Coelotes terrestris

Coelotes terrestris, le coelote terrestre[1], est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Agelenidae[2].

Coelotes terrestris
Coelotes terrestris de l'Orne en France
Classification selon le World Spider Catalog
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Chelicerata
Classe Arachnida
Ordre Araneae
Sous-ordre Araneomorphae
Famille Agelenidae
Genre Coelotes

Espèce

Coelotes terrestris
(Wider, 1834)

Synonymes

  • Aranea terrestris Wider, 1834
  • Amaurobius subterraneus C. L. Koch, 1837
  • Amaurobius tigrinus C. L. Koch, 1837

Distribution

Coelotes terrestris se rencontre en Europe[2].

Le coelote terrestre est présent en Europe moyenne mais absent au Nord et au Sud[3]. On le rencontre de la Grande-Bretagne[4] jusqu'au sud des Pyrénées en Espagne[5] pour la partie occidentale de sa répartition et jusqu'à l'ouest de l'Ukraine[6],[7] et la Turquie[8] pour la partie orientale. Dans cette aire, Coelotes terrestris est présent en Allemagne[9], en Autriche[10], en Belgique[11], en Bulgarie[12], au Danemark[13], en France[3], en Hongrie[14], au Luxembourg[15],[16], en Macédoine[17], aux Pays-Bas[18], en Pologne[19], en Roumanie[20], en Slovaquie[21], en Slovénie[22], en Suisse[23] et en Tchèquie[24],[25].

Il est absent d'Irlande[4], d'une grande partie de la péninsule ibérique[5] et d'Italie[26].

Habitat

Coelotes terrestris est une espèce qui apprécie plutôt les milieux humides et peu lumineux de montagne ou de collines et vit quasi exclusivement en forêt[5].

Dans les forêts, elle colonise les pierres, les souches et la litière[3] et elle affectionne également les sols moussus[27]. Elle peut également occuper les boisements de feuillus plus secs[28]. On trouve également cette espèce dans les steppes[3] et les landes peu ensoleillées[3] comme les monts d'Arrée en Bretagne[3],[29] mais également dans les prairies[21] et les zones humides[30].

L'espèce est principalement présente à des altitudes inférieures à 900 m[5] bien qu'elle ait été observée à 1 200 m en Europe centrale[31] et jusqu'à 1 550 m dans les Pyrénées[32].

Description

Coelotes terrestris
Coelotes terrestris d'Allemagne

La femelle mesure de 10 à 14 mm et le mâle de 8 à 10 mm[3].

Les pattes et le céphalothorax sont brun foncé. L'abdomen est noir velouté avec des taches claires en forme de chevrons[3].

Coelotes terrestris a le même aspect qu’un Amaurobius mais ses filières antérieures sont développées et ne sont pas des plaques (cribellum). On compte sept espèces dans le genre Coelotes en France, et trois autres dans des genres très proches (Inermocoelotes et Pireneitega) et l’observation des pièces génitales est indispensable pour identifier les espèces[3].

Coelotes terrestris est très similaire à Coelotes atropos. Il s'en distingue par un abdomen plus sombre et une bande longitudinale centrale antérieure plus claire, par la forme des palpes pour les mâles, et notamment par les bords latéraux foncés des épigynes qui forment un carré pour les femelles[4].

Comportement

Coelotes terrestris
Coelotes terrestris

Toile

Coelotes terrestris est une espèce terricole[33] qui tisse une toile très peu étendue de quelques centimètres[3] à 20 cm[33] d'extension, en prolongement d’une longue retraite en forme de tube qui se prolonge au sol sous une pierre, une branche ou dans la végétation[3] ou jusqu'à plusieurs centimètres sous la surface du sol[33],[34].

Prédation et alimentation

Cette espèce chasse la nuit et capture de nombreux coléoptères comme des Carabidae[34], diptères[34], cloportes ou mille-pattes[3]. Les proies qui s’aventurent sur la toile sont mordues puis entraînées dans la retraite[3]. Contrairement à d'autres petites araignées dont les chélicères ne peuvent pénétrer l'épaisse cuticule des coléoptères, Coelotes terrestris présente un comportement prédateur spécialisé en mordant les coléoptères dans la membrane inter-segmentaire[27],[35].

Cycle de vie

Les femelles sont présentes du printemps à l’automne et les adultes mâles en fin d’été[3]. Le cycle est annuel pour le mâle et biannuel pour la femelle[36].

Lors de la période de ponte, en juin-juillet, la femelle élargit sa retraite et dépose son cocon, contenant de 30 à 70 œufs[33], dans cet espace étendu[3]. Les jeunes éclosent après trois à quatre semaines d'incubation[33]. La mère reste avec sa progéniture qu'elle nourrit avec des proies régurgitées ou mises à disposition. Ce comportement maternel est assez notable puisqu'il ne concernerait qu'une vingtaine d'espèces d'araignées sur les 40000 connues[37]. Les jeunes chassent ensuite dans le nid et en développent la construction. Parfois, la femelle meurt aux premiers froids de l’hiver et est dévorée par ses petits[3] qui restent dans le nid et qui ne se disperseront qu’après la fin de l’hiver[3],[33].

Coelotes terrestris peut cependant résister à des températures hivernales de −6 °C[38].

Systématique et taxinomie

Cette araignée a été décrite sous le protonyme Aranea terrestris[39]. Les espèces Amaurobius subterraneus Koch, 1837 et Amaurobius tigrinus Koch, 1837 ont été placées en synonymie avec Coelotes terrestris.

Publication originale

  • Wider, 1834 : Arachniden Zoologische miscellen. Museum Senckenbergianum, Abhandlungen aus dem Gebiete der beschreibenden Naturgeschichte, vol. 1, p. 197-282 (texte intégral).

Liens externes

Notes et références

  1. Canard & Rollard, 2015 : À la découverte des Araignées: Un guide de terrain pour comprendre la nature. Dunod, p. 1-192.
  2. WSC, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  3. Canard, 2014 : Fiche descriptive : Coelotes terrestris (Wider, 1834). Muséum national d’Histoire naturelle, Inventaire National du Patrimoine Naturel. (Fiche INPN)
  4. Roberts, 1985 : The Spiders of Great Britain and Ireland. vol. 1. Brill, Leiden, p. 1-233.
  5. de Castro & Ferrandez, 1998 : Coelotes terrestris (Wider, 1834) (Araneae: Agelenidae) nueva especie para la fauna ibérica. MUNIBE (Ciencias Naturales - Natur Zientziak). vol. 50, p. 47-54. (texte intégral).
  6. Фeдopяк, 2002 : Видовий склад та аналіз структури населення павуків (Arachnida, Aranei) прибережних біотопів с.Долiшній Шепіт Вижницького району (Чернівецька обл.). НАУКОВІ ОСНОВИ ЗБЕРЕЖЕННЯ БІОТИЧНОЇ РІЗНОМАНІТНОСТІ, vol. 4, p. 157-163 (texte intégral).
  7. Гірна, 2013 : ФАУНА ПАВУКІВ (ARANEI) ЛІСОВИХ ЕКОСИСТЕМ ВЕРХНЬОДНІСТРОВСЬКИХ БЕСКИДІВ (УКРАЇНСЬКІ КАРПАТИ). Вісник Львівського університету. Серія біологічна, vol. 62, p. 133-139.
  8. Bayram, Kunt & Danişman, 2017 : The checklist of the spiders of Turkey. Version, 2017
  9. Catley, 1992 : Supercooling and its ecological implications in Coelotes atropos (Araneae, Agelenidae). The Journal of Arachnology, vol. 20, p. 58-63.
  10. Milasowszky, Hepner, Waitzbauer & Zulka, 2015 : The epigeic spider fauna (Arachnida: Araneae) of 28 forests in eastern Austria. Biodiversität und Naturschutz in Ostösterreich - BCBEA, vol. 1, p. 135–163. (texte intégral).
  11. Gurdebeke, Neirynck & Maelfait, 2000 : Population genetic effects of forest fragmentation in Flanders (Belgium) on Coelotes terrestris (Araneae: Agelenidae) as revealed by allozymes and RAPD. Proceedings of the 18th European Colloquium of Arachnology, Stará Lesná, 1999. Ekológia (Bratislava), vol. 19, supplement 3/2000, p. 87-96.
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  35. Nentwig, 1987 : The prey of spiders. Ecophysiology of spiders, Springer, Berlin, p. 249-263.
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  37. Foelix, 2011 : Biology of Spiders. Oxford University Press, USA, p. 1-419.
  38. Wieser, 2012 : Effects of Temperature on Ectothermic Organisms: Ecological Implications and Mechanisms of Compensation. Springer Science & Business Media, p. 1-300.
  39. Wider, 1834 : Arachniden Zoologische miscellen. Museum Senckenbergianum, Abhandlungen aus dem Gebiete der beschreibenden Naturgeschichte, vol. 1, p. 197-282 (p. 215).
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