22)
- (de) Bibliothèque ULB, archives et manuscrits musicaux de Graupner à Darmstadt, Allemagne
- Site sur Graupner
- (de) Site de la Christoph Graupner Gesellschaft
- Œuvres de Christoph Graupner aux éditions La Sinfonie d'Orphée
- Paritions pour clavier
Notes et références
- Johann Sebastian Bach: The Learned Musician by Christoph Wolff, W. W. Norton & Company, New York & London, 2000, p. 224.
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