Commanderie de Sours

La commanderie de Sours, dans le département d'Eure-et-Loir, fut un des plus importants établissements fonciers et agricoles de France ayant appartenu à l'ordre du Temple pendant le Moyen Âge puis a été dévolue en 1312 à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Commanderie de Sours

Tour de la Commanderie de Sours, aujourd'hui pigeonnier.
Présentation
Fondation Templiers 1192
Reprise Hospitaliers 1312
Géographie
Pays France
Région Centre-Val de Loire
Département Eure-et-Loir
Ville Sours
Coordonnées 48° 24′ 38″ nord, 1° 35′ 53″ est
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Eure-et-Loir
Géolocalisation sur la carte : Centre-Val de Loire

C'était à la fois une ferme, un lieu de finances et perception, un fort et un lieu de vie religieux : placée sous la responsabilité de son commandeur, c'était le lieu de vie d'une communauté de frères, de chevaliers et d'affiliés. Elle se trouvait au centre d'un domaine foncier sur lequel étaient bâties des fermes appelées « Domus » ou « Maison ». Il s'agissait d'une commanderie rurale fortifiée car elle était située sur des terres pouvant être lieux de combat, de pillage ou d'invasion.

Description

La commanderie aujourd'hui

Vue extérieure depuis la rue du Silo
Porte crénelée sur la place de Verdun

Elle est située au centre de la commune et traversée par la rue de la Commanderie, la rue du Clos de Brye et la Place de Verdun qui la divisent en plusieurs propriétés. Chacune appartient respectivement à des agriculteurs privés ou des particuliers.

L'une des propriétés fut celle où vécut Jacques Gautron, un homme politique local ayant refusé de se rallier au Maréchal Pétain en 1940. Dans cette propriété, on peut encore voir l'ancien donjon (une tour massive aujourd'hui convertie en fuye à pigeons), l'étang, l'entrée des souterrains (cloîtrés de nos jours) ainsi qu'une chapelle dont la porte principale est surmontée d'une sculpture représentant un casque enturbanné.

Sur la place de Verdun, on peut voir les vestiges d'une porte à double ouverture, une plus grande et l'autre plus petite, à plein cintre, surmontée d'un tore et dominée par de jolis créneaux. Le double cintre a été abattu dans les années avant 1900. C'est aujourd'hui l'entrée d'une grande ferme, appelée après la fin de la commanderie : la ferme de Brie.

Histoire

Histoire de la commanderie

En 1191, à la mort soudaine de son époux Thibaut V, la fille du roi Louis VII le Jeune et d'Aliénor d'Aquitaine : Alix de France, comtesse de Blois et de Chartres, assura l'intérim de la régence des deux comtés depuis sa grande ferme située à Sours[1].

Au cours de la même année, son fils Louis de Blois, repris les régences à sa majorité. Alix, qui avait de profonds liens avec la religion, fit don de sa résidence aux Templiers et leur permis la fondation d'une chapelle pour les Templiers[2].

Sours, à cette époque, est fréquentée par des religieux de l'abbaye de Josaphat-lès-Chartres à qui la comtesse confie aussi une métairie dans le même village[réf. souhaitée].

Guillaume de Chartres est parfois mentionné à tort comme y ayant été reçu avant de devenir maître de l'ordre en 1210[3]. Il s'agit d'une confusion avec Guillaume III de Ferrières, Vidame de Chartres qui possédait un grenier dans un hameau de Sours, Generville[4],[5]. En 1204, pour remercier les religieux de leur accueil, ce Guillaume fait don aux frères de deux muids de grain à prendre chaque année dans son grenier[4] mais le sceau qu'utilisait Guillaume III de Ferrières indique clairement qu'il ne s'agit pas de la même personne[6] et qu'il ne s'agit pas non plus d'un membre de la famille du Puiset qui détenait alors la vicomté de Chartres[7],[8].

À sa mort de la peste (qu'il a attrapé pendant la Cinquième croisade) en 1219, les frères de Sours commencèrent à prier Guillaume[citation nécessaire][9]. La commanderie sera l'une des plus importantes du Pays Chartrain.

C'est aussi à cette époque que l'on construit la première église de Saint-Germain de Sours.

L'évêque de Chartres, Regnault de Mouçon, mit les biens de ce nouvel établissement religieux sous la sauvegarde des lois de l'église et lança l'excommunication sur tous ceux qui troubleraient la possession paisible des Templiers[10].

Dans le Guide de la France templière, Alain Lameyre rapporte qu'on prétend aussi qu'à cette époque, les Templiers de la commanderie de Sours, avaient construit plusieurs gigantesques souterrains menant par exemple au château de Sours ou encore à la Cathédrale Notre-Dame de Chartres[11]. Il est noté, dans la petite encyclopédie de l'ordre des Templiers, que l'on peut encore voir l'entrée et les premiers mètres des souterrains des Templiers.

L’histoire de la commanderie est marquée par les querelles qui ont opposé les Templiers aux seigneurs de Montdoubleau au début du XIIIe siècle. En effet, ceux-ci ne voyaient pas d'un bon œil la puissance et la richesse grandissante des Templiers dans la région. Voyant que les querelles s'envenimaient, le représentant du pape, l'abbé de Sainte-Geneviève de Paris, dut excommunier le vicomte de Montdoubleau.

Après l'arrestation des Templiers, au XIVe siècle, la commanderie fit partie des biens confisqués à l’ordre par Philippe le Bel. Puis quand le pape Clément V supprima l'ordre en 1312, cette commanderie revint aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[12]. Les Hospitaliers occupèrent les lieux jusqu'à la Révolution française.

La commanderie, afin d'asseoir son autorité et d'assurer sa tranquillité fut fortifiée et habitée par des chevaliers. Ses fortifications imposantes ont été érigées en pierres de Berchères. Précédée d'un fossé, elle offrait une résistance suffisante aux attaques inopinées des rôdeurs.

La fonction agricole

Étant placée sur des terres de rapport, au milieu de la Beauce, une vaste plaine défrichée riche en sols céréaliers appelée aussi « Grenier de la France », la commanderie fut rapidement prolongée avec une grande ferme dont l'activité était intense et le rendement efficace et important. Ci-dessous, l'extrait d'un Cartulaire de 1902 (provenant des archives du diocèse de Chartres) où l'Abbé Charles Métais rapporte une description de la commanderie au Moyen Âge (restranscrit à l'origine, en ancien français):

  • Le lieu de vie : « La maison est couverte de thuille et conciste en une grande chambre basse et cabinet, une chambre haute et cabinet, grenier dessus, une montée de bois, le tout de longueur de 27 pieds sur 23 de large ; contre le pignon du costé de la chapelle en un fournil de pierre avec un poullailler y joignant étant sur la motte du four, cave sous ledit fournil, grenier dessus, couvert de thuille ouquel on monte par un petit escallier en pierre de taille, chaux et sable à costé duquel fournil est un petit bas costé servant de laitrie, de 6 pieds de large. »
  • La ferme : « De l'autre costé de l'autre pignon est une écurie couverte de thuille de 46 pieds de long sur 20 de large reignant un grenier dessus, une charterie de maçonnerie couverte de chaume joignant le portail ancien dudit lieu seigneurial, de 37 pieds de long sur 24 de large, au-dessus de laquelle est un grenier carrelé avec une montée pour y aller, garnie d'une porte termante à clef, et au dedans de la cour, est adhérent un poullailler couvert de thuille dont les murailles sont de pierre, de 16 pieds de long sur 6 de large, et de l'autre costé dudit portail ancien est une grange de maçonnerie couverte de chaume de 34 pieds de long sur 28 de large, qui sert pour engranger les mars, contre laquelle il y a un petit toit joignant ledit portail, et de l'autre costé est une étable à vaches dont les murailles sont de pierre et bauge, couverte de chaume, garnie de 2 portes, contenant 57 pieds de long sur 18 de large… un bâtiment servant d'écurie et bergerie… »
  • La tour : « Un colombier de pierre de figure ronde couvert de thuille, au-dessous duquel il va une cave, une grande grange de pierre, couverte de thuille, de 120 pieds de long sur 55 de large, entre laquelle grange et la chapelle sont des bergeries couvertes de chaume, de 80 pieds de long sur 8 de large. La chapelle contenant 50 pieds de long et 20 de large, faitte de maçonnerie en pierre, chaux et ciment et couverte de thuille. Grande cour, à laquelle il y a un portail et grandes portes sur les champs, porte d'entrée sur la rue, etc. »
  • Les fortifications : « Tout ce que dessus enclos de murs et par un fossé commun avec plusieurs habitants de Sours. »

Commandeurs templiers

On ne connaît aujourd'hui que quelques commandeurs du XIIIe siècle, comme [13]:

  • Vers 1231 : Frère Jean, précepteur de Sours et frère Baudouin, précepteur de Chartrain.
  • Vers 1273 : Guillaume Bocel, précepteur de Chartrain.
  • Vers 1286 : Guillaume Gaudin, maître du Temple de Sours.

Commandeurs hospitaliers

À partir du XIVe siècle, les commandeurs hospitaliers de Sours furent[13]:

Commandeur Date Commandeur Date
Jehan Daguenet1334Jehan Angorran de Claye.1651
Gilbert de Seau1356François de Bupière de Survye1655
Thomas de Waleran, alias Verberan1364Gilbert d'Elbene, bailli, grand-croix1665
Vincent d'Ayne1382Guillaume du Fay1674
Jehan Bordault, alias Bridault1416Jean de Montmorin de Saint-Herem, capitaine des galères du Roi1687
Jehan du Bois1440François du Monchel de Martinvast1690
Guillaume Poissonnyer1469Jean-Baptiste de Briconnet1699
Emery d'Amboise, prieur de France1483Jean-Baptiste d'Herbouville, capitaine des galères du Roi1710
Germain Loulier1506Le chevalier de Rogres de Champignelles1716
Jehan d'Aunoy ou d'Aulnay1509Jean-Antoine de Thumery de Boissise1732
Jérôme de Hombelières, trésorier général de l'Ordre1547Alexandre Loubert de Martinville1748
Louis de Dormans1535Gabriel de Briqueville de la Luzerne, maréchal-de-camp des armées du Roi1753
Claude de Lyons1563Le chevalier d'Osmont1762
Jehan de Gonnelieu1573Joseph de Hennot de Theville1764
Gédéon de Joigny, dit Bellebrune1608Charles du Roux de Varennes1775
Jehan-François de Vion-Tessancourt1622Charles-François de Cacheleu-Baromesnil1783
Jean Desguets de la Potinière1634
Gilles Bernard de Courmesnil1638

Hypothèses sur la donation du domaine

Selon certaines sources, la donatrice de cette commanderie ne serait non pas Alix de France mais Adèle de Champagne, mère du roi Philippe-Auguste, qui assura l'intérim de la régence de ce dernier pendant sa croisade qui débuta en 1189 et s'acheva en 1192. Il s'agit en fait d'une confusion qui vient du surnom d'Adèle parfois appelée : Alix, reine de France.

Enfin, dans quelques autres ouvrages, on attribue directement le don à Louis de Blois lui-même. En réalité, il n'a fait qu'approuver le don de sa mère une fois qu'il eut repris les responsabilités de cette dernière[14].

Notes et références

  1. Jiří Louda et Michael MacLagan, Les Dynasties d'Europe : Héraldique et généalogie des familles impériales et royales, Bordas, , 308 p. (ISBN 978-2-04-027115-2, présentation en ligne)
  2. Charles Métais, Cartulaire de Notre-Dame de Josaphat, t. I, , p. 330-331, lire en ligne sur Gallica
  3. Ivy-Stevan Guiho, L'Ordre des templiers : Petite encyclopedie, Paris, L'harmattan, , 290 p. (ISBN 978-2-296-09240-2, lire en ligne), p. 259
  4. Eugène Mannier, Ordre de Malte : Les commanderies du grand-prieuré de France d'après les documents inédits conservés aux Archives nationales à Paris, Aubry & Dumoulin, , 808 p. (lire en ligne), p. 136-156, p.  138.
  5. Guillaume de Chartres sur le projet Baucéant (www.templiers.org) qui indique qu'il s'agit de Guillaume de Chartres sans faire mention de sa condition de Vidame.
  6. Louis Douët d'Arcq, Collection de sceaux, t. I, , 744 p. (lire en ligne), p. 421-422
  7. Ernest de Buchère de Lépinois, Histoire de Chartres, vol. 1, Garnier, , 664 p. (lire en ligne), p. 612
  8. Voir l'article Guillaume de Chartres (templier) pour plus de précisions. Certains historiens l’ayant également apparenté à tort à Milon IV, comte de Bar-sur-Seine et vicomte de Chartres.
  9. Valérie Alaniece et François Gilet, Les Templiers et leurs Commanderies, l'exemple d'Avalleur en Champagne, Langres, Dominique Gueniot, , 276 p. (ISBN 978-2-87825-117-3, LCCN 98203613)
  10. Laurent Dailliez, Guide de la France templière, Paris, Table d'Emeraude, , 190 p. (ISBN 978-2-903965-23-5)
  11. Guide de la France templière. Alain Lameyre. p. 377
  12. La commanderie de Sours sur www.hospitaliers-de-saint-jean-de-jerusalem.org
  13. Charles Métais, Les Templiers en Eure-et-Loir : Histoire et Cartulaire, Chartres, coll. « Archives du diocèse de Chartres » (no VII), , 263 p. (lire en ligne), « La maison du Temple de Sours », p. XIX-XXIII
  14. Métais, 1911-12, op. cit., p. 358-359

Bibliographie

  • Alain Demurger, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (1re éd. 2005), 664 p., poche (ISBN 978-2-7578-1122-1)
  • Sours, petits récits et grande histoire. (Éditions des amis de la bibliothèque de Sours). Michel Panis.

Annexes

Articles connexes

Liens externes


  • Portail de l'ordre du Temple
  • Portail d’Eure-et-Loir
  • Portail de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem
  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail du catholicisme
  • Portail du Moyen Âge central
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.