Citroën SM

La Citroën SM ou SM Maserati est une automobile sportive de grand tourisme, développée par le constructeur automobile français Citroën en [4]. Malgré diverses avancées techniques, sa carrière, très brève, s'achève en 1975. Elle demeure l'un des modèles mythiques de la marque recherchés par les collectionneurs.

Pour les articles homonymes, voir SM.

Citroën SM

Citroën SM.

Marque Citroën
Années de production 1970 - 1975
Production 12 920 exemplaire(s)
Classe Grand tourisme
Usine(s) d’assemblage Javel
Abrest
Moteur et transmission
Énergie Essence
Moteur(s) 6 cylindres en V Maserati
Position du moteur Longitudinale avant
Cylindrée 2 670 à 2 965 cm3
Puissance maximale à 5 500 tr/min : 170 ch (carburateur)[1],
à 6 250 tr/min : 178 ch (injection)[2],
à 6 500 tr/min : 180 ch (automatique)[3] ch (125 à 133 kW)
Couple maximal 230 à 235 N m
Transmission Traction avant
Boîte de vitesses BV5 et BVA
Poids et performances
Poids à vide 1 450 à 1 490 kg
Vitesse maximale 205 à 228 km/h
Accélération 0 à 100 km/h en 8,7 à 9,4 s
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s) Coupé
Coefficient de traînée 0,339
Suspensions Suspension hydropneumatique
Dimensions
Longueur 4 893 mm
Largeur 1 836 mm
Hauteur 1 324 mm

Description

La SM (pour projet S Maserati) est un grand coupé 2+2 ; les places arrière sont moins spacieuses mais restent néanmoins utilisables par deux adultes. Si le coffre est muni d'un hayon, les sièges arrière sont fixes. À l'avant, la planche de bord, au dessin épuré et futuriste et aux cadrans et volant ovoïdes, équipe également la Maserati Merak.

Citroën SM Gendarmerie.

La suspension est hydropneumatique comme sur toutes les grandes Citroën depuis 1954. Ce type de suspension, conçu par l'ingénieur Paul Magès et son équipe, fut tout d'abord appliqué aux seules roues arrière de la Traction avant 15H (la fameuse « 15 oléo » à moteur 6 cylindres), puis le fut dès 1955 aux quatre roues cette fois-ci, sur la DS 19 dont le freinage, la direction assistée, l'embrayage et la boîte de vitesses semi-automatique utilisaient également l'hydraulique. Les chuintements caractéristiques de ces autos proviennent d'ailleurs de la circulation du liquide à travers les différentes vannes et clapets qui composent le système.

La tenue de route est assurée grâce à la très bonne répartition des masses (moteur longitudinal central avant et la boîte de vitesses côté pare-chocs) et à une innovante géométrie exclusive des suspensions : axe de roulis au niveau du sol et déport nul des roues avant (la ligne joignant les pivots inférieurs et supérieurs de moyeux croise le milieu du centre de l'aire d'appui du pneu avec le sol). Le déport nul rend la direction quasi insensible aux inégalités de la route ou à une crevaison.

Première Citroën SM fabriquée
La Citroën SM dans une livrée vert des tropiques
Citroën SM 1974.
Citroën SM.
Le compartiment moteur.
Le tableau de bord.
Citroën SM exposée au salon Rétromobile en 2010.

Le poids des roues (masse non suspendue) est diminué grâce aux freins montés en sortie de boîte de vitesses, elle-même issue des DS à boîte manuelle. Ce choix auquel Citroën est resté fidèle pour la majorité de ses modèles, 2CV comprise, favorise le comportement général du véhicule au détriment de la facilité de la maintenance, ce dernier point ayant été la source de bien des critiques à l'égard de la marque, pas toujours justifiées cependant.

Caractéristiques

Motorisation

L'absence d'un moteur spécifique chez Citroën, puis le rachat de la firme italienne Maserati en 1968 permet à Citroën de doter la SM d'un moteur Maserati V6 étudié spécifiquement. Un moteur V8 de Maserati Indy est, dans un temps record, amputé de deux cylindres pour impressionner les cadres de Citroën sur la réactivité de Maserati. Selon Marc Sonnery auteur du livre Maserati, the Citroen Years (eauxrouges publishing) ce moteur 'V8 - 2' prototype est toujours stocké à Modène. Pour le V6 de série, les ingénieurs partiront d'une feuille blanche.

La SM est animée de 1970 à 1972 par un moteur V6 à 90° de 2 670 cm3 de cylindrée à trois carburateurs double corps Weber et d'une puissance de 170 ch DIN (au régime très raisonnable de 5 500 tr/min). Le couple est de 230 N m à 4 000 tr/min. Cette mécanique à deux arbres à cames en tête par rangée de cylindres a été développée directement par l'ingénieur Alfieri de Maserati sous la direction du bureau d'études de la rue du Théâtre au Quai de Javel à Paris.

Pour les modèles 1973 et jusqu'à la fin de la production, en réponse aux nouvelles normes anti-pollution, le moteur sera équipé de l'injection électronique Bosch D-Jetronic qui fera passer sa puissance à 178 ch DIN à 5 500 tr/min (couple 232 N m à 4 000 tr/min) tout en améliorant la souplesse et la consommation.

Pour 1974, une version à boîte automatique Borg Warner à 3 rapports apparaît. Pour compenser la perte de puissance due au convertisseur, la SM automatique dispose du moteur de la Maserati Merak, de 2 965 cm3 dans une version de 180 ch DIN à 5 720 tr/min (245 N m de couple à 4 000 tr/min). Il est équipé d'un échappement à oxydation pour répondre aux normes anti-pollution. Quelques SM seront également exportées aux États-Unis et au Canada en version 3 litres avec une boîte de vitesses automatique ou beaucoup plus rarement, manuelle.

Le moteur 3 litres dans une version 190 ch DIN équipera la Maserati Merak et la Ligier JS2[5].

Une seule SM V8 1974 au moteur prototype 4 litres de 260 ch DIN a été modifiée par Maserati spécialement pour l'ingénieur motoriste de Maserati qui voulait en démontrer la possibilité, mais sa mise en production a été refusée par Citroën[6].

Avancées techniques

La SM comporte à l'époque de nombreuses avancées techniques :

  • 4 freins à disques avec commande et assistance hydrauliques ;
  • direction assistée DIRAVI asservie à la vitesse avec rappel hydraulique en ligne droite, même à l'arrêt ;
  • Une rampe de six projecteurs sous verrière (contribuant au Cx de 0,339) dont deux directionnels (ceux de l'intérieur). La hauteur des projecteurs se règle en continu en fonction de l'assiette de la voiture, de façon à maintenir le faisceau lumineux toujours parallèle à la route (ce système avait déjà été adopté sur les DS dès septembre 1967 avec l'arrivée des phares directionnels, mais au moyen de câbles et non pas hydraulique ; aujourd'hui cet équipement est électronique sur les C5 II et C6) ;
  • jantes ultra légères Michelin en composite dites « RR » (résine renforcée) en option ;
  • première voiture en Europe avec réglage en hauteur et en profondeur du volant ;
  • première voiture avec pare-brise collé.

Direction

Imaginée par l’ingénieur Paul Magès, déjà metteur au point de la suspension oléopneumatique de la DS, la direction assistée DIRAVI, qui est reprise sur la CX avec une démultiplication légèrement supérieure (2,5 tours de butée à butée au lieu de 2 tours sur la SM), est une direction à assistance variable en fonction de la vitesse et de l'angle de braquage.

Le rappel en ligne droite est asservi hydrauliquement. Cette force de rappel asservi et l'assistance variable en fonction de la vitesse permet une directivité exceptionnelle et un contrôle sur route avec des gestes de faible amplitude.

L'assistance très prononcée compense la faible démultiplication à petite vitesse, à haute vitesse il n'y a plus d'assistance et la direction très directe est d'une précision diabolique, seul le rappel asservi fonctionne.

Le principe est simple : la colonne de direction est munie d'un plateau dont la forme ressemble un peu à un cœur. Un galet exerce une pression radiale sur ce plateau. Le galet se trouve dans le creux du plateau quand les roues sont en ligne droite. La pression quant à elle est régulée par un dispositif centrifuge situé sur un des axes de la boite de vitesses.

Une autre des particularités de la DIRAVI est d’être irréversible : le mouvement ne peut être transmis que dans un seul sens, du volant vers les roues, le conducteur n'ayant à concentrer son attention que sur le seul braquage de part et d'autre du point milieu, le système prenant de lui-même en charge le retour en ligne droite des roues. Cela apporte un gain indiscutable à la fois en matière de confort (non transmission des chocs) et de sécurité (pas de mouvement du volant dû aux déformations du sol).

Carrosserie

Le style très particulier de la SM fut directement inspiré par le vent. Elle porte d'ailleurs, comme beaucoup de Citroën, des jupes d'ailes à l'arrière. C'est dans ce sens que Robert Opron (styliste embauché par la suite par la Régie Renault, qui sera auteur entre autres des Fuego, 9, 11, 25) donna vie à des formes à la fois douces et vives qui évoquent vitesse et puissance.

19 teintes de carrosseries furent disponibles :

Marque Modèle Nom des

couleurs

Codes des

couleurs

Type de

teinte

Coloris de

Pavillon pouvant être assorti

de à
CitroënSMGris LargentièreAC082Métallisée19741975
CitroënSMBeige TholonetAC085Métallisée19731975
CitroënSMBlanc MeijeAC088/EWT/GWBOpaqueAC200 Noir19711975
CitroënSMBlanc CygneAC093MétalliséeGris Nacré (AC095)19701970
CitroënSMGris NacréAC095MétalliséeNoir (AC200)19711973
CitroënSMNoirAC200/EXY/GYAVernie19711975
CitroënSMSable MétalliséAC318Métallisée19711972
CitroënSMFeuille DoréeAC319Métallisée19711971
CitroënSMOr de SimianeAC326Métallisée19731975
CitroënSMRouge de Rio (ex. Rouge Brasilia)AC424OpaqueAC095 Gris Nacré / AC200 Noir19711971
CitroënSMRouge de GrenadeAC426Opaque19721972
CitroënSMBrun ScarabéeAC427Métallisée19721975
CitroënSMBrun de RoquebruneAC430Métallisée19741975
CitroënSMVert des TropiquesAC525Métallisée19711972
CitroënSMVert ArgentéAC527Métallisée19721975
CitroënSMBleu d'OrientAC616Opaque19721973
CitroënSMBleu PlatineAC632Métallisée19711971
CitroënSMBleu de BrégançonAC637Métallisée19731973
CitroënSMBleu DeltaAC640Métallisée19741975

Les carrosseries sont monochromes, sauf quelques rares exceptions telles que Blanc Cygne/Gris Nacré, Blanc Meije/Noir, Rouge de Rio (ou Rouge Brasilia)/Noir ou Gris Nacré

Consommation

Bien que sa consommation en carburant fût plutôt inférieure à la moyenne de la catégorie (15 L/100 km à 160 km/h, 10 L/100 km en moyenne sur route, 18 L/100 km en ville), la SM fut partiellement victime des deux chocs pétroliers de 1973 et 1975, de la limitation de vitesse de 1974, du coût élevé de son entretien mais surtout de l'incapacité du réseau Citroën à entretenir un moteur Maserati particulièrement délicat (le reste de la technique, hydraulique et boîte de vitesses, étant très proche de celle de la DS). Malgré ses qualités, le moteur n'avait pas la fiabilité qu'attendait la clientèle pour cette catégorie de véhicules et nécessitait une coûteuse révision tous les 60 000 km pour remplacement des chaînes de distribution situées au centre du moteur.

L'apparition de l'injection en 1973, apportant fiabilité et stabilité, simplifiera grandement l'entretien classique, tout en diminuant sensiblement la consommation. Néanmoins Peugeot, propriétaire de Citroën dès 1974, ayant sur les planches à dessin une 604 également à moteur V6, prétexta une consommation inadaptée à la conjoncture pour enterrer définitivement ce fabuleux projet de véhicule haut de gamme français, alors même que la 604 V6 consommait davantage que la SM, avec un moteur moins puissant et des origines moins nobles.

Production

La SM, après des débuts prometteurs, fut relativement boudée des acheteurs français et étrangers après les premiers soucis sérieux de moteur, ce qui explique sa production à seulement 12 920 exemplaires entre 1970 et 1975[7]. Le concept de grand tourisme, peu habituel dans l'offre automobile française, ne facilita guère les ventes, surtout dans des tarifs qui, pour les derniers modèles produits, approchaient les 100 000 F de l'époque, soit le double du prix d'une DS 23 (l'équivalent de cinq années du Smic des années 1975/76).

La carrosserie était fabriquée par Chausson à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). L'assemblage était assuré par les usines de Javel à Paris puis, à la fin, par les usines Ligier (qui ont produit la JS2 à moteur SM) près de Vichy (Allier). L'arrêt de la production de la SM fut décidé sous la pression de la firme nouvellement propriétaire Peugeot qui, du même coup, stoppera le projet d'une CX de haut de gamme à moteur Maserati.

Année 1970 1971 1972 1973 1974 1975 Total
Production 868 5 032 3 992 2 619 294 115 12 920

La SM aux États-Unis

SM version U.S. caractéristique avec des feux ronds dépourvus du carénage transparent.

Le marché d'exportation principal pour la SM était les États-Unis. Le marché pour les voitures de luxe était beaucoup plus important qu'en Europe bien que l'Allemagne ait été un gros client de la SM.

La SM a été équipée pour les États-Unis de phares ronds car une loi de 1937 interdisait les phares mobiles et carénés. Très remarquée par sa conception unique, la SM remporte le prix de Meilleure voiture de l'année 1972, attribué par le magazine Motor Trend, fait jusqu'alors inconnu pour un véhicule étranger.

En dépit du succès initial, les ventes aux États-Unis ont soudainement cessé, car si Citroën s'attendait à une exemption pour 1974 du règlement concernant la hauteur des pare-chocs, imposée par la National Highway Traffic Safety Administration, cette dérogation n'a finalement pas été accordée : la suspension à assiette variable de la SM rendait l'homologation impossible.

Une SM conduite par l'acteur Patrick McGoohan apparaît dans plusieurs scènes de l'épisode 3 de la saison 5 de la série Columbo "jeu d'identité".

Les SM sportives

Réplique de la SM Prototype.
SM Rallye Gr.4, vainqueur du Rallye du Maroc.

Au début des années 1970, Citroën construit un prototype raccourci, élargi et rabaissé afin de tester différentes solutions techniques sur une traction avant dotée de motorisations très puissantes pouvant aller jusqu'à 380 ch avec le V6[8]. Aujourd'hui, cet exemplaire unique jaune, noir et rouge fait partie des véhicules historiques appartenant au conservatoire Citroën. Une fidèle copie réalisée par le garagiste Frédéric Daunat est souvent visible dans les rassemblements de Citroën.

En 1971, l'équipage Deschazeaux/Plassard gagne le Rallye du Maroc avec une SM Groupe 4 en championnat international des marques.

En 1972, Guy Verrier participa aux essais qualificatifs des 24 Heures du Mans avec une SM inscrite en catégorie «Tourisme Spéciale», mais ne parvint pas à se qualifier.

En 1987, une SM à turbocompresseurs modifiée par Jerry Hathaway a atteint 325 km/h à Bonneville Salt Flats[9].

Les SM Chapron

SM Chapron Mylord...
SM Chapron Opera.

Quelques exemplaires furent carrossés par le célèbre carrossier Henri Chapron de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Trois modèles ont vu le jour :

  • SM Mylord : cabriolet sans arceau avec une capote en toile. Présentée au Salon de Paris 1971, la SM Mylord devait initialement être proposée par Citroën qui y a finalement renoncé. Il en sera produit 5 exemplaires de 1971 à 1973[10]. Note: Une SM Mylord a atteint plus de 600 000  lors d'une vente en 2016.
  • SM Opéra : berline tricorps à 4 portes sur un empattement rallongé de 29 cm (longueur : 5 190 cm). Présentée au Salon de Paris 1972, la SM Opéra sera produite à 7 exemplaires de 1972 à 1974[10]. Note: Une SM Opéra a atteint plus de 400 000  lors d'une vente en 2018
La SM présidentielle 3PR75 présentée au rassemblement du centenaire en juillet 2019 à La Ferté Vidame
  • SM Présidentielle : découvrable basée sur la SM Opéra au porte-à-faux arrière rallongé et longueur portée à 5,60 m. Les deux plus célèbres SM (immatriculées 2 PR 75 et 3 PR 75) ont été commandées en 1971 par le président Georges Pompidou pour les utiliser comme voitures officielles de l’Élysée[11]. Elles furent livrées en 1972 et inaugurées à l'occasion d'une visite officielle de la reine d'Angleterre[10].

En service jusqu'en 2007, elles restent toujours la propriété de la Présidence de la République. L'une d'entre elles est en dépôt chez Citroën.

La SM Tissier

Cette SM est équipée d'un plateau porte-voiture et possède cinq essieux, dont quatre à l'arrière. Elle a été conçue par le carrossier Pierre Tissier, grand spécialiste des Citroën rallongées. Ce véhicule a été intégralement restauré par les ateliers SM2A de Mussy-sur-Seine qui s'en servent régulièrement.

La fin

La poupe de la Citroën SM U.S.

Après l'acquisition auprès de Michelin de la majorité du capital de Citroën en 1974, Peugeot vend Maserati à De Tomaso en mai 1975. Il n'y a alors plus aucune possibilité de produire la SM, ce qui laisse le terrain complètement dégagé pour permettre à Peugeot d'imposer sa 604 avec la prétention d'en faire la voiture haut de gamme française de cette deuxième moitié des années 1970.

Certains observateurs n'ont pas manqué d'attribuer l'arrêt de la SM à la crise pétrolière de 1973 et à l'instauration des limitations de vitesse en France, mais cela n'a guère influencé la vente d'autres autos comparables. Les historiens spécialistes en automobile sauront analyser et comparer l'impact technologique et affectif laissé, avec le temps, par ces deux sœurs ennemies, bien que guère concurrentes[pas clair].

À partir de 1972, la diminution des ventes est imputable, d'une part, à l'entretien pointu nécessaire pour cette auto hors normes, et d'autre part à la réputation de mauvaise fiabilité du moteur Maserati. Les bris de chaînes de distribution (le moteur en possède trois, dont la primaire soumise à rude épreuve, car entraînant un arbre intermédiaire emmenant non seulement les deux chaînes secondaires, mais aussi la pompe hydraulique, l'alternateur et le compresseur de la climatisation), les ruptures de soupapes (creuses, remplies de sodium pour un meilleur refroidissement), le claquage de joint de culasse à cause d'un défaut de conception des chemises qui s'enfonçaient dans le bloc et un dimensionnement trop juste du refroidissement, ainsi que des coulages de bielles, à cause d'une mauvaise conception de la pompe à huile et du carter moteur, etc. n'ont pas encouragé les ventes, d'autant que ces défauts n'ont jamais été réellement corrigés.

Si la SM, fidèle à l'image de la DS, peut accumuler plusieurs centaines de milliers de kilomètres sans problème[12], elle réclame néanmoins beaucoup de technicité de la part d'un service après-vente traditionnel, peu habitué aux mécaniques italiennes avec carburateurs multiples et dont la mauvaise synchronisation rend l'auto désagréable à la conduite en ville ou à basse vitesse. Cette SM nécessite en effet un traitement privilégié pour répondre à l'exigence bien légitime de son propriétaire, ce qui lui a valu le surnom de « Sa Majesté »[réf. nécessaire]. Il y a eu également et à sa décharge, une certaine réticence du réseau qui, n'ayant jamais commercialisé de voitures de grand tourisme, n'était guère disposé à former du personnel pour une voiture relativement confidentielle.

Le coût des moteurs Maserati étant élevé (équivalent à un 6 cylindres BMW à la réputation de fiabilité bien plus affirmée), certaines mécaniques ont été remplacées par des blocs de DS et de CX, essence ou diesel. Des SM ont ainsi été équipées, à titre individuel, de moteurs turbo-diesel issus de la CX. Georges Regembeau, référence en la matière à l'époque, avait conçu pour la SM un moteur turbo-diesel 4 cylindres 2,4 litres de 145 ch, ce qui était une prouesse à l'époque.

Georges Regembeau[13], surnommé « le sorcier », mécanicien renommé et grand spécialiste de la SM, qui s'était déjà distingué notamment en transformant un moteur de Traction Avant 15-Six avec injection directe mécanique (avant la Mercedes-Benz 300 SL) et compresseur Constantin, a aussi considérablement amélioré la fiabilité du moteur Maserati, en le rendant plus performant et plus économique. Ainsi, le moteur 2,7 litres à injection électronique développait 250 ch au lieu de 178 ch à l'origine (240 ch au lieu de 170 ch pour la version à carburateurs). Il était accouplé à une boîte de vitesses avec un sixième rapport supplémentaire très long. Regembeau a même réalisé pour sa voiture personnelle une version développant 300 ch[14].

En Allemagne, une SM équipée de deux turbocompresseurs KKK a atteint 650 ch.

La Citroën SM ne fut jamais remplacée dans la gamme de son constructeur ; la version 4 portes sur châssis non rallongé ne verra jamais officiellement le jour même si Georges Regembeau réalisa un exemplaire destiné aux États-Unis. Un deuxième exemplaire, qui ne fut jamais terminé, dut être détruit à cause du mauvais état de la voiture résultant d'un long stockage dans de mauvaises conditions[14].

La SM est aujourd'hui devenue une icône automobile des années 1970 et les collectionneurs la recherchent, comme les versions haut de gamme des DS.

La renaissance

La société française SM2A a repensé, reconstruit et optimisé la SM à l'aune des standards automobiles du XXIe siècle. La production de ces SM2, au prix de 230.000€/unité, n'excède pas 4 véhicules par an[15].

Propriétaires célèbres

Source[16]

L'empereur et icône religieuse Haïlé Sélassié Ier d'Éthiopie a eu une SM alors que l'Ougandais Idi Amin Dada en possédait sept. Le Shah d'Iran a également beaucoup roulé en SM. Les acteurs américains Burt Reynolds, Dinah Shore, Lee Majors et Lorne Greene, le compositeur John Williams, le footballeur Johan Cruyff, le guitariste Dave Davies (the Kinks), le journaliste Bernard Pivot, le critique gastronomique Pascal Remy et les comiques Cheech Marin et Thomas Chong étaient propriétaires de SM. Fernand Raynaud s'est tué en Rolls deux jours après que sa SM fut volée. L'animateur vedette de NBC Jay Leno, grand collectionneur de véhicules, en possède une[17]. François de Grossouvre, l'ami de François Mitterrand en a possédé une dans les années 1970, avec laquelle il a fait de nombreux trajets avec le futur président.

Le Président de la République Georges Pompidou a offert en octobre 1971 au secrétaire général du Parti Communiste d'URSS Léonid Brejnev lors de sa visite en France, pour un sommet France - URSS, une SM vert métalisé. Elle fut utilisée régulièrement par Brejnev avant d'être revendue après la fin de l'URSS à un collectionneur néerlandais[18].

Culture populaire

La SM de César et Rosalie, Mondial de l'Automobile, Paris 2016

Une scène de la série télévisée Les Protecteurs de Gerry Anderson met en évidence une SM bleu platine en 1971.

Ben Stiller est enlevé en SM dans le film Zoolander.

Yves Montand conduit une SM couleur Sable métallisé (immatriculée 1921 XX 75)[19] dans César et Rosalie de Claude Sautet en 1972, descendant majestueusement à petite vitesse la pente de la plage de la Corniche, à Sète.

Burt Reynolds échappe à une flotte de voitures de police au volant d'une SM dans le film Plein la gueule (The Longest Yard) en 1974. L'année suivante, il croise plusieurs fois une SM (qui pourrait bien être son véhicule personnel) dans le film La Cité des dangers (Hustle) de Robert Aldrich.

Dans le film La Grande Casse, on aperçoit une SM blanche dans l'entrepôt où sont entreposées les voitures volées.

En 1975, Patrick McGoohan conduit une SM dans la série télévisée américaine Columbo - 34e épisode jeux d'identité[20].

Tomás Milián conduit une SM dans Folle à tuer d'Yves Boisset en 1975.

Dans le clip vidéo Just My Imagination du groupe irlandais The Cranberries on peut apercevoir diverses Citroën dont une SM.

La chanteuse Jem part à bord d'une SM à la fin du clip de la chanson It's Amazing.

Dans le film Envoyés très spéciaux, Poussin, l'un des deux protagonistes, est un collectionneur de voitures et d'objets Citroën. Il possède une SM visible tout au long du film. Plus tard, sa femme vend la voiture à un collectionneur pour 50 000 .

Dans la scène finale du film Killer Elite (2011), Danny Bryce (Jason Statham) se trouve au volant d’une Citroën SM de couleur Vert des Tropiques lorsqu’il retrouve à Paris son amie Anne Frazer (Yvonne Strahovski) qui vient de sortir d’une galerie marchande. Les dernières images dévoilent même l’immatriculation (réelle ou fictive ?) de cette SM : 293 BVQ 75.

Dans la mise à jour « Hipster toi-même ! » de Grand Theft Auto V, la Lampadati Pigalle est manifestement très inspirée de la SM.

Dans leur clip vidéo de la chanson L'équilibre, le groupe pop-rock français Kyo se trouve à bord d'une SM.

Dans le clip Venice de Mister V, on voit ce dernier à bord d'une SM à Los Angeles.

En 2017, dans la publicité du parfum "Scandal" de Jean-Paul Gaultier, on peut voir une superbe et rare SM Opéra de Chapron[21]

Notes et références

  1. « L'Histoire de la Marque Citroën », sur Citroën France (consulté le )
  2. Voitures d'exception, volume 7, éditions Atlas.
  3. http://www.autotraderclassics.com/car-article/The+lost+prototype+Reborn+_+Citroen+SM+V8-84209.xhtml
  4. René Bellu, Toutes les Citroën : des origines à nos jours, Editions Jean-Pierre Delville, , 286 p. (ISBN 2-85922-014-3)
  5. Short wheelbase sports prototype
  6. De notre envoyé spécial en Californie Philippe Doucet, « Des Californiens fanatiques du Chevron », Le Figaro, (lire en ligne , consulté le ).
  7. Henri Chapron, par Dominique Pagneux, éditions E.T.A.I.
  8. La SM spéciale construite par Chapron pour le Président Pompidou
  9. http://smpassiongarageguyou.free.fr/referen/refere01.html#temoignage
  10. « RGP ou CITROËN SM REGEMBEAU par Eric RIOULT », sur citroensmregembeau.free.fr (consulté le )
  11. interview avec M. Regembeau du 03/08/2002.
  12. « sm2.fr »
  13. relation publique citroen, Citroen SM description technique, Paris, citroen, p. 39 a 47
  14. Video de SM
  15. http://www.eurosmclub.net/La%20Sm%20de%20Brejnev%20800x600.htm
  16. 1921 est l'année de naissance d'Yves Montand.
  17. SM sur citrothello.net

Voir aussi

Bibliographie

  • Auto Plus - La Collection, Les classiques de l'automobile, Citroën SM 1972, 2010, fascicule no 12, éd. Hachette.
  • Citroën et le citroënisme : essai historique sur la passion automobile et l'innovation, Au Pont 9, (ISBN 9791096310609), Paris, 2020. Joël Broustail
  • Citroën, essai sur 80 ans d'antistratégie (avec R.Greggio), Vuibert, (ISBN 2-7117-7818-5), Paris, 2000[6]. Joël Broustail

Vidéo

[vidéo] CITROEN SM - première sortie première victoire Rallye Maroc 1971 sur YouTube

Article connexe

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