Citroën Ami 6, 8 et Super
La Citroën Ami 6 (populairement appelée la « 3 CV ») est une berline et un break produits par le constructeur automobile français Citroën de 1961 à 1969. L'Ami 8 prendra le relais jusqu'en 1978. L'objectif premier était de proposer à la clientèle un compromis entre deux modèles, la DS en haut de gamme, et la 2 CV qui constituait un minimum automobile.
Ne doit pas être confondu avec Citroën Ami (2020).
Citroën Ami 6, 8, Super, et M35 | ||||||||
Citroën Ami 6 Berline | ||||||||
Appelé aussi | Citroën 3 CV Citroën Dynam Citroën 8 Citroën C-8 |
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Marque | Citroën | |||||||
Années de production | 1961-1978 | |||||||
Production | 1 840 159 exemplaire(s) | |||||||
Classe | Polyvalente | |||||||
Usine(s) d’assemblage | Rennes Forest Vigo[1] Buenos Aires[2] Mangualde |
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Moteur et transmission | ||||||||
Énergie | Essence | |||||||
Moteur(s) | - Citroën boxer (flat-twin) - Citroën boxer série G (flat 4) - Wankel (rotatif) |
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Position du moteur | Longitudinale avant à plat en porte à faux Longitudinale avant droit |
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Cylindrée | 602 à 1 015 cm3 | |||||||
Puissance maximale | 22 à 55 ch DIN (16 à 39 kW) | |||||||
Transmission | Traction | |||||||
Boîte de vitesses | Manuelle à 4 rapports | |||||||
Poids et performances | ||||||||
Poids à vide | 620 à 805 kg | |||||||
Vitesse maximale | 105 à 144 km/h | |||||||
Châssis - Carrosserie | ||||||||
Carrosserie(s) | Berline tricorps puis bicorps ; Break | |||||||
Dimensions | ||||||||
Longueur | 3 958 à 3 960 mm | |||||||
Largeur | 1 520 mm | |||||||
Hauteur | 1 480 à 1 485 mm | |||||||
Volume du coffre | 330 dm3 | |||||||
Chronologie des modèles | ||||||||
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Il en a dérivé une gamme de véhicules très populaire déclinée sous plusieurs formes.
Les premières Citroën Ami construites sur la plateforme des 2 CV furent fabriquées provisoirement dans l'usine Panhard de l'avenue d'Ivry à Paris, puis très rapidement à Rennes-la-Janais (Ille-et-Vilaine) nouvellement créée et à Forest en Belgique. Elle est la voiture la plus vendue en France en 1966, prenant, pour une année, la première place à la Renault 4 parce que les versions 5 CV de celle-ci étaient comptabilisées à part.
Projet Ami
Depuis les années 1930 au milieu des années 1950, Citroën n'a pas développé de milieu de gamme automobile entre les 2 CV 375 et 425 cm3 d'une part et les ID19 et DS 19 de 1 911 cm3 d'autre part. En 1956, il ne dispose donc au catalogue que de la DS et de la 2 CV. À cette époque, les bureaux d'études travaillaient sur un projet de véhicule intermédiaire, le projet AM (M pour milieu de gamme), mais les contraintes techniques et économiques dirigent le projet vers la réalisation d'une « super 2 CV ».
Le cahier des charges impose un véhicule confortable à quatre places ne devant pas excéder quatre mètres. Très vite, la décision est prise d'adapter une nouvelle carrosserie sur la plateforme des « Type A ». En conséquence, l'empattement fut limité et, comme le patron de l'époque, Pierre Bercot, ne voulait pas d'une ligne utilitaire (donc avec hayon), il était impératif d'aboutir à une voiture à trois volumes. Or dans une 2 CV, la descente de toit est telle que la lunette arrière oblige les passagers à pencher la tête en avant pour prendre place. Flaminio Bertoni, créateur des Traction Avant, 2 CV et DS, trouve une solution : il propose d'inverser la pente de la lunette pour offrir aux passagers plus de confort. La lunette arrière inversée, aussi présente sur les Ford Anglia dès puis Ford Consul 315 anglaises en , entraîne un profil en « Z » plutôt controversé. Cependant, elle permet l'accès facile à l'imposante malle arrière ; elle est aussi appréciée par temps de neige, celle-ci ne se déposant pas sur la lunette. Présente pour la première fois sur le prototype Packard Balboa X de 1953, on retrouve cette ligne dans les années 1990 sur la Toyota Will Vi diffusée au Japon.
Le « moteur bicylindre boxer » de 425 cm3 de la 2 CV n'étant pas assez puissant pour le poids de la carrosserie envisagée, on augmente sa cylindrée par l'alésage en conservant la base moteur. Elle sera établie à 602 cm3 pour rester dans la limite administrative des 3 CV fiscaux (610 cm3).
L'Ami 6 innove sur le plan sociologique en se présentant sur les documents publicitaires comme la deuxième voiture idéale pour madame. Quant au nom « Ami », il serait né de l'association de l'appellation AM, suite du projet M, du chiffre 6 correspondant à sa cylindrée et certains avancent l'hypothèse de la proximité avec le mot « amici » (« amis » en italien, langue natale de Flaminio Bertoni). En réalité, selon les archives Citroën, le I a été ajouté à l'appellation AM pour Automobile de MIlieu de gamme.
Mme Yvonne de Gaulle conduisait une berline Ami 6 de couleur blanc carrare (AC144).
Modèles
Ami 6 (1961-1969)
En , l'Ami 6 s'intercale au catalogue entre les populaires 2 CV et les révolutionnaires DS. Pour ce faire, la voiture récupère les meilleurs atouts de ses consœurs : la robustesse et la rusticité de la 2 CV (châssis- plateforme et mécanique) ainsi que la finition inspirée de la DS (sièges moelleux, volant monobranche, poignées de porte et commandes). La voiture rencontre rapidement le succès, malgré des défauts de jeunesse comme une carrosserie en tôle trop mince, une clenche d'ouverture de malle arrière située sous la banquette arrière et un équipement spartiate (pas de retour automatique d'essuie-glaces jusqu'en …), ainsi que l'évacuation de l'eau de pluie accumulée dans la gouttière de toit qui a nécessité deux modifications avant l'apparition de deux trous à l'aplomb des montants en (d'abord positionnés au-dessus des essuie-glace, ils occasionnaient en cas de forte pluie des ruissellements sur le pare-brise ; puis complètement supprimés, des paquets d'eaux se déversaient lors des freinages). Les balais d'essuie-glace d'abord orientés vers le bas du pare-brise du côté du conducteur sont rapidement remplacés par des balais alignés dans l'axe des porte-balais. En septembre 1963 l'ouverture du capot est commandée en bas de la planche de bord et à gauche par une tirette en anneau et un câble relié à la gâche fixée sur la face avant comportant dorénavant une tôle centrale intermédiaire visible à l'avant de la voiture au-dessus de la calandre. De plus un embrayage semi-automatique centrifuge est désormais disponible en option comme sur la 2CV. Entre décembre 1963 et janvier 1964 les pédales d'embrayage et de frein dans le plancher comme sur la 2CV sont remplacées par des pédales suspendues. Dès le début de la production les vitres avant sont coulissantes pour leur moitié arrière, celles des portes arrière sont fixes jusqu'en . Les encadrements des vitres sont en aluminium, présentant un trait de gouge jusqu'en . Puis ils présentent trois traits jusqu'au remplacement pour l'année-modèle 1969 par des profilés d'acier de la couleur de la carrosserie ou bien recouverts d'une garniture inox sur la finition break « Club ». La troisième vitre des breaks Ami 6 ou Ami 8 est juste entourée d'un gros joint de caoutchouc noir avec une fine baguette inox en finition « Club ». Le haut de la planche de bord, d'abord en plastique dur granité de couleur grise, est rapidement recouvert d'un revêtement de plastique souple de même couleur. Pour l'année-modèle 1967, la planche de bord devient noire. Les banquettes confortables sont amovibles et peuvent être posées sur le sol (Citroën souhaitait en faire un argument publicitaire, puis s'est ravisé). Elle roule à près de 105 km/h et se conduit pied au plancher comme le prévoit le cahier des charges.
D'un point de vue mécanique, le « moteur bicylindre boxer » a une cylindrée inédite de 602 cm3. D'abord d'une puissance de 22 ch SAE (en 1961) puis de 26 ch (modèles 1964) pour une vitesse de 110 km/h, il termine à 28 ch (modèles 1968) pour une vitesse de 112 km/h. Les tout derniers modèles disposent d'un moteur de 35 ch SAE (32 ch DIN), au taux de compression augmenté à 9/1. Il est doté d'un carburateur double-corps (21/24) alimenté en air pulsé et d'un arbre à cames spécifique, ce qui permet à l'auto d'atteindre la vitesse de 123 km/h.
Du fait de sa base, on retrouve l'ensemble des caractéristiques de la 2 CV sur l'Ami 6. Les freins sont à tambours sur les quatre roues. Les freins avant ont un diamètre de 220 mm (contre 200 mm sur les 2 CV) avec des ailettes de refroidissement, et sont accolés à la boîte de vitesses. Celle-ci est à quatre rapports tous synchronisés. La transmission aux roues se fait par joints de cardans doubles, donc homocinétiques.
La carrosserie est entièrement assemblée par boulonnage mais le toit de couleur très claire, d'abord en fibre de verre, puis en matière synthétique, est rivé à la caisse. A partir d'octobre 1967 la berline reçoit en option un demi-toit ouvrant en toile ou un toit peint en rouge ou bleu.
Les projecteurs de section rectangulaire mis au point par Cibié sont nouveaux. Ils remplacent les optiques rondes à miroir parabolique montées sur tous les autres modèles de la marque. L'emboutissage du miroir plus profond, qui permet le renvoi d'un faisceau lumineux avec un flux réfléchi plus dense, nécessite l'augmentation du diamètre. Le phare rectangulaire étant tronqué en haut et en bas, la troncature diminue le rendement qui est compensée par un jeu de trois réflecteurs. Ainsi, avec les mêmes ampoules, l'intensité lumineuse est annoncée deux fois supérieure à celle d'un projecteur classique. Les phares rectangulaires et les enjoliveurs ovales de phares de l'Ami 6 ont été utilisés sur les Maserati 5000 GT Allemano. Avec ses projecteurs ovales, la Ford Taunus 17M avait montré la voie dès . Ceux-ci ont été montés sur les Lamborghini 350 GT.
La suspension de l'Ami 6 reprend le principe inauguré par la 2 CV. La suspension est assurée par des ressorts horizontaux latéraux comprimés grâce à un système de liaison aux roues par tirants. Ils sont logés dans un pot cylindrique sous les côtés de la plateforme. L'amortissement est assurée par quatre frotteurs. Les quatre roues travaillent indépendamment. Un batteur à inertie (ou stabilisateurs à masse) est présent sur chaque roue et un système d'interaction élastique entre la suspension avant et arrière complète le système. En , les frotteurs sont remplacés par quatre amortisseurs hydrauliques télescopiques qui ne nécessitent plus de réglages périodiques. Ce système à quadruple effet (ressorts, amortisseurs, batteurs et interaction élastique Av/Ar) atteint un niveau de suspension particulièrement performant qui sera complété sur l'Ami 8 par l'ajout d'une barre anti-dévers avant limitant l'effet de roulis dans les courbes.
En janvier 1964, la gamme s'étoffe d'un break qui dépassera rapidement les chiffres de production et de vente de la berline. L'explication vient autant de sa ligne plus conventionnelle que de son adaptation au milieu rural. Le break possède une aérodynamique meilleure que la berline, dont la lunette inversée qui n'a jamais réellement convaincu crée un tourbillon. Grâce à la nouvelle carrosserie, l'Ami 6 break est selon le slogan de l'époque « le kilomètre confort le moins cher du monde ». Grâce au break, l'Ami 6 est la voiture la plus vendue en France en 1966 du fait que les Renault 4 dotées du moteur 5 CV ne sont pas comptabilisées avec les autres Renault 4.
A l'automne 1965 les sièges à garnitures capitonnées sont remplacées par des côtes longitudinales et les feux des berlines adoptent ceux plus petits des breaks et autres utilitaires de la gamme Citroën. À partir de pour la berline et pour le break, l'équipement électrique passe en 12 volts au lieu de 6 auparavant, la dynamo fait place à un alternateur. À cette occasion, le tableau de bord change de teinte, il devient partiellement noir et le voyant rouge de charge disparait. À l'extérieur, les modèles 1967 se reconnaissent par la calandre à barrettes horizontales et la grille d'aération striée de petites barrettes chromées. Début 1968, les feux arrière sont redessinés et regroupés sur un bloc de forme trapézoïdale qui sera adapté sur les 2 CV en 1970 jusqu'à la fin de production.
En , à l'occasion d'un changement de moteur (c'est celui qui sera monté sur la future Ami 8) un monogramme Ami 6 en laiton doré apposé sur le rebord de la malle identifie le modèle alors qu'aucun double chevron ne vient confirmer la marque. Toujours en 1968, la gamme est complétée par la version Club (d'abord sur le break puis sur la berline) qui se distingue par ses quatre phares ronds, ses baguette latérales genre « DS Pallas », ses enjoliveurs « gala » imitant des flancs blancs et par une finition intérieure plus raffinée et élégante avec des sièges mixtes tissu central et flancs en skaï et à dossiers inclinables, en particulier dans la teinte Vert Charmille (AC522).
Toutes versions confondues, l'Ami 6 est construite à plus d'un million d'exemplaires. C'est ce modèle, plus que la 2 CV, qui est concurrencé par la Renault 4 à partir de l'été 1961.
- Comme le châssis plateforme et la base sont identiques à la 2 CV, un amateur néerlandais de 4 × 4 a fait installer une transmission de type intégrale Voisin sur un break tôlé deux-portes[3] : un moteur de 602 cm3, un arbre de transmission et un différentiel arrière.
- Sur les derniers modèles d'Ami 6, l'intensité lumineuse du cadran se règle avec une petite molette qui commande un rhéostat.
- Sur l'Ami 6 comme l'Ami 8, la voiture était livrée avec une cale en bois de hêtre, pour immobiliser le véhicule lors d'un changement de roue[4] afin d'éviter tout ripage du fait du grand débattement de suspension et de l’interaction avant/arrière obligeant à lever haut et délester passablement tout un côté de la voiture, d'autant que le frein de stationnement agit sur les seules roues avant : la cale permet alors de bloquer la rotation d'au moins deux roues quel que soit le point du véhicule soulevé.
- Pour contredire l'opinion courante qui ne trouvait pas l'Ami 6 assez rapide, une équipe d'essais du Quai de Javel monta l'opération qui devint le « Tour de Gaule d'Amisix ». Trois Ami 6 break de série prirent le départ de Rennes-La Janais le . À l'arrivée, 2 077 km plus loin, il n'en restait plus que deux, qui avaient effectué le parcours, sous contrôle d'huissier, à 90 km/h de moyenne, en un peu moins de 24 heures. La démonstration était faite : malgré une vitesse de pointe limitée, l'Ami 6 était capable de parcourir un long trajet routier en tenant une excellente moyenne pour l'époque. Un des exemplaires fut exposé dans le magasin Citroën des Champs-Élysées.
Export
Elle fut vendue aux États-Unis de 1962 à 1963 avec les spécificités que ce pays impose, pare-chocs renforcés et système d'éclairage particulier.
En Espagne, elle s'appelle « Dynam ».
Ami 8 (1969-1978)
En mars 1969, à l'occasion du salon de Genève[5], l'Ami 6 est remplacée par l'Ami 8. Celle-ci reprend à l'identique une majorité des éléments de carrosserie de l'Ami 6 (plate-forme, caisse, portes, toit, ailes arrière excepté l'emplacement des feux rouges) et apporte une ligne plus classique grâce à un avant entièrement redessiné avec un capot dit « à l'italienne » (c'est-à-dire un ouvrant qui ne déborde pas jusqu'à l'avant de la voiture). Les premiers modèles 1969-70 n'arborent pas les chevrons Citroën sur la calandre. Le restylage se fait sous la direction du styliste Robert Opron auquel on doit la GS, la CX et le coupé SM.
Comme l'Ami 6, l'Ami 8 existe en versions « confort », « club » (sièges avant séparés, entourages de vitre en inox et baguettes de protection latérales genre « DS Pallas ») et en break, toujours très prisé par la clientèle, surtout rurale. La berline abandonne la vitre arrière inversée, mais ne bénéficie pas pour autant d'un hayon. À partir des modèles 1971, les vitres avant coulissantes sont abandonnées au profit de vitres descendantes actionnées par manivelle, les vitres arrière resteront coulissantes jusqu'à la fin de production.
Côté mécanique, le bicylindre de 602 cm2 (M28) est toujours présent, avec un carburateur double corps et une tubulure d'admission redessinée. Il est associé à une boîte de vitesses à 4 rapports, revue et corrigée sur l'Ami 6 en 1967. Le gain de puissance permet à l'Ami 8 de se voir dotée, pour 1970, de freins à disques à l'avant, accolés à la boîte de vitesses, et d'une transmission par joint à billes. Les suspensions avant et arrière abandonnent rapidement les batteurs à inertie et la voiture gagne une barre anti-roulis avant (barre de torsion liant les deux bras de roue d'un même essieu). La vitesse maxi de la berline est donnée pour 123 km/h, celle du break pour 120 km/h.
Lors de sa présentation, Citroën sait que l'Ami 8 sera la dernière Ami. En effet, dès 1974, les chiffres de production se situent en dessous de 100 000 exemplaires par an, loin des 169 000 vendues en 1967. Début 1973, Citroën présente l'« Ami Super », animée par le moteur de 1 015 cm3 des premières GS. En raison de problèmes de fiabilité et de consommation, c'est un échec commercial. Les exemplaires en bon état sont aujourd'hui très recherchés.
Lors du rachat de Citroën par Peugeot en 1974, la production des Ami 8 break et berline se poursuit. En 1976, les ventes de l'Ami 8 s'effondrent, passant de 90 000 exemplaires en 1974 à 54 000 exemplaires.
Citroën met fin à la lignée des Ami en présentant deux nouveaux modèles, à partir de bases Peugeot 104 : la LN en 1976 (104 coupé) et la Visa en 1978. Cette dernière, mue par le moteur bicylindre porté à 652 cm3 avec allumage électronique intégral sur les versions de base, remplace l'Ami 8 mais n'aura jamais de version break.
La berline Ami 8 quitte la scène automobile en , suivie en septembre par le break dont les derniers exemplaires arborent un tableau de bord noir et des teintes métallisées. Il faut attendre l'arrivée du break ZX, en 1994, pour que l'Ami 8 break ait enfin un vrai successeur.
Ami Super (1973-1976)
En , Citroën étoffe sa gamme d'un modèle haut de gamme, l'Ami Super. Dotée d'un groupe motopropulseur directement dérivé du premier moteur 1 015 cm3 de 55 ch de la GS, passé à 61 ch, ainsi que de ses étriers de freins avant (mais sans haute pression), elle peut atteindre les 140 km/h. La plate-forme est renforcée, ainsi que le refroidissement du moteur par des petites ouvertures supplémentaires sous la calandre.
De l'extérieur, elle se distingue par ses six ouïes supplémentaires d'entrée d'air sous sa calandre, celle-ci étant ornée sur la grille d'une barrette supplémentaire soulignant le logo Citroën dans un trapèze en plastique jaune d'or. Un petit monogramme estampillé « 1015 » sur le flanc de l'aile droite indique la nouvelle cylindrée, il sera remplacé ensuite par « Ami Super », ainsi que sur le hayon. Pour le reste, hormis une modification en bas de la jupe avant, la carrosserie est la même que celle de l'Ami 8, mais la tôle est un peu plus épaisse. De même, le traditionnel châssis-plateforme dérivé de la famille 2 CV est également plus épais afin d'améliorer la rigidité (12/10e de mm contre 8/10e pour les types A), ce qui, avec le nouveau moteur, contribue à une importante augmentation de poids de 85 Kg.
À l'intérieur, la principale caractéristique visible est le levier de vitesses au plancher. Le tableau de bord et les commandes sont spécifiques au nouveau modèle. Malgré ses 67 % de puissance supplémentaire, elle est plus silencieuse en usage courant grâce aux courroies de distribution.
La suspension s'équipe de deux barres anti-roulis AV et AR et perd l'interaction de la suspension AV/AR. La géométrie du train AV est modifiée, la direction gagne en légèreté et en douceur de rappel. Les pneumatiques sont de dimensions 135 R 15. Les projecteurs à iode sont en option. Le réservoir, spécifique à ces modèles, a une contenance de 40 litres. Plus légère mais moins aérodynamique, elle a une consommation comparable à une GS 1015.
L'Ami Super est jugée trop peu habitable pour une 6 CV, ainsi que peu valorisante car trop proche de l'Ami 8. Pour l'année modèle 1974, Citroën démarquera donc l'Ami Super par une bande de décoration latérale haute des deux côtés et sur le hayon, ainsi qu'avec des jantes ajourées.
L'Ami Super sera produite à 44 820 exemplaires, en berline et break, jusqu'en . Le stock s'écoulera jusqu'en 1977.
Cette méthode courante d’hybridation par l'emploi de pièces de la banque d'organes d'un constructeur permet d'élargir l'offre à peu de frais. Mais contrairement à une certaine légende, l'Ami Super n'a pas été créée pour écouler les surplus du moteur 1015 cm3, puisque celui-ci restera proposé sur la GS jusqu'en 1978, mais pour lui trouver un nouveau débouché et favoriser ainsi la rentabilisation des outillages pour sa fabrication.
Pour les amateurs de raretés, il existe un cabriolet, l'Ami Super XC, créé en deux exemplaires par des particuliers.
M35 (1969-1971)
La M35, qui ne reprend que quelques éléments de carrosserie de l'Ami 8 malgré sa ressemblance, est un prototype construit en petite série pour tester le moteur rotatif Wankel en conditions réelles d'utilisations.
L'auto est un véritable laboratoire roulant, doté de sphères de suspension hydropneumatique, de la boîte de vitesses de la future GS et, surtout, d'un moteur rotatif mono-rotor Wankel développant 49 ch. Heuliez est chargé par Citroën de l'emboutissage et de l'assemblage de la voiture.
La carrosserie, dérivée de l'Ami 8, est un coupé 2+2. Une majorité de pièces est spécifique à la M 35 : portes plus longues pour un meilleur accès aux places arrière, pare-brise à coins plus carrés, lunette arrière plate et agrandie, porte de coffre spécifique, ailes arrière découpées au niveau des roues, pli de la tôle autour des phares avant, etc. L'esthétique n'est pas un critère majeur pour le projet et deux couleurs de carrosserie, le gris nacré et, plus rare, le bleu delta, sont proposées au catalogue.
Citroën fait le choix d'élargir sa cible à sa clientèle de gros rouleurs, qui doivent justifier d'un kilométrage annuel supérieur à 30 000 pour devenir, au passage, des essayeurs amateurs. En cas de panne, Citroën s'engage à une intervention rapide et au prêt d'un véhicule de remplacement, ce qui lui coûte assez cher, la fiabilité du moteur n'étant pas au rendez-vous.
L'entretien du moteur est assuré gracieusement par Citroën, mais dans le contrat de vente, le client doit prendre à sa charge les frais de l'entretien courant : plaquettes de freins, pneus etc. À l'époque, la M35 vaut 14 120 francs, soit le prix d'une D Spécial ou deux fois le prix d'une Dyane.
De 1969 à 1971, la M35 est fabriquée chez Heuliez à 267 exemplaires, sur les 500 prévus (6 en 1969, 212 en 1970 et 49 en 1971[6]). Citroën n'hésite pas à sauter volontairement des numéros de série peints sur l'aile avant afin d'arriver aux fameux 500. Mais c'est un échec commercial et technique, et Citroën rachète finalement la plupart des M35 pour les détruire, à l'instar des GS Birotor (GX type GZ). Quelques rares exemplaires ont survécu. 3 exemplaires en parfait état de fonctionnement sont visibles à l'écomusée Citroën de Castellane, ainsi que des GS birotor.
Une M35 conservée dans les réserves Heuliez, à Cerizay, est mise en vente le par Artcurial. Affichant 87 059 kilomètres réels au compteur, elle est estimée entre 20 000 et 40 000 euros, mais l'enchère maximum n'a pas dépassé 14 892 euros, frais compris.
Évolutions en détail
Le tableau ci-dessous récapitule les détails permettant de distinguer les Ami en tenant compte des évolutions.
Date | Photo | Type(s) | Évolutions caractéristiques |
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1961 | AM | Lancement en avril. | |
1962 | AM | Vitres arrière coulissantes (une moitié seulement). | |
1963 | AM | Version destinée à l'exportation aux États-Unis : doubles optiques de phares ronds, clignotants avant ronds, pare-chocs chromés additionnels, calandre en inox et plaque de police plus étroite.
Moteur de 26 ch au lieu de 22 ch. Amortisseurs hydrauliques. Pédales de frein et d'embrayage suspendues. | |
nov.1964 | AMB AMF AMC | Carrosserie type break. Nouveaux blocs de feux arrière (type tétons). | |
oct.1967 | AMBPA | Modèle break Club. Phares à doubles optiques ronds. Finition améliorée. | |
AM2 AMB2 | Moteur M28 de 35 ch à 5 750 tr/min. Glaces avant à double coulissement. Feux arrière monoblocs trapézoïdaux. | ||
AM3 | L'Ami 8 berline remplace l'Ami 6 berline. | ||
AMJA AMJB | L'Ami 8 reçoit des freins à disques à l'avant. Le circuit hydraulique fonctionne avec du LHM. | ||
AMB3
AMC3 |
Carrosserie type break pour l'Ami 8, remplaçant l'Ami 6 break. | ||
AMJF
AMJG AMJH |
Lancement de l'Ami Super. |
Production en chiffres
La production des Ami, tous modèles confondus sauf M35, s'élève selon les données du constructeur à 1 840 121 exemplaires. Elle se répartit entre les modèles comme suit :
Modèle | Ami 6
berline |
Ami 6
break |
Ami 6
Service |
Ami 8
berline |
Ami 8
break |
Ami 8
Service |
Ami Super
berline |
Ami Super
break |
Ami Super
Service |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Type(s) |
AM AM2 |
AMB AM2B |
AMC(2) AMF(2) |
AM3 |
AMB3 AMJB |
AMC3 AMJC |
AMJF |
AMJG |
AMJH |
Production |
483 986 |
551 880 |
3 518 |
342 743 | 386 582 | 26 630 |
24 797 |
19 222 |
801 |
La Citroën Ami au cinéma
- L'Été meurtrier : c'est la voiture de Pinpon (Alain Souchon), un pick-up bricolé sur une base d'Ami 6.
- Sexes faibles ! : le médiateur, M. Sébastien Sébastian (François Cluzet) est venu de Paris chez Mme Maud La Chesnaye en Provence dans une berline Ami 6.
- Michou d'Auber : M. Georges (Gérard Depardieu) roule dans une Ami 6 bleue flambant neuve, et parfaitement anachronique puisque l'intrigue se passe en 1960 (scène de l'entrée en classe du petit Michou).
- Les héros n'ont pas froid aux oreilles : les deux héros joués par Daniel Auteuil et Gérard Jugnot louent une Ami 8 pour le week-end. Elle est généreusement filmée tout au long du film.
- Je suis timide mais je me soigne : c'est la voiture d'Aldo. Le véhicule est accidenté à cause du freinage un peu brusque d'un camion, celui-ci étant violemment arrêté par Pierre qui veut voyager en auto-stop et qui est exaspéré que les automobilistes ne s'arrêtent pas.
- L'Été en pente douce : Fane (Jean-Pierre Bacri) utilise une Ami 6 break assez décrépite, présente durant une bonne partie du film.
- Les Vacanciers : la famille Chatton, emmenée par Paul Préboist, roule en Ami 8 bien chargée pour leurs vacances alsaciennes, rejoints plus tard par la propriétaire de leur gîte, tante Aimée, alias Alice Sapritch.
- Elle court, elle court la banlieue : Alice Sapritch, jouant son propre rôle avec une Ami 6 break, participe à une courte scène humoristique lors d'une attente à un feu, contre la Renault 5 de Jacques Higelin qui finit par la reconnaître… après qu'elle lui a brisé son pare-brise à coup de masse pour se venger des coups de pare-chocs répétés.
- Tandem : un pique-niqueur (Ged Marlon) est installé au bord de la route près d'un break Ami 6 bleu et se fait houspiller par Michel Mortez (Jean Rochefort).
- Bienvenue à Marly-Gomont : le docteur et père de famille conduit une Ami 6 break
Notes et références
- « Usine PSA de Vigo : 13 millions de voitures depuis 1958 », The Automobilist, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) 2.000.000 de Automotores Argentinos, (lire en ligne).
- « Ami 6 service toléé 4x4 climbing mount Olympus Greece » [vidéo] (consulté le ).
- Auto Plus, no 1193, 18 juillet 2011, p. 34-35.
- Automobilia, hors-série no 30, Toutes les voitures françaises 1969 - avril 2004.
- Automobilia, hors-série no 31, Toutes les voitures françaises 1970 - juillet 2004.
Annexes
Bibliographie
- Votre Ami 6 Citroën, éditions E.P.A., 1968.
- « Citroën 3 CV Berline, Break et AK 1961-1968 », Revue technique automobile.
- « Citroën Ami 8 - Ami 6 (35 ch) - AK B (33 ch) 1968-1978 », Revue technique automobile.
- « Citroën Ami Super 1973-1974 », Revue technique automobile, no 330.
- « Citroën Ami 6 (Berline-Break) - Dyane 6 - Méhari », L'Expert automobile, no 49, .
- Joël Broustail, Citroën et le citroënisme : essai historique sur la passion automobile et l'innovation, Au Pont 9 (ISBN 9791096310609), Paris, 2020.
- Joël Broustail (avec R. Greggio), Citroën, essai sur 80 ans d'antistratégie, Vuibert (ISBN 2-7117-7818-5), Paris, 2000.
- Dominique Pagneux, L'Ami 6 de mon Père, E-T-A-I.
- Dominique Pagneux, Citroën, un génie d'avance, E-T-A-I.
Liens externes
- (de) Neues in der Ami6 Garage, sur Ami6.de
- Site personnel sur l'Ami 6
- Association Amiclub de France
- (en) Backward-slanted rear window, un inventaire des voitures à lunette arrière inversée
- Page officielle Citroën Ami 6, Citroën
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