Collégiale Saint-Vincent de Soignies

La Collégiale Saint-Vincent est un édifice religieux catholique sis au cœur de la ville de Soignies, en Belgique. Remplaçant une église primitive du VIIe siècle et dédiée à saint Vincent de Soignies, l’édifice actuel - dans ses parties les plus anciennes -- date du XIe siècle. Devenue 'collégiale' à une date inconnue, l’église est paroisse principale de la ville de Soignies. Elle est inscrite au Patrimoine majeur de Wallonie.

Collégiale Saint-Vincent

Face Nord de la collégiale.
Présentation
Culte catholique
Type collégiale
Rattachement Diocèse de Tournai
Début de la construction ~ 1020
Fin des travaux ~ 1220

XVIe siècle (chapelles)

Style dominant roman
Protection  Patrimoine classé (1941, no 55040-CLT-0003-01)
 Patrimoine exceptionnel (1993, 2013, no 55040-PEX-0001-02)
Site web http://www.collegiale-soignies.be
Géographie
Pays Belgique
Région  Région wallonne
Province  Province de Hainaut
Ville Soignies
Coordonnées 50° 34′ 46″ nord, 4° 04′ 13″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique

Historique

La collégiale Saint-Vincent

Les XIe et XIIe siècles marquent ici le point culminant de la dévotion à Saint-Vincent dont une communauté religieuse est l'animatrice, particulièrement lors du 14 juillet, date présumée de la mort du saint en 677. On édifie d'abord un ensemble oriental composé du chœur, d'une tour-lanterne à la croisée du transept, puis de deux croisillons. Au XIIe siècle, on édifie l'actuel vaisseau et le chœur initial est surélevé. Michèle Callut et Gérard Bavay écrivent :

« Les bâtisseurs ont manifestement voulu donner une ampleur maximale à leur projet. C'est dans ce but qu'ils ont voulu faire correspondre la partie centrale du bâtiment à ses deux extrémités. Une haute nef centrale sous plafond plat, deux belles nefs latérales sous croisée d'arêtes ; deux tribunes de belle venue, une solide succession de colonnes et de forts piliers. Autant d'éléments qui font des nefs de Soignies un témoignage grandiose de l'architecture romane[1]. »

Ce joyau architectural relativement hétérogène constitue une curiosité unique dans l'architecture médiévale hainuyère. La construction de l'édifice débute entre 1015 et 1024, alors même que la première Vita de Saint-Vincent est rédigée[2]. Les grandes lignes de l'édifice ne seront terminées que deux siècles plus tard (ca 1225).

Gilles Binchois, l'un des plus célèbres compositeurs du début du XVe siècle et l'un des premiers représentants de l'école musicale de Bourgogne fut prévôt du chapitre canonial de cette église de 1452 à sa mort en 1460.

Construction

Date Édification[2]
VIIe siècle Construction d'une église primitive sur le site même de la collégiale
XIe siècle ca 1020 - Construction du massif occidental (porche d'entrée, tourelles)
À l'est construction du Chœur liturgique, du transept et des tourelles
C'est cette entame concomitante des travaux, à l'est et à l'ouest
qui laisse supposer qu'un édifice existait déjà à cet emplacement.
Ces travaux se terminent ca 1060.
XIe siècle ca 1080 - Construction des nefs
XIIe siècle Réalisation des charpentes (datée d'après la dendrochronologie dans la fourchette 1185-1200),
couverture en plomb sur tout ou partie de l'édifice
XIIIe siècle ca 1220 - Imbrication de l'avant-corps roman dans une forte tour-clocher aux accents gothiques
Les volumes principaux de l'édifice actuel sont terminés à cette époque
XIIIe siècle Construction de la sacristie (offranderie)
XIVe siècle? Construction de la chapelle Saint-Vincent
XVe siècle Construction de la chapelle Saint-Hubert
XVIe siècle Construction de la chapelle du Saint-Nom

Restauration

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Placée au Patrimoine exceptionnel de Wallonie, la collégiale Saint-Vincent de Soignies est le point central de la ville. Fier de leur patrimoine et désireux de le maintenir en état, un grand chantier de restauration débute en 1985. La décision de lancer ce projet a été prise en 1974 par la ville de Soignies qui ne souhaitait pas voir sa collégiale échapper à la postérité.

L’architecte G. Ferain, à qui le chantier a été confié, tire un premier constat de l’ampleur des premiers travaux. La situation est urgente : Malgré les diverses et multiples interventions apportées à l’édifice de 1970 à 1980, l’extérieur ainsi que l’intérieur du bâtiment semblent se dégrader à mesure du temps à un point tel que la sécurité est remise en cause.

Dans un premier temps, ce sont les extérieurs de la collégiale qui sont rénovés. En effet, suivant le plan des travaux, c’est la Tour lanterne qui représente le cas de restauration le plus urgent. Cet élément architectural, typique de l’architecture religieuse qui s’est développée dans la vallée de l’Escaut, est surmonté d’une flèche polygonale datant vraisemblablement de la période gothique. Le travail de restauration permettrait de remettre en état cet élément qui se voit affaibli par les dégâts du temps : la pression des vents, la dégradation ponctuelle de la couverture, la charpente rongée par les champignons, vrillettes et autres causes, et sans oublier la dégradation de têtes de sommiers sur lesquelles repose la structure. Pour rendre compte de l’ampleur de ce chantier, un seul clocheton a pu être restauré, car les trois autres éléments étaient trop détériorés par les champignons. Ceux-ci ont été totalement reconstruits à l’identique grâce au clocheton témoin. La Tour lanterne est achevée par la pose du recouvrement en ardoise. Sa toiture est faite en ardoise naturelle et exceptionnellement clouée, car cette technique est plus certaine pour les fortes pentes. De plus, ce savoir-faire est symbolique, se rapprochant plus du patrimoine, en opposition aux crochets qui n’apparaissent qu’à partir du XXe siècle. Il s’ensuit la restauration de la charpente et des maçonneries marquées par les dégâts du temps.

Stalles du chœur (détail).

Dans un second temps, ce sont les intérieurs de la collégiale qui ont été rénovés. Durant les travaux, les différentes chapelles et autres espaces architecturaux ont révélé toute leur splendeur due au savoir-faire des artisans. En outre, ceux-ci ont mis au jour des éléments archéologiques tels que des parchemins enfouis, un tableau en albâtre du XVIe siècle ou encore des pièces de monnaie datant du XVIIe au XXe siècle. Ensuite, les spécialistes se sont penchés sur le mobilier très abondant et étonnamment conservé à l’identique, entre autres les fonts baptismaux de style roman scaldien (XIIe siècle).

Les fonts baptismaux de la collégiale

En effet, ce sont les chanoines qui ont décidé dès 1620 de répondre à la Réforme protestante par une mise « au gout du jour » de l’édifice dans un style baroque. En septembre 2007, le chœur, espace privilégié de la collégiale, a vu ses boiseries remises en état par les ébénistes qui n’ont pas interrompu leur restauration jusqu’à la fin des travaux. Ceux-ci ont rendu aux stalles, répartissant les 64 sièges, la richesse de leur décor, la rigueur et la clarté architecturale d’antan[3].

Le 20 mai 2009, la célébration de réouverture de la collégiale par Monseigneur Guy Harpigny évêque de Tournais, 5e translation des châsses.

Galerie

Archives

Les archives musicales de la collégiale Saint-Vincent de Soignies comprennent près de 13 000 documents manuscrits et imprimés datant pour l’essentiel des XVIIIe et XIXe siècles. Ces archives sont conservées et consultables aux Archives de l'État à Mons.

Bibliographie

  • Jean Housen, « Soignies - Collégiale Saint-Vincent », Bulletin de la Commission royale des monuments, des sites et fouilles, Commission royale des Monuments et des Sites, t. 18, 2004-2005, p. 48-50 (lire en ligne)
  • Simon Brigode, « L'architecture religieuse dans le Sud-Ouest de la Belgique - Des origines à la fin du XVe siècle : Soignies - Collégiale Saint-Vincent », Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites, Commission royale des Monuments et des Sites, t. 1, , p. 141-155 (lire en ligne)
  • Ouvrage réalisé sous la direction de Jacques Deveseleer, "La Collégiale Saint-Vincent de Soignies : Un quart de siècle de restauration (1985 - 2009), Les cahiers du Chapitre - 11, Soignies, 2009.

Liens externes

Notes et références

  1. Le Patrimoine majeur de Wallonie, p. 160
  2. La collégiale Saint-Vincent - Un exceptionnel témoin de l’art roman et son trésor hérité des chanoines
  3. Jacques Deveseleer, La Collégiale Saint-Vincent de Soignies : Un quart de siècle de restauration (1985 - 2009), Soignies, Les cahiers du Chapitre - 11,
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