Claudia Rufina

Claudia Rufina est une femme descendant d'une famille de la province romaine de Bretagne (située au sud de l'île que nous appelons Grande-Bretagne aujourd'hui) qui vivait à Rome vers 90 et était connue du poète Martial. Il se réfère à elle dans ses Épigrammes (XI, 53), la décrivant comme « caeruleis [...] Britannis edita » jaillie des Bretons bleus », probablement en référence à la coutume britannique de se peindre avec du pastel). Il la loue pour sa beauté, son éducation et sa fertilité.

Claudia Rufina
Titre de noblesse
Princesse
Biographie
Époque
Activité
Conjoint
Gens

Elle est probablement identique à la « Claudia Peregrina » (« Claudia l’Étrangère ») dont Martial décrit le mariage avec son ami Aulus Pudens, un centurion d'Ombrie à qui plusieurs de ses poèmes sont adressés (Épigrammes IV, 13). Elle peut aussi être la Claudia dont Martial compare la grandeur au colosse Palatin, une statue gigantesque qui se dressait autrefois près du mont Palatin (Épigrammes VIII, 60)[1].

Une inscription fragmentaire trouvée à Chichester indique qu'un soldat romain nommé Pudens a fait don au roi britannique, Tiberius Claudius Cogidubnus du site sur lequel un temple à Neptune a été édifié. L'inscription précise que Pudens avait épousé à Rome, la fille de ce roi nommée Claudia Rufina (CIL VII, 17).

Le mariage de cette femme britannique, Claudia Rufina, rend tout à fait probable que les Pudens et Claudia Rufina de Martial soient les mêmes que les Pudens et Claudia Rufina de l'inscription de Chichester.

Une partie de la critique a identifié ce Pudens et cette Claudia, à ceux qui sont mentionnés par Paul de Tarse dans sa Deuxième épître à Timothée en compagnie d'un Linus. Comme d'autres textes chrétiens antiques disent que l'évêque de Rome appelé Linus était un fils de Pudens et Claudia, ils ont supposé que Claudia Rufina et son mari Pudens étaient chrétiens et qu'ils étaient les parents de cet évêque de Rome. Toutefois, l'identification de ces deux personnages ne repose que sur leurs noms et d'autres Claudia et Pudens sont maris et femmes à l'époque et donc sont eux aussi éligibles pour cette identification. Il y a en général consensus pour estimer qu'il n'y a pas assez d'éléments pour les identifier.

L'inscription de Chichester

La capitale de Tiberius Claudius Cogidubnus est supposée être Noviomagus (actuelle Chichester) où se trouve l'une de ses inscriptions le mentionnant ainsi qu'un certain Pudens[2] :

L'inscription de Chichester
[N]EPTVNO·ET·MINERVAE

TEMPLVM
[PR]O·SALVTE·DO[MVS]·DIVINA[E]
[EX]·AVCTORITAT[E·TI]·CLAVD·
[CO]GIDVBNI·R[EG·MA]GNI·BRIT·[3]
[COLE]GIVM·FABROR·ET[·Q]VI·IN·E[O]
[SVNT]·D·S·D·DONANTE·APEAM
[...]ENTE PVDENTINI·FIL

N]eptuno et Minervae | Templum | pr]o salute do[mus] divinae | ex] auctorita[te Ti.] Claud. | Co]gidubni Reg(is) Magni Brit(anniae). | Colle]gium fabror. et qui in e[o | sunt] D.S.D. donante aream Clem]ente Pudentini Fil.

Il s'agit d'un autel à Neptune et Minerve pour le salut de la Maison Impériale, et dont la construction fut ordonnée par Cogidubnos et réalisée par le collège des fabri.

Théories disputées

Dans le christianisme primitif

La Deuxième épître à Timothée du Nouveau Testament contient un passage où Paul de Tarse salue « Eubulus, Pudens, Linus, Claudia, et tous les frères[4]. » Les Constitutions apostoliques rapportent que l'évêque Clément de Rome a été nommé par l'apôtre Pierre après que l'évêque « Linus, fils de Claudia » qui avait été ordonné par Paul soit mort[5],[6]. Cette partie des Constitutions apostoliques est datée du IIe siècle. D'autres textes chrétiens plus tardifs disent que Linus était le fils de Pudens et Claudia. Il a donc été supposé que les Claudia et Pudens mentionnés ici pourraient être les mêmes que Claudia Rufina et son mari. William Camden a fait cette identification, citant John Bale et Matthew Parker[7]. L'historien du Vatican, César Baronius, est parvenu à la même conclusion dans ses Annales Ecclesiastici[8]. Au XVIIe siècle, James Ussher a accepté, et identifié le Linus mentionné comme le premier évêque de Rome de ce nom[9]. John Williams a fait la même identification au XIXe siècle[10]. Ce serait ce saint Pudens qui aurait été un sénateur romain qui aurait hébergé l'apôtre Pierre lors d'un de ses séjours à Rome. Sa demeure à Rome serait devenue une des premières églises domestiques de la ville et ce serait elle qui aurait donné naissance au titulus Pudentis qui était aussi connu comme ecclesia Pudentiana[11]. Un titulus atteste d'une église des premiers temps du christianisme à Rome. Il s'agissait d'un édifice privé transformé en lieu de culte avec le pouvoir d'administrer les sacrements. Les actes du synode du pape Symmaque (499) mentionnent son existence comme très ancienne église.

Cependant, la coïncidence des noms est insuffisante pour faire une telle identification. En effet, le nom Claudia a été porté par chaque membre féminin de la gens Claudia, qui était une importante famille de l'aristocratie romaine[12], et le nom Pudens n'était pas un cognomen rare[13]. En dehors de cette coïncidence et du rang sénatorial des deux Pudens, il n'y a aucune preuve d'un lien entre les Claudia et Pudens mentionnés par Martial et les Claudia et Pudens de la deuxième épître à Timothée. On note d'ailleurs l'existence d'un Titus Claudius Pudens, mari de Claudia Quintilla. Ce couple a perdu un fils en bas âge qui a été immortalisé sur une inscription trouvée sur la route entre Rome et Ostie (CIL VI.15,066).

Notes et références

  1. Martial, Epigrams, ed. & trans. D. R. Shackleton Bailey, Harvard University Press, 1993.
  2. Roman Inscriptions of Britain, 92 - CIL VII, 11.
  3. La cinquième ligne de l'inscription était autrefois restituée ainsi R[·LEGAT·AV]G·IN·BRIT ("roi et légat en Bretagne"), mais cela est désormais considéré comme une lecture erronée.
  4. Nouveau Testament, Deuxième épître à Timothée, 4, 21.
  5. Constitutions apostoliques, (en) livre VII, 46, 6.
  6. (en) William Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology Vol 1, p. 761-762.
  7. William Camden, Britannia, Chapter "Romans in Britaine" § 54.
  8. César Baronius, Annales Ecclesiastici, Bloc VII, Sec. 56, p. 64 ; Blocs IV et V, p. 111-112 ; Blocs I et II, p. 148,150 ; Bloc IV, p. 228 {pagination basée sur l'édition de 1614 des Annales Ecclesiastici.
  9. James Ussher, Britannicarum Ecclesiarum Antiquitates, Dublin, 1639, p. 10-12.
  10. John Williams, Claudia and Pudens, 1848.
  11. (en) « Praxedes and Pudentia », Catholic Encyclopedia (consulté le ).
  12. William Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology Vol 1, p. 761-762.
  13. William Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology Vol 3 p. 602.


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